jeudi 31 décembre 2009

Writing in the rain (Bilan 2009)

Le titre est un peu mensonger vu que le soleil est de retour, mais hier, quand je suis tombée sur Singing in the rain à la télé, on voyait la même chose par la fenêtre et à la télé (minus Gene Kelly). Je suis d’ailleurs vite tombée sous le charme de ce film très « mise en abîme » sur le cinéma drôle et coloré qui se laisse bien regarder (si on oublie quelques numéros de danse un poil trop longs).



Excusez l’interlude musicale, le but de cette ultime chronique de l’année 2009, est avant tout de faire un petit bilan de l’année. Je voulais reprendre le modèle de l’an dernier, mais sélectionner trois livres/films etc. se révèle assez réducteur, nous improviserons donc.


Travaux en cours

Tout d’abord, je pense que c’est passé inaperçu mais je viens de passer trois jours à déménager les critiques de mon ancien blog sur celui-ci, pour des raisons diverses et variées (gestion des commentaires, images qui avaient disparu, etc.). J’ai fait une sélection bien sûr sinon j’y serais encore, surtout que certaines ressemblent presque à des listes avec un avis en deux lignes.

Comme ça mon « premier » article porte sur l’adaptation de Stardust, c’est beaucoup plus adapté à la Gaiman’s addict que je suis !

Une nouvelle déco est aussi en projet, mais on verra pour 2010 (ou 2011 même, ne soyons pas trop ambitieux !)


Le best-of de l’année

Comme nous sommes dans une bibliothèque (jusqu’à que je me lasse de l’appellation), commençons par parler livres. L’année aura été riche, et n’est pas terminée (technique j’ai encore cinq chroniques sur le feu dans un état plus ou moins avancé).

Si je devais faire une petite synthèse sur la question, je retiendrais d’abord la découverte du Cercle d’Atuan. Ce très chouette forum m’a permis de découvrir le plaisir de prendre son temps pour lire avec les autres, et d’échanger au fur et à mesure. J’ai fait connaissance avec des œuvres que je n’aurais pas forcément lu autrement (Cristal qui songe, La Stratégie Ender pour citer les plus marquants), et accessoirement c’est un vrai plaisir de discuter là-bas.

Sinon, je retiendrais deux auteurs qui continuent à m’épater à chaque lecture, Elisabeth Vonarburg (Tyranaël qui m’a scotché un bon moment) et Jean Philippe Jaworski (même remarque pour Gagner la Guerre), et un auteur que je ne connaissais pas mais qui est franchement épatant : Tim Powers (Sur des mers plus ignorées, les Voies d’Anubis).

Coté cinéma, je retiendrais surtout les films qui me « hantent » encore bien après leur sortie, à savoir The Wrestler de Darren Aronofsky (ne me demandez pas pourquoi, par contre il serait temps que je m’intéresse à ses autres films, hein Silvère ?), Là-haut (faire chialer les gens pendant les dix premières minutes d’un film d’animation, fallait oser et c’est génial), et District Nine (une grande claque, tout simplement).

Max et les Maximonstres n’est pas loin derrière pour son coté doux-amer, et le Concert mérite un lot de consolation vu que son concerto occupe justement une belle place dans ma playlist de favoris. Ceci dit j'attends de voir comment ces deux-là vieillissent.

A part ça, 2009 sera pour moi l’année où j’ai découvert Nolife, une chaine de la télé ADSL (la chaine des geeks et des otakus) qui est la seule que je regarde. Elle ne parle que de jeux vidéo, de trucs japonais et autres loisirs de geeks, et ses émissions sont bien conçues et drôles. Je vous en ferais peut-être l’apologie un jour, en attendant sachez que c’est grâce à la Minute du Geek que j’ai pu expliquer ce que voulait dire « geek » à ma famille, justement.

Accessoirement, c’est la chaine qui diffuse les excellentissimes séries Noob et Flander’s Company, ce qui la rend indispensable (la vie sans Hippolyte et Sparadrap serait beaucoup moins drôle). Bref, abonnez-vous pour soutenir cette chaine unique en son genre et pouvoir regarder sur internet toutes les émissions qu’on a raté et/ou jamais vu.

Quoi d’autre sinon ? Ah oui, le livre VI de Kaamelott est génial (et unique en son genre, lui aussi).

Voilà, j’ai fait le tour de mes incontournables de 2009 (une petite quinzaine, c’est raisonnable), liste terriblement subjective, même que si ça se trouve j’aurais changé d’avis d’ici 2010, à savoir demain (je suis une fille après tout !). Vous noterez que je n’ai cité Neil Gaiman à aucun moment, comme quoi, je ne suis pas SI irrécupérable que ça.

Sur ce, je vous souhaite une bonne année 2010, riche en découvertes de lecture, de séries télé, de cinéma, et en tout ce que vous voulez en général : amour, travail, bonheur, horoscope, gagner au loto, manger un farçon…, je vous laisse compléter la liste, et à l'année prochaine !

samedi 26 décembre 2009

Max et les Maximonstres – Spike Jonze



J’ai découvert très tardivement l’album dont est tiré ce film, en cours de littérature jeunesse il y a trois ans de cela. Il fait parti de ces « jalons » incontournables du domaine, et on le trouve souvent cité de partout (et notamment dans le Dieu dans l’Ombre de Megan Linholm). Il s’est vendu à des millions d’exemplaires mais a été fort critiqué lors de sa sortie en 1963.

A la lecture, je n’ai pas trop compris le pourquoi du scandale, en même temps quand je lis sur internet les avis de certains parents sur certains livres jeunesse, et que j’observe la réaction des enfants (mon filleul, en l’occurrence) qui les lisent, on ne peut que constater que certains ont oublié ce que c’était d’être un enfant.

Spike Jonze, lui, n’a pas oublié, et ça se ressent tout au long de ce film un peu OVNI, qui s’adresse peut-être plus à l’enfant en nous qu’aux enfants tout court.

Max a neuf ans, et c’est un enfant, tout simplement : débordant d’énergie, toujours en manque d’attention et d’affection, il voudrait sa mère pour lui tout seul, que sa sœur joue avec lui, qu’on ne mange pas encore du maïs congelé…

Un soir, il s’enfuit de chez lui, monte dans un bateau et débarque sur une île habité par les Maximonstres, qui font de lui leur Roi. Mais finalement, Max découvrira que être roi n’est pas si simple (et marrant que ça), et finira par rentrer chez lui.

Oui, je vous raconte la fin sans vergogne, mais c’est uniquement la trame de l’album. Là-dessus, le film, s’offre le luxe de développer la vie de Max, son règne sur l’île, les différents monstres qui l’habitent… Et c’est ce qui est à découvrir.

Max et les Maximonstres est un délice de douceur et d’amertume confondues. Ne croyiez pas aller voir juste une jolie histoire toute rose, c’est un film sans concession qui parle de l’enfance dans toute sa complexité : les idées démesurées d’une imagination sans limite, la joie des jeux et découvertes, le besoin d’exister et de se faire remarquer, la difficulté des relations avec la famille et les amis, le besoin d’extérioriser ses émotions (y compris dans une tornade dévastatrice)…

Tout ça se retrouve en Max et dans les monstres, qui sont tous, en fait, des enfants (le meilleur ami, la râleuse, celle qui réfléchit, celui que personne n’écoute) voir une facette de la personnalité de Max. De multiples interprétations sont possibles et chacun se fera la sienne.

L’univers dans lequel évolue Max évoque sans conteste l’enfance et fait rêver : Les Maximonstres sont des créatures cosmopolites mi nounours mi monstres, qui vivent dans des paysages assez dénudés (forêt, plage, désert) et construisent des huttes improbables.

Mais il est aussi sombre et peut surprendre par sa violence. Les Maximonstres restent des monstres, qui pourraient manger Max à tout moment, et leur colère fait peur à voir. Même leurs jeux d’enfants sont extrêmement violents.

On oublie souvent cet aspect là de l’enfance (ou on le refuse), de même qu’on oublie trop souvent que les contes de fées ne se limitent pas juste à la fin heureuse signée Disney. Mais ce film-là rend magnifiquement compte de ce difficile apprentissage de la vie.

Ce n’est peut-être pas autant un film pour enfants (ceci dit je ne vois pas pourquoi ça ne leur plairait pas) qu’un film pour parler de l’enfance, mais en tout cas c’est un beau moment d’émotion.

lundi 21 décembre 2009

Avatar – James Cameron



Le film de l’année, à en juger par la couverture médiatique qui dépasse largement celle de Twilight et Harry Potter réunis. Il contamine jusqu’aux publicités, si bien qu’on ne saura désormais que trop bien que boire du coca-cola zéro est dangereux pour la santé (on risque de se prendre une flèche dans la tronche !).

Mais je commence par le mauvais bout. Avatar est la dernière réalisation au budget astronomique signée par James Cameron. Le film nous emmène sur Pandora, planète jungle où toute la faune et la flore sont atteints de gigantisme, y compris les habitants locaux, les Na’Vis, de grands félins bipèdes bleus. La planète recèle des gisements de minerais qui attirent l’attention des terriens, d’où l’installation d’une colonie, sauf que pour trouver du minerai, il faut déloger les aliens de leurs habitations naturelles.

