mercredi 11 février 2015

Black-out - Connie Willis

 
Lorsque j'ai découvert Connie Willis, il y a une dizaine d'années, ça a un peu été le coup de foudre, et j'ai dévoré tout que j'ai trouvé d'elle à la bibliothèque, jusqu'à que je cale sur un recueil de nouvelles (bouh la honte, mais après l'avoir croisée dans deux trois anthologies j'ai bien envie de m'y remettre).

Pourtant je ne me suis pas jetée sur son diptyque Black-out et All clear lors de leur sortie française, parce que je commençais un peu à me lasser de ses histoires de voyage dans le temps (oui je sais, venant de moi ça peut sembler étrange). Mais comme les avis étaient plutôt enthousiastes, j'ai fini par me laisser tenter, surtout lorsque je suis tombée sur les deux volumes disponibles en même temps à la bibliothèque, en plein challenge Retour vers le futur (si ça ce n’est pas un signe !).

Et j'ai donc replongé dans cet univers où les historiens remontent le temps pour mieux vivre l'Histoire, comme dans Le grand livre ou dans Sans parler du chien. Après le Moyen-Âge et l'Angleterre victorienne, l'auteure se plonge dans la seconde guerre mondiale, clairement un sujet qui la passionne (ce n'est pas le premier texte qu'elle y consacre si je ne m'abuse).

Black-out nous plonge en pleine Blitz, en 1940. Différents historiens du futur sont envoyés dans cette année : l'une étudie les enfants évacués à la campagne, une autre les habitants de Londres qui vivent sous la menace des bombes, et un troisième cherche à assister à l'évacuation des soldats anglais à Dunkerque.

Bien qu'ils soient préparés pour leur mission (au point de mémoriser les sites bombardés, les navires coulés et j'en passe des meilleurs), ils se retrouvent vite dans la mouise quand ils ne sont pas envoyés forcément à l'endroit prévu à la date prévue, et qu'ils sont dans l'impossibilité de rentrer à leur époque.

Après un début un peu chaotique où on a un peu de mal à s'y retrouver (on dirait que Connie Willis part du principe qu'on sait déjà tout, pourtant même en ayant lu ses autres romans j'ai eu du mal à retrouver mes marques !), on plonge assez dans l'histoire. Il faut dire que ce roman est un authentique page-turner, riche en péripéties et en fin de chapitre en cliffhanger.

Et le contenu est très intéressant surtout. Car si c'est encore un livre sur la seconde guerre mondiale, il ne s'intéresse pas vraiment à l'aspect militaire de cette période, mais plutôt à la vie des monsieur et madame tout-le-monde à cette époque. Et pour le coup c'est une approche que j'ai beaucoup apprécié. Et comme les voyageurs temporels ne sont pas là pour changer le passé mais pour l'observer, on a le temps de voir comment la vie est rythmée par les alertes, les raids, le rationnement, etc.

Par une assez étrange coïncidence, je suis allée voir Imitation Game au cinéma alors que je lisais Black-out, ce qui fait que j'ai pu mettre des images sur le texte, et que j'ai pratiquement eu l'impression de vivre cette époque pendant toute ma lecture (et j'avais des drôles d'interrogation en pensant aux kilos de sucre dans mes placards et à l'incroyable quantité de bas et de collants dans mes tiroirs).

Ce qui est chouette, c'est que ce livre pourrait (et même devrait) être sinistre, mais l'auteure arrive à maintenir une certaine légèreté dans le récit. On est loin des francs éclats de rire de Sans parler du chien, mais il est difficile de ne pas sourire au décalage induit par la présence de voyageurs temporels à cette époque.

Ce qui est plutôt drôle, c'est qu'ils ont tous la même peur : que leur présence modifie le cours des évènements. Du coup ils passent leur temps à étudier qui meurt, où tombent les bombes, et il est assez fréquent de trouver des phrases du style « Tout va bien. Il a été bombardé » tout au long de l'histoire (ce qui est un peu le comble de l'absurde).

Un seul défaut m'a dérangé : Connie Willis adore écrire des pages et des pages de dialogues ininterrompus, certes délicieux et souvent très vivants, mais on finit parfois par en perdre le fil, surtout au début où on a du mal à identifier les personnages. En plus c'est récurrent, Sans parler du chien avait déjà le problème.

Mais si on laisse de côté cela, c'est une lecture très plaisante qui se dévore vite (quatre jours sans le lâcher pour ma part), et je ne devrais guère tarder à enchaîner sur la suite !

CITRIQ

10 commentaires:

Yume a dit…

C'est vrai que le début du roman est plutôt destabilisant, mais on entre vite dans le roman pour ne plus le lâcher !

Pour les dialogues à rallonge, tu seras déçue, ça ne s'arrange pas dans le second tome xD

Baroona a dit…

Bon, définitivement, si je veux le faire participer au "SFFF au féminin", il ne va pas falloir que je tarde à le lire. ^^'

Lune a dit…

Elle est bavarde Connie, mais qu'est-ce que c'est bien ! Excellente lecture du tome 2 !

JainaXF a dit…

Moi aussi j'ai vraiment aimé ce roman et son point de vue humain (et j'avais en tête les informations du roman en voyant Imitation Game lundi ! ;-) ) !

Brize a dit…

"(on dirait que Connie Willis part du principe qu'on sait déjà tout, pourtant même en ayant lu ses autres romans j'ai eu du mal à retrouver mes marques !)" : mais c'est pourtant un roman indépendant, non ? (dit celle qui n'a pas lu les autres et a celui-ci en epub depuis un certain temps ...)

Xapur a dit…

J'ai les deux dans ma PAL, faut que je les en sorte... un jour !

Alys a dit…

Tu donnes envie. :)

Vert a dit…

@Yume
J'y fais moins attention je t'avoue, je pense que je suis trop dans l'histoire ^^

@Baroona
Oui il a une belle taille, c'est pas facile de l'avancer conjointement à Tous à Zanzibar !

@Lune
C'est en cours ^^.

@JainaXF
J'imagine, surtout maintenant que j'ai avancé un peu dans le tome 2 et qu'un héros vient de croiser la route d'un certain personnage du film !

@Brize
Oui mais comme c'est le 3e dans cet univers, elle présente un peu moins le concept j'ai l'impression. En fait j'ai sans cesse l'impression de devoir reconnaitre des gens, sauf qu'ils n'étaient pas dans les autres romans je crois xD

@Xapur
C'est la bonne période avec le challenge de Lune !

@Alys
Comme toujours c'est le but ^^

Acr0 a dit…

J'ai aussi vécu au rythme de ma lecture, car je me reconnais dans tes interrogations concernant les stocks de mes placards ;) Finalement, le thème du voyage dans le temps est assez ténu : sur les voyages en eux-êmes, mais pas sur la peur et les questions initiées par un voyage - et les soucis inhérents.

Vert a dit…

@Acr0
Maintenant que j'ai fini le tome 2 je peux dire que l'aspect voyage dans le temps est bien plus mis en avant dans la suite ^^