mardi 30 août 2011

Hypérion - Dan Simmons


Et c’est presque à date anniversaire que je rends ma chronique de ce livre, qui faisait partie de mon colis de swap Star Wars l’an dernier. J’ai un peu honte d’avoir mis tant de temps à lire ce classique, parce que c’est vraiment un très bon bouquin.

D’autre part, j’avais très envie de le lire depuis que j’en ai écouté un extrait dans l’émission spécial SF de Ca peut pas faire de mal l’été dernier (en deux parties, elle a déjà été rediffusée, il faut garder un œil sur le programme). Ceci dit, Guillaume Galienne lit tellement bien à voix haute qu'il vous donnerait envie de lire de la poésie autobiographique azerbaïdjanaise. Mais je m'égare.

Hypérion nous emmène dans un lointain futur, qualifié de post-hégirien (qui marque le départ de la Terre pour le reste de l’espace, ou sa destruction, je ne sais plus exactement quoi), où les humains vivent sur de multiples planètes (l’Hégémonie), entre lesquels ils transitent soit de façon instantanée (via les distrans, des sortes de téléporteurs qui offre la possibilité d'avoir des maisons où chaque pièce est sur une planète différente), soit en vaisseau spatial (avec décalage temporel inclus).

Bien évidemment, il y a un ennemi prêt à fondre sur l’Hégémonie (les Extros), et une planète mystérieuse au cœur de tous les enjeux : Hypérion, ses tombeaux du temps et son terrifiant gritche. Alors que les tombeaux s’apprêtent à s’ouvrir, sept pèlerins sont envoyés afin de sauver la situation.

Hyperion raconte leur voyage à travers la planète jusqu’aux tombeaux du temps. Le périple en lui-même est assez paisible, les sept compagnons en profitent donc pour raconter leurs histoires respectives. On se rend très vite compte qu’aucun d’entre eux n’a été choisi au hasard, bien au contraire : chacun a une raison particulière d’être présent.

Ces histoires dans l’histoire font toute la force du roman. Chacun est différente dans le ton, dans le sujet, et même dans le mode de narration (entre les nombreux écarts de Silenus et le ton très film noir de Lamia).

Une à une, elles brossent le tableau d’un univers immense, riche, et qu’on perçoit assez vite comme pourri jusqu’à la moelle, même si ça n’empêche personne de mener sa petite vie tranquille. C’est très agréable d’aborder des sujets très différents (la guerre avec le colonel, la religion avec le Père Hoyt, les IA avec Lamia, et plus prosaïquement le monde de l’édition avec Silenus), et de repérer les liens entre les histoires, comme si tout cela n’était qu’un vaste puzzle.

Certains personnages sont plus attachants que d’autres, et certaines histoires vous toucheront plus que d’autres, bien évidemment. J’ai personnellement accroché aux sujets les plus « banales », à savoir celle de Sol Weintraub (qui offre à sa façon un sacré parallèle avec la maladie d’Alzheimer) et celle du Consul (tout en déconstruction et en décalage temporel).

En tout cas c’est un roman (en deux volumes chez Pocket, faites attention) qui se dévore, et qui mérite amplement son statut de « classique », tant son univers est vaste, et sa narration prenante. J’ai déjà acheté la suite, vous devriez assez vite en entendre parler.


CITRIQ

dimanche 28 août 2011

Doctor Who 6x08 - Let’s Kill Hitler


Pfiou ça fait tout bizarre de reprendre Doctor Who. J’attendais cet épisode avec impatience, et il ressemble à peu près à tout sauf à ce que j’avais imaginé. On reconnaît cependant bien la patte de Moffat : au bout de 10 min d’épisode, on est obligé de s’accrocher à l’écran pour suivre, et la migraine pointe à l’horizon !

Mais ce n’est pas un défaut, bien au contraire, car même si l’épisode n’est pas facile à aborder (et ne parlons même pas d’en faire un compte rendu, je ne sais même pas par où commencer, et ça m'a bien demandé 3h de boulot au final), il est extrêmement riche et finement ciselé.

Pour ceux qui ont du retard à l’allumage, je rappelle que les spoilers sont de mise. Ne perdons pas de temps, allons tuer Hitler !

- Seriously ?
- You never answer your phone.
Tout commence donc dans un champ de blé, où Amy et Rory mettent au point une nouvelle méthode de communication avec le Doctor. De quoi vous faire voir sous un jour nouveau les cercles de culture… Le Doctor a un nouveau manteau particulièrement chouette, par contre, la recherche de la petite Melody n’avance pas plus que ça…

C’est pas bien grave, puisque la meilleure amie de Rory et Amy (une espèce de parvenue qui a participé à leur délire sur le Doctor, je la sentais pas dès le début, mais comme d’habitude mes théories étaient à 100 lieues de la vérité) débarque et prend les choses en main :

- I need out of here, now !
- Anywhere in particular ?
- Well, let's see ! You've got a time machine, I've got a gun. What the hell... Let's kill Hitler.
Ca commence drôlement bien dis donc, façon grand classique du voyage dans le temps. Générique et… flash-back !


Toute l’histoire de l’amitié entre Amy, Rory et Mels. Ca fait très plaisir de revoir mini-Amelia, et mini-Rory est à croquer (je veux bien l’adopter). Avec du recul, Amy est tellement maternelle avec Mels que c’est tout simplement hilarant.

Et puis très vite on rentre dans le vif du sujet (ou non ?) : alors qu’un robot contrôlé par des mini-personnes (on se croirait à bord de l’Enterprise mais passons) s’apprête à tuer Hitler en 1938, le TARDIS s’écrase dans le bureau du Führer et… lui sauve la vie.

- Thank you. Whoever you are, I think you have just saved my life.
- Believe me... it was an accident.
Même le Doctor ne sait plus où se mettre ! A ce moment là je m’imaginais un superbe épisode sur la réécriture de l’histoire lié à Hitler et à Mels (qui a l’air assez obsédée par l’époque à première vue), ce qui expliquerait la super copine dont on a jamais entendu parlé, parce qu’elle disparaîtrait en réécrivant l’histoire ou ce genre de bêtise…

Et bah j’étais complètement à l’ouest, Hitler est mis au placard après une minute de moments très étranges, et on se concentre sur Mels en train de mourir… ou bien ?
- Good idea, let's get married. You live and I'll marry you, deal ? Deal ?
- Shouldn't you ask my parents ?
- Soon as you're well, I'll get on the phone.
- Might as well do it now, since they're both right here.
Et après quelques regards choqués, here we go again…

- You named your daughter... after your daughter.
Ca ne doit vraiment pas être facile d’être Amy Pond (ou même Rory). Ses parents là/pas là, pareil pour son copain, sa meilleure copine est sa fille, qui grandit à ses côtés en attendant de rencontrer le Doctor pour pouvoir le tuer (mais pour cela elle doit attendre d’avoir été conçue et même d’être née). Quatre psychiatres en douze ans ? Seulement ?

Et paf, on se retrouve avec River Song (je soupçonne sérieusement Moffat d’en profiter pour préparer le terrain pour un Doctor féminin ce faisant…)

- Hello, Benjamin !
(qui répond au « Mrs Robinson » de The Impossible Astronaut, le Doctor et River ont vraiment une manière unique de dialoguer à travers le temps, je crois qu’à peu près 90% de leurs dialogues de cet épisode renvoient à un autre épisode)

J’adore les réactions du trio, complètement (mais alors complètement) dépassé par les évènements, notamment le Doctor qui sort un « spoilers » avec une voix complètement éteinte.


