dimanche 13 décembre 2015

Le livre d’or de la science-fiction : J. G. Ballard – J.G. Ballard


Ballard fait partie de ces grands noms de la SF dont je n’avais jamais croisé la route jusqu’ici (sauf peut-être sous forme de nouvelle), il était plus que temps de faire sa connaissance, et quoi de mieux qu’un livre d’or pour se faire une bonne idée du personnage ?

(à condition de ne pas regarder la couverture bien sûr, qui pourrait presque être cohérente si on n’y trouvait pas des guêpes qui font du hoverboard… mais sinon tout va bien !)

Comme assez souvent dans cette collection, la qualité de l’introduction semble conditionner celle du choix des textes. Dans le cas présent Robert Louit, l’anthologiste, fait un excellent travail : il n’a aucun mal à susciter l’intérêt en évoquant les grandes thématiques de l’œuvre de Ballard, et ce-faisant il donne quelques clés de lecture pour comprendre les nouvelles de ce recueil, sans pour autant trop en dire (sauf peut-être à propos du Géant noyé).

Après quoi on ne peut que se lancer à l’aventure dans les textes de Ballard, qui ne sont point classés chronologiquement mais thématiquement (Oppressions subtiles, Plis du temps et Zones sinistrées), et c’est une approche qui fonctionne tout à fait (sauf peut-être lorsqu’on part à la recherche de la nouvelle en question dans la bibliographie en fin d’ouvrage !). Voyons un peu le menu.

En lisant la première nouvelle, L'Homme subliminal, j’ai été frappé par son côté visionnaire. Bien sûr c’est du visionnaire des années 60, c’est-à-dire à la fois extrêmement juste et complètement à côté de la plaque pour certains aspects, mais tout de même, c’est tout le concept d’obsolescence programmée qui est ici mis en scène et c’est sacrément impressionnant.

On enchaîne ensuite L'Homme saturé, étrange texte mettant en scène un homme qui se coupe peu à peu de la réalité. Le résultat est impressionnant à lire mais il ne m’a pas plus parlé que ça.

C’est tout le contraire de Treize pour le Centaure, histoire de vaisseau générationnel dans l’espace qui a très certainement inspiré la mini-série Ascension (du coup ceux qui l’ont vu vont tout de suite savoir de quoi il en retourne), avec une belle étude sur le genre humain. C’est un de mes textes préférés du recueil.

Chronopolis nous projette dans un monde futuriste où les horloges ont été bannies. C’est un postulat étrange (et qui a ses limites) mais qui fait beaucoup réfléchir lorsqu’on réalise à quel point toute notre vie est parfois réglée à la minute près.

Point d’horloge dans Fin de partie, mais une sorte de compte à rebours invisible pour une histoire mettant en scène un condamné à mort qui passe ses derniers jours en compagnie de son bourreau, sans savoir quand il sera exécuté. Le concept est sympathique mais j’ai un peu regretté que l’introduction de l’auteur évente tout le contenu de la nouvelle.

Demain, dans un million d'années est un texte assez étrange, à mi-chemin entre fantastique et SF, dans lequel on suit deux naufragés sur une planète désertique où l’on observe parfois d’étranges apparitions. Le résultat est un texte presque poétique (c’est à peu près à ce stade que j’ai réalisé que Ballard aimait les descriptions, et savait y faire dans le domaine).

La Terre s’est arrêtée de tourner dans Le Jour de toujours, nouvelle où l’on suit un voyageur qui semble chercher le bon fuseau horaire pour vivre, entre le crépuscule, la nuit totale et le jour. Je dois avouer que je n’ai pas tout compris à l’intrigue, mais quel univers !

Un assassin très comme il faut est un texte très classique sur le voyage dans le temps. Pas de grande surprise, mais l’histoire se lit fort bien.

Le Vinci disparu est plus surprenant, plongeant plutôt dans le domaine du fantastique (avec un petit côté Neuvième porte par certains côtés) alors que deux experts en art cherchent à retrouver un Léonard de Vinci dérobé. Forcément, j’ai aimé !

