dimanche 27 février 2011

Evadés de l'enfer ! - Hal Duncan


Je me suis retrouvée avec Evadés de l'Enfer ! entre les mains un peu par hasard, lors d’un concours auquel j’ai participé, non pas parce que le livre m’intéressait mais parce que la question portait sur Douglas Adams et que je ne pouvais résister à l'envie d'y répondre ! Je ne savais pas trop quand j’allais le lire, du coup le Cercle d’Atuan m’a bien rendu service lorsqu’il est passé en lecture du mois.

Ce court roman de quelques deux cents pages raconte, comme son nom l’indique, comment quatre personnes qui se retrouvent en Enfer après leur mort essaient de s'en évader. Oubliez l’imagerie de Dante sur le sujet, ici l’Enfer ressemble à une sorte de New York alternatif, dans laquelle on se fraye un chemin en voiture, et à coup d’armes lourdes.

Je suis un peu mitigée sur ce livre. C’est un roman d’action, destiné à être lu d’une traite, et sur ce point, on est servi. Après la présentation des quatre protagonistes dans le prologue dans une narration brillante qui mêle peu à peu leurs situations, et une première partie d’exposition, le reste du livre enchaine scène d’action sur scène d’action ou presque (il ne manque que Bruce Willis !). Ca se lit bien, d’autant plus que l’auteur utilise une prose plutôt franche du collier et riche en termes très colorés.

Mais en même temps, toute cette action finit par lasser, parce qu’il n’y a rien de plus : les personnages sont à peine développé (typiquement Belle passe de la fille prostrée à Wonder Woman sans aucune explication), il y a clairement quelques critiques et réflexions sous-jacentes mais elles sont à peine évoquées, et même l’écriture qui pourrait être originale (l’introduction et les passages à la 2e personne montrent que Duncan a une certaine virtuosité) est assez raplapla à la longue.

On dirait que par moment Evadés de l’enfer ! se veut autre chose qu’un pur roman façon série B (et il en aurait les moyens), mais qu’il abandonne l’idée en cours de route. Bref, c’est une lecture où on reste sur sa faim. C’est doute à lire d’une traite sans trop se poser de questions.


CITRIQ

jeudi 24 février 2011

Sherlock – Saison 1


L’autre week-end, j’ai revu le film Sherlock Holmes qui m’avait tant plu l’an dernier, et histoire de rester dans la même thématique, je me suis attaquée à la mini-série de la BBC dont j’avais entendu tant de bien. Après tout, on n’a jamais assez de Sherlock Holmes.

Quand on sait qu'il s’agit en plus d’une série de la BBC, une interprétation moderne du personnage, avec en prime Steven Moffat qui se cache derrière et qui signe un des scénarios (le meilleur ai-je envie de dire, mais on va dire que je ne suis pas objective !), je me demande comment j’ai pu attendre si longtemps pour regarder Sherlock.

En trois épisodes (de 1h30 chacun, on flirte avec le téléfilm !), cette mini-série nous emmène donc découvrir ce à quoi pourrait ressembler Sherlock Holmes s’il vivait au XXIe siècle, et c’est un vrai plaisir. On retrouve tout à fait le personnage (il se déplace uniquement en taxi notamment et ignore complètement les transports en commun), adapté à la vie moderne (ah ses petits textos incisifs, son site internet, ses patchs de nicotine).

Les intrigues s’inspirent des romans de Conan Doyle. Le premier épisode, A Study in pink, est bien évidemment une réécriture de l’Etude en rouge (la toute première histoire de Sherlock Holmes, lorsqu'il rencontre avec Watson). Les deux suivantes empruntent leurs éléments à différentes histoires, on peut reconnaitre des fragments de nouvelles mixés ensemble.

Sherlock est un vrai plaisir à regarder : fidèle à l’univers de Arthur Conan Doyle, parfaitement réécrit en version moderne, et de très bons acteurs qui collent parfaitement aux personnages, et des scénarios prenants (même s’il serait bien de diversifier les types d’énigmes, je trouve qu’on accumule un peu trop de serial killers en trois épisodes).

En prime, la série se démarque aussi dans sa réalisation et ses effets : textes flottants, transitions entre les scènes, juxtapositions d’images, il y a plein de petites choses sympas qui font qu’on a un peu plus qu’une banale série télévisée, et ça, c’est vraiment agréable. La bande son, très proche de celle de Hans Zimmer (en même temps Sherlock sans violon, ce serait une trahison), est fort chouette.

