dimanche 21 mars 2010

Xenocide (Cycle d’Ender 3) – Orson Scott Card


Vous pourrez remercier Alixe (pour ceux qui la connaissent), cette dernière lecture est presque entièrement de son fait. En tout cas son argumentaire m’a bien donné envie de me remettre au cycle d'Ender, même si je n’avais pas entendu que des bons échos des tomes 3 et 4.

Pour ceux qui ont un train de retard (et même deux), vous pouvez découvrir le premier opus ici, et sa suite ici. Xenocide reprend l’histoire où elle s’arrêtait dans la Voix des morts, à quelques mois/années près. Tout dépend du point de vue, entre ceux qui sont en train de voyager dans l’espace à la vitesse de la lumière, pendant que d’autres laisser passer le temps plus normalement sur la petite planète Lusitania.

Mais le premier chapitre laisse de coté les habitués de la série pour se pencher sur les habitants d’un autre monde, celui de la Voie, où la société d’origine chinoise est clairement scindée entre les gens « normaux » et les Elus des Dieux.

Une fois passé ce chapitre étrange, on retourne en terrain connu (avec Valentine) et des en-têtes de chapitre où deux mystérieux interlocuteurs discutent sans qu’on sache leur identité (du moins au début). Au programme : la cohabitation de plusieurs espèces intelligentes ; des recherches scientifiques sur la descolada et sur le voyage à vitesse supraluminique ; et bien sûr une course contre la montre pour prendre de vitesse une flotte de vaisseaux qui arrive pour détruire Lusitania.

On ne s’ennuie donc pas au fil des pages, vu la quantité d’idées, d’informations et d’évènements à digérer pour un ouvrage qui ne fait même pas 600 pages. Contrairement aux deux tomes précédents dont la ligne narrative était relativement claire (et unique, bien que complexe), ici, la narration explose littéralement en multipliant les points de vue et les lieux.

Cela donne des choses très intéressantes, car pour un même fait, on dispose parfois du point de vue de différents personnages. Les échanges entre Qing-Jao et Wang-Mu sont très intéressants à cet égard, puisqu’aucune des deux a la même vision d’une situation identique.

Comme les deux tomes qui le précèdent, Xenocide est un roman prenant qu’on lirait facilement d’un bout à l’autre d’une traite, même si il peut être bon de faire quelques pauses pour bien tout assimiler.

L’histoire commence avec une sacrée épée de Damoclès au dessus de la tête des héros, et cela ne va pas en s’arrangeant. Orson Scott Card sait ménager son suspens, mais au lieu de suspendre le lecteur à une révélation finale, on va ici de révélation en révélation et de découverte en découverte, ce qui multiplie les réflexions entre les personnages.

Certaines réflexions sont vraiment intéressantes. Toute l’interrogation autour de l’Autre (une constante de la série) est menée avec brio, surtout qu’elle concerne ici non pas la confrontation de deux espèces, mais de trois voire quatre espèces différentes (je vous laisse imaginer le bazar intergalactique qui en découle et le niveau des discussions philosophiques).

La question de l’Autre est d’autant plus passionnante qu’elle croise toute une réflexion sur la conscience (Qu’est qu’un être intelligent ? Qu’en est-il d’un être comme Jane ?), le déterminisme biologique et le libre-arbitre qui n’est pas anodine, et qui sonne très juste. A coté de ces grandes questions, l’auteur ménage des passages plus intimistes et émouvants, qui s’intéressent plus aux personnages, à leurs choix et à la façon dont ils mènent leur vie.

Bref, on ne s’ennuie pas à lire Xenocide, et même si on ne sera pas d’accord avec tout ce que dit l’auteur, on ne pourra qu’approuver certaines réflexions, et apprécier l’intrigue dense et riche, sans aucune temps mort.

Le seul bémol se trouve dans la dernière partie du roman, qui vire dans une dimension ésotérico-psychologique qui m’a laissé assez sceptique, je l’avoue. Elle éclaircit certes quelques points obscurs du cycle, mais elle détonne un peu comparé au reste du roman qui est extrêmement rationnel.

L’autre bizarrerie de cette dernière partie, vient de l’impression de ne pas avoir tellement avancé que cela par rapport à la fin du tome 2, même s’il s’est passé plein de choses. Cependant, si on laisse de coté cette légère déception c’est un roman diablement intéressant, et je jetterais sûrement un œil à la suite, Les enfants de l’esprit, pour voir comment tout cela se termine.

6 commentaires:

El Jc a dit…

Et dire que je n'ai pas encore trouver le temps de m'attaquer au 2e tome ! Cette chronique me donne envie de m'y replonger. Merci !

Vert a dit…

De rien, on pourra comparer nos avis comme ça ^^

lael a dit…

bravo pour ta critique ! je me souviens avoir eu du mal à la faire sans spoiler XD Comme toi ce que j'ai adoré c'est le fait que "l'autre" ne soit pas réduit à la confrontation avec un seul peuple extraterrestre. Et je remarque que j'ai oublié de parler du peuple de la Voie. Et là aussi, on sent vachement son côté mormon en fait je pense. (j'ai republié mes avis, je te linke encore ;) http://chezlaventurierdesreves.over-blog.com/article-o-scott-card-cycle-d-ender-3-4-77137013.html)

Tu as lu le dernier au fait ? a vrai dire je m'étonne que tu n'ai pas enchainé, il me semble que le 3 finissait encore en plein suspens.

Vert a dit…

Bah la fin du 3 m'a laissé tellement sceptique, et vu les mauvaises critiques du 4, j'ai préféré m'abstenir de poursuivre. Des fois il vaut mieux s'arrêter que gâcher une bonne impression de lecture ^^

Endea a dit…

J'avoue que j'ai bien moins accroché à ce tome précisément à cause de son côté trop hard science.
J'ai eu du mal à le lire, il est très long et très lent.
Très bon billet en tout cas ^^

Vert a dit…

C'est marrant le côté hard SF m'a pas frappé plus que ça dans ce tome-ci (mais bon je suis assez tolérante dans le domaine, à part avec Greg Egan :D)