Par le biais d’avatars (des Na’Vis « fait maison » contrôlés par des humains à distance), les hommes tentent de convaincre les habitants locaux de déménager. C’est dans ce cadre qu’arrive notre héros, Jack Sully, marine paraplégique pour qui l’avatar va lui permettre de retrouver ses jambes. Sauf qu’il va très vite se retrouver coincé entre deux peuples, celui des Na’Vis dans lequel il a appris à vivre, et l’armée à qui il doit obéissance…

Voilà pour le synopsis, et malheureusement, il résume quasi entièrement le film. Avatar a couté dans les 300 millions de dollars, mais il est certain que cet argent n’est pas allé dans le scénario.

Visuellement et techniquement, c’est un très beau film. Les images de synthèse sont magnifiques, que ce soit pour rendre les Na’vis, toute la faune et la flore de la planète, les paysages, etc. Rien à dire là-dessus, c’est à couper le souffle et nul doute qu’en 3D, l’impression doit être encore meilleure.

Le problème, c’est qu’au-delà de cette réussite visuelle, il n’y pas grand-chose, pour un film qui dure pratiquement 3h. L’histoire est simple, trop simple, et manque de tout, à commencer par de vrais personnages, et non pas une galerie de clichés.

Le héros est un héros type américain, militaire, avec un peu de bagou, suivant les ordres mais qui finalement se retourne contre ses chefs. Et c’est tout, sans même l'ombre d'un véritable tiraillement intérieur. Même sa paralysie, qui aurait pu être exploitée, reste franchement anecdotique, et pourtant.

Et face à lui, on a un méchant militaire qui veut tuer tout le monde, et un vil capitaliste qui défend les profits des actionnaires. On a vu plus original, et moins manichéen. Bref un casting qui laisse de marbre, et le fait qu’on ne rentre pas dans les personnages n’aide pas.

Par-dessus le propos écolo est assez creux, sur le mode « vivons en harmonie avec la nature », et l’histoire rappelle les procédés scénaristiques des premiers Stargate (c'est quand même finalement le terrien qui sauve la mise)… et la bataille des ewoks dans le retour du Jedi. Si si, en fait, ce film, c’est la bataille des ewoks géants bleus, avec des moyens techniques plus évolués. Dans l’esprit, c’est pareil !

C’est dommage, parce qu’il y a du potentiel. La culture Na’Vis, création pour le film, aurait pu être intéressante, mais se résume à un peuple de chasseurs en symbiose avec leur environnement (des elfes quoi !). Leur grande taille, par exemple, qui fait vraiment leur étrangeté pour le coup, est vite oubliée et ressort peu à l’écran.

Même leur langue est assez mal employée, en tout cas sans cohérence : un jour ils parlent anglais, un jour non ; même problème pour les sous-titres qui pourraient disparaitre parfois pour rappeler que c'est une langue extra-terrestre (les ewoks sont pas sous-titrés, eux !).

Du grand spectacle pour les amateurs du genre, une prouesse technique (quoique ce soit surtout l'aboutissement d'une technique), sûrement des effets sympas en version 3D (je m'en suis tenue à la 2D personnellement), par contre pour ceux qui aiment la SF intelligente (et les belles histoires complexes), passez votre chemin. Après la grande claque de District 9, Avatar fait un peu léger.

samedi 19 décembre 2009

Le Concert - Radu Mihaileanu



Pas vraiment le film que j’avais prévu d’aller voir, jusqu’à que ma mère m’en fasse l’éloge, et me signale en passant une très belle musique, et une réalisation signée par le même qui a fait Va, vis, et deviens. Il ne m’en fallait pas plus.

Au début, ça fait un peu penser aux Virtuoses, pour le coté comédie sociale et musicale (mais pas comédie musicale, attention, juste une comédie sur la musique !).

Andrei Filipov est un chef d’orchestre talentueux mis à la retraite par le régime soviétique pour avoir refuser de se séparer de ses musiciens juifs. Vingt ans plus, désormais homme de ménage, il intercepte un fax pour le directeur du Bolchoï, proposant au fameux orchestre du Bolchoï de venir donner un concert à Paris, au Châtelet.

Il se lance alors dans un projet fou, remonter son orchestre et l’emmener à Paris en le faisant passer pour le Bolchoï. Le voilà donc installé dans l’ambulance de son ami Sacha (ex violoncelliste, maintenant ambulancier) à faire la tournée de ses anciens musiciens pour les convaincre de reprendre du service.

La première partie du film est placée sous le signe de la franche comédie, avec une bonne dose de parodie (assez juste, je pense, de la situation en Russie), de situations cocasses (entre la location des figurants et les passeports), de répliques qui fusent et d’un français russe plus qu’improbable (« Pouvez-vous m’introduire s’il vous sied ? »)

Cela se poursuit en deuxième partie avec l’improbable orchestre lâché dans Paris qui n’en fait qu’à sa tête (et ne parlons même pas du manager de l’orchestre, Ivan Gavrilov, mémorable).

Seul, au milieu de tout ça, Andrei semble assez imperturbable. Sans doute parce qu’il porte l’autre histoire qui se déploie en deuxième partie, et qui parle de musique, tout simplement, et d’Icare qui a brulé ses ailes en s’approchant trop du soleil (oui, ce soir je suis dans l’image). Ses répliques en mauvais français sont particulièrement émouvantes (et ça n’est pas forcément évident de faire passer l’émotion au travers de phrases parfois pleines de contresens).

Plus sérieuse, cette histoire cachée sous la comédie offre une conclusion tout en beauté avec pratiquement quinze minutes de musique sans interruption et peu de dialogues, un vrai « concert », donc.

Du coup, malgré un début parfois un peu maladroit, le résultat est un bon film. Pas le film du siècle, mais un très bon moment à passer. On rit beaucoup, mais pas uniquement, ce qui marque plus l’esprit du spectateur qu’une simple comédie. Pour preuve, la BO tourne en boucle chez moi depuis que je l’ai vu (merci Deezer). Ah Tchaïkovski… (et Armand Amar, celui-là aussi je l’adore !).

jeudi 17 décembre 2009

L’Imaginarium du Docteur Parnassus – Terry Gilliam



Je me méfie toujours des films de Terry Gilliam. J’ai beau aimé son imagination débordante et son incroyable capacité à créer des univers baroques et déjantés, je trouve toujours ses réalisations un peu bancales, comme s’il manquait quelque chose. Un peu comme si à force de déployer ses images féériques, il en oubliait un peu l’histoire.

Ce qui ne m’empêche pas d’aller systématiquement voir ses films au cinéma, notez la contradiction. Pour celui-ci, l’avis de Tortoise m’a convaincu de me jeter à l’eau.

L’histoire est assez difficile à résumer en quelques lignes, sans tomber dans la vulgarisation. Nous avons d’un coté le Docteur Parnassus, qui tient un étrange spectacle de magie (dirons-nous) dans la roulotte, et de l’autre un certain M. Nick (le Diable, semble-t-il), avec qui il enchaine les paris sur des âmes à sauver.

La petite troupe du docteur se compose de sa fille Valentina (Lily Cole, plus que charmante), de Percy, un nain doté d’une grande gueule, et de Anton, jeune homme qui pince pour la fille citée auparavant. Et puis, vient se joindre à eux un ex-pendu ex-mort, et amnésique par-dessus le marché, Tony.

Alors que Parnassus s’est lancé dans un nouveau pari avec M. Nick, Tony pourrait bien l’aider à le gagner et à garder sa fille… à moins que ce ne soit un piège ?

L’histoire est à la fois très simple, et très compliqué, car si la narration reste assez linéaire (avec quelques flash-back) et semble se reposer sur des thèmes classiques (il y a du Faust là-dedans), la quantité de questions laissées en suspens donne une certaine épaisseur à l’ensemble.

C’est sans doute volontaire, de laisser planer le doute sur tant de choses et de ne pas éclaircir tant d’éléments obscurs (pour le coup un 2e visionnage ne ferait pas de mal), pour un film qui parle de l’imagination et des rêves. C’est loin d’être un domaine limpide en règle générale.

L’Imaginarium du Docteur Parnassus est un beau film, mais il nécessite un effort, car l’exposition est très longue. Gilliam prend son temps pour poser l’histoire, comme s’il avait la vie devant lui, sans être pour autant très clair. Heureusement, la patience du spectateur est ensuite récompensée.

Une fois calé dans son fauteuil, et convaincu de ranger ses questions au placard pour plus tard (après la séance par exemple), on voit le rythme s’accélèrer suffisamment pour qu’on ne s’ennuie pas, et surtout, qu'on en prenne plein la vue.

Visuellement, l’Imaginarium est vraiment très réussi. Les univers imaginés, délicieux et fantasmagoriques à souhait sont un véritable plaisir pour les yeux (et non, je n’en dirais pas plus pour réserver la surprise, mais la forêt qu’on visite en premier offre déjà un bel aperçu).

Et puis la partie dans la « réalité » n’est pas en reste. Dans un Londres glauque qu’on visite rarement, on voit passer une roulotte qui semble sortie d’un autre âge avec ses décors kitchs et ses acteurs en costumes féériques ou mythologiques. Pour le coup, ça a un petit air de Neverwhere (les univers de l’Imaginarium aussi, maintenant que j’y pense).

Ajoutez à ça un vieux fou, une fille avec une tête de princesse de conte de fées qui ne rêve d’une vie normale, et un amnésique au passé trouble qui s’offre le plaisir de changer de tête régulièrement… Oui, Tony, c’est feu Heath Ledger, du coup ses amis (Johnny Depp, Jude Law, Colin Farell), se sont relayés pour le remplacer, ce qui donne un coté encore plus fou à l’ensemble.