Bref, c’est un petit plaisir à côté duquel il serait dommage de passer. Vivement la saison 2 !
Pour la petite anecdote, j’ai longtemps cherché d’où je connaissais Watson, alias Martin Freeman… il a joué Arthur Dent dans H2G2. Et il sera Bilbo dans le Hobbit. Ca fait une chouette filmographie (geek), non ?


[Et j'espère que vous bavez tous ma bannière toute neuve, certes elle est un peu trop petite -ma faute j'ai oublié de vérifier la taille exacte en passant commande- mais elle est pas géniale, ma Marmotte à moi qui l'a dessinée ?]

lundi 21 février 2011

Les fils de l’air - Johan Héliot


Des fois, je suis jalouse, je ne me souviens pas d’avoir eu à ma disposition des romans aussi intelligents dans mon adolescence. Oh bien sûr il y a toujours eu de très bons auteurs avant Harry Potter (je garde de très bons souvenirs des polars de Christian Grenier), mais je me souviens surtout de beaucoup de séries très à la chaine (genre Chair de Poule et confrères).

Bref quand je vois des petites pépites comme les Fils de l’air, je regrette que ça n'ait pas existé plus tôt. Imaginez un peu, c’est publié dans une collection jeunesse dédiée à l’Uchronie, même qu’elle s’appelle Ukronie. C’est déjà une chose d’avoir des vraies collections de SF comme Autres Mondes, mais là c’est hyper spécialisé quand même. J’adore !

Les Fils de l’Air est donc une uchronie qui débute avec la fuite de Louis XVI et de sa famille, non pas en carrosse destiné à être arrêté à Varennes, mais à bord d’un ballon dirigeable, avant de gagner l’Amérique en bateau, où, avec Benjamin Franklin, il fondera une brillante entreprise de ballons dirigeables qui va grandement changer la face du monde.

Tout cela, on le suit par le regard de sa fille Charlotte (alias Marie Thérèse de France), passionnée par les voyages dans les airs, plutôt maligne, et du genre obstinée. Ce n’est pas le personnage du siècle, mais ça aurait sans doute été mon héroïne si j’avais lu ce roman plus jeune.

L’histoire se lit avec plaisir : elle est facile d’accès et les chapitres s’enchainent avec plaisir, mais en même temps, elle requiert (à mon avis) un minimum de connaissances historiques pour l’apprécier à sa juste valeur (c’est quand même assez pointu sur l’histoire des Etats Unis, et tout le monde n’a pas joué à Day of the Tentacle dans sa jeunesse…).

Si les péripéties sont relativement classiques, la réécriture est plutôt chouette, surtout pour le personnage de Louis XVI qui s’en prend souvent plein la tronche en cours d’histoire. Le portrait qu’en tire ici Johan Héliot est tout de même plus nuancé…

Pour être honnête, en écrivant cette chronique, je me suis rendue compte que j’avais oublié la moitié de l’histoire, à peine une semaine après, ce qui explique la brièveté de ce billet. Cependant, pour la SF jeunesse, c’est un très bon cru, facile d’accès et intelligent. A recommander à tous les ados de votre entourage, c’est un excellent moyen de réviser !

Et ça me fait un livre de plus pour mon Winter Time Travel, lu grâce à l’avis très enthousiaste de BiblioMan(u).


CITRIQ

vendredi 18 février 2011

Walking Dead 1 : Passé décomposé - Robert Kirkman


J’avance doucement dans mon challenge Fins du monde avec un comic qui a fait pas mal de bruit (mais dont j’étais bizarrement complètement passée à côté), adapté en série télé qui plus est : Walking Dead, qui avait ses villes envahies de zombies et ses derniers humains essayant de survivre, est tout à fait post-apocalyptique dans son genre.

Le premier tome, Passé décomposé, nous emmène sur les traces de Rick, policier qui sort de son coma pour trouver un monde envahi de zombies anthropophages, où les survivants se terrent, barricadés dans des maisons ou dans des camps de fortune. Sa femme et son fils ayant disparu, il part à leur recherche, fusil à l’épaule, et c’est finalement tout un camp de survivants qu’il va découvrir en bordure d’Atlanta…

J’ai un peu l’impression de plagier la couverture, mais l’un des points forts de cette série se trouve définitivement les relations entre les personnages, et pas forcément la lutte zombies vs humains qui passe souvent au second plan (même si on le droit à quelques belles scènes dans le genre).

