mardi 2 avril 2013

A calendar of tales - Neil Gaiman


Il se passe parfois des choses très étranges sur Internet, mais on ne voudrait surtout pas qu’il en soit autrement. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil au dernier projet littéraire de Neil Gaiman.

A calendar of tales est un projet qui s’inscrit dans une campagne promotionnelle pour le nouveau Blackberry, dans une forme assez originale : en effet en posant douze questions étranges sur les mois de l’année sur Twitter, Neil Gaiman a récupéré douze réponses d’internautes toutes aussi étranges, à partir desquels il a rédigé douze nouvelles.

Les douze nouvelles ont ensuite été mises en ligne, et on peut les lire soi-même, ou les écouter lues par Neil Gaiman (ce qui n’est pas désagréable non plus). Et pendant une période, les internautes ont pu réagir dessus et poster les illustrations ou les vidéos que cela leur inspirait.

(c’est d’ailleurs de là que je tire mes illustrations d’articles, je n’ai pas pu mettre de crédits et je m’en excuse, mais ils n’apparaissent pas sur le site à ma connaissance)

L’ensemble du projet est consultable à cette adresse, et si je n’arrive plus à retrouver le fichier pdf complet des douze nouvelles, il est toujours possible de les télécharger une par une et de les convertir en epub pour les lire où vous voulez sur votre liseuse.

Nous voilà donc avec douze nouvelles, des textes souvent courts (entre deux et quatre pages en général), sur des registres assez variés. Neil Gaiman est un excellent nouvelliste (j’y reviendrais plus en détail si j’arrive à caser une relecture de Miroirs et fumées à quelque part), et ses textes sont souvent drôles, parfois doux, parfois tristes… il y en a pour tous les goûts, je pense que chacun y trouvera son bonheur.

Certains textes m’ont semblé un peu obscurs (c’est toujours le problème, quand je lis du Gaiman en anglais, y’a toujours des subtilités qui m’échappent), mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier les images qu’il évoque ainsi en quelques mots, et j’ai même eu un gros coup de cœur pour certains mois de l’année.


« You know you’ve been pushing the ducks too hard when they stop trusting you, and my father had been taking the ducks for everything he could since the previous summer. »
Ce que j’ai aimé dans cette histoire d’avril, c’est l’absurdité de l’histoire où un homme cherche à regagner la confiance de canards, entre toute chose. C’est du non-sens à l’état pur, ce qui en fait un texte vraiment drôle jusqu’à la dernière ligne, alors que l’idée de départ n’appelait pas spécialement à un texte aussi délirant (quoique…)


« In May I received an anonymous Mother’s Day card. This puzzled me. I would have noticed if I had ever had children, surely? »
Le mois de mai s’inscrit un peu dans la même veine, rien n’a vraiment de sens dans cette histoire où la protagoniste reçoit des messages tous plus fondus les uns que les autres. Je ne suis même pas sûre d’avoir compris le comment du pourquoi de la chose, mais chaque paragraphe est un trésor :
« In November I received a ransom note telling me exactly what to do if ever I wished to see my Uncle Theobald alive again. I do not have an Uncle Theobald, but I wore a pink carnation in my button hole, and ate nothing but salads for the entire month anyway. »
« My parents disagree. It’s what they do. They do more than disagree. They argue. About everything. I’m still not sure that I understand how they ever stopped arguing about things long enough to get married, let alone to have me and my sister. »
Si l’histoire du mois de juin garde un penchant comique assez affirmé, c’est aussi un texte touchant où une fille nous parle de ses parents qui se disputent tout le temps, y compris sur la destination idéale de vacances. Entre l’idée de départ et le premier paragraphe, on se demande un peu où Neil Gaiman va nous emmener, mais tout s’emboite et on se retrouve avec un très joli texte.

« The day that my wife walked out on me, saying she needed to be alone and to have some time to think things over, on the first of July, when the sun beat down on the lake in the centre of the town, when the corn in the meadows that surrounded my house was knee-high, when the first few rockets and firecrackers were let off by over-enthusiastic children to startle us and to speckle the summer sky, I built an igloo out of books in my back yard. »
Le mois de juillet m’a touché principalement pour la vivacité des images qu’il a invoquées dans mon esprit, lorsque le narrateur décide de se construire un igloo en livres (quelle belle idée) et qu’il bascule peu à peu dans un monde imaginaire peuplé de créatures de papier. Une vision absolument fantastique, qui vaut le détour !

« “That feels good,” I said, and I stretched my neck to get out the last of the cramp. »
La nouvelle d’octobre est de loin ma favorite de tout le recueil, et si je ne devais n’en garder qu’une, ce serait celle-ci. Je n’ai guère envie de vous dévoiler ses tenants et aboutissants, mais cette variation atypique autour d’un génie qui sort de sa lampe est un très joli texte, touchant et réconfortant, en un sens.

Voilà, j’espère que ce petit aperçu vous aura donné envie de vous intéresser de plus près à ce projet, qui contient quelques très jolis textes qu’on peut déguster entre deux grosses lectures. De toute façon, c’est Neil Gaiman, et c’est gratuit, ça ne se refuse pas !

6 commentaires:

Endea a dit…

C'est vrai que pour avoir lu une nouvelle de Gaiman, j'ai trouvé qu'il assurait. Bon pour celles-ci, en anglais, c'est même pas la peine d'y songer et pourtant tu me fais bien envie, mais n'est pas lecture anglais qui veut !

Lhisbei a dit…

Pareil : en anglais c'est mort pour moi :(

Baroona a dit…

J'avais suivi le début du projet, mais avais oublié d'en découvrir la fin (ou l'art de rater le plus important). Merci pour le rappel ! =)

C'est Neil Gaiman, donc c'est forcément très tentant... Mais j'ai peur que ne pas saisir toutes les subtilités me gâchent un peu la lecture... Bon, c'est Gaiman, et vu ton avis, dans le doute, j'irai surement y jeter un oeil.

Vert a dit…

@Endea & Lhisbei
Même si je vous promets que y'en a qui sont très faciles à comprendre ?

@Baroona
Il faut, même si on comprendra pas tout, ça serait dommage de passer à côté (surtout que je doute que ça soit traduit un jour, à moins qu'elles soient incluses dans un prochain recueil...)

Acr0 a dit…

Sacré projet dis donc !
Je suis trop novice en anglais pour pouvoir apprécier les nouvelles, mais je te fais confiance quand tu nous dis que chacun y trouve son bonheur :)

Vert a dit…

Arf c'est dommage. A défaut tu peux toujours l'écouter raconter, il a une très belle voix :P