Bref cette fantasy urbaine délirante est un plaisir pour les yeux, et s’accompagne aussi d’une musique qui peut vous hanter un moment (la chanson des enfants m'a poursuivi toute la soirée). Un petit tour derrière le miroir de Terry Gilliam, ça ne se refuse pas !

vendredi 11 décembre 2009

Le dernier enchantement (Cycle de Merlin 3) – Mary Stewart



Suite et fin (quoique pas vraiment en fait) de la relecture arthurienne de Mary Stewart, on reprend là où on en était, à l’arrivée d’Arthur sur le trône, et on suit, toujours d’après les souvenirs de notre ami Merlin, les déboires de la légende jusqu’à l’arrivée sur le devant de la scène de Mordred, une quinzaine d’années plus tard.

L’histoire s’arrête là, et le cycle également en français, mais il faut savoir que Mary Stewart a écrit deux romans derrière sur le cycle arthurien, dont un du point de vue de Mordred sur les évènements tragiques qui clotûrent généralement la légende arthurienne. Une fois n’est pas coutume, on n’aura pas l’occasion de jeter un œil à la partie sans doute la plus intéressante.

Parce que bon, Merlin, à force, ça devient longuet. Je ne sais pas si c’est par lassitude, mais s’il est sympa dans sa jeunesse, vieux, il est presque ennuyeux. A part dans les premiers chapitres où il enquête sur l’existence de Mordred, il reste au chaud dans sa chaumière et suit les pérégrinations de loin. C’est normal, c’est dans les textes originaux. Mais du coup le lecteur se sent un poil exclu !

Ceci dit le roman se lit bien, mieux que le tome 2, sans doute parce qu’on y retrouve plus ses marques : la construction de Camelot, la méchante Morgause, la méchante Morgane (pauvre Arthur, il a vraiment de bol avec ses sœurs !), Nimuë la séductrice de Merlin (oh ! une histoire d’amour), le Graal qui passe en faisant coucou de la main…

Et il y a quelques bons passages, comme les échanges entre Merlin et Arthur (notamment sur la relation entre Guenièvre et Bedwyr –ici sorte de Lancelot archaïque-).

Pour ceux qui n’ont jamais mis le nez dans la fantasy arthurienne, c’est un plutôt un bon moyen de commencer dans le domaine. Ca se lit bien, et le mélange légende/« réalité » historique est bien dosé, avec autant d’éléments qui font d'époque (Mithra a un rôle assez important, c’est plutôt original) que d’autres purement tirés des textes (comme les différentes épouses d’Arthur).

Les grands classiques sont déformés juste ce qu’il faut, et l’auteur a fait un gros travail pour synthétiser les différentes sources historiques, apporter sa propre interprétation (la table ronde n’est pas une table !), et offrir un ensemble cohérent (ce qui n’est pas forcément facile, comme intégrer l’épisode de la folie de Merlin à l'histoire).

En plus, à la fin de chaque ouvrage on trouve un résumé de la légende et des commentaires de Mary Stewart sur ses choix sue deux ou trois pages, juste ce qu’il faut pour apprécier son travail sans tomber dans le narcissisme.

Cependant, pour les habitués du genre, ce cycle n’apporte rien de bien nouveau, même s'il a pour lui son ancienneté (plus vieux que les Dames du Lac) et le choix du point de vue de Merlin (et encore ça se retrouve aussi chez Lawhead).

Sans doute parce que sa matière a été énormément reprise par d’autres auteurs. J’ai trouvé quelques similitudes avec le Guenièvre de Nancy McKenzie, notamment. Du coup, ça m’a surtout donné envie de relire d’autres textes, comme les Dames du lac (Marion Zimmer-Bradley) qui peut ennuyer par son féminisme militant, mais qui est quand même plus original dans son point de vue !

mardi 8 décembre 2009

Les petites fées de New York – Martin Millar



Non, je n’ai pas acheté ce roman pour la préface de Neil Gaiman, même si j’avoue que ça m’a légèrement influencée (il est quand même très convaincant quand aux qualités de ce petit bouquin). Heureusement, car la couverture à elle toute seule, elle ne m’aurait pas convaincue.

Certes on peut voir dans ce tissu écossais vert fluo une référence aux deux héroïnes féériques, mais franchement, pour un livre de ce genre, on plagie plutôt le style des couvertures de Pratchett, ça serait bien plus adapté !

Les petites fées de New York (Good Fairies of New York en VO) débute sur l’arrivée inopinée de deux fées écossaises, Heather et Morag, dans l’appartement du pire violoniste de New York. Au lieu de dire bonjour, elles commencent par vomir sur le tapis. Oui, ça commence bien, mais le vomi de fée sent la rose pour les humains, il parait. Le locataire, Dinnie, n’est pas très content, en même temps, il n’est jamais content, en grand frustré de la vie qu’il est.

La suite est assez compliquée, et implique en vrac une révolte des fées, un roi furieux, un alphabet de fleurs celtes, des cambriolages de banque, des écureuils, un général grec, des instruments de musique magiques, beaucoup d’alcool, un fantôme qui cherche sa guitare, une fleur qui passe de main en main, des champignons hallucinogènes, et je suis sûre que j’en oublie en route.

Tout ça se mélange dans une intrigue foisonnante avec des retournements de situation à tous les paragraphes, et des imprévus de partout, qui se succèdent à un rythme fou, à tel point qu’on se demande où tout ça va s’arrêter. C’est donc un roman où on ne s’ennuie jamais, plutôt léger et drôle (quoique non dénué d’un certain cynisme sur la vie new-yorkaise dans certains passages) et qui se dévore en un rien de temps.

On se prend très vite au jeu des péripéties de Morag et de Heather qui sèment le chaos sur leur passage, l’une essayant d’aider le pire violoniste à apprendre à jouer, l’autre aidant une hippie à réaliser son alphabet de fleurs. On se croirait même tombé dans Spirou à New York, quand on voit sortir les fées italiennes et chinoises !

L’humour est surtout un comique de situation et de quiproquo, avec quelques running gag fort amusants, comme les annonces de chaines X à la télé qui ponctuent de manière complètement folle certains dialogues (d’ailleurs j’espère que personne n’a eu la bonne idée de lire par-dessus mon épaule dans le métro, sinon ils n’ont pas dû être déçus du voyage), ou le cas du pavot à trois têtes qui ne reste jamais longtemps dans la même main.

C’est de la très bonne fantasy urbaine qui prend un pur élément de fantasy, les fées, et l’adapte à la sauce moderne en les plongeant dans un monde contemporain qu’elles ne connaissent pas (ou alors très mal), ce qui donne une ambiance avec juste ce qu’il faut d’étrange et juste ce qu’il faut de réalisme.

De même Neverwhere qui m’a permis d’améliorer ma connaissance de Londres et de son métro, j’ai idée que si on met les pieds à New York, on se prendra vite au jeu de repérer les lieux citer dans le roman, et imaginer ce qu’il a pu s’y passer.

Très chouette donc, et pour reprendre les mots de Neil Gaiman, mais pourquoi n’en a encore jamais fait de comédie musicale ?

jeudi 3 décembre 2009

Hero Corp - Saison 1



Je ne pouvais pas décemment parler de Hero Corp sans citer la Flander’s Company qui lui ressemble énormément, ce qui explique sans doute pourquoi cette chronique traine dans le fond du tiroir depuis un bon mois, de cette sympathique série qui pourrait se décrire comme une sorte de jumeau maléfique (enfin bénéfique plutôt) de la Flander’s avec un bon petit air de Kaamelott adapté aux temps modernes (le casting comprend d’ailleurs pas mal d’habitués de Kaamelott).

C’est un peu normal, vu qu’il s’agit d’une série écrite et réalisée par Simon Astier (petit frère du grand Alexandre), qui nous raconte la vie d’une bande de super-héros un peu rouillés mis à la retraite dans un village du fin fond de la Lozère et confrontés soudainement à la réapparition dans leur vie pépère du très méchant vilain pas beau The Lord.

Enfin ça, c’est ce qu’on apprend en voyant le générique (très beau générique façon BD que je vous recommande, à voir ici), mais il faut bien 3 épisodes au héros de l’histoire, John pour découvrir ça, vu qu’il vient juste de débarquer dans la place pour l’enterrement de sa tante (qui n’est pas morte, d’ailleurs). Il avait l’impression d’être juste tombé dans un village de fous furieux, et bien non ! Surtout qu’il est lui-même promis à une beau Destin (la majuscule a son importance).

L’ensemble est bien évidemment une vaste parodie de l’univers de super-héros, qui peut rappeler un peu les Indestructibles, mais en bien plus fondu. Même si on n’atteint pas le niveau de la Flander’s Company, en terme de pouvoirs pourris, de personnages cinglés et d’aventures ubuesques, y’a déjà de quoi se faire plaisir.

Après une phase d’échauffement sur les mystères du village et John qui essaye de fuir par tous les moyens, on s’amuse avec la rencontre de supers-héros tous aussi moisis les uns que les autres, les complots entre villageois, les séances d’entrainement, le travail sur les costumes et les gimmicks. Entre deux, on relèvera la magnifique histoire d’amour de John avec sa « copine » (la seule habitante « normale » du village), à coté de laquelle celle de Bella et Edward passe pour une plaisanterie !

Avec 30 minutes par épisode, cela permet d’avoir une vraie histoire, de bien présenter les différents personnages, et de conclure sur des chutes rigolotes ou des cliffhangers pseudo-haletants. Globalement il y a très peu de retournements non prévisibles, ça fait aussi partie de la parodie à mon avis. D’ailleurs j’attends toujours la révélation de type « je suis ton père », ça ne détonnerait pas dans le paysage.