En effet le récit déborde de dialogues où les personnes s’interrogent sur leur devenir, et on se rend compte assez vite que le fait d’être peut-être les derniers survivants ne garantit en aucun cas une bonne entente entre les gens, surtout lorsqu’on se retrouve avec des différences d’opinion, et (fatalement, ais-je envie de dire) avec des luttes de pouvoir sur des questions de survie.

Le ton est très noir (vous vous attendiez à quoi ?), mais il m’est arrivé d’esquisser un sourire dans certains passages, notamment lorsque les femmes discutent du fait qu’elles se retrouvent à faire la lessive pendant que les hommes chassent : « Ce n’est pas une question de droit des femmes, c’est une question de réalisme et de faire ce qu’il y a à faire ».

Pour le moment je ne suis pas hyper conquise ceci dit. J’avoue avoir du mal avec le protagoniste principal, Rick, ce qui nuit un peu à ma lecture. Du coup, j’ai envie de lire la suite, mais je ne suis pas si pressée que ça… on verra comment ça évolue sur le 2e tome.


CITRIQ

mardi 15 février 2011

Black Swan - Darren Aronofsky


Dès la bande annonce, il y a quelque chose qui m’a furieusement donné envie de voir le film, sans même savoir qui était le réalisateur, et le fait de savoir que c’était le dernier film de Darren Aronofsky n’a été que la cerise sur le gâteau. Je n’ai toujours pas vu Requiem for a Dream, mais tous les autres films que j’ai vu de lui ont été des gros coups de cœur.

(oui, même The Fountain mon cher Silvère, pas la peine de râler !)

Après le catch, le réalisateur s’intéresse cette fois-ci au monde des ballets. Nina, magnifiquement incarnée par Nathalie Portman, est une danseuse qui rêve de sortir du rôle et devenir étoile. L’opportunité se présente lorsque le directeur de la compagnie décide de monter le célèbre Lac des Cygnes de Tchaïkovski, et voilà Nina chargée d’incarner à la fois le Cygne blanc et le Cygne noir.

Si le premier rôle lui va comme un gant, c’est une autre paire de manches pour le deuxième, et pour arriver à devenir cygne noir, elle va peu à peu sombrer dans la folie : hallucinations, paranoïa, doubles dans le miroir, blessures imaginaires ou réelles… sans parler de la pression de l’entourage (je n’arrive pas à déterminer qui est le plus flippant des deux, entre la mère et Vincent Cassel) et la dureté du milieu de la danse (où à 30 ans on est « à la retraite », entre autres joyeusetés).

Black Swan est un film duquel on sort complètement lessivé. C’est un film horrible et malsain à souhait (je ne le recommanderais pas aux âmes sensibles d’ailleurs), mais c’est une histoire si prenante et intense, si brillamment réalisé, qu’on accroche complètement d’un bout à l’autre.

La patte de Darren Aronofsky y est pour quelque chose : on y retrouve les plans très serrés comme dans The Wrestler (on a parfois l’impression que la caméra est pratiquement posée sur l’épaule de Nathalie Portham), mais aussi des délires visuels qui m’ont presque rappelé The Fountain.

Ajoutez à ça pas mal de jeux sur les miroirs, et toute la transformation physique de l’héroïne qui s’intègre qui s’intègre de façon très naturelle dans l’histoire (on est plus à une hallucination près, surtout que comme Nina, on arrive jamais à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas), et vous obtenez un sacré morceau de film.

Film porté qui plus est par sa BO, qui m’a fait replongé direct dans Tchaïkovski (après Le Concert, ça devient une habitude…), à ceci près que la partition retravaillée par Clint Mansell rend la musique bien glauque par moments (je n’ai pas l’original pour comparer, mais certains passages lui ressemble plus à lui qu’à Tchaïkovski de toute façon !). Autant dire que je l’ai acheté à peine sortie !

Pfiou, je crois que je vais trouver les autres films un peu fades après celui-là…


dimanche 13 février 2011

L'ange blond - Laurent Poujois


Une certaine personne de ma connaissance sera heureuse de voir que son harcèlement paye, j’ai fini par y jeter un œil, à son chouchou ! Et si ce n’est pas le roman du siècle, L’Ange blond est un très bon moment de lecture, avec son rythme haletant et son univers uchronique très riche.

