mercredi 29 février 2012

Contes myalgiques II : Les Atouts du Diable - Nathalie Dau


Lorsque j’ai fait dédicacer mon exemplaire aux Rencontres de l’imaginaire à Sèvres, j’ai assez peu prêté attention à la dédicace de Nathalie Dau, parlant de ce recueil comme de sa « saison sombre ». C’est quelque part en plein milieu de ma lecture que je l’ai regardé à nouveau, et que je l’ai comprise.

Dans la forme, il n’y a que peu de différences avec le premier volume des Contes Myalgiques : beaucoup de nouvelles à rattacher au format du conte, avec des références piochées tout autour de la terre (des grands serpents d’Amazonie à la Clochette de J.M. Barrie).

Le ton, par contre, est définitivement plus sombre. Pas sur tous les textes, certains m’ont même semblé assez guillerets (comme Nouveau-né, sur le thème des MMORPG). Mais il y a une noirceur (une douleur même, dans certaines nouvelles) qui se ne cache pas, et l’humour est souvent plus grinçant qu’autre chose.

Du coup c’est une lecture qui demande de prendre son temps, pour bien digérer les nouvelles (ou s’en remettre, au choix), quitte à poser le livre pendant un jour ou deux, ce qui m’est arrivé à plusieurs reprises.

Moi qui aime bien les livres qui une fois terminés restent tellement en tête qu’on ne peut lire autre chose tout de suite, je suis toujours impressionnée quand une simple nouvelle de quelques pages me fait le même effet, autant dire que cette lecture m’a ravi (autant qu’on puisse utiliser cette expression pour des textes qui font naitre un tel sentiment d’horreur !).

Outre la noirceur, j’ai beaucoup apprécié la capacité de Nathalie Dau à créer des univers féeriques avec des choses assez récentes. Plutôt que de parler des châteaux forts ou des chevaliers, ses histoires parlent des mines, du monde ouvrier, des écoles privées dans le temps où les bonnes sœurs faisaient la classe…

Tout ça me rappelle beaucoup tout ce qu’on m’a raconté de la vie de mes grands-parents et la jeunesse de mes parents, et j’apprécie beaucoup ces évocations plutôt justes, avec une pointe de magie en plus.

Je ne rentrerais pas dans le détail de toutes les nouvelles, mais quelques textes ont tout particulièrement retenu mon attention :

- Knock, Knock, Knocking on Hell’s Door, qui évoque le travail dans les mines après la Guerre, avec une touche de fantastique qui s’invitent sous la forme des superstitions et histoires de mineurs sur ce qui se trouve au fond des mines. C’est un très beau texte qu’on sent bien documenté, avec tout un tas de mots d’argots.

- La force du déni, absolument glaçant, avec un sujet drôlement actuel qui plus est. C’est la nouvelle qui m’a fait poser le bouquin pendant deux jours d’ailleurs, si vous vous posiez la question.

- La peau du Diable, qui m’a fait revenir à la postface de Jean Millemann dans les Contes myalgiques I, dans laquelle il expliquait de Nathalie Dau souffrait de fibromyalgie. S’il y a une nouvelle au milieu de toutes où elle parle de sa maladie, je pense que c’est celle-là, et j’aurais du mal à expliquer à quel point le texte est poignant et le ton juste, il faut la lire pour comprendre.

- Pour qui sonne Clochette ?, une variation sinistre sur le thème de Peter Pan, avec une fin sur laquelle on rit jaune

Je me rends compte que je retiens les textes les plus horribles, je dois avoir un goût assez prononcé pour. Ceci dit il y a des histoires plus « mignonnes », comme le Goût du miel (que je connaissais déjà de l’anthologie Ouvre-toi !), ou Pour Camille, jolie histoire de Noël (pas tout sucre tout miel, mais un bel esprit de Noël tout de même).

En tout cas, s’il vous passe entre les mains, ce recueil vaut la peine d’être lu, il y a de très beaux textes.

CITRIQ

vendredi 24 février 2012

Sherlock - Saison 2


Allez encore un petit effort et j’aurais éliminé toutes mes chroniques en retard de janvier ! J’ai un peu honte de traîner autant, d’autant plus que cette saison 2 de Sherlock a été un vrai moment de bonheur.

Pour les retardataires, je vous renvoie à ma chronique sur la saison 1. Pour les connaisseurs, inutile que je vous représente cette adaptation moderne de l’œuvre de Arthur Conan Doyle par Steven Moffat et Mark Gatiss.

