vendredi 27 février 2015

Tous à Zanzibar - John Brunner


Tous à Zanzibar fait partie de ces classiques de la SF auquel on a un peu peur de s'attaquer, surtout à voir la couverture et le résumé en quatrième. Inutile de dire que j'étais bien contente que le Cercle d'Atuan (nouvellement localisé du côté du Planète-SF) soit là pour en faire une lecture commune, car il est toujours plus facile de se lancer dans ce genre de lecture en nombre !

Comment présenter un tel ouvrage ? Sans surprise, le résumé en quatrième de couverture n'arrive pas vraiment à le faire, sauf peut-être en employant le terme de « livre-univers ». Et effectivement, on n'aurait pas trouvé meilleur terme (à part celui de roman à facettes) pour désigner Tous à Zanzibar.

Dans ce roman, nous nous projetons au XXIème siècle, tel que l'imaginait l'auteur à la fin des années 60. Au programme : violences, surpopulation, eugénisme, guéguerre entre les états et bien d'autres maux, parmi lesquels une surmédiatisation générale de tout, au travers notamment de Scanalyzer, sorte de zapping gigantesque servi par un incroyable ordinateur, Shalmeneser.

Honnêtement je n'ai pas tellement envie de développer plus, déjà parce que je serais bien en peine pour y arriver, et aussi parce que je pense qu'un livre comme Tous à Zanzibar est une telle expérience de lecture qu'il vaut mieux se faire sa propre idée.

Au début, on est un peu noyé dans le flot d'informations classé dans des catégories un peu mystérieuses : Contexte ; Continuité ; Le monde en marche ; Jalons et portraits. On saute du coq à l'âne, d'un sujet à un autre, d'un personne à un autre, avec l'impression qu'aucun lien ne réunit tout ça.

Et pourtant, le lien existe. On le découvre au travers d'un fil rouge récurrent (la fameuse continuité qui propose une histoire suivie), mais aussi lorsqu'on réalise que toutes les vignettes et saynètes sont liées entre elles. Tous à Zanzibar n'est pas un vaste bordel, mais bien un roman à la construction virtuose.

Virtuose, il l'est également dans son contenu, tout simplement visionnaire. Certes, John Brunner n'a pas vu venir l'ordinateur personnel ou certains troubles actuels (ce qui n'est pas plus mal, si les auteurs de SF étaient vraiment clairvoyants à ce point, ça serait inquiétant), mais par rapport à son époque, il mène un travail d'extrapolation (sociale, politique, scientifique) vraiment brillant.

Difficile là encore de vous présenter un exemple, car il faudrait le choisir. Et dans un roman où chaque petit chapitre semble être une pépite, allez donc faire un choix. C'est toute la saveur de ce roman : à l'échelle de quelques paragraphes comme à celle des sept cents pages d'histoire, il est d'une richesse extraordinaire.

Et cela concerne les idées comme l'écriture. John Brunner s'amuse beaucoup à intercaler entre deux séquences de texte « classique » des chansons, des extraits de textes écrits dans l'univers du livre, des pages d'encyclopédies, des contes... j'ai idée que cela explique que ce roman vieillisse bien, ce n'est pas juste des idées vaguement mises en forme, il y a un vrai travail littéraire (ce qui n'est pas le cas de tous les romans de SF, soyons honnêtes).

Bref c'est un livre génial, et je ne suis même pas sûre d'arriver à le vendre correctement. Il faut reconnaître néanmoins que c'est un texte un peu déstabilisant, étrange parfois, et qu'il faut à mon avis être dans le bon état d'esprit pour l'aborder. Ce qui était justement le cas pour moi, chic !

Avis des autres participants : Baroona, Gromovar, Lorhkan, Mortuum , Nathalie

CITRIQ

5 commentaires:

Gromovar a dit…

Content et rassuré que ça t'ai plu.

Vert a dit…

@Gromovar
C'était une belle découverte !

Baroona a dit…

Dur de rendre le foisonnement de ce livre, et tu t'en sors très bien. ^^

Lorhkan a dit…

Une LC marquante, pour un roman marquant.
Je lirai d'autres récits de Brunner, c'est certain.

Vert a dit…

@Baroona
C'est bien que tu sois convaincu, moi pas xD

@Lorhkan
Moi aussi, et ça tombe à pic j'ai son livre d'or !