Mais je brûle les étapes, parlons d'abord de l’histoire. Nous sommes dans un monde uchronique où après avoir écrasé les anglais, l’empire de Bonaparte perdure depuis deux siècles, même que l’impératrice actuelle s’apprête à célébrer cet évènement lors d’une grande cérémonie. Evidemment, deux cents ans de dictature, ça ne fait pas que des heureux, et un complot se trame pour mettre fin à l’Empire

C’est dans ce contexte qu’Aurore Lefèvre est recrutée (enfin…) par les services secrets impériaux pour déjouer cette menace. Ancien soldat de la Légion impériale, intelligente, dotée d’une bonne connaissance des milieux underground, et accessoirement volatile, obstinée, tendant à n’en faire qu’à sa tête et à asséner des répliques cinglantes à la louche… la recrue idéale quoi !

J’ai eu un peu peur en commençant par le premier chapitre qui jette littéralement le lecteur dans le vide (enfin techniquement il jette l’héroïne mais on est bien forcé de la suite) au-dessus de Londres, avec une foultitude d’informations à assimiler en peu de temps tout en essayant de suivre une scène presque trop cinématographique pour un livre.

Et puis finalement, on se laisse emporter par l’univers très riche. Difficile de parler de tout, mais le Londres sous domination impériale (je crois qu’on parle de la préfecture de Londres à un moment), le Paris napoléonien futurisme, les transports à coup de dirigeable ou de fusée, l’usage des biotechnologies avec les biônes… ce n’est pas juste un steampunk très futuriste, on sent que l’auteur a bossé son univers.

Même au niveau historique, il y a plein de petits détails sympas. Certes le propos du livre n’est clairement pas l’uchronie qui n’est qu’ici une toile de fond, mais la réécriture historique est tout de même bien fun (j’adore les uchronies napoléoniennes, c’est tellement un bon point de divergence !).

Tout cela est amené par petites touches dans la narration bien sûr, mais aussi par les textes en tête de chapitres (extraits d’encyclopédie et autres « documents »), petit procédé que j’aime beaucoup parce qu’il permet d’enrichir l’univers sans passer par des expositions de trois pieds de long…

Quant à l’intrigue, on ne voit pas le temps passer : l’héroïne enchaine les péripéties, les retournements de situation, et l’intrigue est plutôt dense. Je ne suis pas sûre d’avoir saisi toutes ses subtilités d’ailleurs, mais ça ne m’a pas perturbé outre mesure d’être à la masse la moitié du temps. En tout cas j’ai beaucoup apprécié le fait qu’on voit du pays, et qu’on visite en long et en large ce Paris uchronique et futuriste.

La narration se fait à la première personne par Aurore, sauf quelques passages côté comploteurs. Evidemment, le texte est sarcastique et mordant à souhait, tout comme les dialogues. C’est donc un vrai plaisir à lire, autant pour le fond que pour la forme.

Le seul bémol que je mettrais est finalement sur le personnage principal, un peu trop parfait à mon goût. Elle flirte avec les Mary Sue, à être belle, intelligente, capable de tuer un homme à mains nues et de « cracker » n’importe quel biône, en plus d’être une très bonne musicienne… Ceci dit, elle a suffisamment de mordant pour qu’on suive ses aventures avec plaisir.

Bref c’est une très chouette lecture, ça faisait longtemps que je n’avais pas fait exprès de me coucher tôt (enfin pas comme les poules non plus, faudrait pas pousser non plus !) pour avancer dans un livre, c’est dire. C’est un très bon texte débordant d’idées, et je serais curieuse de savoir ce que Laurent Poujois va écrire d’autre.


Je n’ai même pas fait exprès, mais une uchronie de plus pour mon challenge ! Par contre ne rêvez pas, je ne lirais pas le Napoléon apocryphe pour le plaisir de comparer deux uchronies napoléoniennes, même si c’est diablement tentant !

CITRIQ

vendredi 11 février 2011

The Social Network - David Fincher


Waouh je viens de me rendre compte que ce film est sorti en salle en octobre, et que son dvd sort à la mi-février… il était temps que j’aille le voir, tout de même ! Ca ne m’aura demandé que trois tentatives, avec pour la 3e le bénéfice d’entendre le métro ronfler sous mes pieds. Sauras-tu identifier la salle, ô lecteur ?

