jeudi 11 mars 2010

Sherlock Holmes – Arthur Conan Doyle


Ca m’aura pris trois semaines de lecture intensive, mais je suis enfin venue à bout de l’intégrale de Sherlock Holmes, le célèbre détective de Baker Street dont je ne connaissais rien, suite au film qui avait sérieusement titillé ma curiosité. Et dire qu’on doit ce grand élan de lecture de ma part à Robert Downey Jr., n’est pas magnifique ?

Mais je m’égare. Dois-je vraiment présenter le personnage de Sherlock Holmes ? Héros créé par Arthur Conan Doyle, c’est un des sinon le plus célèbre des détectives, connu pour sa brillantissime intelligence, ses connaissances encyclopédiques en criminologie (entre autres), sa pipe dont il ne se sépare jamais, et bien sûr son éternel acolyte qu’est le Dr Watson.

Excusez cet étalement de généralités connues de tous, mais sait-on jamais… tout le monde connait Sherlock Holmes, mais tout le monde n’a pas forcément lu les textes originaux. Pour moi c’était une grande première, et vous me pardonnez la chronique un peu chaotique qui suit (j'aurais dû prendre des notes, j'aurais dû !).

Même si la version que j’ai lu porte la mention d’« œuvres complètes », c’est apparemment une vision assez relative au vu du bazar que constituent les textes mettant en scène le personnage : il y a les textes de Arthur Conan Doyle, bien sûr. Il y en a d’autres dont l’attribution est floue. Il y a ceux écrits par son fils, et enfin tout un paquet d’œuvres écrites par d’autres auteurs dont je vous épargne la liste complète (Sherlock Holmes s’invite notamment chez Arsène Lupin, rien que ça !).

Pour ma part, je m’en suis tenue au « canon », c'est-à-dire quelque chose comme quatre romans (Une étude en rouge, le Signe de quatre, le Chien des Baskerville et la Vallée de la peur) et cinq recueils de nouvelles (les Aventures de SH, les Mémoires de SH, le Retour de SH, Son dernier coup d’archet et les Archives de SH).

[SH = Sherlock Holmes bien sûr, à force c'est usant à écrire]

A quoi ça ressemble donc ? Le schéma est à peu près toujours le même, qu’on ait affaire à des romans ou à des nouvelles. L’histoire est racontée, sauf exception, par le Dr. Waston, à la première personne. Quelqu’un vient consulter SH pour résoudre un problème, celui-ci étudie l’affaire, fait sa petite enquête, avant d’éclairer tout le monde en fournissant son explication en guise de fin de l’histoire, explication surprenante et généralement très différence de ce à quoi on s’attendait, bien évidemment.

Jusque là j’ai un peu l’impression de décrire n’importe quel roman policier, cependant, il y a quelques détails qui m’ont marqué. Il faut déjà s’arrêter sur la personnalité du héros qui est un vrai personnage, avec réelle épaisseur. SH est incroyablement intelligent mais complètement dénué d’émotion, il travaille pour le défi plus que pour le prestige, il est bourré de manies détestables et il est particulièrement cassant les gens…

Il est contrebalancé par son acolyte, Watson (j’allais dire « le bon docteur Watson »), un peu naïf mais pas autant que le dit SH, nettement plus humain (qui a une vie à coté, en plus). Il tient un peu la place du lecteur, à suivre le héros, à hasarder des hypothèses et à faire de son mieux bien que comparé à SH il ne fasse pas le poids.

Bref, rien d’étonnant qu’un tel duo soit resté dans les mémoires. D’autant plus que certaines conclusions sont parfois surprenantes. Sherlock Holmes a une vision très personnelle de la justice, et le ou les coupables ne finissent pas toujours en prison. Il se rapproche drôlement de la figure d’un justicier parfois, surtout qu’il ne travaille pas vraiment pour l’argent.

L’autre élément qui m’a frappé, ce sont les enquêtes en elles-mêmes qui sont très diversifiées. Il y a des meurtres et des vols, bien sûr, mais il y a aussi des problèmes relevant de l’insolite, de l’étrange ou même mieux, de la vie de famille. Et parfois des débuts complètement fous, comme quand on demande à Holmes d’élucider le mystère de la ligue des rouquins, ou de retrouver le propriétaire d’une dinde de noël égarée (l'escarboucle bleue)

Ceci dit la recette est un peu toujours la même, et si bien qu'on finit par deviner la clé du mystère avant la fin. Pas avant Sherlock Holmes bien sûr, mais avant qu’il ne révèle la solution ça devient possible, parce que les mécanismes sont souvent les mêmes.