C’est plutôt sympathique à suivre, même si y’a quelques points pas très cohérents (notamment sur John), et quelques fils laissés en suspens comme s’ils avaient été oubliés en route.

Néanmoins, c’est une série qui se regarde très bien malgré ses (très) rares défauts, et quand on a commencé à plonger dedans, il est difficile de s’arrêter, surtout avec un rythme de plus en plus rapide sur la fin. C’est drôle, plutôt bien ficelé, et on s’attache assez vite à John, héros malgré lui particulièrement doué en répliques sarcastiques.

La série compte 15 épisodes. Les 14 premiers forment l’intrigue principale, tandis que le suivant fait plus introduction à la saison 2 (ça se ressent dans le rythme et les lieux de tournage). D’ailleurs ne le regardez pas avant que celle-ci arrive à la télé, parce que c’est hyper frustrant !

mardi 1 décembre 2009

Cristal qui songe – Theodore Sturgeon


Lecture du mois du Cercle d’Atuan, Cristal qui songe est un tout petit roman, à mi chemin entre la SF et le fantastique (la 4e de couv parle de « l’étrange », c’est tout à fait adapté), qui, du haut de ses 245 pages, se révèle plus riche qu’on ne l’aurait cru.

Il raconte l’histoire d’Horty, étrange enfant qui ne se sépare jamais de son Diable en boite dont les yeux sont des cristaux. Renvoyé de l’école parce qu’il mangeait les fourmis, il fuit ses affreux parents adoptifs et trouve refuge au sein d’un cirque dirigé par le Cannibale, un être étrange qui n’aime personne et qui est obsédé par des étranges cristaux.

Tout au long du livre, avec une écriture efficace qui va droit au but, on suit les traces d’Horty de son enfance à l’âge adulte, parfois directement, parfois par des faits rapportés, l’auteur changeant souvent de point de vue au cours de l’histoire, ce qui permet de semer le doute dans l’esprit du lecteur, et de se poser encore plus de questions.

Car des questions, ce roman en pose beaucoup. Il fourmille en effet de mystères (qui ou qu’est Horty ? Comment réussit-il ces prodiges ? Pourquoi Zena agit-elle comme elle le fait ? Que sont ou font ces cristaux ? Pourquoi le Cannibale serait-il intéressé par Horty ?), dont on ne découvre la solution (ou la vérité) dans les dernières pages. Auparavant, l’auteur prend plaisir à nous égarer parfois dans des impasses, et à glisser quelques allusions par ci par là.

Et surtout, Cristal qui songe interroge sans cesse sur la question de la différence, et de ce qui fait un être humain. Les humains « normaux » de la série semblent tous les plus horribles les uns que les autres (comme Armand Bluett, ou le Cannibale), tandis que les « monstres » (les nains comme Zena, Horty qui mange des fourmis) sont ceux qui font le plus preuve de qualités humaines (avec toutes les notions de compassion et de sympathie que peut sous-entendre l’adjectif).

Certains passages, tout particulièrement ceux concernant Zena (le plus beau personnage du roman) et sa recherche d’« humanité », sont tout simplement poignants, sur le sujet : « L’humanité est un concept familier aux anormaux : à leur grand désespoir, ils s’en sentent en effet tout proches ; ils expriment leur parenté avec elle dans un sanglot de regret et ne cessent jamais de tendre vers elle leurs bras difformes ».

Pour un roman qui date de 1950, Cristal qui songe conserve donc une portée assez universelle, et montre peu de signes de vieillissement à quelques détails près. On peut citer quelques anecdotes rigolotes comme l’emploi du terme geek pour désigner, je cite « quelqu’un qui avale des tas de saleté et qui coupe avec ses dents des têtes de lapins et de poulets vivants ». Le terme a sacrément évolué depuis !

Une lecture fort intéressante, et je ne manquerais point de jeter un œil à son autre chef d’œuvre, les Plus qu’humains, en passant à la bibliothèque.

Avis des autres atuaniens :  Acr0, Arutha, Chimère, El Jc, Kactusss, Olya, Ryuuchan, Spocky, Tigger Lilly, Tortoise

dimanche 29 novembre 2009

L’imagination des (grands) enfants

Hier j’ai organisé un petit goûter chez moi, et ça a été l’occasion d’inaugurer un de mes cadeaux d’anniversaire (merci les cousins), à savoir une énorme boite de lego Harry Potter (il s’agit du château de Poudlard, tout simplement –de Poudlard ou Poudlard tout court d’ailleurs ?).

Cette boite a un énorme potentiel, avec ses différents personnages (même si le Harry Potter est manquant), ses briques bizarres et ses accessoires de folie (escalier en colimaçon, miroir de Risèd, portrait pivotant, livres, boule de cristal…).

Potentiel atteint, bien sûr, quand on la met à disposition des personnes les plus douées dans le domaine, à savoir les adultes, qui combinent une incroyable maitrise technique de la construction à une imagination plus que débordante.

Des fois je me demande pourquoi ils osent encore mettre 8-12 ans sur les boites de lego, il est évident que ceux qui s’amusent le plus ont au moins 20 ans, si ce n’est plus. Je vous ai parlé de ma maison avec ascenseur que j’avais réalisé en duplo avec (enfin plutôt pour) mon filleul ?

Bref, je ne suis pas sûre que les concepteurs de la boite de lego avaient prévu d’en arriver à ceci :



Aux dires de ses créateurs (moi j'étais surtout là en spectatrice), il s’agit d’un vaisseau spatial magique avec des propulseurs en forme de tête de lion, un superbe gouvernail, et des canons animaux (qui ont disparu dans la mouture finale, je crois). Il fonctionne avec un réacteur au naquadriadria (une forme encore plus instable et puissant du naquadah) et dispose d’un canot de sauvetage avec pilote automatique (qui pilote avec une souris), pouvant aussi servir de missile.

A l’intérieur, ses trois passagers (Ron, Hermione et Dumbledore) disposent d’un globe de télévision HD et d’un frigo, ainsi que d’une épée et d’un bouclier au cas où ils voudraient s’entretuer. Les trucs verts en dessous serviraient à planter des arbres, en tout cas l’hypothèse a été suggérée il me semble.

Drago Malfoy, qui était jaloux, s’est construit son propre engin plus adapté à son statut de génie du mal :



Celui-ci alimenté par Hagrid qui fait du vélo sous le trône (vous ne le verrez pas sur la photo, donc). Il dispose d’une porte des étoiles avec iris, et en face de son trône, Drago n’oublie jamais ses objectifs grâce à un tableau noir avec ses plans de conquête du monde, et une photo de son ennemi, Harry Potter.

Le professeur Rogue, lui, boude au fond de la boite. On lui fera sa fête une prochaine fois ! Lorsqu'on construira un château fort avec des lego Star Wars, par exemple !

vendredi 27 novembre 2009

Sur des mers plus ignorées – Tim Powers



(ce n'est pas le cas sur celle-ci, mais sur la couverture de mon édition, on y voit clairement une sorte de vaisseau spatial... j'avoue, je cherche toujours à comprendre...)

Tim Powers est vraiment un auteur à découvrir. Ce n’est pas vraiment le genre qu’on portera aux nues, en chantant les louanges de son écriture, le développement de ses personnages ou le caractère exceptionnel de ses romans qui en fait une sorte de référence ultime en terme de fantasy…

Non, rien de tout cela, Tim Powers écrit juste des histoires amusantes et divertissantes, et on n’en demande pas plus. C’état déjà l’idée que je m’en faisais sur Les Voies d’Anubis, Sur des mers plus ignorées le confirme.

Nous voilà donc embarqués en plein XVIIe siècle, à bord d’un navire à destination du Nouveau Monde. A son bord, John Chandagnac, héros de l’histoire, qui fait la connaissance de Beth Hurwood, une charmante jeune femme, juste avant une attaque de pirates… après quoi, les choses deviennent un peu plus compliquées pour tous les deux, avec des histoires de vaudou, de fontaine de jouvence, et j’en passe des meilleurs...

D’autant plus que l’intrigue étant tout l’intérêt de l’histoire, je ne vois pas l’intérêt d’aller plus avant dans les détails, contrairement à la 4e de couv. Cette folle histoire de 350 pages passe son temps à nous promener autour des Caraïbes avec des personnages qui ont tous leurs propres objectifs, des seconds rôles hauts en couleurs et des rebondissements à tous les chapitres. Autant dire qu’une fois rentré dans l’histoire, il est difficile de lâcher le morceau.

Bien sûr, le roman n’est pas parfait. Par exemple, le héros principal, Chandagnac, a très peu de personnalité et enchaine les retournements de situation à reculons, mais c’est parce qu’il sert avant tout d’ancre au lecteur, et de prétexte pour en voir de toutes les couleurs.

Ceci dit, ça ne l’empêche pas d’avoir un petit grain de folie à lui. Bon allez, je vous gâche la surprise, mais le sieur est marionnettiste, à la base. Reconnaissez que comme antécédent, ça vaut le détour.

Tout est comme ça dans ce roman : certes on trouve quantité de poncifs (y compris la fille qui est juste là  pour être sauvée), mais ils sont très bien utilisés, et il y a souvent un petit grain de sable qui surprend, un retournement imprévu ou un petit détail astucieux. En plus, le mélange des genres entre pirates et vaudou fonctionne à merveille, ce qui donne une très jolie patine à l’ensemble.