Bref je vous fais le topo au cas où, mais vous ne devriez pas avoir de mal à situer The Social Network, biopic du créateur de Facebook, Mark Zuckerberg. Vous allez sans doute me demander ce qui m’a amené à aller voir un film sur Facebook alors que je refuse toujours obstinément de m'inscrire sur ce site ? Bah les critiques étaient très alléchantes, tout simplement.

Et c’est vrai que c’est un sacré morceau de film, et qu’on soit ou non intéressé par le personnage, le sujet est drôlement bien traité. L’histoire n’est pas racontée de façon très linéaire, puisqu’on découvre peu à peu les circonstances de la création de FB via les deux procès dans lesquels s’est retrouvé impliqué Zuckerberg.

On alterne entre les scènes de « procès » (enfin je sais pas si c’est le terme le plus approprié, ça se résume aux échanges parfois assez corsés entre les deux partis installés autour d’une table) et des flash-backs sur les différents évènements, ce qui évite une narration trop linéaire (d’autant plus que les minutes de procès sont toutes aussi intéressantes que le passé).

Le personnage de Zuckerberg se révèle plutôt intéressant. Il n’est pas vraiment attachant (voir vraiment pas attachant) dans son arrogance, il n’est pas détestable non plus, on voit bien qu’accessoirement, ce génie est complètement inapte socialement parlant.

On passe donc un très bon moment de cinéma, et je comprends largement qu’on ait chanté les louanges de ce film, drôlement bien fichu.

mercredi 9 février 2011

The Sarah Jane Adventures - Saisons 1 à 4


En bonne fan irrécupérablement accro à Doctor Who, j’ai fini par mettre à The Sarah Jane Adventures. L’idée d’un spin-off de Doctor Who pour enfant me faisait un peu peur (Doctor Who est déjà un divertissement familial), mais les épisodes avec des apparitions du Docteur me faisaient baver d’envie, et comme je n’aime guère commencer l’histoire par le milieu...

Le postulat de base peut faire fuir ceci-dit : Sarah Jane Smith, ancienne compagne du Docteur, protège la Terre contre les aliens depuis sa petite maison cosy en banlieue londonienne, avec l’aide de trois gamins, d’un rouge à lèvres sonique, d’un chien-robot et d’un super-ordinateur dans un grenier.

Les Slitheen, vous n'avez pas fini d'en voir...

Je craignais le pire, j’ai été comblée dans le domaine : on a bien affaire à des gamins qui combattent des aliens qui atterrissent systématiquement dans les parages (à croire qu’il y a un gros panneau indicateur qui leur indique le chemin), et le super-ordinateur ferait rougir de honte celui de Batman, surtout avec sa petite fanfare de lancement…

Mais une fois passé ces éléments (et soyons honnêtes, on a tous vu/lu des séries dans ce genre dans notre jeunesse, moi ça me fait penser aux Animorphs par exemple ou là aussi quatre ados sauvaient le monde des méchants aliens), figurez-vous que The Sarah Jane Adventures est une série qui se regarde vraiment avec plaisir.

En fait cette image se passe de commentaire

La première chose qui m’a surprise, c’est la qualité des scénarios. Certes il y a de grosses ficelles et quelques bourdes (le grand prix revient à The Mad Woman in the Attic, saison 3, au début très prometteur mais qui se vautre dans le n’importe quoi en guise de conclusion), mais globalement les histoires sont cohérentes, intéressantes, pas idiotes et pas si répétitives qu’on pourrait s’y attendre.

Les péripéties sont souvent très drôles (l’épisode avec les Judoon propose des passages particulièrement hilarants, de même que The Vault of Secrets avec ses références à Men in Black), mais certains sont également très émouvants (The Temptation of Sarah Jane Smith, qui m’a laissé avec les yeux humides), et d’autres en seraient presque flippants (The Nightmare Child regardé dans le noir à minuit m’a presque fichu des frissons dans le dos).

Et puis la série est vraiment une forme de Doctor Who junior, où Sarah Jane tient le rôle du Doctor. On retrouve le même genre d’intrigues, et une quantité d’allusions assez impressionnantes à la série mère (contrairement à Torchwood), que ce soit les nouveaux épisodes ou les anciens. The Temptation of Sarah Jane Smith est pratiquement une réécriture de Father’s Day, et certains épisodes découlent d’évènements de Doctor Who (notamment ceux avec les Sontarans et les Slitheens).

