lundi 20 juillet 2015

Pêcheur de la mer intérieure – Ursula K. Le Guin


Je continue à explorer l’œuvre d’Ursula K. Le Guin en fonction des challenges et autres contraintes. Par exemple, si je me suis lancée dans Pêcheur de la mer intérieure, qui est son dernier recueil de nouvelles paru en France (en 2010, alors que la VO remonte à 1994), c’est que c’était mon dernier achat de 2013 à rester dans ma Pile à Lire, il était donc temps de s’en occuper !

Huit nouvelles composent ce recueil, après (comme toujours) une excellente préface de l’auteure, Sur les raisons de ne pas lire de science-fiction, un texte qui justement met très bien en avant les raisons de lire de la SF.

Première rencontre avec les Gorgonides est un texte humoristique qui relate une rencontre avec des aliens. Il est rare de voir Ursula Le Guin exercer dans ce registre, mais le résultat est plutôt sympathique (quoique un peu poussif).

Le Sommeil de Newton nous fait visiter une station spatiale où se sont réfugiés des savants et leurs familles pour échapper au chaos sur Terre. Comme toujours avec Ursula K. Le Guin, on ne peut qu’apprécier la façon dont elle met en scène la vie dans une station spatiale, avec tous les problèmes que cela peut causer, notamment quand certaines personnes commencent à avoir des hallucinations.

L'Ascension de la face nord est le deuxième texte humoristique du recueil, une petite légèreté vite lue et vite oubliée.

La Première Pierre m’a fait penser aux Dépossédés et à Ceux qui partent d’Omelas, avec son histoire de serviteurs qui se révoltent contre leurs maîtres grâce à la couleur. Je n’en dis pas plus, mais la nouvelle reste en tête après la lecture.

Le Kerastion est un texte qui nous fait visiter une culture aux mœurs étranges, où les artistes sculptent le sable. Il est court, trop court même, mais on se régale de cette culture très étrange qu’il met en scène.

Les trois derniers textes, L'Histoire des Shobies, La Danse de Ganam et Le Pêcheur de la mer intérieure fonctionnent ensemble et se raccordent au cycle de Hain. Ils explorent tous les trois l’apparition d’une technologie, le churten, qui est au transport ce que l’ansible est à la communication : la possibilité d’un déplacement instantané. Cette « trilogie » de nouvelles justifie pratiquement à elle-seule la lecture du recueil.

Le premier texte, L'Histoire des Shobies, n’est pas facile à lire car il relate l’expérience du premier équipage qui teste le churten, et qui perd en quelque sorte contact avec la réalité. L’auteur en fait une occasion pour parler récit et narration, c’est fascinant comme concept mais je suis obligée d’avouer que je me suis égarée en route.

La Danse de Ganam, bien qu’elle garde un peu de cette confusion propre au churten, est bien plus aisée à lire et permet de se régaler avec la visite d’une planète aux mœurs comme toujours très étranges et avec le portrait d’un héros de l’espace.

Le Pêcheur de la mer intérieure est la dernière nouvelle du recueil, et de loin la meilleure. On y suit un enfant du monde d’O (avec sa culture des mariages à 4 déjà évoquée dans deux nouvelles de L’anniversaire du monde) qui étudie le churten et laisse sa famille derrière lui pour aller étudier et poursuivre ses recherches sur Hain. Forcément, lui aussi est confronté à des bizarreries, de nature temporelle… d’où un double récit, porté par un personnage sensible dans une culture très intéressante. Bref, c’est un très beau texte !

CITRIQ




Lisez du Ursula K. Le Guin, non seulement c'est très bien mais c'est accessoirement une source inépuisable de combos pour les challenges : recueil de nouvelles de 277 p. qui tape autant dans le space-opera que dans le voyage dans le temps, qui dit mieux ?

9 commentaires:

Lorhkan a dit…

Ursula Le Guin, fournisseuse officielle de combos de challenges ! :D
M'a l'air très intéressant en tout cas ce recueil.

Vert a dit…

@Lorhkan
Il est sympathique, par contre il n'est pas facile à trouver (je crois que l'éditeur le vend encore sur PriceMinister de mémoire)

Xapur a dit…

ça c'est du combo de compétition :)

Vert a dit…

@Xapur
Et encore j'ai zappé le logo du JLNN, faut que je le rajoute d'ailleurs...

shaya a dit…

Et bien, quelle efficacité, c'est beau :D

Nariel Limbaear a dit…

Faudrait un éditeur motivé pour rééditer Le Guin tiens...

Vert a dit…

@Shaya
Le livre aussi est beau :P

@Nariel
L'Atalante a sorti la plupart de ses dernières productions, et finalement une bonne partie de ses textes ont été traduits (si je me fie à sa page wiki) mais il reste encore quelques recueils de nouvelles inédits ou traduits de façon incomplète (hélas je doute un peu du succès commercial d'une telle entreprise).

Tigger Lilly a dit…

Sur les raisons de ne pas lire de science-fiction, un texte qui justement met très bien en avant les raisons de lire de la SF. -> logique
Tu ne viens pas de battre le record de combos de challenges ?

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Si on ne compte pas le "Je lis des nouvelles" qui n'est plus vraiment un challenge, effectivement c'est mon maximum à ce jour ^^.