D’ailleurs cette saison 2 se passe de présentations, et démarre au quart de tour. Normal vu le cliffhanger qu’on nous avait laissé en guise de final à la saison précédente. La résolution est un poil expédiée, mais rien de bien grave, il fallait bien passer à quelque chose.

Et vu le quelque chose, on oublie bien vite cette histoire un peu miteuse de snippers… Avec toujours trois épisodes d’1h30, cette saison s’attaque à de (très) gros morceaux de la mythologie de Sherlock Holmes : Un scandale en Bohême, Le chien des Baskerville, et Le dernier problème, rien que ça.

Rien que sur le papier, ça fait baver, le résultat est tout à fait à la hauteur (un petit peu moins pour Baskerville peut-être). La recette fonctionne toujours à merveille, avec dans cette saison une étude plus approfondie du personnage de Sherlock absolument passionnante.

Dans l’ensemble c’est très beau, diablement bien réalisé (en tout cas ça détonne de l’ordinaire à la télé), il y a des passages d’anthologie (à mourir de rire), et les acteurs… Benedict Cumberbatch est définitivement The Sherlock (Robert Downey Jr. est très bon aussi mais il ne fait pas le poids à côté), et il me tarde de voir Martin Freeman dans Le Hobbit.

Je ne peux résister à l’envie de rentrer dans le détail des épisodes, donc si vous n’avez pas vu cette saison, arrêtez-vous là, la suite risque de contenir quelques spoilers.

1. A Scandal in Belgravia

Il s’agit définitivement de la pièce maîtresse de cette saison. En voyant cet épisode, j’ai compris à quel point Moffat avait dû s’emmerder à écrire l’épisode de Noël de Doctor Who de cette année, vu la virtuosité dont il fait preuve dans cet épisode.

Tout fonctionne à la perfection, il y a rien de trop dans cette formidable rencontre entre Sherlock et La Femme (qui ressemble beaucoup à celle de River et du Doctor, ce qui n’a rien de surprenant), toute en sous-entendus, en non-dits et en « on ne saura jamais la vérité ». Leur première rencontre est absolument mémorable, d’autant plus qu’on sortait tout juste de Buckingham Palace tout de même !

Je pourrais en écrire des pages sur le sujet, mais ce serait un peu injuste pour les autres épisodes, alors je me contenterais de saluer 1h30 de pur bonheur télévisuel, passé autant à rire qu’à pleurer (enfin non je n’ai pas pleuré, sinon de rire, mais certains passages sont très émouvants), tout en me demandant comment cela finirait. S’il n’y a qu’un épisode à voir cette saison-ci, c’est celui-là !

2. The Hounds of Baskerville

Bon du coup j’avais peut-être de trop grandes attentes pour cet épisode, qui correspond à une de mes aventures favorites de Sherlock Holmes. Avec Russell Tovey en plus (ce qui me rappelle que Being Human a repris d’ailleurs).

Le résultat est un poil décevant : l’intrigue est un peu bancale, la résolution insatisfaisante, bien trop axée sur des découvertes scientifiques possibles et pas assez sur de la logique à mon goût.

Il y a quand même de très bons passages : les doutes de Sherlock face à une apparition à priori surnaturelle, sa dispute avec Watson, le cameo de Lestrade en vacances, Sherlock qui se sert de Watson à son insu… mais je suis restée un peu sur ma faim quand même.

3. The Reichenbach Fall

Ayant lu le dernier problème, je savais un peu à quoi m’attendre, du coup la « mort » de Sherlock ne m’a pas plus affectée que ça, je m’intéressais surtout aux mécaniques de l’intrigue qui l’y amenaient.

C’est marrant, parce que la nouvelle adaptée est assez spéciale à l’origine : pas d’énigme, l’accent est juste mis sur cette Némésis qu’est Moriarty, et sa confrontation finale avec Holmes (alors qu’on n’avait jamais parlé de lui jusque-là).

Pour le coup on a le droit à un véritable show de Moriarty dans cet épisode (l’introduction, le procès, la rencontre avec Sherlock… jusqu’au final qui secoue), et une véritable descente aux enfers de Sherlock sous forme d’une déconstruction troublante et finement orchestrée.