- Is anybody else finding today just a bit difficult ? I'm getting a sort of banging in my head.
- Yeah, I think that's Hitler in the cupboard.
Cependant le Doctor n’était pas si choqué que ça, puisqu’il a pris quelques précautions pour éviter de se faire tirer dessus par cette Melody/River pas qu’un peu psychopathe sur les bords. A se demander tout ce qu’il sait sur cette affaire, une fois encore…

- Goodness, is killing you going to take all day ?
Avec une banane en prime, parce que bananas are good, c’est bien connu ! Le Doctor et River jouent au chat et à la souris, et le Doctor finit par se faire avoir (ce qui est assez surprenant, il doit être au courant de la passion de River pour les rouges à lèvre hors du commun, depuis le temps).

Le Doctor va donc mourir, River part visiter le Berlin de 1938 et Rory et Amy la suivent, voilà qui promet. On en revient du coup à parler de la mort du Doctor en 2011, qui est un point fixe dans le temps. Du coup il est impossible qu’il meurt ici (comme c’est rassurant), et pourtant c’est bien le cas. Quel foutoir…

S’en suit un petit passage dans le TARDIS avec le Doctor qui a besoin d’une interface vocale :

- [hologramme de lui-même] Oh, no, no, no, no ! Give me someone I like. [Rose] Oh, thanks ! Give me guilt ! [Martha] Also guilt ! [Donna] More guilt. Come on, there must be someone left in the universe I haven't screwed up yet. [Amelia] Oh, Amelia Pond before I got it all wrong.
Sur le moment on n’y fait pas attention, mais ça en dit long sur le personnage tout de même. C’est vraiment typique de ce onzième Doctor, ces petits moments où on voit tout ce qu’il cache sous sa façade joviale de vieux fou… d’ailleurs à ce sujet :

- You're dying and you stopped to change ?
- Oh, you should always waste time when you don't have any. Time is not the boss of you. Rule 408.
Et c’est parti pour le round final entre River et le Doctor, avec Rory et Amy miniaturisés dans le robot tueur pour faire bonne mesure. Je ne parle pas beaucoup de cette portion de l’intrigue d’ailleurs (le concept de robot tueur qui s’occupe des plus grands criminels à travers le temps est pourtant une idée qui occuperait un épisode ou deux à elle seule), mais les passages à bord sont assez rigolos avec ces anticorps qui veulent éradiquer toute personne non autorisée.

Et dans cette phase qu’apparaissent quelques nouveaux éléments autour des mystérieux Silence :
- The Silence is not a species. It is a religious order, or movement. Their core belief is that silence will fall when the question is asked.
- What question ?
- The first question. The oldest question in the universe, hidden in plain sight.
- Yes, but what is the question ?
- Unknown.
Si vous n’avez pas pensé au 42 (et à la grande question sur la vie, l’univers et le reste) à ce moment précis de l’épisode, allez immédiatement lire le Guide Galactique, bande d’incultes !


Le final est assez ironique, puisque le Doctor meurt pour sauver River en quelque sorte. Après tout c’est en mourant (et en lui révélant ce qu’elle peut devenir en évoquant River) qu’il la fait sortir de son conditionnement d’assassin, si bien qu’elle sacrifie ses régénérations pour le ramener.

Et c’est assez merveilleux parce que d’une certaine façon, la boucle est bouclée entre Silence in the Library et cet épisode. La première fois que le Doctor voit River et la première fois que River rencontre le Doctor. Chacun sauve la vie de l’autre (enfin River lui sauve plus souvent la sienne que le contraire, mais vu qu'elle l'a tué c'est de bonne guerre - cette phrase est bizarre).

Et accessoirement je soupçonne fortement que ce chuchote le Doctor à l’oreille de River dans cet épisode, c’est son nom à lui (qu’elle lui renvoie dans Forest of the Dead). C’est la seule chose qui a assez d’importance pour faire changer quelqu’un (surtout quelqu’un qui a été éduquée dans l’objectif de tuer un Time Lord, et qui en sait sûrement long à ce sujet).

D’ailleurs, on finira sur deux jolis renvois :
- Rule one. The Doctor lies.
Réplique ressortie texto par River dans The Big Bang (et bon on pourrait facilement l’adapter en Rule one : Moffat lies), ainsi que ceci :


Un journal pour le moins familier, qui a donc été offert par le Doctor. C’est vraiment de la très belle écriture, pas facile à aborder au premier abord mais brillante quand on revient dessus. Quelque chose me dit que si vous reprenez toutes les apparitions de River à ce jour, tout s’emboite parfaitement.

Ce qu’il reste à éclaircir finalement (et on a toujours trop peu d’éléments à ce sujet), c’est son enfance avant d’être River, le plan du Silence, et la mort du Doctor. Après tout, tout laisse à penser que c’est mini-Melody qui l’a tué dans son costume de cosmonaute dans le premier épisode de la saison, mais si c’est le cas, pourquoi encore chercher à le tuer après ? Aurait-elle oublié ?

Avec le Doctor qui sait plus que jamais ce qui l’attend, je pense de plus en plus que la seule solution à ce bazar est de réécrire l’histoire. On est parti pour quelques bons timey-wimey d’ici la fin de la saison…

mardi 23 août 2011

Doctor Who Classic - Saison 2 (1964-65)

Je continue à avancer petit à petit dans les anciennes saisons de Doctor Who, mais pas trop vite quand même, sous peine de faire une overdose de noir&blanc. C’est assez marrant parce que je retrouve à regarder ça par vague, genre je n’y touche pas pendant un mois et j’enfile 10 épisodes en 3 jours ensuite…

Me voilà donc arrivée à la fin de la 2e saison de William Hartnell, et déjà les choses ont bien changé : les compagnons commencent déjà à valser, les Daleks s’affirment comme ennemis récurrents, et la saison se termine en apothéose avec une sorte de proto-Master (si si, rien que ça !).

Cerise sur le gâteau, à l’exception de The Crusade, les serials (parce qu’apparement c’est le terme consacré pour ces histoires en 6 parties) sont complets (contrairement à la saison 3, ce qui m’inquiète un peu d’ailleurs), c’est donc du bonheur à regarder. En plus les sous-titres français sont disponibles sur Who63, ça peut servir même si ce n’est pas si dur à suivre que ça sans.

Plutôt que de faire un compte rendu global, je ne peux résister à l’envie de détailler un peu les épisodes. Il y aura donc des spoilers, mais soit vous n’avez pas envie de regarder des trucs aussi vieux et ça vous fait une belle jambe, soit vous vous êtes déjà tellement spoiler sur le Whoniverse que ça ne fera pas de différence !


1. Planet of Giants (3 épisodes)


C’est l’équivalent « Chéri j’ai rétréci les gosses » de Doctor Who. A cause d’une panne du TARDIS (décidément tout marche de travers dans ce vaisseau), nos héros se retrouvent réduits à quelques millimètres de haut (du coup même les mouches deviennent énormes), ce qui donne lieu à des péripéties autour d’un insecticide mortel. Assez rigolo, ça pourrait être un thème d’un épisode actuel.

Outre le côté assez réaliste de leur épopée (notamment lorsqu’ils essayent d’utiliser un téléphone mais que personne ne les entend), j’aime beaucoup l’ironie de la chose : pour une fois qu’ils atterrissent sur Terre et à la bonne époque, Ian et Barbara ne peuvent pas rentrer chez eux pour autant !


2. The Dalek Invasion of Earth (6 épisodes)


Tout est dans le titre, voilà nos Daleks (mais provenant du passé des Daleks de la saison 1, attention !) sur Terre dans les années 2100, occupant à exterminer les gens et à les transformer en serviteurs à moitié cyborg (on flirte avec les cybermen je trouve) à bord de leurs soucoupes volantes.