Doyle offre quand même quelques variations. Il abandonne le point de vue de Watson à plusieurs reprises, pour une troisième personne plus neutre, et mieux encore, pour confier deux fois la narration à SH himself (le soldat blanchi, la crinière du lion), ce qui donne un texte assez mordant. Certaines nouvelles sont des aventures qui ne recèlent aucune énigme à proprement parlé (le dernier problème, son dernier coup d'archet...), et sur la fin, les résolutions m’ont parues plus axées sur la science que sur la pure logique. Un changement de siècle ?

En tout cas, si ce n’est pas une série qui est fait pour être lu à la chaine comme j’ai eu la bonne idée de le faire, c’est une lecture très agréable : les nouvelles sont courtes et s’enchainent facilement, ce qui fait qu’on peut lire ça n’importe quand, on a la certitude d’avoir la conclusion assez vite. Les romans quant à eux permettent de créer une vraie ambiance.

Et puis il y a tout un jeu sur les non-dits (toutes ces enquêtes évoquées mais jamais écrites), et sur la narration (SH accuse Watson de l'enjoliver et de choisir des sujets tapageurs, alors que le docteur prétend privilégier les histoires intéressantes du point de vue du raisonnement de son ami) qui pimente la lecture.

C’est une série intéressante, mais tout n’a pas besoin d’être lu. Je vous recommande plus que chaudement la lecture de deux des romans, Une étude en rouge (qui pose les bases de la mythologie) le Chien des Baskerville (un mystère, du suspens, des retournements… on ne s’y ennuie pas, d’autant plus que pour une fois la moitié du roman n’est pas occupée par le passé des personnages).

Ajoutez à ça quelques nouvelles autant pour se distraire que pour découvrir quelques éléments clés du personnage (sa « mort », son adversaire ultime qui finalement n’ apparait –et encore- dans trois nouvelles !), et quelques autres pour la pure distraction (La Ligue des rouquins, L'Escarboucle bleue, La Figure jaune, l'Homme à la lèvre tordue sont celles qui me reviennent), et vous ne devriez pas vous ennuyer !

Quant à moi, maintenant j’ai un excellent prétexte, je lis les Nombreuses vies de Sherlock Holmes !

5 commentaires:

Leia Tortoise a dit…

je suis toujours étonnée que tu n'aie jamais lu un des boquuins de Conan Doyle avant le film, Sherlock Holmes c'est peu comme Christie et Arsène Lupin: presque un passage obligé des ados bookworms...
Bon, faut que je me motive pour prendre le temps de regarder le film, moi!
(enfin, quand j'aurais résolu mon problème de sous-titres sur mon ordi, je comprend toujours pas pourquoi mon cher VLC ne veut plus me les afficher)

Vert a dit…

Je dois être l'exception qui confirme la règle xD.
Mon premier Agatha Christie (les 10 petits nègres) je l'ai lu y'a 2 ans parce que quand même, et Arsène Lupin, jamais (mais je connais parce qu'il y avait une adaptation complète dans un Je bouquine).

Unknown a dit…

J'ai bien envie de relire une étude en rouge. récemment, j'ai lu les dernières nouvelles sur la fin de SH et de Moriarty en suisse, et j'ai été super déçu. Arthur Conan Doyle devait vraiment en avoir marre pour tuer son héros de manière aussi expéditive

Vert a dit…

Je pense qu'il en avait carrément marre oui.
C'est là où je me dis qu'il a été complètement dépassé par son oeuvre, parce que tout le monde parle de Moriarty comme l'ennemi ultime de Sherlock Holmes, mais finalement il apparait réellement dans deux nouvelles, et dans la deuxième je trouve ça limite incohérent / juste là pour faire plaisir aux fans.

Et ça ferait rêver, de voir leur longue bataille à ces deux-là (dans le prochain film ?).

Unknown a dit…

c'est pour ça que j'avais adoré le combat Holmes/moriarty dans l'instinct de l'équarrisseur.