samedi 12 novembre 2011

Des nouvelles du Tibbar - Timothée Rey


Voilà un bon petit moment, j’ai lu une critique très élogieuse de ce titre qui m’a donné très envie de le lire, mais faute de moyens, je suis restée sage, jusqu’à que je le déniche à la bibliothèque (bénies soient les bibliothèques, et tout particulièrement celle de Port-Royal).

Etrange, inattendu, ce recueil de nouvelles de fantasy est une sympathique et rafraîchissante surprise. Autant dire que je vais encore avoir un mal fou à vous en parler, surtout que recueil de nouvelles oblige, il est un peu difficile de faire un résumé.

Le Tibbar est un monde imaginaire, composé de nombreux pays, où cohabitent humains, elfes, nains, et tout un tas de créatures fantastiques diverses et variées, avec bien sûr une bonne dose de magie sous toutes ses formes. Des nouvelles du Tibbar nous emmènent donc comme son nom l'indique, visiter certaines de ses régions et découvrir leurs mystères, tout en suivant les péripéties de quelques-uns de ses habitants par le biais de douze textes.

D’office, si vous n’aimez pas le format nouvelle et les histoires sans lien entre elles, évitez ce recueil, il ne vous plaira pas. Mais si vous aimez les livres univers à mi-chemin du guide touristique, mettant en scène bien plus un monde qu’un personnage en particulier, ces Nouvelles du Tibbar ne pourront que vous ravir.

En effet, c’est un monde foisonnant que donne à découvrir ce recueil, qui contient à peu près tout ce qu’on pourrait attendre d’un univers de fantasy (sortilèges et créatures magiques à profusion). Mais il y a un petit quelque chose de plus qui fait toute la saveur de ce Tibbar : c’est difficile à expliquer, mais il y a un je-ne-sais-quoi qui évoque furieusement notre monde et notre époque à nous.

C’est un peu difficile à expliquer, je pense que cela tient à sa densité et sa complexité, bien qu’il n’y ait pas de technologie ou quoi que ce soit qui puisse franchement évoquer notre bonne vieille Terre si ce n’est quelques références ici et là. Cela donne un charme fou à cet univers étrange.

L’exemple le plus parlant est encore la première nouvelle, Sur la route d’Ongle. Il s’agit du récit d’un trajet en bus (oui ils ont des bus, mais ils ont des moteurs magiques eux), tout simplement. Sauf que le conducteur est un nain et le contrôleur un orc, et qu’on trouve parmi les voyageurs un leprechaun armé d’une épée plus grande que lui, une parleuse-aux-créatures, une gorgogne et des goules. Le trajet sera plus ou moins mouvementé, entre les chutes de haricot magiques, les ogres, les sphinx… Le résultat à la fois tellement simple et tellement surréaliste que c’en est merveilleux. A la fin de la nouvelle, j’étais sous le charme, malgré une conclusion assez abrupte.

C’est un peu le problème d’ailleurs de ce livre, les conclusions des nouvelles ne sont pas forcément toujours très satisfaisantes (à mon goût), parfois j’avais même l’impression de ne pas avoir de réelle fin. Mais si on laisse ce détail de côté, on a un très chouette recueil de fantasy qui m’évoque Janua Vera, avec moins de verve littéraire (bien que Timothée Rey ait un beau vocabulaire, il n’égale pas Jaworski) mais un univers bien plus développé, avec plein de petites touches d’humour discrètes ici ou là (le premier texte parle de la CUITE, la Compagnie urbaine et interurbaine de transports elfiques !).

J’ai beaucoup apprécié le côté très référencé des textes, dans lesquels il rend hommage à des classiques l’air de rien. Dans l’antre du Sanguinaire ne se contente pas de citer le Hobbit en exergue, et le Tronc, la Grume et le Fluent n’évoque pas pour rien à l’oreille le titre d’un certain western spaghetti. Avec Sur la route d’Ongle et Magma Mia (une aventure qui me rappelle un peu l’Oiseau soleil de Neil Gaiman, preuve que la fantasy culinaire a de l’avenir), ce sont là mes nouvelles favorites, mais le reste du livre est fort chouette.

D’autant plus que comme toujours aux Moutons électriques, c’est un bel ouvrage, chaque nouvelle étant précédée d’une illustration (avis de recherche, page d’encyclopédie, tarot, page de publicité) réalisée par l’auteur himself.

Bref, c’est une lecture originale qui sort des sentiers battus. L’auteur a depuis publié un deuxième recueil (Dans la forêt des astres) axé sur la SF cette fois-ci. Voilà qui fait envie…

7 commentaires:

Julien le Naufragé a dit…

Tentant....

Timothée Rey a dit…

Ouais, ça donne envie ^^.
Merci pour cette fort jolie chro, en tout cas.

Vert a dit…

@Julien
Je te le recommande grandement :D

@Timothée Rey
Mince alors, c'est la première fois que j'ai un auteur sur mon blog, je suis toute émue ! C'était un plaisir d'en parler, et encore je pense que j'aurais pu mieux en parler. Je ferais mieux sur la Forêt des astres ^^

Endea a dit…

Ce fut un bon moment de lecture ^^
Et un bon souvenir aussi de notre queue pour sa dédicace :)
En tout cas ce sont des nouvelles vraiment chouettes.

Vert a dit…

Oui, va falloir qu'il écrive d'autres livres qu'on continue à le traquer sur les salons *siffle*

ludicophelie a dit…

Merci pour cet article qui m'a permis de découvrir un nouvel auteur ^^, Tibbar et Cavardiage me font de l’œil. Mon dernier coup de cœur fut avec Ted Tchiang, que je te recommande au passage.

Vert a dit…

@ludicophelie
Tant mieux si le Tibbar te fait envie, il gagne à être connu :D
Je vais noter ton auteur dans un coin de ma tête pour voir ce qu'il a écrit.