samedi 10 octobre 2015

La mère des ondes et des crues – Timothée Rey


L’année dernière, j’avais découvert avec grand bonheur Les souffles ne laissent pas de traces, un polar préhistorique signé Timothée Rey drôle et fort imaginatif. Inutile de dire que je ne me suis pas faite prier pour lire la suite des aventures de N’a-Qu’un-Œil, chamane détective, sous le titre de La mère des ondes et des crues.

Nous voilà donc de nouveau renvoyé à l’époque de l’Aurignacien, autour de 30 000 ans avant notre ère (c’est l’époque de la grotte Chauvet si vous cherchez à vous situer). Suite aux évènements des Souffles, N’a-Qu’un-Œil et les membres de son clan partent rejoindre leur clan. Sur la route, ils s’arrêtent quelques jours pour profiter de l’hospitalité d’un clan voisin, celui du Puits-sans-fond.

Un soir, l’apprenti du chamane, Queue-d’Aurochs assassine un des membres du clan devant de nombreux témoins. Sauf que N’a-Qu’un-Œil est persuadé que son apprenti est victime d’une machination, et il va donc mener l’enquête pour le disculper.

La mère des ondes et des crues se différencie donc des Souffles ne laissent pas de traces par une intrigue plus personnelle (les interludes culturelles sont d'ailleurs remplacés par des flash-back sur le passé de Queue-d'Aurochs), qui prend rapidement une tournure plus sérieuses. Mais pour le reste, c’est exactement la même recette.

On retrouve donc ce détective préhistorique qui n’a pas son pareil pour interpréter les taches sur le cuir, les empreintes de pas et les branches cassées. Impossible de faire des analyses ADN à l’époque ? Qu’à cela ne tienne, comme la fabrication des bottes est artisanale, chaque semelle est différente et on peut donc facilement identifier son propriétaire !

Tout cela a un côté parfois plus technique qu’humain (l’auteur insiste finalement plus sur la résolution de l’énigme que sur les motivations derrière le crime), ce qui donne une impression de froideur, mais comme on a clairement affaire à un Sherlock Holmes préhistorique, c’est plutôt cohérent !

On apprécie d’autant plus l’enquête que Timothée Rey nous plonge dans une reconstitution de l’époque préhistorique plutôt réaliste et fort détaillée dans tous les domaines : coutumes, connaissance des plantes, fabrication d’objets, chasse, cueillette et délices culinaires qui font saliver à la lecture (ah les fameux blinis de glands, carottes et miel !).

J’aime bien ce qu’il donne à voir de cette période où les conflits étaient rares, car la Terre était assez vaste pour tout le monde et qu’on n’avait pas souvent l’occasion de se taper dessus pour un champ de blé, un lopin de terre, une opinion politique ou religieuse !

Ceci dit j’ai trouvé parfois un sentiment de « too much » dans certains passages, surtout au niveau des inventions. Rien de fondamentalement impossible (après tout l’auteur exploite des matériaux périssables, donc forcément on ne pourrait jamais en retrouver la trace aujourd’hui), mais des fois j’avais un peu de mal à y croire (on a beau essayé de se sortir de l’image du Cro-Magnon bourrin de la tête, on accepte difficilement le total opposé).

Outre son enquête rigoureuse et son incroyable reconstitution historique, La mère des ondes et des crues se caractérise (comme tous les écrits de l’auteur) par son vocabulaire fort riche et ses nombreux traits d’humour (beaucoup de calembours mais aussi de bons délires comme le sagaie-peau-gourdin-lézard-speck ). C’est fort sympathique et j’ai apprécié les références ici et là, par contre j’ai trouvé qu’avec le ton sérieux cela faisait des ruptures de ton un peu étranges.

Ce n’est pas un défaut en soi (pas plus que le luxe de détails dans la reconstitution), mais du coup je n’ai pas été aussi enthousiaste qu’à la lecture du premier tome. C’est un peu le problème de toutes les suites, une fois passé le plaisir de la découverte, on commence à prêter attention aux petits détails qui nous titillent à la lecture.

Ceci dit La mère des ondes et des crues n’en reste pas moins un chouette polar préhistorique qui se lit avec plaisir. Je vous recommande par contre de le dévorer rapidement, car il ne se prête pas trop à une lecture hachée (comme dans les transports), on perd le fil et ça a sans doute également joué sur le ressenti.

A l’année prochaine pour la suite, peut-être ?

CITRIQ

6 commentaires:

Yume a dit…

Depuis le temps que tu parles de cet auteur, j'ai envie de le découvrir, mais ma bib n'a aucun de ses livres... je vais devoir en acheter, si jamais je veux me lancer, ça sera plus sûr ! ^_^

Tigger Lilly a dit…

Ça y est tu l'as lu ! Il n'aura pas fait long feu :p
Ca a l'air diablement sympathique malgré les quelques défauts. Faut avouer que l'auteur aime les défis, ce ne doit pas être évident à écrire.

shaya a dit…

Ca doit être pas mal quand même à lire ce petit roman policier ! Un jour, je testerai cet auteur, ça m'intrigue :D

Alys a dit…

Haha j'ai hâte :) J'espère ne pas mettre un an et demi à me le procurer comme le premier... :P

Nariel Limbaear a dit…

La prochaine étape, c'est de jouer à Far Cry Primal pour avoir la reconstitution visuelle :D
Je suis en train de le lire, pas tout à fait fini, mais je trouve ça toujours aussi savoureux (pile la lecture qui me fallait). Au sujet des inventions, on a tendance à oublier que nos ancêtres homo sapiens avaient la même cervelle que nous :p

Vert a dit…

@Yume
Y'a des petits recueils en numérique pas très chers (et deux nouvelles gratuites si ma mémoire est bonne) si tu veux le découvrir à peu de frais ^^.

@Tigger Lilly
Je ne veux même pas savoir où il va chercher ses idées de recettes de cuisine xD

@Shaya
Je peux t'en prêter si tu veux ^^.

@Alys
Je te le souhaite, les deux à la suite ça doit être sympa en plus.

@Nariel
Du moment qu'on a pas le droit à la reconstitution olfactive :D