Perte de temps exploite la thématique de la boucle temporelle (quoique ici c’est peut-être bien une sorte de spirale) tout en mettant en scène la vie pas toujours passionnante d’un couple. J’ai bien aimé le rythme d’enfer de cette intrigue, et son côté légèrement absurde.

Le Géant noyé imagine ce qu’il se serait passé si Gulliver avait échoué mort sur la plage des Lilliputiens. C’est une nouvelle assez triste (et pas forcément à lire après le petit-déjeuner comme cela m’est arrivé) mais fort réaliste sur la nature humaine.

Il n’est pas très facile de comprendre La Cage de sable, car l’auteur n’en donne toutes les clés qu’à la toute fin. Ceci dit j’ai apprécié la belle atmosphère de cette nouvelle qui imagine l’arrêt des programmes spatiaux et leurs conséquences.

Les Statues qui chantent est peut-être bien la seule histoire d’amour du recueil, et en dit long sur le regard que porte Ballard sur le sujet ! Un texte triste, mais fort joli.

Je suis par contre un peu passée à côté de Amour et napalm : export U.S.A., un texte assez violent (et donc forcément perturbant) dont j’ai eu du coup du mal à comprendre les tenants et les aboutissants.

Au final je crois que c’est surtout les premières nouvelles que j’ai aimé, celles très portées sur l’humain. Cependant de manière générale j’ai apprécié tous ces univers sinistres mis en scène (qui sont apparemment une spécialité de l’auteur), et même si je ne suis pas forcément grande amatrice de descriptions, je dois reconnaître que Ballard sait y faire dans le domaine.

Bref je suis bien contente d’avoir pu découvrir son œuvre avec ce recueil qui permet de se faire une première impression de son écriture et de ses idées. Et que ce soit sur le fond comme sur la forme, on a vraiment le droit à des textes de qualité.

Par contre à titre personnel j’ai eu un peu de mal avec la tristesse de tous ces textes. A petite dose ce n’est pas gênant, mais c’est tout le recueil qui est ainsi (et probablement son œuvre si je me fie à l’introduction). A ne pas lire les jours de déprime et de pluie donc (quoique vu la quantité de sècheresse et de sable dans ce livre, voire de la pluie n’aurait rien de déprimant, bien au contraire !). Mais cela ne m’empêchera probablement pas de lire d’autres textes de lui.

10 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

Je vais recevoir le premier tome de l'intégrale de nouvelles pour Noël :p (oui il semble à nouveau disponible, au moins sur Amazon, peut-être ont-ils trouvé quelques exemplaires derrière une étagère?)

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Effectivement j'ai vu qu'il était dispo dans Electre, ils ont peut-être refait un tirage...

JainaXF a dit…

Tiens, encore une classique que je n'ai pas lu, mais ton article me donne bien envie de le découvrir...

shaya a dit…

Pareil que Jaina, je n'ai pas lu de Ballard, mais il faudrait vraiment :)

Vert a dit…

@JainaXF & Shaya
Il faut prendre le temps de faire connaissance au moins une fois je pense ^^.

Lorhkan a dit…

Je garde un excellent souvenir de ce recueil, qui reste un des meilleurs Livres d'Or que j'ai lus (mais j'en ai lus beaucoup moins que toi). :)

Vert a dit…

@Lorhkan
Bah oui qu'est-ce que tu attends pour lancer un défi pour avancer dans ta lecture des livres d'or ? ;p

Lorhkan a dit…

Moi, lancer un challenge ? Ça risquerait de trop mordre sur mon temps de lecture déjà restreint... ;)

Julien le Naufragé a dit…

La tristesse me semble un truc un peu récurrent chez lui, ou une certaine amertume ou mélancolie. Ca ne me dérange pas.
J'ai ce livre en attente chez moi aussi. Mais je pense terminer sa trilogie de béton avant.

Vert a dit…

@Lorhkan
C'est bien le seul défi que tu ne relèveras pas :P

@Julien le Naufragé
C'est pas franchement gênant cette tristesse, ça dépend du contexte de lecture je pense ^^.