En soit, ce roman vaut le détour, et c’est assez intéressant de le lire en regard ce qu’il a inspiré.  à savoir les univers de Monkey Island et de Pirates des Caraibes. Ca m’étonne qu’il n’ait pas été réédité ou mis en avant en pleine folie de Pirates des Caraibes, parce que l’influence de ce livre sur le film est plus que perceptible (dans les ambiances pirates et les plans de dernière minute). Il était plus que temps qu’ils achètent officiellement les droits pour le 4e volet !

jeudi 26 novembre 2009

Twilight Chapitre 2 : Tentation – Chris Weitz



Et oui, comme la grippe, ça revient tous les hivers, ce phénomène Twilight, et avec quel plaisir. Non, je n’attends pas chaque film en trépignant comme une ado qui fantasme sur Robert Pattison (beurk !). Mais j’avoue garder un œil dessus, parce que, franchement, pourvu qu’on soit dans de bonnes dispositions, ce sont des films très drôles (à leur insu).

Tentation aka New Moon (ce qui colle bien mieux avec l’apparition du titre au début du film) est la suite de Twilight aka Fascination. On retrouve donc nos deux tourtereaux niais, Bella l’humaine et Edward le vampire, qui s’aimeeeeeeeuuuh beaucoup (passionnément, par contre, pas vraiment, évitez d’enchainer sur les Tudors après ce film, ça risque de vous choquer une telle débauche après autant de retenue).

Bella voudrait être vampire pour ne pas devenir vieille et mourir alors que son Eddie d’amour restera beau et vivra éternellement. Le Eddie d’amour, lui, n’a pas envie de damner éternellement sa Bellichou adorée. Quel cruel dilemme !

(J’espère que vous sentez bien à quel point je suis émue par une situation aussi tragique)

Et puis, en plus, d’un coup, Edward décide de quitter Bella parce qu’il ne supporte pas qu’elle soit en permanence en danger du fait de leur relation. Là, c’est le drame. Enfin personnellement je trouve que ne pas voir Robert Pattison pendant presque la moitié du film est un don du ciel, mais c’est une question de point de vue…

Donc, Edward disparait, Bella s’enfonce dans la dépression, et finit par retrouver un peu de joie de vivre grâce à son ami Jacob… avant de se reprendre le même refrain qu’avec Eddie, parce que Jake, lui aussi, est dangereux pour Bella… pas qu’il soit un vampire non, lui, c’est plutôt un problème de fourrure qu’il a.

(Après quoi on recommence dans le troisième tome, où Bella rencontrera un fantôme, et la tragédie sera qu’ils ne peuvent s’aimer parce qu’ils ne vivent pas sur le même plan d’existence… Après quoi on pourra décliner la formule avec un extraterrestre, un dragon, une licorne asthmatique, un homme marié, un incube convoqué par l’extraterrestre pour se débarrasser du dragon… pardon je m’égare)

Vous avez donc là la base de l’intrigue minus quelques points que je vous laisse découvrir si vous résistez encore et toujours à la lecture de cette série (et que vous n’avez pas vu les 40 bandes annonces et extraits vidéo, je suis sûre que les ¾ du film doivent s’y retrouver).

Bref, ça donne quoi au cinéma sur grand écran et son de qualité ? Et bah beaucoup de fous rires. Et pas juste de moi et de mon cerveau tordu, toute la salle rigolait allègrement. Et personne ne m’a frappé quand je me bidonnais toute seule dans les moments tragiques, c’est dire…

(bon c’était pas le jour de la sortie ceci dit, et la moyenne d’âge du public dépassait la vingtaine, ça joue)

A l’image de son précédent opus, New Moon est un pur film pour ado, avec son lot de clichés, ses envolées lyriques de caméra, et son histoire d’amour complètement mièvre soutenue par des dialogues abominablement niais.

Il faut ajouter à ça pas mal de scènes qui valent leur pesant de cacahouète. Le fait que la bande à Jacob se balade en bermudas tout au long du bouquin, c’était déjà limite, mais quand ça vire au défilé pour Mister Univers dans le film, difficile de ne pas se marrer…

Et puis, franchement, si votre copine se casse la gueule après cent mètres en moto, qui aurait l’idée d’enfourcher une deuxième moto pour aller l’aider à se relever, puis à enlever son tee-shirt pour éponger son sang ?

Le tout a un look franchement grand guignol donc, surtout que les acteurs principaux ne mériteraient même pas un razzie (le jeu d’acteur de Robert Pattison se limite à :-( ou :-\). Heureusement les seconds rôles s’en sortent vaguement mieux.

Et puis bon questions costumes ridicule, la robe de chambre rouge tue l’amour restera mon souvenir le plus marquant du film, ou comment pourrir ce qui est censé être le passage le plus haletant du film.

Comme ça, on a l’air d’assister à un navet infâme, mais entre amis adeptes du bon délire, il y a de quoi passer un moment franchement sympathique à se moquer de tout, y compris des sous-titres de la VO qui se révèlent assez foireux (Bella ne fait pas dans le « jeunisme »).

La musique, au passage, est signée Alexandre Desplat, rien que ça, ceci dit ça ressemble assez furieusement à la Jeune fille à la perle en un peu plus rythmé… joli, mais pas indispensable. De toute façon un seul morceau est sur le CD de la BO (faudrait pas ennuyer les jeunes avec des belles musiques de facture classique, bien sûr…).

mardi 24 novembre 2009

Brèves d’expo

En deux semaines je ne crois que je n'ai jamais autant parcouru les musées (enfin pas depuis que j’ai fini l’Ecole du Louvre), et je ne suis toujours pas allée à la BNF !

Lanterne magique et film peint : 400 ans de cinéma à la cinémathèque française



C’est assez marrant, pour une structure consacrée au cinéma, de proposer quelque chose sur l’« avant-cinéma », et pourtant, tout cela est logique. La Lanterne magique, c’est un peu l’ancêtre du projecteur à diapos, sauf que les images sont peintes sur verre. Et c'est, comme le cinéma, d'abord un art populaire.

On la retrouve à toutes les sauces : évocations de pays lointains, histoires qui font peur, images de science (insectes, constellations), contes, éducation religieuse, il y en a pour tous les goûts (même de l'érotisme, c'est dire). Et avec des tas de systèmes mécaniques, il est possible de rendre du mouvement, ce qui place le dessin animé en droite ligne dans les successeurs de la lanterne magique.

C’est une belle expo très intéressant qui permet de découvrir ce média, la richesse de ses thématiques, et la virtuosité des réalisations (voyez un peu la taille des verres), et quelques liens avec des choses plus modernes (dont de la peinture sur pellicule au XXe siècle).

La chose à ne pas rater, c’est les démonstrations du Théâtre optique, qui utilise technique de la Lanterne magique et procédés pour reconstituer le mouvement pour obtenir un « dessin animé » rudimentaire. Aussi intéressant à voir projeté qu’à regarder la technique que cela demande au « projectionniste ».

Deadline au MAM de Paris



Dans un tout autre registre, cette exposition s’intéresse aux dernières réalisations d’artistes contemporains, et à comment ils ont intégré la notion de mort prochaine dans leur œuvre, tous étant plus ou moins condamnés (maladies génétiques, SIDA, tuberculose, Alzheimer… que des choses joyeuses donc !).

Il y a ceux pour qui la mort ou la maladie deviennent leur obsession et le pivot de leur réalisation, ceux dont les œuvres n’ont jamais été aussi exubérantes, ceux dont on voit peu à peu la dégénérescence… un peu de tout quoi, que ce soit au travers de tableaux, de photographies, de vidéos ou d’installations.

C’est une exposition étrange à cause de son propos (et on pourrait philosopher un moment dessus), mais assez didactique : les textes sont bien faits et donnent une bonne partie des clés, et même le catalogue avait l’air assez intéressant (mêlant entretiens et analyses).

Il manque juste une possibilité de comparaison, puisque finalement on ne voit que leurs dernières œuvres, et personnellement vu que je ne connaissais personne sinon Hartung et De Kooning (et encore plus de nom que d’œuvre), j’avais un peu de mal à me faire une idée.

En tout cas pour des œuvres récentes (post 1980), ça reste accessible et regardable, et j’ai découvert quelques réalisations intéressantes, comme celles de Gilles Aillaud ou de Jörg Immendorff.

Matisse & Rodin au musée Rodin



Je suis toujours assez hésitante sur les confrontations de géants de l’art (Picasso/Matisse m’avait beaucoup déçu dans le propos, alors que Picasso/Ingres était fichtrement bien pensé), mais comment résister quand on aime Rodin ET Matisse (surtout que le musée Rodin, en lui-même, est déjà un très beau musée) ?

Comme Rodin est tout sauf un peintre (enfin il a bien fait quelques toiles mais bon…), la confrontation se fait ici par la sculpture, évidemment, mais aussi le dessin, que tous deux ont abondamment pratiqué.

C’est assez… perturbant. En effet la scénographie de l’exposition (sous forme de thématique) met côte pas mal d’œuvres, dont on ne sait plus à la fin qui a réalisé laquelle. Méfiez-vous et vérifiez les cartels, vous risquez d’avoir des surprises.

Beaucoup sont de petites ébauches pas forcément très connues, avec un coté très brut de décoffrage, mais on a aussi quelques œuvres plus connues, comme l’Homme qui marche de Rodin qui côtoie le Serf de Matisse ou la série des Nus de Dos de Matisse.