Je m’attendais à la fin, mais je suis curieuse de voir les explications de la saison 3. J’ai bien relevé quelques indices, mais rien de bien concluant et je préfère autant de vraies explications à essayer d’échafauder des solutions impossibles.

mercredi 22 février 2012

Hunger Games - Suzanne Collins


Le problème avec les best-sellers, c’est qu’il faut les lire avant qu’ils ne le deviennent. Parce qu’à force d’entendre chanter les louanges d’un bouquin, le risque de déception augmente, et la lecture n’est peut-être pas aussi agréable qu’elle aurait pu l’être.

Hunger Games en est l’exemple typique. Pas que le livre ne soit pas mauvais, c’est même plutôt plaisant à lire, mais je suis restée un peu sur ma faim (sans mauvais jeu de mots) à sa lecture.

Le pitch de base rappelle un peu Battle Royale, avec ces vingt-quatre adolescents lâchés dans la nature pour s’entretuer jusqu’à qu’un seul demeure. A ceci près qu’ici on se retrouve dans un futur assez sinistre où ces Hunger Games sont retransmis comme n’importe quelle émission de télé réalité, et qu’ils servent à rappeler aux différents districts d’où sont originaires les enfants qui est le chef.

L’héroïne s’appelle Katniss, elle a seize ans, et chasse en dehors du district pour pouvoir nourrir sa famille. Autant dire qu’elle en connait long question survie. Du coup, quand sa sœur est sélectionnée pour les Hunger Games, elle se propose immédiatement pour la remplacer. Sauf que les Hunger Games ne sont pas qu’une question de survie, c’est aussi une véritable machine médiatique.

C’est là l’aspect le plus intéressant du roman, et celui qui fait le plus froid dans le dos (bien plus que le côté « laissons des adolescents s’entretuer »). Les Hunger Games sont précédés de tout un ramdam médiatique, les adolescents sont relookés, présentés, interviewés, et leur réussite peut dépendre aussi de cela.

En effet, plus ils sont populaires, plus il est possible pour eux d’avoir des sponsors susceptibles de leur envoyer des objets utiles pendant les jeux. Mais en même temps il ne faut pas se montrer trop fort dès le début, sous peine d’être trop vite éliminé par des concurrents jaloux… sympathique n’est-ce pas ?

Hunger Games est un excellent page-turner, puisqu’une fois lancé dedans, on ne le lâche tout simplement pas, chaque chapitre se terminant par un beau cliffhanger, et les péripéties ne manquant pas jusqu’à la toute fin.

C’est plaisant à lire, mais j’avoue que ça n’a pas été un grand coup de cœur pour autant. J’ai eu beaucoup de mal avec ce texte écrit au présent (je passais mon temps à le remettre au passé dans ma tête) à la première personne.

Je n’ai rien contre les « je », à condition d’avoir quelques affinités avec la narratrice… qui dans le cas présent m’a pas mal exaspéré au fil de ma lecture. Sans doute parce qu’en dépit de son apparente maturité de fille qui nourrir sa famille, elle est encore très jeune et question sentiments et estime de soi, c’est une véritable catastrophe ambulante.

Du coup j’aurais lu ce roman à quinze ans, j’aurais sans doute été de tout cœur avec elle, mais à l’heure actuelle j’ai plus envie de la secouer un grand coup qu’autre chose ! On sent clairement le public cible dans cette histoire…

Bref même si j’ai passé un bon moment de lecture, je trouve un côté un peu formaté à ce roman, efficace, mais auquel il manque une petite étincelle qui fait la différence. Je lirais probablement la suite si elle croise ma route à la bibliothèque, mais je ne suis pas plus pressée que ça…


CITRIQ

vendredi 17 février 2012

La Menace Fantôme (3D) - George Lucas


Oui je sais, aller voir un film en 3D de mon plein gré, ça ne me ressemble pas, mais c’est Star Wars. Je me rappelle encore du premier Star Wars que j’ai vu et quelle révélation ça a été (et cela même en commençant par la toute fin, Le Retour du Jedi).

C’était en juin 1999, si bien qu’à l’automne j’étais sur les starting-blocks pour aller voir la Menace Fantôme, après avoir dévoré les deux autres films et jeté mon dévolu sur ce qu’Internet pouvait offrir à l’époque en français (à savoir beaucoup de sites multimania avec des gifs animés, ah, le bon vieux temps…).