Un bon alien est un alien qui explose (proverbe Clydien)

Quant au casting, sans être phénoménal, il est plutôt attachant. Je commence à beaucoup apprécier Sarah Jane (j’ai bien envie de découvrir les saisons de Doctor Who où elle apparait), Luke est plutôt original dans sa bizarrerie (et c’est bien dommage qu’il soit quasi absent de la dernière saison), Clyde est très drôle (tout en sachant cultiver un côté plus sérieux dans l’épisode où apparait son père).

Maria, qui disparait au début de la saison 2 sert plutôt d’identifiant au (jeune) spectateur, et sa remplaçante, malgré des débuts assez peu convaincants (la fille qui emménage comme de par hasard dans l’ancienne maison de Maria), sait trouver sa place et se révèle avoir un peu plus de caractère.

Bref The Sarah Jane Adventures est une série qui se laisse regarder avec plaisir, parce que c’est une très bonne série pour enfants pas niaise du tout (ou en tout cas, pas si souvent que ça). Et on avance très vite dedans car chaque saison de compose de cinq à six histoires d’une heure divisées en deux épisodes chacune.

C'est un spin-off de DW, évidemment qu'on voyage aussi dans le temps !

Le seul point en retrait sont les effets spéciaux, qui font vraiment très cheap dans leur genre, voire carrément ridicule parfois, mais ça rend la série bien drôle. De même que les échanges entre K9 et Mr. Smith dans la saison 3, qui m’ont fait hurler de rire (on croirait entendre C3PO et R2D2).

Et puis, cerise sur le gâteau, entre deux caméos d’anciens compagnons (le Brigadier dans la saison 2), le Docteur lui-même s’offre une apparition dans la saison 3 (David Tennant y fait son ultime apparition en tant que Docteur, rien que ça), et dans la saison 4 (cette fois-ci c’est Matth Smith), et ce sont des épisodes aussi drôles (le Docteur a une très bonne alchimie avec Sarah Jane et sa joyeuse bande) qu’émouvants.

Docteeeeuuuuuur !*sors les mouchoirs*

Sincèrement, entre le « Don’t forget me, Sarah Jane » de Ten, et le « But the last time I was dying I looked back on all of you. Every single one. And I was so proud. » de Eleven, y’a de quoi sortir les mouchoirs.

Bref, pour un spin-off jeunesse, c’est un très bon spin-off, alors pour les fans de Doctor Who qui supportent encore mes déblatérations sur le sujet, n’hésitez pas, c’est très bien pour patienter en attendant la saison 6 !

Docteeeeuuuur ! (bis)
(oui c'est un appel à la saison 6, je suis en manque des fois que ça vous ai échappé)

dimanche 6 février 2011

L'o10sée : L'odyssée Folio SF en 10 nouvelles


Comme je n’ai pas trouvé deux Folio à acheter pendant l’opération, Elysio a été assez gentil pour me prêter son exemplaire du recueil anniversaire de Folio SF, j’ai même pas eu besoin de demander, il me l’a mis direct dans les mains, comme pas mal de bouquins d’ailleurs… faudrait que tu arrêtes d'ailleurs, je commence à cultiver une PàL&àRàE, c'est-à-dire une Pile à Lire et à Rendre à Elysio, pour ceux qui ne suivraient pas !

Le recueil se compose donc de dix nouvelles écrites pour la plupart par des grands noms de la SFFF (Bradbury, Dick, Silverberg…), entre lesquelles s’intercalent des textes divers et variés sur la science-fiction et sur quelques ouvrages phares publiés par la collection. Certains rappellent de bons souvenirs de lecture, et celui de Jean-Pierre Luminet sur les univers divergents m’a bien fait rire, ça m’est arrivé aussi, ce genre de mésaventure…

Question nouvelles, toutes sont plutôt à chouettes à lire, même si selon ses affinités on appréciera plus ou moins l’une ou l’autre. La seule qui m’a complètement perdue est celle de Robert Wilson, je crois que je ne suis pas prête pour lire un de ses romans, ou en tout cas, pas le soir avant de dormir !

Mais dans mes favoris, j’ai savouré la nouvelle de Mary Gentle (mais j’adore cette auteure, ses univers et son style, je ne suis donc pas vraiment objective sur le sujet), et si elle désire développer cet univers dans un roman, grand bien lui en fasse.

Celle de Jaworsky est bien sympathique également, de même que celle de Maia Mazaurette, qui m’a bien donné envie de lire son roman Dehors les chiens, les infidèles. Et j’ai retrouvé avec plaisir le style de Philip K. Dick et Ray Bradbury (qui sont vraiment de bons nouvellistes). Pareil pour Silverberg, et la nouvelle de Beauverger était plutôt sympathique.