Les points communs sont particulièrement intéressants en ce qui concerne le traitement des sculptures (l’un comme l’autre n’hésitaient pas à éliminer un bras pour obtenir une forme plus satisfaisante), ou leurs intérêts communs (la danse).

Il n’y a guère que la conclusion de l’exposition que j’ai trouvé légèrement prétentieuse, comme quoi Matisse au travers de ses dernières œuvres accomplissaient une citation de Rodin. C’est une idée de vouloir lier entre elles deux carrières d’artistes, mais faudrait voir à pas pousser le bouchon un peu trop loin Auguste…

dimanche 22 novembre 2009

Away we go – Sam Mendes



C’est assez marrant à quel point une même personne peut produire deux œuvres aussi diamétralement opposées en si peu de temps. Le film précédent de Sam Mendes, Les noces rebelles étaient un drame qui prenait aux tripes et qui donnait envie de se jeter dans la Seine en sortant du cinéma.

Rien à voir donc avec celui-ci, drôle, plein de vie et positif. Away we go parle d’amour et de couple, mais de façon très différente. Verona et Burt sont deux trentenaires un peu égarés par et dans la vie, qui vont prochainement être parents. Normalement, les grands-parents doivent les aider dans cette aventure, sauf que voilà, les grands parents décident de partir s’installer ailleurs…

Nos deux tourtereaux qui n’ont pas vraiment d’attache décident de partir trouver ailleurs l’endroit idéal pour élever leur bébé, à proximité de la famille et des amis qui ont bien souvent déjà une famille, eux. Et en avant pour une traversée de l’Amérique !

Le film n’est pas très long (une heure trente), et la fin un peu abrupte, ce qui n'empêche pas de passer un bon moment à rire et à s'émouvoir des différentes ambiances familiales (souvent parodiques, parfois moins), mais aussi à sourire devant la tendresse des échanges de ce couple (très eux-mêmes et loin des stéréotypes).

Forcément, il restera moins dans les mémoires que les tragiques Noces Rebelles, mais c’est un bon petit film qui se laisse apprécier, avec une BO toute en chansons assez sympathique, en plus.

jeudi 19 novembre 2009

Les collines aux mille grottes (le cycle de Merlin 2) – Mary Stewart



En ce moment je nage en permanence dans un univers de légende arthurienne… Kaamelott terminé, j’ai repris le Merlin-série de la BBC, et là-dessus je continue le Merlin-livre de Mary Stewart, tout en lorgnant l’exposition à la BNF que je vais bien finir par aller voir… Non je ne frôle pas du tout l’overdose !

Reprenant le récit là où il s’était arrêté dans le tome précédent (la bonne vieille légende de la conception d’Arthur), les Collines aux mille grottes continuent la relecture du mythe arthurien vu par Merlin, de la naissance d’Arthur à son arrivée sur le trône.

On y voit donc Merlin courir à droite à gauche pour convaincre Uther et Ygraine de lui confier l’enfant, monter un stratagème pour l’escamoter discrètement loin du monde, lui trouver une famille d’adoption pour faire son éducation, et s’il a un peu le temps, l’éduquer lui-même, ce futur roi.

Sauf que la rencontre entre Arthur et Merlin arrive assez tardivement, ce qui rend la première moitié du roman assez longuette : Merlin voyage, Merlin s’offre des vacances dans le sud, et Merlin court après la future Excalibur… il y a quelques bons passages, mais surtout pas mal de longueurs (Merlin tout seul c’est assez rébarbatif, faut qu’il soit accompagné pour que ça ait de l’intérêt).

On est content de voir enfin débarquer le futur roi, et de voir se tisser une relation entre lui et l’Enchanteur, même si on est loin de l’Epée dans le roc de T.H. White. Après quoi les évènements s’accélèrent enfin, espérons que le troisième tome bougera un peu plus.

Certes, c’est toujours bien écrit, mais il n’y a rien qui marque vraiment. C’est juste une relecture de la légende…

mardi 17 novembre 2009

The Longest Journey



(Oui, Silvère, tu vas enfin pouvoir le récupérer, ton jeu, ça fait juste un an et des brouettes que tu me l’as prêté !)

A défaut d’avoir l’ordinateur approprié pour faire tourner mes rpg favoris (et les nouveaux, auxquels j’évite de penser parce que Dragon Age fait bien envie, mine de rien), je continue à faire chauffer mes neurones avec les vieux jeux d’aventure, légers, faciles à installer, et pas trop bouffeurs de temps. Le dernier point étant relatif, si vous me cherchiez dimanche, j’ai bien peur d’avoir passé la journée à finir ce jeu…

Oui, une fois qu’on est lancé, on ne le lâche plus, ce petit The Longest Journey, finalement. Il s’agit d’un jeu d’aventure point’n’click norvégien datant de la fin du XXe siècle, et qui fête ses 10 ans cette année (il n’est sorti en France qu’en 2000 mais passons sur les détails).

Il suit les pas d’April Ryan, jeune étudiante en arts qui vit à Venise, banlieue tranquille de Newport, grande mégalopole des années 2200. Elle souffre de cauchemars récurrents ayant tendance à lui pourrir ses nuits, d’autant plus qu’ils sont remplis de monstres étranges, et notamment d’un dragon, pour ne citer que celui qui sert de prologue à l’histoire.

Evidemment, cela n’est pas dû au hasard, et April va vite être appelée à une destinée hors du commun nettement plus passionnante que de peindre dans son atelier et servir des capuccino dans le café du coin. Je préfère ne pas rentrer trop dans les détails (d’ailleurs je vous déconseille vivement la lecture du résumé au dos de la boite, qui ôte une bonne partie du mystère qui plane sur le début de l’histoire) mais pour simplifier disons qu’elle ne visitera pas que son monde à elle.



Si l’histoire est un peu longue à démarrer, d’autant plus que les premiers chapitres sont ceux qui comprennent les énigmes les plus tordues (vous savez, celles à la Monkey Island, comme une où on improvise une canne à pêche à la McGyver avec un anneau en or, une bouée canard, une corde à linge et une pince récupérés de préférence aux 4 coins des zones de jeu) et des dialogues parfois assez longs qui sont là plus pour donner un contexte que pour le jeu en lui-même.

C’est d’ailleurs intéressant dans ce jeu, à quel point les concepteurs ont veillé à autant à l’histoire en elle-même qu’à donner une crédibilité à l’univers où elle se déroule, et aux personnages qui y évoluent. Du coup, on ramasse des objets inutiles (non ne cherchez pas, la feuille en plastique organique ne vous servira jamais !), on discute avec les potes de tout et de rien, et on écoute de longs monologues juste pour l’ambiance. Un des exemples les plus frappants est une visite dans une bibliothèque où un seul ouvrage est à consulter pour faire avancer le jeu. Les autres sont uniquement là pour la culture.

Une fois les personnages et la trame posée, c’est un véritable plaisir. A l’exception de quelques passages, on avance assez facilement, pourvu qu’on ait relativement bien exploré les zones, repéré de suite les éléments utiles et pensé à inspecter les objets dans l’inventaire, histoire de bien connaitre leurs capacités (bref ne faites pas comme moi !).

C’est l’histoire, surtout, qui est fort prenante. Elle brasse allègrement les grands poncifs de la fantasy : une héroïne avec un don et une destinée, sur qui repose les espoirs de tous ; un ou deux vieux sages qui parlent souvent de façon sibylline ; un compagnon comique ; un méchant au rire machiavélique, et j’en passe des meilleurs.

April elle-même est vraiment l’archétype du héros, peu confiante en elle mais dotée d’une grande force intérieure quand même, qui affronte les épreuves avec courage mais se lamente entre deux qu’elle ne comprend pas pourquoi cela lui incombe, et qu’elle ne va jamais réussir. Et cerise sur le gâteau, elle soigne les bobos du monde en même temps que les siens, que demander de plus ?

Ca pourrait être lourd, c’est finalement prenant. April est une bonne héroïne, forte et fragile à la fois, drôle et amère, qui a une véritable personnalité, et dont les commentaires peuvent faire sourire, ou émouvoir. Elle tient d’ailleurs un journal intime régulièrement mis à jour qui est assez marrant à lire.

L’histoire ne détonne pas forcément pour son originalité, mais elle est bien menée et fonctionne très bien dans la mesure où les tâches à accomplir sont variées, font voir du pays, et le tout à un rythme assez élevé. Si les deux premiers chapitres sont relativement calmes, à partir du moment où l’on commence à voyager entre les mondes, tout s’accélère, d’autant plus qu’il arrive qu’on laisse une quête en plan à un endroit pour la reprendre bien plus tard.

Dans un univers de jeu d’aventure où on a généralement un certain nombre de tâches à accomplir pour conclure une partie, c’est assez surprenant de devoir laisser comme ça les choses en plan.

La plupart des dialogues sont très réalistes et bien écrits, avec pas mal d’humour et un ton qui se veut assez adulte dans ses allusions. Il est possible parfois de choisir entre différentes attitudes, ce qui ajoute une petite valeur ajoutée même si ça n’a pas une grande influence sur le jeu (il n’y a qu’un seul choix qui influence le jeu, et ça ne concerne que la vidéo de fin du chapitre 1).

Le seul problème vient de la traduction française, littéralement truffée de fautes d’orthographe, et des énormes en plus (genre des « touts » par exemple), ce qui est franchement bête pour un jeu qui repose quand même sur ses dialogues.



