vendredi 26 juin 2015

Roche-Nuée - Garry Kilworth


De Garry Kilworth, je connaissais surtout ses textes légers, comme La compagnie des fées (A Midsummer's Nightmare dans son titre VO bien plus adapté à une aventure mettant en scène les plus célèbres fées de Shakespeare) ou la mémorable nouvelle Fiesta gobeline parue dans l’anthologie Traverses voilà bien longtemps.

J’étais curieuse de voir ce que pouvait donner un roman plus sérieux de lui, et comme un connaisseur a eu la bonne idée de le comparer à Ursula K. Le Guin, je ne pouvais que succomber et participer au crowdfunding de la nouvelle édition de ce livre (sous une couverture magnifique signée Laurent Rivelaygue tellement en adéquation avec le contenu qu’elle doit faire honte à maintes couvertures de romans !)

Roche-Nuée est le nom de l’univers dans lequel évolue le narrateur. A première vue, on dirait une montagne plantée au milieu d’un désert, et sur cette montagne vivent deux tribus distinctes, l’une habitant des yourtes et chassant le jour, l’autre demeurant dans les grottes et sortant uniquement la nuit.

L’ambiance est plutôt préhistorique : tout ce petit monde vit de chasse et de cueillette, mange ses morts, se marie entre parents et se débarrasse des enfants malformés qui naissent parfois de ces unions en les jetant du haut d’une falaise.

Le narrateur, qui n’a pas vraiment de nom (Ombre est l’appellation qui revient le plus souvent), est l’un de ces enfants. Il a survécu grâce à son frère Argile, mais il est ignoré par l’ensemble de la tribu. Il accompagne néanmoins son frère comme une ombre, y-compris lorsque celui-ci rencontre une femme de la tribu de la nuit dont il tombe amoureux… ce qui évidemment se révèle être un interdit qui ne sera pas sans conséquences.

En lisant Roche-Nuée, j’ai eu l’impression de lire une sorte de conte primitif, une histoire presque intemporelle avec un petit côté récit initiatique presque de « fantasy » (le narrateur en lui-même reste assez mystérieux). Et dans le même temps, en avançant dans l’intrigue, on découvre que l’univers est loin d’être un prétexte, une simple évocation. Bien au contraire, il repose sur des bases plutôt solides (science-fictionnesques même), qui ne sont pas négligées au cours de l’histoire.

C’est ce mélange des genres et cet univers qui se balance entre semi-fantastique et souci du réalisme qui font tout le charme et l’originalité de ce roman. Le seul reproche que je ferais est au narrateur : à force de vouloir concilier dans sa narration les deux aspects du roman, il m’a donné l’impression d’en savoir plus qu’il n’en devrait, et de l’exprimer un peu trop bien.

Mais parce qu’on a envie d’en savoir plus et de continuer la découverte, il est assez facile de mettre ce défaut au placard pour profiter de ce joli texte, qui se lit très vite. Du coup maintenant je n’ai qu’une seule envie : trouver quelque chose de plus consistant de l’auteur à me mettre sous la dent !

CITRIQ

204 p.


6 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

J'hésitais pour ma prochaine lecture entre celui-là ou l'autre novella du même crowdfunding. Tu m'as décidée ce sera Roche Nuée.

Vert a dit…

@Tigger Lilly
L'autre est très très bien aussi ^^

Alys a dit…

Contente que tu aies aimé :)

Lorhkan a dit…

À lire donc, avis intéressant, merci. ;)

Vert a dit…

@Alys
En même temps c'est normal, c'est presque de la rupestre fiction ^^

@Lorhkan
En plus il cadre avec le challenge du moment, y'a que des bonnes raisons de le lire ^^.

Alys a dit…

Hihi c'est vrai :D