Je crois qu’il n’y a guère que les nouvelles de Priest et de Thomas Day qui m’ont laissé relativement de marbre, mais j’ai toujours eu du mal avec ces deux auteurs, ça ne me surprend donc pas tant que ça. D'autres sauront sûrement mieux les apprécier que moi.

C’est un bon petit recueil sympa en tout cas, qui m’a donné envie de relire des nouvelles, et dont l’éclectisme est tout à fait à l’image de la diversité de la collection Folio SF. Un très bon cadeau d’anniversaire !

jeudi 3 février 2011

Bohème - Mathieu Gaborit


Elle n’a rien à voir avec la chanson de Charles Aznavour, cette lecture du mois du Cercle d’Atuan (oui je sais question introduction on a vu mieux, mais c’est la première chose qui me vient à l’esprit quand on me dit « Bohème »).

D’abord publié sous forme de deux romans, Les rives d’Antipolie et Revolutsya, Bohème est un roman à l’atmosphère purement steampunk. Il se déroule en effet dans une Europe du XIXe siècle, mais pas tout à fait celle qu’on connait, puisqu’une étrange substance corrosive, l’écryme, recouvre toutes les terres à l’exception des villes, si bien que tout le monde vie cloisonné dans sa cité, ou sur les traverses, grands ponts de fer qui relient entre elles les villes.

On y trouve des dirigeables, l’ingénieur Eiffel y est cité à plusieurs reprises, et les peuples contrôlés par des régimes très totalitaires rêvent à la révolution… on est bien en plein XIXe siècle, à ceci près que la disparition des terres a nécessité de s’adapter. On ne trouve plus de livres (faute de terre pour faire pousser les arbres), mais des disques à écouter, notamment.

Là-dessus se greffe l’histoire de Louise, fille de révolutionnaire (mais pas franchement passionnée par la chose de son côté), qui doit partir sur les traverses pour récupérer la cargaison (illicite) d’un dirigeable qui s’est mystérieusement écrasé dans l’écryme.

Bohème est un roman plein de promesses, surtout dans la première partie. L’univers est foisonnant et décalé à souhait (avec le concept d’avocat-duelliste pour commencer), la galerie de personnages est délicieuse (Louise en aventurière, le détestable Koropouskine, Léon, Igcho…), et l’intrigue plutôt attirante, avec ses séances d’acrobatie au-dessus de la mystérieuse écryme.

La conclusion des Rives d’Antipolie vient un peu refroidir tout ça, en jetant en quelques lignes les contours de quelque chose de complètement différent, beaucoup plus axé fantastique. Et la deuxième partie, loin d’apporter un réel éclairage, éclate sa narration avec encore plus de points de vue, plus de personnages, jusqu’à une fin qui m’a laissée sceptique.

D’habitude j’apprécie beaucoup les digressions par rapport à l’histoire principale, mais elles sont ici tellement nombreuses qu’on ne suit plus Louise qu’en pointillés (un peu dommage pour celle qui est à priori l’héroïne du roman), et que même son histoire à elle perd de sa saveur, parce qu’on passe du coq à l’âne sans transition.

Ceci explique sans doute cela, ce roman se déroule en fait dans un univers de jeu de rôle, Ecryme, créé par l’auteur himself. Nul doute qu’il a cherché à caser le plus d’éléments possibles dans ces presque 400 pages, ce qui donne un roman paradoxalement trop riche et trop court, qui aurait gagné à développer une intrigue principale plus claire, ou à laisser de côté une partie de l’univers histoire de ne pas noyer le lecteur.

Avis des autres atuaniens :  Elysio, Julien, Olya, Sherryn, Spocky, Tortoise

CITRIQ

mardi 1 février 2011

Uchronie : l'utopie dans l'histoire - Charles Renouvier


Lorsque j’étais allée voir l’exposition Science et fiction à la Villette, il y avait quelques très vieux bouquins d’uchronie datant du XIXe siècle dans les vitrines. J’ai donc eu l’idée saugrenue de lire l’un d’eux pour le Winter Time Travel de Lhisbei, parce que comme les disent si bien les grands sages de la vérité universelle que sont les Shadocks : Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ?