L’autre point fort du jeu est la large gamme de paysages et d’ambiances visitées. On a de la ville futuriste avec un petit air de Blade Runner, avec ses bas-quartiers glauques et son élite dans les hauteurs. Et, dans l’autre monde, on a la cité type de medieval fantasy, la forêt mystérieuse, les marais, les voyages en mer, les îles perdues, avec un bestiaire très diversifié… bref, on voit du pays, normal vu le titre.

Le rendu est plutôt agréable pour ce qui est des décors. Coté animation des personnages, par contre, c’est loin d’être magnifique. Les personnages sont assez rigides et peu gracieux (le prix de l’animation la plus moche revient à April mettant un oiseau dans sa poche). C’est de la 3D, et j’ai tendance à trouver que ça vieillit bien plus vite que la bonne vieille 2D finalement (personnellement le seul intérêt que je vois à la nouvelle édition de Monkey Island 1, c’est le doublage, c’est dire !).

Les cinématiques, nombreuses mais brèves sont assez belles par contre, ce qui compense. D’autant plus qu’une fois rentré dans l’histoire, on ne prête plus guère attention aux graphismes. Bref sans le qualifier de « un des titres les plus passionnants que le PC ait connu » et autres superlatifs comme la boite l’indique (parce que bon rien ne vaut Planescape Torment !), c’est un très beau jeu d’aventure qui fait rêver sans avoir à trop se prendre la tête sur les énigmes, un très bon divertissement donc.

J’hésite d’ailleurs à le refaire une fois histoire de bien tout comprendre, parce que certains détails m’ont un peu échappé, pressée que j’étais de le finir. Il existe aussi une suite, Dreamfall, mais j’hésite à m’y mettre vu qu’il finit parait-il en cliffhanger et que la suite se fait sérieusement attendre (ça me rappelle Gabriel Knight tiens…). Du coup autant rester sur la fin de The Longest Journey, non ?

samedi 14 novembre 2009

Gagner la guerre – Jean-Philippe Jaworski



« Enfin ! » ai-je envie de dire. Je bave dessus depuis sa sortie, mais n’ayant pas 30 euros à mettre dans un bouquin (à moins qu’il soit signé NG, et encore), j’ai fini par, ô miracle, le dénicher dans une bibliothèque. Et il était temps. Encore un peu et je l’aurais lu en 2010. Et du coup je n’aurais pas pu le mettre dans mon top 3 annuel.

Oui j’annonce la couleur un peu vite, mais excusez du peu, j’en étais déjà convaincue sans avoir passé la page 3. Et quand ce sentiment perdure tout au long des quelques 700 pages sans jamais faiblir, et bien il faut se rendre à l'évidence.

Jean-Philippe Jaworski a d’abord écrit Janua Vera, un recueil de nouvelles fort sympathique autour du « Vieux Royaume », avec une grande diversité dans les styles d’écriture et dans le ton entre les nouvelles (ça allait de Pratchett au roman de chevalerie un peu guindé, c’est dire le grand écart de genre).

Gagner la guerre se concentre sur une histoire, mais alors quelle claque ! Bon déjà le poids de l’objet est suffisant pour taper quelqu’un et faire vraiment mal avec (certes mon exemplaire est celui relié en dur des bibliothèques parisiennes, en attendant il dépasse le kilo !).

Mais le contenu, c’est pareil. A la plume, nous avons le narrateur et héros (si on peut dire) de l’histoire, Don Benvenuto Gesufal. Si vous n’avez pas lu Janua Vera, tant pis pour vous, c’était le héros d’une des nouvelles, un assassin particulièrement débrouillard, une fripouille comme on en croise rarement, qui au moment où commence Gagner la guerre est le maitre espion du Podestat de la République de Ciudalia, autant dire qu’il assassine toujours, mais pour un seul patron.

Gagner la guerre, s’ouvre, à juste titre (ah ah ah), sur la fin d’une guerre contre l’ennemi de la République… et le commencement d’une autre, interne, cette fois-ci. A quelques heures près, si on avait commencé plus tôt, il aurait fallut parler de Gagner les guerres.

Au milieu de tout ça, Don Benvenuto est occupé à vomir tripes et boyaux au dessus par-dessus le bastingage d’un bateau. Oui le roman commence comme ça. Ca parait fou, mais c’est génial, parce que c’est raconté avec une telle langue, une telle richesse de vocabulaire, un tel panache, que d’office on tombe sous le charme.

« Croyez-moi, les paltoquets qui se gargarisent sur la beauté des flots, ils n’ont jamais posé le pied sur une galère. La mer, ça secoue comme une rosse mal débourrée, ça crache et ça gifle comme une catin acariâtre, ça se soulève et ça retombe comme un tombereau sur une ornière ; et c’est plus gras, plus trouble et plus limoneux que le pot d’aisance de feu ma grand-maman. Beauté des horizons changeants et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c’est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l’ivresse. »

C’est quand même vachement plus classe que « j’aime pas la mer » (même si ça aussi, il le dit par la suite). J’irais pas jusqu’à parler de poésie, mais Don Benvenuto n’en reste pas moins un foudre d’éloquence, dans une forme particulière qui mélange avec talent injure, insulte, ironie et sarcasme. Cette écriture aux petits oignons qui fait la moitié de la saveur de l’ouvrage.

Rien que le vocabulaire, c’est de la folie. L’auteur est allé déterrer une foultitude de mots anciens, d’argots, oubliés, rares, peu employés, pour en assaisonner sa salade d’intrigues. Je regrette d’en avoir découvert la plupart dans le métro, sans quoi je serais tous allée les chercher dans un dico. Je suis sûre de ne même pas savoir ce que veulent vraiment dire la moitié d’entre eux.

Pour ce qui est de l’écriture en elle-même, on n’est pas en reste. La narration à la première personne permet de ne jamais s’ennuyer. C’est haletant, drôle, cru, parfois tout ça en même temps, et on accroche de la première à la dernière page.

L’autre point fort de l’ouvrage, c’est l’univers. Ciudalia est clairement inspirée des villes de la Renaissance Italienne (entre Venise pour le coté maritime et Florence pour les histoires de grandes familles), et il y a un solide travail de recherche derrière. On plonge littéralement dans cette ambiance d’intrigues de cour, parce que tout colle, tout simplement : les petites ruelles mitées, les palais des patriciens, les ronds de jambe hypocrites et les échanges sous la table, les artistes (oui c’est du détail, mais pour moi ça compte).

Même le reste du monde, qui est beaucoup plus medieval-fantasy (logique, de même qu’à coté de la Florence du Quattrocento, le royaume de France faisait un peu bouseux sur certains points) est bien peaufiné et hyper réaliste. Pour le coup je me suis demandée ce que les elfes et les nains fichaient là-dedans tellement ça m’a semblé incongru sur le coup (ceci dit ça reste mineur et bien intégré).

Et là-dessus, une très bonne histoire. Si vous aimez les magouilles en tout genre et les luttes de pouvoir, vous allez être servis, il y a de quoi se faire plaisir vu que tout le monde en a après le pouvoir et passe son temps à retourner sa veste et à se tirer dans les pattes entre grandes familles dirigeantes. S’il y a un mot que personne ne connait là bas, c’est bien la confiance, ou l’amitié.

Ce qui est chouette, c’est que même si c’est le sujet de notre histoire, on mange aussi (et surtout) de l’action, parce Don Benvenuto n’est pas un politicien mais un homme de main, spécialiste des cassages de gueule, des assassinats, des évasions in-extrémis et autres joyeusetés, le tout avec des descriptions bien réalistes et toujours cette virtuosité dans l’écriture.

En plus, ce même Don Benvenuto est éminemment sympathique comme héros à suivre. Pas que j’irais bien boire un verre avec lui, bien au contraire, mais c’est une crapule finie, de première classe. Jaworski aurait pu lui donner une bonne conscience, des regrets ou je ne sais quoi d’autre, un vague penchant héroïque même… et bien non, jamais.

Il a un passé –flou mais évoqué-, des relations –pas vraiment des amis, faut pas rêver-. Mais surtout, Benvenuto reste toujours fidèle à lui-même et à son premier commandement qui pourrait se résumer en trois mots : sauver sa peau.

Gagner la guerre, sauver sa peau, trois mots à chaque fois, qui résument bien l’histoire. En dire plus serait pêché, de même que de passer à coté de ce petit bijou. Il les vaut bien, les 30 euros. Attends un peu que je gagne ma vie pour t’ajouter sur mon étagère…

jeudi 12 novembre 2009

Kaamelott Livre VI - Alexandre Astier



Tardivement, mais la voilà enfin, ma chronique finale sur le Livre VI de Kaamelott. Je voulais finir de revisionner les livres précédents, et j’aurais pas craché sur l’occasion de revoir le livre VI une deuxième fois pour peaufiner, mais d’ici là que j’acquiers le DVD…

Avis à ceux qui ne l’ont pas encore vu, je ne rechigne pas sur les spoilers, alors si vous voulez un avis moins riche en révélations, consultez la version précédente.

Ca a pas été facile à écrire dans la mesure où j’ai le cerveau qui bouillonne d’idées et de théories, et que je manque un peu de temps pour aller éplucher les sources historiques et croiser les analyses. On se contentera donc d’une chronique un peu plus basique en attendant que je revienne peut-être plus tard là-dessus (oui j’envisage de me replonger dans Chrétien de Troyes, ce qui dénote quand même à quel point je suis atteinte).