Du coup aussi mauvais que puisse être cet épisode (et encore, ce n’est pas le pire), je garde un souvenir ému de ce premier Star Wars vu sur grand écran avec la copine qui m’avait convertie, même qu’on avait raté le générique… euh bref vous n’êtes pas là pour que je vous raconte ma vie il me semble.

C’est donc moitié par nostalgie, et moitié par plaisir de voir cette saga sur grand écran que je suis donc allée au cinéma avec Tigger Lilly voir ce que donnait cette conversion 3D. La réponse sera résumée en une image :


A vrai dire j’ai failli mettre « La 3D fantôme » en guise de titre, vu qu’on la retrouve essentiellement dans deux passages : la course de pods, et la bataille finale. Et un peu au début.

Le film n’a pas été pensé pour ça à la base, et y’a pas franchement matière à faire de la 3D (on a beaucoup de mouvement de droite à gauche, absolument pas d’avant en arrière, allez coller de la 3D là-dessus quoi !). On n’a même pas les postillons de Boss Nass en 3D, quelle déception !

Cependant, c’est tout de même l’occasion de replonger dans Star Wars. Et en toute objectivité, il faut dire quand même ce qui est, avec du recul, c’est assez mauvais. Les acteurs jouent comme des pieds (je pense à Nathalie Portman surtout), la faute à des dialogues d’une extrême pauvreté, et l’intrigue est franchement branlante quand on y regarde à deux fois.

Il lui manque la force épique des premiers (en même temps les querelles du Sénat sont loin d’être aussi passionnantes que la Rébellion contre l’Empire), et l’orientation clairement jeunesse peut vite porter sur les nerfs (entre Anakin le jeune prodige à qui on collerait des baffes et Jar Jar Binks qu’on aurait bien aimé voir mourir en début de film).

Mais il a quelques bons côtés, notamment les multiples références et clins d’œil à l’ancienne trilogie. J’adore particulièrement tous les passages avec Palpatine truffés de sous-entendus (« Oh oui jeune Skywalker, nous suivrons ta carrière avec grande attention ! »). En plus, à défaut de mieux, revoir cet épisode de qualité discutable donne très envie de revoir les meilleurs épisodes (à savoir, les vieux, comme chacun le sait).

Et puis, quoi qu’on puisse reprocher à ce film, il faut reconnaître que visuellement, ça claque. Rien à dire sur ce sujet, c’est toujours un délice de revoir ce film sur grand écran, et sincèrement, à par deux ou trois mauvaises incrustations, il n’a pas franchement vieilli. Je suppose qu’il s’agit de la même version que sur le Blu-ray, vu que Yoda est en images de synthèse (contrairement à l’ancienne version où on avait une marionnette au teint chewing-gum).

Bref, je ne suis pas mécontente de l’avoir revu (bien qu’il soit longuet), et j’espère qu’ils vont continuer leur conversion 3D, juste pour le plaisir de pouvoir les revoir sur grand écran (et même de les voir tout court, pour l’ancienne trilogie). Le seul problème, c’est qu’il va falloir repasser par l’Attaque des Clones, et ça, ça va être horrible. Ah qu’il est dur d’être un fan…

mercredi 15 février 2012

Dragon Age : Le trône volé - David Gaider


Non je ne suis pas du tout dans une thématique romans dérivés, ou dans une phase de découverte des collections Milady (avec deux titres en un mois, c’est plus que je n’en ai jamais acheté chez eux je crois), mais le hasard faisant bien les choses, et mon cerveau étant un peu en vacances, c’est le genre de lecture qui passe bien en ce moment.

Accessoirement je me suis dit que lire un roman dérivé Dragon Age me ferait peut-être lâcher le jeu vidéo (trêve de suspens, ça n’a pas marché). En tout cas c’est bien la première fois que je suis assez accro à un univers pour lire un roman adapté d’un jeu vidéo (enfin il y a bien deux trois dans l’univers Star Wars mais ça ne compte pas).

Ceci dit celui-ci part tout de même avec l’avantage majeur d’avoir été écrit par un des concepteurs du jeu vidéo lui-même (dont on peut reconnaître la patte dans une bonne partie des jeux Bioware), dont il sait à peu près de quoi il parle. Et surtout, ce n’est pas une novélisation.