C’est assez marrant parce que c’est un épisode assez souvent cité (notamment à cause de LA scène dans la dernière partie), mais je l’ai trouvé assez commun finalement. Et long surtout, les histoires en plus de quatre parties gagneraient toutes à en perdre deux ou trois.

Il y a quand même quelques bons moments, notamment Barbara qui traverse Londres avec sa nouvelle (presque) copine Jenny en cherchant à éviter les Daleks sur fond de percussion (assez épique toutes proportions gardées).

Et puis cet épisode marque le départ de Susan (parce que l’actrice en avait marre de son rôle je crois). Je ne pleurerais pas le personnage assez limité (paradoxalement elle devrait avoir une importance capitale vu son lien de parenté, et pourtant on n’entend plus parler d’elle par la suite ou peu s’en faut), mais son départ contribue à poser un peu plus le caractère étrange de ce Doctor qui abandonne sa petite fille « pour son bien ». Une réplique à retenir d’ailleurs :
« One day, I shall come back. Yes, I shall come back. Until then, there must be no regrets, no tears, no anxieties. Just go forward in all your beliefs, and prove to me that I am not mistaken in mine. Goodbye, my dear. Goodbye, Susan. »

3. The Rescue (2 épisodes)


Il y a peu de choses à dire sur cet épisode qui implique un crash d’un vaisseau sur une planète avec deux survivants et des étranges créatures. Il permet surtout de voir le Doctor affecté par le départ de Susan, et de faire entrer en scène sa remplaçante, Vicki.

C’est exactement le même type de personnage que Susan mais en blonde. Ceci dit, étant plus joyeuse, avec un esprit d’aventure plus développé (autant dire que si on la laisse seule avec le Doctor, c’est la catastrophe), elle est bien plus attachante.


4. The Romans (4 épisodes)


Et voilà le premier épisode historique de la saison, qui nous emmène à Rome, comme son nom l’indique. C’est très bizarre à regarder car c’est une comédie avec Néron, quand on pense à la dernière itération romaine de Doctor Who (The Fires of Pompei), ça fait un choc.

C’est très drôle de les voir tous en costumes, avec une intrigue qui se sépare en deux avec le Doctor et Vicki d’un côté (qui se retrouvent bon gré mal gré mêlés à un complot contre Néron), et Barbara et Ian de l’autre (réduits en esclavage, gladiateurs inclus dans un Colisée assez hilarant de petitesse). Bien qu’ils passent par les mêmes lieux (parfois à 30 secondes d’intervalle), ils ne se croiseront jamais !

L’histoire se démarque du « on ne peut changer l’histoire » de la saison 1, puisque cette fois-ci le Doctor se retrouve indirectement responsable du grand incendie de Rome, ayant donné l’idée à Néron. Un Doctor comme Tennant aurait été mortifié par les conséquences de son acte, William Hartnell en rigole. Il est vraiment épatant ce bonhomme !


5. The Web Planet (6 épisodes)


Insectophobes s’abstenir pour cet épisode qui met en scène une lutte entre deux peuplades d’insectes sur une planète lointaine, les Zarbi (des fourmis géantes), dominées par l’Animus (une espèce de parasite) et les Menoptra (à mi-chemin entre l’abeille et le papillon).

Ce genre d’épisode est une perle question costumes et effets spéciaux. C’est tellement kitsch qu’il est difficile de ne pas se marrer tout du long. Les zarbi notamment sont censés être des fourmis géantes, mais avec deux pieds très humains (sans parler de la posture). Le reste des aliens n’est pas en reste.

Mon passage préféré est encore celui où le Doctor sort ses Atmospheric Density Jackets (de magnifiques coupe-vent censés protéger des effets d'une atmosphère trop pauvre en oxygène) pour se balader dehors dans une atmosphère appauvri, comme pour donner un côté plus réaliste que « le TARDIS nous protège ». Ils les abandonnent assez vite ceci-dit…

Ceci dit l’intrigue est assez intéressante, bien qu’un peu longuette.


6. The Crusade (4 épisodes, 2 & 4 manquants)


Nouvel épisode historique, cette fois-ci à l’époque des croisades, choix très intéressant vu qu’il permet de croiser Richard Cœur de Lion et Saladin. Deux épisodes sont manquants, du coup j’ai regardé les reconstitutions, ça se laisse regarder en fait (même si ce n’est pas forcément passionnant).

Comme toujours les épisodes en costume sont délicieux (et je suis à peu près sûr que l’acteur qui joue Saladin porte trois couches de fond de teint pour le faire ressembler à un arabe), bien qu’on reste dans une veine « n’influençons pas l’histoire ».

On trouve quelques clichés très « film médiéval », puisque Ian finit par être sacré chevalier, et Barbara se fait bien évidemment enlevée dans les premières minutes pour mieux finir dans un harem. Ceci dit lorsque Ian arrive pour la libérer, elle a déjà fait tout le travail toute seule, sacrée Barbara !


7. The Space Museum (4 épisodes)


Cet épisode est très bizarre, car le premier épisode était plein de promesses d’une histoire pleine de timey-wimey assez exceptionnel… ce qui n’arrive jamais dans les 3 autres parties. Nos héros se retrouvent bizarrement « hors du temps » alors qu’ils atterrissent sur une planète qui abrite un immense musée.

Personne ne les voit, un verre qui se brise et se reconstitue, ils changent de vêtements sans s’en apercevoir… ils ont « sauté une piste » pour citer le Doctor. Se découvrant empaillés dans des vitrines du musée lors de leur exploration, il va falloir qu’ils échappent à ce terrifiant futur qui les attend.

On dirait un scénario de Moffat ou de RTD comme ça, mais la suite est bien plus raplapla avec des courses poursuites dans les couloirs, au milieu d’une lutte entre les Moroks (qui ont tous la coupe de cheveux de M) et les Xerons (aux sourcils très développés).

Il y a quelques passages rigolos (surtout avec le Doctor qui se planque dans un Dalek, puis se joue du directeur du musée qui essaye de l’interroger, mais il y avait moyen de faire quelque chose de tellement mieux sur le sujet…


8. The Chase (6 episodes)


Et voilà nos Daleks de retour, bien décidés à se venger du Doctor qui a bouleversé leurs plans sur Terre. Ils ont donc construit une machine à voyager dans le temps et le poursuivent à travers les époques (et l’espace). Ca donne une histoire un peu inégale, avec une course poursuite bien rigolote (avec un petit passage à New York), mais la confrontation finale n’est pas très trépidante.

Il y a quand même des petits détails qui valent la peine d’être relevés : une télé qui permet de regarder d’autres époques (notamment Shakespeare) ; le Doctor et Barbara qui prennent un bain de soleil pendant que Ian et Vicki se baladent ; l’art de se débarrasser des Daleks avec des trous recouverts de branchages (véridique !) ; le mystère du Mary Celeste éclairci.

Je ne parlerais pas des champignons maléfiques de la dernière planète (à côté les Zarbi c’est de la gnognotte), mais la fin du dernier épisode est par contre assez émouvant, puisque Barbara et Ian repartent à leur époque grâce à la machine des Daleks.

J’étais très triste de les voir partir (surtout Barbara qui est assez excellente, à part Donna qui partage certains traits de caractère je doute qu’elle n’ait jamais eu un équivalent), et la réaction du Doctor à leur départ (une explosion de colère) est plus touchante que lors du départ de Susan. Heureusement, on les voit très contents de retrouver Londres à la fin, ça réchauffe le cœur !