Le Livre VI est un objet étrange, encore plus que son prédécesseur. On ne sait pas trop s’il est fin, commencement ou juste transition, et en plus il se divise lui-même en deux parties complètement inégales en terme de temps (huit épisodes pour le « avant », un pour le « après »), mais pourtant égales en terme d’intensité, ce qui n’est pas banal.

Les huit premiers épisodes, c’est l’histoire des origines, la cosmogonie pourrait-t-on dire. Quand Kaamelott a commencé, les personnages étaient déjà en place depuis un moment. Mais d’où viennent-ils vraiment et comment sont-ils devenus ce qu’ils sont ? Comment Arthur est monté sur le trône ? D’où sortent Caradoc et Perceval et comment sont-ils devenus chevaliers ? Ces questions et autres variantes constituent la base de ces huit épisodes… qui eux aussi à leur façon se divisent en deux.

D’un coté, Rome, de l’autre, la Bretagne. Ce n’est pas juste une séparation géographique, tout change entre les deux, sauf les personnages. Deux ambiances, différentes, deux atmosphères différents, et quasiment deux volets d’une histoire qui est pourtant la même.



Rome est une cité aux couleurs chaudes, belle et riche (y’a qu’à voir les costumes), et pourtant, les passages à Rome sont le volet sérieux de ce livre : on y rit assez peu finalement, et on découvre au fur et à mesure Arthur qui va devenir roi, passant du statut de simple soldat à héros (avec ses qualités, et tout son bagage de tragédie qui va de pair).

Déménagement de lieu et de temps oblige, les nouveaux personnages sont légions (romaines, ah ah ah) : des soldats, des bons comme des mauvais, des sénateurs manipulateurs, des matrones romaines, des servantes revêches, des empereurs un peu séniles, quelques jolies jeunes filles, et même une ou deux têtes connues (ah Venec…).

Dans tout ce casting, on se perd parfois un peu, d’autant plus qu’après cinq livres, on est un peu vexé de devoir recommencer à apprendre nouveaux noms et visages. Certains font un peu pions de l’intrigue et éléments comiques (les sénateurs), mais on retiendra les trois plus importants : Manilius, Aconia et César.

Ce n’est pas par hasard qu’ils délivrent les clés du personnage d’Arthur. Le premier est son ami, le seul qu’on peut reconnaitre vraiment comme tel dans tout Kaamelott si je ne m’abuse. La deuxième est sa préceptrice (histoire de justifier la grande culture de Sieur Arthur), et son premier grand amour. Le troisième, il est difficile à cerner mais je pense qu’il a joué au mentor, et a forgé sa personnalité de roi (en bien comme en mal).

Ses échanges avec Arthur font parti des meilleurs passages de tout le livre. Excusez du peu, mais personnellement le « Un grand chef se bat pour la dignité des plus faibles » (enfin ça c’est la version réduite), et bah c’est quand même la grande classe, Marc Aurèle et autres Gladiator peuvent se recoucher ! Et toute la partie « balade en ville qui la précède » est assez éloquente aussi…



Quand on est pas à Rome, on est en Bretagne, et la Bretagne, malgré son aspect tout triste en gris, bleu, marron et vert, est un pays joyeux. Certes, tout le monde s’y met sur la gueule, mais définitivement sous le signe de l’humour. D’ailleurs à quelques rares exceptions, Arthur lui-même fait plus dans la comédie que dans la tragédie quand il est en Bretagne. Le bon air celte, sûrement.

Là-bas, c’est le clan des habitués. On y croise donc Léodagan, Loth, Perceval, Caradoc, Séli, Guenièvre… enfin bref les mêmes que d’habitude pour deux ou trois romains pour faire genre, avec ici les tractations et les manigances autour de la future arrivée du roi.

La seule différence c’est qu’on leur a tous donné un coup de jeune en leur collant des perruques toutes plus affreuses les unes que les autres (et sans cohérence chronologique la plupart du temps). L’histoire secrète qui se déroule entre les évènements du Livre VI et ceux du Livre I, c’est sûrement l’importation en masse de coiffeurs non-bretons par Arthur pour remédier aux goûts de chiotte de son peuple dans le domaine capillaire, j’en suis sûre !

Trêve de plaisanterie, la partie bretonne est plus classique, jouant sur l’absurde des situations, et s’amusant surtout à donner un passé aux personnages. On appréciera notamment la grand-mère de Perceval (excellente, tout simplement, je lui dois mes plus gros fous rires !), et le fait que Mevanwi était déjà une morue dans sa jeunesse.



Le Livre VI est un jeu complexe de constructions tout en miroirs et en allusions, avec pas mal de références planqués pour les fans irréductibles, à mon avis, certains détails n’ayant fait « clic » qu’en revisionnant les autres livres dans mon cas. Rien que la réunion des chefs de clans bretons n’est pas aussi drôle si on ne se rappelle pas leur tête « d’après », et pour la moitié on ne les a vu que dans deux épisodes seulement !

Alexandre Astier s’est beaucoup amusé je pense à créer des biographies improbables à tous ses personnages sur la base de détails mentionnés ci et là auparavant. Ce sont souvent des belles trouvailles un peu bêtes qui font bien rire (surtout pour Perceval et Caradoc, bien sûr), et pour Arthur, c’est mi clin d’œil, mi explication réelle.

Je pense surtout à Aconia : ça serait gros de croire qu’Arthur tient son obsession des bains d’elle (de même que toute sa culture romaine, visiblement il lit déjà pas mal avant), par contre que son histoire de serment ait joué dans la construction de son histoire avec Guenièvre, ça donne l’explication à une situation qui ne tenait pas forcément debout dans les derniers livres.

Et accessoirement elle fournit une bonne pirouette pour la conclusion du Livre VI.



L’épisode 9, Dies Irae est une conclusion en toute beauté qui boucle la boucle, tout en ouvrant sur de nouveaux horizons. Le titre déjà, est un beau clin d’œil au court métrage éponyme qui a conduit à la série. Et puis, il reprend là où le livre V nous avait laissé (c'est-à-dire sérieusement dans l’expectative), pour nous laisser à peu près dans le même état (et on est sensé attendre 2012 pour le premier film ?), mais avec de très belles scènes à méditer.

Il est superbement poignant (oui j’ai chialé pendant une bonne partie de l’épisode, à raison), et certains personnages prennent une dimension qu’on n’aurait pas cru probable en regard de leurs débuts, et qui va bien plus loin que simplement de l’humour.

Bien sûr, il y a Arthur, aussi incontournable qu’il est, et d’une complexité qui laisse songeur. Ici amer, perdu, sans volonté de vivre, et pourtant, à voir la conclusion, le héros est toujours là.

Mais je pense aussi à Guenièvre qui a évolué de nunuche niaise à un personnage bien plus émouvant, qui a drôlement grandi avec le temps. Elle m’avait déjà surprise dans le livre V, là, elle m’a sciée même. Caradoc, parce que son passage fait sourire au milieu des larmes (avec son pâté de biche), Perceval, avec son indéfectible loyauté qui finit par ressembler sérieusement à son homologue littéraire, et Lancelot, figure du héros torturé, persuadé de faire le bien mais sérieusement égaré (ou bien non, Messire Méléagant ?).

Ce Méléagant continue sérieusement à me torturer les neurones d’ailleurs, et y’a pas que moi vu ce que je lis en passant sur les forums… pour un personnage pas forcément récurrent dans toutes les versions du mythe arthurien, il en tient une couche.

Si on fait abstraction de Caradoc et Méléagant, c’est pas anodin de constater que ces personnages sont quand même les plus importants des versions médiévales. Ca semble de très bon augure pour une suite toujours plus riche et intelligente.

Je me demande d’ailleurs où celle-ci va nous mener, parce que là vis-à-vis des légendes d’origine je suis un peu perdue. Je pense juste qu’en dépit du rêve avec la demi-sœur, Anna, je ne suis pas sûre qu’on finisse avec un Mordred fils incestueux d’Arthur.

(Vous savez quand même que le Wikipedia anglais a quand même une catégorie « personnages fictionnels issus d’une relation incestueuse » où est rangé Mordred et 3 autres pécores ? La documentaliste en moi, ça la fait bien marrer ce genre de catégorisation extrémiste…)

Si ma mémoire est bonne, le personnage du Mordred des romans anciens est aussi un personnage à qui Arthur avait confié le pouvoir en son absence, et qui se l’est largement approprié (Guenièvre avec en passant je crois. C’est pas pour dire, mais difficile de ne pas faire le lien avec le Lancelot de Kaamelott



Bref, si vous n’avez pas compris au travers de ce long pavé que le livre VI, j’ai adoré, et bien je le redis ici en bref. C’est une saison intelligente, qui sait définitivement faire la part des choses entre l’humour du début, et une histoire sérieuse et documentée en toile de fond.

Il est un peu en deçà du livre V, sans doute à cause des nouveautés qui le rendent un peu moins accessible (le premier épisode est vraiment longuet), et il est un peu monté à la va-vite dans certains passages (y’a des coupures et des transitions pas nettes par moment), mais ça n’en reste pas moins une sacrée réussite.

Surtout quand on regarde les tous premiers épisodes du livre I, sketchs drôles, certes, mais sans trame de fond, avec des personnages caricaturaux et une réalisation toute raide à la Caméra Café (je vous jure, quand on enchaine les Livres, ça choque de voir tout à coup la caméra se déplacer !).

Chapeau bas à Alexandre Astier, et vivement les films !

(oui en fait j’aurais aussi pu titrer « Alexandre Astier mon amour »)