dimanche 3 août 2008

Aquarelles, daguerréotype et calotype : les expos du musée d’Orsay

Samedi, comme il était prévu avec Eni, nous nous sommes retrouvées devant le Jeu de Paume pour une journée à caractère culturel hautement élevé. Nous avons marché moult kilomètres dans Paris et visité l’expo Avedon au Jeu de Paume, et les trois expos d’Orsay… Je reviendrais sur Avedon plus tard, qui mérite un article à lui tout seul, voilà pour le musée-gare…

Aquarelles : atelier et plein air



L’aquarelle est un type de peinture dont on parle peu de manière générale. D’ailleurs je me rappelle en cours ne l’avoir abordé qu’en techniques du dessin, c’est dire son statut. Il s’agit d’une peinture à l’eau, comme son nom l’indique, qu’on peut pratiquer un peu n’importe où avec sa petite boite de couleurs, son pinceau et son gobelet d’eau. Pas forcément le genre d’œuvres qu’on expose, d’autant plus que les problèmes de conservation sont généralement les mêmes que pour le dessin si je me souviens bien…

Bref c’est un joli coup de la part du musée d’Orsay que de présenter dans leur galerie d’art graphique des aquarelles. C’est ainsi qu’on se retrouve avec au mur des réalisations de pas mal d’artistes connus qu’on croise habituellement à Orsay : Bonnard, Manet, Jongkind, Boudin, ou encore Signac et Cézanne, plus quelques moins connus mais non moins doués.

L’ensemble, sur deux salles, forme une petite exposition bien sympa, qui fait voyager en bord de mer, en montagne, à l’étranger, et dans la campagne profonde. On a en effet essentiellement affaire à des paysages, et parfois quelques scènes plus pittoresques avec des gens. Chaque artiste a son style bien sûr, et on ne pourra pas ne pas reconnaître un Cézanne d’un Signac, dont les aquarelles sont très typées…

Et comme l’aquarelle est une peinture assez axée sur l’instant, le croquis, on a des scènes croquées, à peine esquissées, parfois inachevées, et toutes en légèreté et transparence, fort agréables à regarder… bref, si vous passez par Orsay, au lieu de vous contenter des impressionnistes, n’hésitez pas à faire un détour par cette galerie avant le 7 septembre, il y a plein de petits trésors à découvrir et à savourer ^^.

Le daguerréotype français



Après les dessins, la galerie photo est un arrêt obligatoire (pour moi) à Orsay, vu que c’est un des rares endroits où on peut profiter de vieilles photos –comprenez datant de la préhistoire de la photo, genre années 1850 -. En ce moment, pour faire une sorte de réponse à la grande expo sur le calotype (voir plus bas), ce sont les daguerréotypes qui sont à l’honneur.

C’est un choix qui me laisse, je l’avoue sceptique, parce que ça donne du coup une vision assez manichéenne des débuts de la photo, avec le daguerréotype en France et le papier en Angleterre, le portrait en France et le paysage en Angleterre, bref c’est assez réducteur, j’espère que ce n’était pas voulu complètement. C’est sans doute le gros défaut de ce choix, et comme je suis assez attentive à ce genre de parti-pris scénographique…

Bref revenons à nos moutons (argentés), le daguerréotypie, objet photographique assez particulier. Oui, un objet, car la spécificité de ce type de photo passe vraiment par le support, un miroir. Ce qu’on assimile à des noirs et des blancs sur l’écran de l’ordi sont en fait des mats et des brillants, et c’est en reflétant du noir (ce qui explique la couleur des salles d’expo sûrement maintenant que j’y pense, ainsi que le travail sur l’éclairage qui pour une fois aide le visiteur au lieu de lui compliquer la vie) que l’on voit l’image. Il suffit de voir un daguerréotype de biais pour voir qu’en fait, il n’y a pas d’image « imprimée » dessus… Je sais pas si c’est très clair.

Toujours est-il que cela donne des images extrêmement précises (avec une loupe on peut se faire plaisir en général), de petite taille, souvent montés dans des cadres assez kitchs. C’est ce qui est intéressant dans cette expo, voir ce que c’est exactement… et accessoirement toutes les manip pour les prises de vue, genre les poses très statiques des gens. Pour le reste, j’avoue que coté contemplation ce n’est pas forcément quelque chose qui fait rêver, surtout que c’est quand même beaucoup des portraits pas toujours passionnants. On trouve quand même quelques jalons de l’histoire de la photo : le fameux « prisonnier » d’Humbert de Mollard, que j’ai mis en illustration, les barricades de la rue de St Maur, première photo à avoir été « reproduite » dans la presse (sous forme de gravure on s’entend…) et quelques autres…

L’image révélée : premières photographies sur papier en Grande Bretagne (1840-1860)



Autre étage d’Orsay, autre univers, celui de la photographie papier. Même époque, mais radicalement différent dans la technique. En effet, ici c’est la technique qu’on connaît actuellement (enfin connaissait serait plus exact), il n’y a guère que le support et les produits chimiques qui ont quelque peu évolué. Pour le reste, il s’agit toujours de prendre une première photo, le négatif, de le faire apparaître par un procédé chimique (le développement), puis de faire un tirage en positif en exposant une feuille de papier sensible au travers de celui-ci (encore une fois je suis pas sûre d’être hyper claire…).

Bref cette expo s’attache à ce qui se faisait avec cette technique, celle du calotype, en Angleterre, dans les années 40 à 60, depuis la mise au point du procédé par Henry Fox Talbot (un des 4 « pères » de la photo, donc). L’esthétique est différente du daguerréotype. Les photos sont moins précises, et beaucoup proches de ce qu’on imagine des premières photos, avec leur teinte un peu sépia (c’est valable surtout parce que ce sont des tirages papier salé qui sont présentés ceci dit…). Personnellement cela me touche plus.

Les sujets sont souvent des bâtiments, des paysages, mais on trouve également quelques portraits ou scènes composées de toutes pièces. Les images les plus intéressantes sont définitivement celles de Talbot et les quelques rares négatifs exposés, qui permettent de voir que dans ce type de photo, l’« œuvre », c’est justement le négatif (cf celui de Benjamin Turner que je mets ici).

C’est une expo intéressante, encore une fois pour la possibilité qu’elle donne de voir de la photo ancienne… après comme dit plus haut, ses parti-pris me laissent un peu sceptique, d’autant plus que le contexte technique est assez occulté au profit de l’esthétique. Normal pour un musée d’art, un peu dommage pour la photo car à l’époque les deux sont en principe indissociables…

Bref comme tout le monde n'est pas aussi exigant que moi, n'hésitez pas, en passant par Orsay, à passer voir toutes ces photos, parce qu'il y en a de très belles, et faites le tour du musée en passant, je crois que y'a des chefs d'oeuvre par là bas (*siffle*), et pour tous les goûts, de la peinture classique pompier aux débuts du fauvisme en passant par des inconnus impressionnistes, des symbolistes, un département art déco sympa et des sculptures chouettes surtout qu'il y a des bancs pour se poser dans ce coin là...

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