9. The Time Meddler (4 episodes)


Et voilà déjà la dernière histoire de cette saison, qui nous emmène en Angleterre juste avant l’arrivée de Guillaume le Conquérant. Ce que devine le Doctor en trouvant un casque à cornes sur la plage, c’est forcément des vikings !

Stephen (un gars ramassé à l’épisode précédent) semble bien parti pour combler le vide laissé par Ian et Barbara, mais fait pour le moment son St Thomas et refuse de croire au voyage dans le temps. Pendant ce temps, le Doctor s’intéresse à un mystérieux moine qui s’est installé dans les parages.

Ce moine s’avère en vérité être un Time Lord (même s’il n’est jamais nommé en tant que tel), connu du Doctor, qui s’amuse à réécrire l’histoire pour que Shakespeare écrive ses pièces pour la télévision. Le fait qu’il connaisse le Doctor visiblement, et leur façon de s’affronter, tout cela fait qu’il est très difficile de ne pas penser au Master. Le passage où on découvre son TARDIS a d’ailleurs son petit effet…

Ceci dit il perd un peu en crédibilité, à l’époque les génies du mal mégalomaniaques tenaient des listes pour leurs plans… dans le genre détail qui tue :


Mais tout de même, on sent l’univers qui se met en place petit à petit, et William Hartnell est assez exceptionnel dans son rôle de vieux fou prompt à se mettre en colère et à rire. Maintenant je n’ai plus qu’à attaquer la saison 3 !

dimanche 21 août 2011

Melancholia - Lars von Trier


En vacances, les choix cinématographiques sont parfois limités (surtout quand on n’accepte que les versions originales), si bien qu’entre Michel Ocelot et Lars von Trier, c’est ce dernier qui a gagné pour une petite séance cinéma avec ma maman.

En tout cas, ce n’est pas un film à aller voir lorsque la lune est presque pleine, quand on sort de la salle à 23h, on la regarde de travers !

Je ne sais pas trop quoi penser de Lars von Trier. En laissant de côté les polémiques sur le personnage, je me souviens avoir beaucoup apprécié certains de ses films (notamment Dogville), tandis que d’autres me laissaient bien plus sceptique (du coût j’évite même de les voir). Ses films ont toujours un côté assez malsain, qui passe plus ou moins bien selon le sujet.

Melancholia n’échappe pas à la tradition (je vous conseille une bonne comédie derrière histoire de trouver le sommeil). C’est un film étrange qui aborde les derniers jours de la Terre (qui va être percutée par la planète Melancholia) de façon très intimiste, du point de vue de deux sœurs et de leur proche entourage.

Le film s’ouvre sur une série de tableaux assez surréalistes sur fond du Tristan und Isolde de Wagner (la seule et unique ambiance musicale du film qui risque de vous hanter un moment), et de vues spatiales de l’approche de la fameuse planète Melancholia.

Puis on enchaîne sur la première partie, consacrée à la première des sœurs, Justine, pour qui une fête somptueuse est donnée par sa sœur à l’occasion de son mariage. Son avenir semble prometteur, mais la dépression la ronge, et au fur et à mesure de la soirée et des échanges acides entre les invités, tout se délite petit à petit.

La deuxième partie, consacrée à Claire, l’autre sœur, est plus intimiste. Dans sa maison isolée, vidée de ses invités (il ne reste que son mari et son fils), elle recueille une Justine au bout du rouleau tandis que la planète Melancholia approche.

Il s’agit d’ un film très noir, on s’en rend très vite compte, et non dénué d’une certaine ironie quand on voit Justine, la dépressive prendre les choses en main alors que la fin du monde approche et que sa sœur s’effondre dans des crises de panique.

J’ai vraiment du mal à avoir un avis sur ce film, qui laisse une sacrée impression de malaise. Il est difficile ceci dit de ne pas penser à The Tree of Life en le voyant (les tableaux, les images spatiales, la musique classique omniprésente, le côté décousu), même si les films sont complètement opposés dans l’esprit.

De la même façon que pour le Terrence Malick, j’ai relevé des passages de toute beauté (notamment la planète qui apparaît à l’horizon), mais aussi la performance des actrices, et des petits détails ouverts à interprétation (notamment ce 19e trou de golf à la fin), mais j’ai tout de même l’impression d’être passée à moitié à côté du film.

vendredi 19 août 2011

Une épatante aventure de Jules (tomes 1 - 5) - Emile Bravo


Toujours dans la série « je dévalise la bibliothèque de ma tante » (ça sera sûrement la dernière itération, sinon j’y suis jusqu’à Noël), je vous présente la série Une épatante aventure de Jules par Emile Bravo, une BD de SF pour ado drôlement bien fichue, actuellement en 5 tomes :
1. L'Imparfait du futur
2. La Réplique inattendue
3. Presque enterrés
4. Un départ précipité
5. La Question du père
J’ai découvert le premier tome dans Okapi (oui, ça date), et à l’époque j’avais beaucoup aimé les aventures dans l’espace de Jules (c’était bien la seule BD dans cette veine qu’on trouvait dans ce magazine, si on laisse de côté un ou deux Jeannette Pointu…).

Dans l’imparfait du futur, Jules est un collégien tout ce qu’il y a de plus normal, grand fan de jeux vidéo, doté d’un petit frère insupportable, qui est sélectionné pour participer à un programme spatial exceptionnel à destination de Proxima du Centaure, rien que ça !

Je ne vous raconterais pas le déroulement du voyage, ni ce qu’ils trouvent là-bas, mais les bases de la série sont posées : raconter des aventures science-fictionnesques bourrées de références et d’humour (qui flirte avec l’esprit Guide Galactique par moment), tout en faisant œuvre de vulgarisation à ses heures perdues.

Typiquement, l’Imparfait du futur aborde la théorie de la relativité, puisque les membres de l’expédition voyagent à la vitesse de la lumière (ils mettent donc huit semaines aller-retour quand huit années passent sur Terre). Expliqué par les deux scientifiques fous de l’expédition, ça passe comme une lettre à la poste.

Après avoir présenté son univers et ses personnages, Emile Bravo le revisite dans les tomes suivants, toujours sous forme d’aventures rocambolesques (qui se déroulent sur Terre la plupart du temps, même si les copains aliens refont des apparitions). A chaque fois, il s’attaque à une question scientifique (ou philosophique parfois !), mais sans laisser de côté l’éthique, l’impact psychologique, sociologique ou je ne sais quoi…


Par exemple le tome 2, la Réplique inattendue, traite de la question du clonage humain, et creuse en passant les relations familiales (notamment le pauvre père un peu dépassé par sa femme qui s’amuse à cloner sa propre fille !), tout en se permettant quelques jolies références (dont un journaliste belge en pull bleu dont le chien s'appelle Milou XIII !).


Et ça continue dans le tome suivant : Presque enterrés, sous couvert d’une expédition de spéléologie, offre tout un laïus sur l’évolution (notamment le passage du paléolithique au néolithique chez l’homme) à la fois très intelligent et tout à fait compréhensible par le commun des mortels.


Les deux derniers tomes s’orientent plus vers le domaine de la philosophie et de la religion, sans laisser pour autant la science de côté. Un départ précipité s’interroge sur la mort, et La question du père discute religion, liens parentaux, génétique… bref un peu de tout, il faudra d’ailleurs sûrement que je le relise pour bien tout saisir.


En tout cas, la série est drôle, attachante (on sent Jules qui grandit au cours des tomes), et intelligente sans pour être rasoir, ce qui fait un sacré paquet de qualités pour cette série jeunesse. En même temps, c’est signé Emile Bravo, c’est (presque) normal !

