dimanche 7 août 2016

Paula Modersohn-Becker au Musée d’art moderne de la ville de Paris


Cela fait longtemps que je n’avais pas pris le temps de chroniquer en détail une exposition d’art, à moins qu’elle soit liée de près ou de loin à la science-fiction. Celle-ci m’a cependant tellement marqué, alors que je suis généralement un peu blasée après toutes mes années d’étude en histoire de l’art, que je me devais de faire une exception.

Paula Modersohn-Becker est une artiste allemande du début du XXe siècle, que l’on peut rattacher aux expressionnistes allemands. Sa carrière a été courte (elle est morte à 31 ans) mais fulgurante (plus de 700 tableaux sans compter les dessins).

Reconnue en Allemagne (elle a été une des premières femmes artistes à avoir droit à son propre musée), elle est quasiment inconnue en France alors qu’elle a fait de longs séjours à Paris pour peindre. Cette exposition au musée d’art moderne de la Ville de Paris est donc une première, et l’occasion de découvrir une artiste extraordinaire.

 
Chat tenu par un enfant, vers 1903

Ce qui m’a frappé, dès le début de l’exposition, c’est son style qui est juste incroyable : il a un côté très brut mais il synthétise à merveille quantité de recherches esthétiques de l’époque sur la forme et la couleur. On pensera parfois à Cézanne (qui l’a inspiré), parfois à Picasso (pour l’esthétique très « masque ») et parfois à Gauguin (sur ses dernières toiles). Les influences passées sont également nombreuses : les portraits du Fayoum notamment, mais aussi certains tableaux de la Renaissance.

Ses thématiques aussi sont plutôt originales, ou en tout cas différentes de ce qu’on peut voir à la même époque : elle réalise beaucoup de portraits certes, mais les sujets sont des enfants souvent trop sages (aux regards très pénétrants) ou des vieillards, quand elle ne peint pas simplement des mères allaitant leur enfant. Elle réalise également beaucoup d’autoportraits, une démarche qui m’a un peu évoqué l’œuvre de Frida Kahlo, même si esthétiquement elles n’ont rien en commun.


Autoportrait sur fond vert avec des iris bleus Vers 1905

L’exposition porte comme sous-titre « L’intensité d’un regard », et il est vrai que cela résume à merveille son œuvre : difficile de rester indifférent face à aux regards qui ont vraiment quelque chose de spécial (ça rappelle parfois Modigliani mais ce n’est pas vraiment ça en même temps).

En parcourant les salles et en regardant le film à la fin qui contient nombre d’extraits de sa correspondance, on a également l’occasion de découvrir la vie de cette artiste, une femme de caractère plutôt indépendante, hélas morte trop jeune et qui aurait sans doute révolutionné l’art du XXe siècle si elle avait vécu plus longtemps.

Pour la petite anecdote à la base j’étais venue au musée avec Maman Vert pour voir l’exposition Marquet, elle était certes sympathique mais nous l’avons complètement occultée après avoir découvert les peintures de Paula Modersohn Becker ! Une sacrée découverte, à voir jusqu’au 21 août (après quoi il faudra certainement faire le déplacement en Allemagne pour découvrir cette artiste).


Autoportrait au sixième anniversaire de mariage 25 mai 1906

3 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

Ton billet a rempli son office : je n'avais jamais entendu parler de Paula Modersohn-Becker avant :p

shaya a dit…

Pareil je ne connaissais pas du tout, merci pour la découverte !

Vert a dit…

@Shaya & Tigger Lilly
Y'a même un film qui est prévu sur elle (mais pas de date de sortie hélas).