C’est donc la raison pour laquelle je me suis retrouvée avec entre les mains Uchronie : l’utopie dans l’histoire, de Charles Renouvier, paru en 1857. Je ne l’ai pas choisi au hasard, il y avait aussi un Napoléon apocryphe de 1851 qui me tentait bien, mais le Renouvier présente l’intérêt d’avoir forgé le terme uchronie. Et d’être un roman dont on peut joyeusement sauter la moitié des pages également, mais ceci est une autre histoire.

Je ne lis pas beaucoup de romans du XIXe siècle, mais j’espère qu’ils ne se prenaient pas tous aussi joyeusement la tête que Charles Renouvier pour construire leurs intrigues et leur narration. Imaginez un peu que l’uchronie, si on se fie à la préface, est en fait un manuscrit du XVIe siècle écrit par un moine (qui finit au bûcher pour ses idées bien sûr), récupéré par un catholique convaincu qui se met à douter et file vivre une vie discrète aux Pays-Bas.

Le manuscrit passera de génération en génération, et chacun y ajoutera son petit appendice, au point que sur 400 pages de texte, 200 sont consacrées aux commentaires du petit-fils et de l’arrière-petit-fils. Commentaires assez barbants au demeurant, j’avoue qu’après avoir lu le premier, j’ai survolé le reste et décidé que ma passion pour les grandes réflexions philosophico-religio-politiques ne m’intéresserait pas à ce point.

Concentrons-nous plutôt sur l’uchronie à proprement parler, c’est un peu la raison de tout ce blabla, après tout. Le récit du « moine » du XVIe siècle commence par un cours d’histoire romaine, revenant sur l’enchainement des différents empereurs et l’apparition des religions dites orientales (ce qui recouvre aussi bien le christianisme que le mithraïsme, et tous les cultes à mystères).

L’uchronie en elle-même démarre sous le règne de Marc Aurèle, alors que celui-ci reçoit une lettre d’un de ses généraux, Avidius Cassius, qui lui conseille tout simplement d’abdiquer et de rétablir la République, pour faire simple. Et Marc Aurèle, esprit éclairé etc., va bien sûr accepter, même si ça ne va pas se faire d’un claquement de doigt.

(oui, vous pouvez penser à Gladiator… je vous avoue qu’imaginer pendant quelques temps un des protagonistes de ce roman avec la tête de Russel Crowe aide grandement à avancer dans l’histoire…)

Marc Aurèle, entouré de grands hommes comme Avidius Cassius, va donc petit à petit opérer une transition vers la démocratie. Une démocratie laïque (le seul culte conservé est celui des valeurs républicaines, en gros), qui tend à repeupler l’Italie par une réforme agraire qui travaille doucement à l’abolition, et qui accessoirement bannit tous les chrétiens trouble-fêtes dans la partie orientale de l’Empire pour avoir la paix.

Je ne vais pas vous raconter toute l’histoire, mais le postulat de base est que se débarrasser des chrétiens permet d’éviter l’obscurantisme du moyen-âge, si bien que la « Renaissance », l’humanisme et la Réforme arriveront finalement bien plus tôt, et si l’Empire romain finit par tomber, il laisse derrière lui de solides états en Italie, en Espagne et en Gaule.

L’idée est plutôt intéressante, et donne lieu à la fois à des idées très pertinentes (notamment le fait que les chrétiens ne trouvent jamais d’unité faute d’un pouvoir temporel pour unifier une fois pour toutes les écoles), d’autres très utopistes (la République romaine réinstaurée est un peu trop belle pour être vraie, c’est le propre d’une utopie ceci-dit).

La balade dans l’histoire réécrite est donc plutôt sympathique, avec tous les évènements qui s’y passent, mais différemment (les invasions barbares, l’émergence de l’Islam, etc.). Ceci dit le texte n’est pas forcément facile d’accès, car entre deux évènements historiques, se glissent parfois des pages entières de réflexions sur la politique ou la religion.

Ce n’est pas qu’elles ne sont pas intéressantes, mais à la longue, on se retrouve complètement noyé sous le propos, surtout qu’il me manque une bonne partie des références culturelles pour tout suivre (en philo grecque, en politique du XIXe, et j’en passe).

Bref ce n’est pas un livre facile à lire, même si c’est plutôt rigolo de voir que l’uchronie est quelque chose d’assez vieux, finalement. Assez vieux pour qu'on puisse le trouver dans Gallica. Et on peut toujours sauter des pages pour échapper aux passages trop ennuyeux.


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