A noter qu’en écrivant cette chronique, j’ai découvert qu’un sixième tome, Un plan sur la comète, sortirait en septembre, avec un résumé plutôt alléchant :

  
Et si la fin du monde, c'était pour demain ? Et si l'avenir de l'espèce humaine ne reposait que sur deux enfants ? Une nuit, Tim et Salsifi viennent chercher Jules et Janet, convoqués par une commission extraterrestre. La Terre va disparaître, percutée par une comète, et la commission hésite à intervenir. 

Après tout, un nouveau cycle pourrait donner naissance à une nouvelle espèce, moins destructrice. Les deux enfants doivent prouver leur bonne volonté au nom de l'espèce humaine et accomplir un acte symbolique : empêcher l'entrepreneur et homme politique Pipard d'exploiter le pétrole du pôle Sud. Voici Jules et Janet partis pour la mission de leur vie avec, dans leurs bagages, un Romeo au top de sa forme (enquiquinant) ! Dans cette bande dessinée qui s'amuse à réfléchir, des thèmes essentiels sont abordés : l'environnement, le sort de notre planète, les dérives financières...

J’en salive d’avance…

CITRIQ

mercredi 17 août 2011

Le Chat du Rabbin (BD) - Joann Sfar


Après avoir vu le film, j’ai profité de mon séjour chez ma tante pour dévaliser sa bibliothèque et enfin terminer ma lecture de cette série. Pour ceux qui auraient raté l’épisode cinématographique précédent (ou plutôt suivant selon le point de vue), le Chat du Rabbin est BD qui raconte les péripéties du chat d’un rabbin à Alger dans les années 1930, après qu’il ait gagné le don de la parole en mangeant le perroquet de son maitre.

L’histoire se divise en cinq tomes :
1. La Bar-Mitsva
2. Le Malka des lions
3. L’Exode
4. Le Paradis terrestre
5. Jérusalem d’Afrique
Une version intégrale existe désormais qui les regroupe tous en un volume à un prix défiant toute concurrence, avis aux amateurs.

Je ne vais pas redire ce que j’ai dit sur le film, cela vaut aussi pour la BD : les péripéties de ce chat qui parle et son rabbin sont très plaisantes à lire, drôles, perspicaces et intelligentes, avec un dessin vraiment délicieux et plein de couleurs. Comme quoi ce n’est pas si dur de parler de religion avec humour et tolérance.

Je ne me trompais pas en qualifiant le film de fidèle, il suit pratiquement à la lettre l’histoire (jusqu’au moindre dialogue), se contentant de couper court aux tomes 3 et 4 dont aucun élément n’a été repris. C’est ceux que j’ai lu avec le plus de plaisir du coup, découvrant complètement ces deux histoires.

L’Exode raconte le mariage de Zlabya, qui sera suivi d’une visite assez épique à la belle-famille en France. Je crois bien que c’est un de mes tomes favoris, tout le passage à Paris est assez délicieux, surtout lorsque le rabbin fait son obstiné et se retrouve tout seul dans la rue un vendredi soir.

Le Paradis Terrestre s’intéresse plus au personnage du Malka des lions, et c’est de loin le plus mélancolique de la série. C’est assez marrant de croiser au détour des pages un serpent qui évoque Le Petit Prince (enfin là on est moins dans l’évocation que dans le crossover).

Bref si vous n’avez jamais lu cette BD ou vu le film d’animation, ruez-vous dessus, et si vous connaissez déjà, une relecture ne fait jamais de mal !

CITRIQ

lundi 15 août 2011

Being Human - Saisons 1 à 3


Comme c’est les vacances, j’ai un peu plus de temps pour regarder les séries télé, j’en ai donc profité pour me faire une petite cure et m’enchainer en quelques jours à peine les trois premières saisons de Being Human, une série anglaise qui revisite avec brio les histoires de créatures fantastiques.

Le pitch de base est en effet assez simple : dans la petite ville de Bristol, un vampire (Mitchell), un loup-garou (George, que j’ai appelé Alonso pendant 3 épisodes parce qu’il a joué dans DW, comme pas mal du casting de la série en fait !) et un fantôme (Annie) partagent une maison et cherchent à mener une existence normale, en dépit de leurs particularités.

Ce n’est pas simple, puisque Mitchell lutte en permanence contre la soif de sang (et le clan de vampires locaux, dont son créateur, qui aimeraient bien qu’il revienne avec eux), George a du mal à envisager une vie normale à cause de ses transformations mensuelles, et Annie ne peut être vue des gens normaux, et aime encore son fiancée (toujours en vie et qui ne la voie pas).

Du coup, la série ressemble souvent à une sorte de soap-opera surnaturel assez improbable, à quelque part entre la comédie et le drame (avec une orientation bien plus dramatique au fil des saisons).

Si la trame de fond n’est pas forcément extraordinaire, l’ensemble se regarde avec plaisir. Les personnages principaux sont tous très attachants, et accessoirement très humains (à vous faire hurler d’exaspération d’ailleurs dans certains épisodes), et la gestion de leurs problèmes surnaturels respectifs (le cœur de la série) est plutôt bien amenée.

J’apprécie beaucoup le personnage de George qui arrive bien à renouveler le mythe du loup-garou, alors que côté fantôme et vampire on reste dans quelque chose de plus classique. Bon ceci dit ayant assez peu lu d’histoires de loup-garou, c’est peut-être juste que le sujet est encore très neuf pour moi.

Et puis comme la plupart des séries anglaises, je trouve que Being Human a une personnalité qui se manifeste dans les détails (les décors notamment, que ce soit le papier peint de la chambre de George avec les nains, ou la maison de la saison 3 est assez inoubliable !), dans tous les seconds rôles (à la fois très normaux et jamais stéréotypés comme dans moult séries américaines), ou dans ces scènes improbables qu’on ne verrait jamais ailleurs.

Et puis il y a les effets spéciaux finalement très peu présents / discrets si on laisse de côté la transformation de George : Mitchell a l'air tout ce qu'il y a de plus normal sauf quand il sort ses dents et ses yeux noirs, Annie n'est absolument pas translucide ou quoi que ce soit, et tout ce qui est "vie après la mort" reste dans une certaine normalité si on oublie les lumières.

Bref c’est très plaisant à regarder, et on se retrouve vite à regarder les épisodes à la chaîne (et vu que les saisons font entre 6 et 8 épisodes d’une heure, ça va vite). Ceci dit je pense qu’il vaut mieux les espacer, car (et c’est le seul réel défaut) je trouve la série pas toujours très cohérente sur sa globalité, notamment le cas de Mitchell, son parcours n’est pas toujours très logique même si c’est justifié à la saison 3.

A noter que la série dispose d'un spin-off, Becoming Human (une web-série si j'ai bien suivi, que je n'ai pas encore regardé) et d'un remake américain (qui ne me tente pas trop, ça ne vous surprendra pas).

samedi 13 août 2011

Les légions immortelles (Succession 1) - Scott Westerfeld


Il est grand temps d’attaquer le Summer Star Wars avec un space opera, un vrai de vrai. Bien que j’ai des classiques sous le coude, j’ai préféré commencer par un petit diptyque de Scott Westerfeld : Sucession. Ayant bien aimé sa série Uglies, j’avais hâte de voir ce qu’il pouvait faire en SF plus "classique" (vaisseaux spatiaux, pistolasers et tout le tintouin quoi).

Les légions immortelles se situent dans un lointain futur où les humains ont colonisé moult planètes à travers la galaxie, au point de former un gigantesque empire de quatre-vingt mondes gouverné depuis plus de 1000 ans par un empereur qui a découvert le secret de l’immortalité, et le partage avec ses plus valeureux sujets.

L’Empire est néanmoins menacé par les Rix, des êtres à moitié cyborg adorateurs des consciences composites (des IA qui se forment sur les réseaux de communication). En l’occurrence, lorsque le livre commence, un commando Rix a réussi à prendre en otage la sœur de l’Empereur et menace de l’exécuter si on tente d’empêcher une conscience composite de se développer sur la planète.

On suit donc l’opération de sauvetage dirigée par le commandant Zaï et son équipage d'un côté, et les conséquences politiques de l'autre (par le biais d'une sénatrice), et c’est tout ce que vous avez besoin de savoir. C’est une intrigue plus plaisante à découvrir au fil des pages qu’en version résumée.

Les premiers pages donnent un peu une impression de vertige, car on rentre directement dans le vif du sujet (ou plutôt de l’action), avec tout un univers à appréhender, que ce soit du point de vue culturel, historique et surtout technologique (avec les différentes gravités, les vaisseaux miniatures, les cyberimplants, ça en fait du vocabulaire tordu).

En plus la narration saute d’un personnage à l’autre à chaque paragraphe pour le point de vue, avec juste le rang du personnage en guise d’en-tête (qui change selon l’époque alors que le nom du personnage ne change pas, c’est assez rigolo), donc on se fait vraiment balader de droite à gauche avant de s’y retrouver.

Mais c’est extrêmement plaisant à lire, car l’univers est assez foisonnant, et l’intrigue plutôt prenante. Quant aux passages techniques, on est plus dans la licence poétique que dans un quelconque souci de réalisme, nul besoin de se prendre la tête dessus. En fait, les légions immortelles intègre en effet à peu près tout ce qu’on serait en droit d’attendre d’un space opera.

Il y a un empire millénaire, une figure hiératique au pouvoir, des gens qui vivent un peu hors du temps à cause du décalage dû aux voyages à la vitesse de la lumière, un Sénat avec différentes factions, une guerre contre des ennemis très puissants, et même une interrogation sur ces immortels qui nuiraient à l’évolution.

Là-dessus on trouve des manigances politiques, des cérémonies officielles, des combats, des briefings, de l’infiltration… bref Scott Westerfeld a parfaitement rempli son cahier des charges space opera !

Le résultat m’évoque un peu Dune, surtout en matière d’univers (un empire galactique issu d’une Terre presque oubliée, avec des factions, une figure impériale millénaire), mais avec une intrigue plus distrayante, plus axée action que réflexion, qui évoque beaucoup plus Star Wars.

C’est donc le crossover idéal pour les vacances, et on ignorera les petites bourdes de traduction (outre la conscience composite qui change de nom selon les paragraphes, le coup du "mur de feu" dans un système informatique m'a laissé assez songeuse...). Je suis donc plus que frustrée qu’entre-temps quelqu’un ait emprunté le tome 2 à la bibliothèque, il va falloir que j’attende la fin août pour avoir le fin mot de cette histoire.


CITRIQ

jeudi 11 août 2011

The Writer’s Tale : the final chapter - Russell T. Davies & Benjamin Cook


Pour ceux qui n’avaient pas encore compris que j’étais très fan de Doctor Who (je doute qu’ils existent mais on ne sait jamais), cette chronique devrait définitivement vous convaincre je pense. En effet, mieux que les romans dérivés, je me suis attaqué à cette espèce d’OVNI qu’est The Writer’s Tale.

Il s’agit en fait d’un livre reprenant deux années de correspondance entre Russell T. Davies (producteur et scénariste qui a relancé Doctor Who et supervisé la série pendant les 4 premières saisons) et Benjamin Cook, un journaliste (qui écrit entre autre pour le Doctor Who Magazine).

Une première version du livre est sortie en 2008 (elle couvrait le développement de la saison 4 durant l’année 2007). Elle m’a bien fait bavé, vu qu’elle avait l’air amplement illustrée. Cependant, j’ai préféré la version paperback (sous-titrée The final chapter) sortie en 2010, qui perd en illustrations et en extraits de script, mais gagne une année de correspondance (l’écriture des spéciaux de la saison 4).

Et voilà comment on se retrouve avec 700 pages d’emails en anglais !

En fait ça se lit très bien, car ça a quelque chose de très spontané et d’honnête. Je ne doute pas qu’il y a eu un travail de sélection, mais on a tout de même l’impression que rien n’a été laissé de côté, des grands moments d’inspiration où les mails de RTD atteignent trois pages sur des points de scénario, aux passages à vide où il s’apitoie sur lui-même (comme quoi personne n’échappe au syndrome de la page blanche ou à l’art de tout faire pour ne surtout pas se mettre à écrire).

Et puis c’est drôle. Les situations, les anecdotes, les idées folles, la façon dont tout cela est raconté… on s’amuse beaucoup à lire les mails, et si je vous citais tous les passages qui m’ont fait rire, cet article dépasserait sans peine les trente pages. Sans parler des illustrations.


Mais parlons plutôt du contenu. The Writer’s Tale, comme son nom l’indique, parle d’abord de l’écriture des scénarios, sur le fond bien sûr, mais aussi sur la forme. C’est vrai que je n’avais jamais considéré la spécificité d’un scénario, en terme de mise en forme, de jargon technique, de précisions sur le cadrage.

Evidemment, le plus intéressant est le travail sur le fond : la construction des intrigues à l’échelle d’une saison ou d’un épisode, la création des personnages, les coupes et les réécritures (il retouche quasiment tous les scénarios de la saison non écrits par lui, dans des proportions plus ou moins grandes).

C’est assez marrant de voir que lorsqu’il a attaqué la saison 4, qui serait le compagnon du Docteur n’avait pas été décidé, si bien qu’il a commencé à élaborer une journaliste nommée Penny Carter. Et puis Catherine Tate a accepté de faire une saison complète. Du coup cette pauvre Penny Carter a été reléguée dans l’épisode 1 à la journaliste qui pète un plomb à la fin attachée sur sa chaise.

J’ai beaucoup aimé lire tout le travail qu’il a fait pour développer le personnage de Donna, et comment les événements de la vie ont fini par se greffer dans l’histoire : l’acteur jouant le père de Donna est mort peu de temps après le tournage de l’épisode 1, ils ont donc retourné les scènes avec Bernard Cribbins jouant le grand-père de Donna, et la mort du père de Donna a été ajoutée à l’histoire.

D’ailleurs en parlant de Donna, il fait une remarque très juste : « She’s an equal to the Doctor, a friend, a mate, a challenge. It struck me - this is how Barbara Wright would be written, if she were a 2007/8 character. »

(j’adore Donna, et j’adore Barbara, et il est vrai que si l’une est plutôt frivole et l’autre plus « cultivée », elles sont effectivement toutes deux des rares exemples de compagnons adultes, et du genre à tenir tête au Doctor et à avoir le dernier mot)

Ce qui finit par sauter aux yeux en lisant ce bouquin, c’est que beaucoup des scénarios de RTD sont articulés autour d’une idée ou un moment précis, sur laquelle se développe l’intrigue. Dès les premières pages, il prévoit le mega crossover des épisodes 12/13 de la saison 4, mais toute l’histoire avec les Daleks se développe bien plus tard.

Pareil pour les épisodes spéciaux de la saison 4 (dont le nombre, la durée et la répartition a mis du temps à être fixé), les derniers mots du 10e Doctor apparaissent très tôt, mais l’intrigue de son dernier épisode était assez banal à la base. L’idée de faire revenir le Master est arrivée plus tard, et Gallifrey bien après.

Ce qui est chouette dans ce bouquin, c’est de voir les idées envisagées, les scènes coupées (pour raison de budget parfois, ou autre). La première version de la rencontre avec the Shadow Proclamation dans l’épisode 12 de la saison 4 est à tomber, avec une foule d’aliens et même une apparition de Bébé Slitheen Margaret (si cela ne vous dit rien, je vous renvoie à la saison 1, épisode Boom Town).

Il y a aussi un dialogue coupé de The End of Time (deuxième partie) que j’aurais bien aimé voir pour de vrai dans l’épisode :
Addams : So you’re not human, right ?
The Doctor : Nope. Well, I was, back in 1999 for a couple of days, but that was like catching a 48 hour bug, I got over it
C’est assez marrant de le voir sortir des idées comme ça qui font vraiment fanfiction (il le dit lui-même d’ailleurs, rien que la rencontre Daleks/Cybermen relève du domaine de la fanfiction).


Celle qui m’a bien fait rire était son projet pour le Christmas special de la saison 4, où JK Rowling (jouée par elle-même, oui y’a du concept quand même) se retrouverait dans une espèce de monde parallèle avec des sorciers. Avec une très bonne justification qui plaira sans doute beaucoup à Isil :
« We’ve done Dickens, Shakespeare, Agatha Christie… why should kids think all great authors are dead ? »
Outre toutes ces histoires d’écriture, le bouquin évoque un peu toute la vie autour de la série : anecdotes de tournage, négociations pour obtenir des sous, imprévus de la vie, et les stratégies de malades en communication pour couper l’herbe sous le pied aux tabloïds (notamment quant à l’annonce du départ de David Tennant, ou le casting de Matth Smith).


(oui j'aime beaucoup cette image !)

C’est assez rigolo de découvrir tout ça (beaucoup d’évènements ont déjà été racontés dans les Doctor Who Confidential, mais comme je suis loin de les avoir tous vu...), autant dire que c’est assez passionnant à lire, pour les fans de Doctor Who, et pour les accros aux séries télé en général. Et puis il y a pas mal de discussions sur ses anciennes réalisations (à donner envie de mettre le nez dedans, bien sûr !).

J’espère qu’un jour il existera un bouquin sur l’ère Moffat, parce que ça serait également très intéressant. D’ailleurs je conclurais sur ce bout de mail de Moffat qu’il commençait à écrire sa saison 5 :
« Can we make sure David is wearing his tie when he regenerates ? It’s for a new bit in Episode 1.
You’re going to tell me he defeats the baddies by blowing up his tie or something… ? »
Ah Doctor Who, chaque détail compte…

mardi 9 août 2011

Beautiful Chaos - Gary Russell


Je suis bien contente d’avoir gardé ce roman là pour finir les romans avec Donna. Ce n’est pas que Beautiful Chaos soit forcément le meilleur du lot (même si je le trouve très bon), mais plutôt qu’il a vraiment un air de conclusion.

Sans doute parce que son introduction (et sa conclusion) se déroulent après le dernier épisode de la saison 4, ce qui met le reste du livre dans une perspective assez triste. Difficile de ne pas penser tout du long à l’horrible destin de Donna d'ailleurs. Mais je mets la charrue avant les bœufs, commençons par l’histoire !

Donna rentre sur Terre visiter sa famille pour l’anniversaire de la mort de son père, ce qui donne lieu à des retrouvailles comme toujours tendues entre elle et sa mère. Mais c’est aussi l’occasion d’assister à un dîner donné par la Royal Planetary Society en l’honneur de son grand-père qui a découvert une nouvelle étoile.

Evidemment, cette réunion de famille est assez vite perturbée par l’apparition de mystérieuses étoiles dans le ciel, et un ancien ennemi du Doctor qui rêve de vengeance (sinon ça ne serait pas drôle). D’ailleurs je viens de faire une petite recherche, c’est un vrai vieil ennemi, leur première rencontre remonte au 4e Doctor !

L’intrigue en elle-même n’est pas extraordinaire, quand j’y repense, les péripéties s’enchaînent sans vraiment avoir de sens. Le thème me rappelle l’épisode Secrets of the Stars de The Sarah Jane Adventures (après vérification, c’est normal, le wiki Doctor Who indique qu’effectivement cet épisode aurait dû utiliser le même ennemi).

Mais ce roman a un point fort non négligeable : son travail sur les personnages. Si l’histoire est à peine entamée au bout de 100 pages (sur 250 !), c’est parce que Gary Russell prend le temps d’explorer la relation entre Donna et sa mère. C’est tout à fait dans l’esprit de ce que Russel T Davies a amené à la série en développant l’entourage des compagnons, c’est très bien fait et c’est passionnant.

Parce qu’elles ont une relation extrêmement complexe (humaine quoi, pleine de tensions, de non-dits, toujours à se disputer mais s’aimant au fond), et parce que cela donne l’occasion de vraiment voir ce qui se passe dans la tête de Donna.

Et quand on aime le personnage, c’est quelque chose de très appréciable. Même si ça fait un peu mal au cœur, surtout dans les premières pages où elle passe son temps à penser à la vieille Donna qui aurait fait ça, alors que la nouvelle aborde le problème autrement. Quand on pense qu’elle va redevenir la « vieille Donna »…

En fait plus que l’intrigue, c’est vraiment le côté famille qui fait la force du livre : il y a Sylvia et Donna bien sûr, mais aussi Wilf et sa copine Netty (atteinte de la maladie d’Alzheimer, un Doctor Who qui aborde le sujet, ce n’est pas banal).

Voir le Doctor s’incruster dans cette étrange réunion de famille (où il est aussi à l’aise qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine) est un bonus délicieux, et bien drôle accessoirement (vu qu’il se prend bien évidemment une baffe de Sylvia, comme le veut la tradition).

On regrettera un peu que l’intrigue manque de panache du coup, car le début était prometteur, et la fin un peu trop en accéléré, mais ça reste une bonne aventure de Doctor Who, drôle et divertissante (et émouvante, pour le coup). Assez bizarrement, en dépit de ses faiblesses, je trouve que ce roman dégage une impression de qualité.

C’est en tout cas le premier roman où je me dis que je m’intéresserais bien à ce que l’auteur a écrit d’autre dans l’univers de Doctor Who (dans lequel il bourlingue depuis un moment toujours d’après le wiki Doctor Who, ceci explique sûrement cela).

dimanche 7 août 2011

Ghosts of India - Mark Morris


Oui maintenant que je suis partie avec les romans Doctor Who, on ne m’arrête plus ! Au moins jusqu’à que j’épuise le filon de l’époque de Donna, ce qui va arriver très vite (il n’en m’en reste qu’un après celui). Après, il me restera les livres audios !

Après deux romans dans l’espace, Ghosts of India, s’oriente plutôt vers l’autre pendant de Doctor Who, l’aventure historique, et ici, comme son nom l’indique, nous allons visiter l’Inde. Et de préférence l’Inde à une période capitale et troublée, sinon ça ne serait pas drôle.

A la décharge du Doctor, il comptait emmener Donna manger un curry en 1937, mais bien évidemment il se trompe de quelques années et les voilà en 1947, en pleine guerre civile, alors que l’Inde s’apprête à devenir indépendante. Cela n’a pas que des inconvénients, puisque ça permettra à notre duo de rencontrer Gandhi.

Bien évidemment, le Doctor fait bien de passer par là, car comme si les émeutes ne suffisaient pas, des gens disparaissent des camps, enlevés par de mystérieuses créatures sans yeux. Pas de doute, il y a de l’alien là-dessous…

Ca commence à devenir une habitude, au bout d’à peine 25 pages, le Doctor et Donna sont séparés par les événements. J’ai bien cru qu’ils allaient le rester pour la durée de l’ouvrage, heureusement ça ne dure pas, et on a quand même le droit à quelques bons moments entre eux (ce qui est un peu le but tout de même, même si les séparer permet de développer les intrigues, Donna et le Doctor ne sont jamais aussi drôles que lorsqu’ils sont ensemble voyons !).

L’histoire est plaisante parce qu’elle permet de voir à quoi pouvait ressembler l’Inde de l’époque, des camps de réfugiés aux derniers colons anglais encore sur place (chez qui Donna sème la terreur avec ses manières), tout en partant sur le bon grand classique des aliens qui viennent chercher de la main d’œuvre sur Terre (pour en faire des super-soldats, on n’est pas loin des Daleks ou des Cybermen en fait).

Et puis c’est marrant de voir Gandhi se joindre à l’aventure, et le Doctor juste complètement fan de lui :
‘And I know you’re not into being idolized and all that, which, ironically, is one of the most brilliants things about you, but can I just say, for the record, cos this might be my only chance, that you, Mr Mohandas Gandhi, are one of the most amazing human beings who has ever lived, and who ever live, and for my money you’re right up there with Will Shakespeare, Mother Teresa and Arthur Thorndike, the janitor from Basingstoke, who… oh, hang on, scratch that, he hasn’t be born yet. […] Whoops, sorry. Babbling a bit. Always get like that when I’m overexcited. Ooh, still doing it. Sorry. OK, finished now.’
Bref on s’amuse bien tout au long de cette aventure (j’aime notamment Donna qui comme toujours très violente verbalement parlant, tout en ayant un cœur d’or) bien distrayante, qui sans être non plus mémorable, permet de prolonger agréablement la saison 4 de la série.

vendredi 5 août 2011

La Formation de la Terre du Milieu - J.R.R. Tolkien


Je crois que je commence à caler un peu sur mon Middle Earth Challenge, ce qui n’a rien d’anormal, c’est tout de même mon 11e Tolkien en un an ! Il faut avouer aussi que ce n’est certainement pas le tome le plus passionnant de l’Histoire de la Terre du Milieu, contrairement aux derniers volumes.

J’ai regardé un peu ce que contiennent les derniers tomes l’autre jour, et j’avoue avoir trouvé les derniers tomes qui abordent le Seigneur des Anneaux bien plus alléchants que celui-ci, qui revient une fois de plus sur la matière du Silmarillion.

En fait, la majeur partie de ce volume est occupé par Le Premier Silmarillion (ou l’esquisse de la mythologie, déjà présenté dans un ancien volume il me semble) et la Quenta (un Silmarillion déjà plus conséquent de quelques centaines de pages), des résumés de sa mythologie qui plus tard deviendront le Silmarillion.

Je vous avoue qu’une certaine lassitude me gagne à relire encore et encore la même mythologie, même s’il est amusant de relever les changements. Par contre j’ai complètement zappé les versions en ancien anglais (oui parce qu’il y a aussi des fragments en ancien anglais), vu que je suis tout simplement incapable de les lire.

Ce qui finit par frapper, ce sont les manques dans ces premiers tomes de l’Histoire de la Terre du Milieu : ces textes ont été écrits bien avant le Seigneur des Anneaux, si bien que toute la matière du Seigneur des Anneaux (donc le 2e et le 3e âges, de Numenor à la chute de Sauron) n’existe pas.

Quand on pense à Tolkien, on pense aux Hobbits, à Aragorn, à Legolas, et tous ces éléments sont complètement absents de ses anciens textes. C’est bien pour ça que je suis bien plus tentée de lire les derniers volumes de l’Histoire de la Terre du Milieu (ceux non traduits), pour savoir comment ces éléments sont arrivés là.

Car pour le moment tout manque. Elrond n’a pas de frère, par exemple (bien qu’il reste tout de même en Terre du Milieu à la fin de l’histoire). Du coup il n’y a pas non plus de Numenor, bien qu’une allusion soit fait à des Hommes autorisés à partir à l’Ouest.

En fait l’histoire se finit sur la dernière bataille contre Morgoth, et la conclusion ne peut vous évoquer que Ragnarök :
Lorsque que le monde sera vieux et que les Puissances seront lasses, alors Morgoth repassera la Porte hors de la Nuit Eternelle , et il détruira le Soleil et la Lune, mais Eärendel s’abattra sur lui comme une flamme blanche et le fera déchoir des airs. Alors la dernière bataille sera livrée sur les champs de Valinor. En, ce jour, Tulkas luttera contre Melko, et à sa droite se tiendra Fionwë, et à sa gauche Túrin Turambar, fils de Húrin, Vainqueur du Destin ; et ce sera la noire épée de Túrin qui portera le coup fatal et l’enverra à sa fin ultime ; ainsi seront vengés les enfants de Húrin et les peuples des hommes.
Et ça continue tout aussi joyeusement en Apocalypse finale :
Puis les Silmarils seront récupérés dans la mer, la terre et l’air ; car Eärendel descendra pour remettre la flamme qu’il avait sous sa garde. Alors Fëanor apportera les Trois et les cédera à Yavanna Palúrien ; et elle les brisera et rallumera de leur feu les Deux Arbres, et une grande lumière jaillira ; et les Montagnes de Valinor seront rasées, de sorte que la lumière s’étendra sur le monde entier. Dans cette lumière les dieux rajeuniront, et les Elfes s’éveilleront et tous leurs morts se relèveront, et le dessein d’Ilúvatar les concernant sera accompli. Mais des Hommes en ce jour, la prophétie ne dit mot, Túrin excepté, lui qu’elle nomme parmi les Dieux.
On est bien loin du « voici venu l’âge des Hommes » du Seigneur des Anneaux !

Outre ces proto-Silmarillion et quelques fragments en prose, La Formation de la Terre du Milieu comprend aussi un chapitre sur les cartes crées par Tolkien. Il permet de voir un peu l’évolution de la géographie d’Arda et de la Terre du Milieu (à travers les âges et dans l’esprit de Tolkien aussi).

Mais ce que j’ai trouvé le plus intéressant, ce sont les schémas en coupe représentant le monde (une terre plate entourée par différentes couches d’air et de mer aux propriétés différentes (il y a des couches d’air différentes, celles où on trouve les oiseaux et celles auxquelles seuls les Valar accèdent), et les Ténèbres autour.

Enfin, l’ouvrage se termine sur les premières annales de Valinor et les premières annales du Beleriand, qui reviennent une fois de plus sur les mêmes événements, mais cette fois-ci sous forme d’une chronologie.

Cela permet de mettre en parallèle les différents événements historiques, mais surtout de se faire une idée de la mesure du temps et des intervalles entre les événements. Ce n’est pas flagrant dans les annales de Valinor qui s’arrêtent au départ des Noldor de Valinor et couvrent 30 000 ans d’histoire, mais on se rend vite compte qu’il y a un petit problème dans les annales du Beleriand.

Les événements s’enchainent tellement vite que ça enlève pratiquement tout caractère mythologique à la chose : de la création du Soleil et de la Lune à la récupération des Silmarils, à peine 250 ans s’écoulent !

Tolkien s’est assez vite rendu compte du décalage car la deuxième version des annales du Beleriand très incomplète, espace bien plus les événements : Beör, un des Pères des hommes, ne naît qu’en l’an 198, alors que dans la première version, les années 200 couvraient plutôt l’histoire de Tuor !

Voilà donc pour cet ouvrage, qui est loin d’être le plus intéressant du lot, sans doute parce qu’il est trop proche du Silmarillion justement. Ceci dit le tome suivant, la Route perdue, devrait aborder les versions primitives de la légende de Numenor, ce qui devrait amener un peu de nouveauté !


CITRIQ