Non parce qu’à une époque il était courant de trouver des novélisations de jeux vidéo, donc en gros le jeu vidéo raconté sur papier. Des fois c’est bien (Les Ombres de l’Empire en Star Wars est un des rares exemples), mais j’ai lu en ligne le premier chapitre d’une novélisation Baldur’s Gate, et pour faire simple, disons qu’on n’a pas envie de payer pour ça quand des fans écrivent des fanfictions bien plus originales sur le même modèle…

Pas d’archdemon pour le Trône volé donc (et pardon pour les termes en VO, je n’ai toujours pas décidé d’apprendre leur traduction), puisque l’intrigue se déroule trente ans avant les évènements du jeu vidéo.

A la place, on suit les traces du jeune Maric, héritier du trône, qui comme le titre de l’ouvrage l’indique, a été volé par les Orlaisiens. Sa route va l’amener à croiser celle de Loghain et de quelques autres têtes connues (j’ai bien ricané de la présence de Wilhelm et de son très obéissant golem…).

C’est une histoire assez plaisante à lire, car elle permet de développer un peu l’arrière-plan historique du jeu. C’est assez marrant de suivre les pas de Maric (qui est bien le père d’Alistair, ça ne fait aucun doute au bout de vingt pages à peine) et de Loghain (cela donne un peu plus de profondeur au personnage dans le jeu vidéo, même si son caractère reste assez impénétrable), dont la révolte qu’ils mènent aurait pu faire l’objet d’un jeu vidéo.

Cela se sent surtout dans la difficulté à ressentir le passage du temps (à part trois années résumés dans un chapitre, on n’a quasiment aucune notion du temps, comme dans le jeu vidéo), et le côté « guide touristique » qui nous fait visiter toutes les curiosités de Ferelden de façon parfois un peu artificielle : on croisera donc en vrac Flemeth, les Dalish, les Deep Roads et la Légion des Morts, Lothering, Denerim, une barde orlaisienne, le Cercle des Mages, etc.

Cependant l’ensemble se lit bien, et j’ai apprécié un passage de la fin que je n’avais pas vu venir, qui tranche avec une ambiance que je trouvais jusque-là assez bon enfant (comparé à la noirceur de certains passages du jeu vidéo). Du coup je serais assez tentée par la suite, The Calling, jamais traduite mais qui met en scène le retour des Grey Wardens à Ferelden, avec un jeune Duncan parmi eux…

CITRIQ

lundi 13 février 2012

Doctor Who : Apollo 23 - Justin Richards


A la base je n’étais pas forcément tentée par des romans Doctor Who français. Déjà parce qu’aussi fan que je sois de la série, je ne suis pas accro au point de commencer une collection de romans dérivés (j’en ai déjà une belle de Star Wars). Et surtout, Doctor Who est un univers que je connais en anglais : je regarde la série en VO sous-titrée VO, je lis en VO, bref des termes comme « Seigneur du temps », me hérissent le poil !

Mais bon, à cinq euros (et trois centimes), j’ai décidé de tenter l’expérience en compagnie d’Olya, histoire de voir à quoi pouvait ressembler un roman Doctor Who en français. En plus je ne risquais pas d’être dépaysée, la traduction est assurée par Rosalie Guillaume, qui a traduit un paquet de romans Star Wars si je me souviens bien.

Apollo 23 commence donc avec l’apparition d’un astronaute en plein milieu d’un centre commercial, et quelques morts mystérieuses, mais rien à voir avec l'astronaute de la saison 6. Le Docteur et Amy, de passage dans les environs, ne peuvent s’empêcher de trouver tout cela bizarre, et leur enquête va très vite les emmener sur la Lune.

Pour le reste, c’est du Doctor Who tout ce qu’il y a de plus classique : des bases secrètes, des technologies futuristes étranges, du bricolage, de la course, du lavage de cerveau, un peu d’éthique, et même quelques aliens (dont on se demande presque ce qu’ils viennent faire là à la fin).

J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire au début (je retraduisais presque les dialogues en anglais pour qu’ils sonnent mieux), mais une fois que les bases sont posées et la vf apprivoisée, c’est ma foi assez plaisant à lire, et l’intrigue, bien que prévisible, est assez prenante.

Bon évidemment, que ce soit en matière de développement des personnages, ou de qualité d’écriture, on s’en tient au minimum syndical : personnages au caractère à peine esquissé, héros génériques, écriture directe au possible.

Amy ne s’affirme pas franchement comme un compagnon parmi tant d’autres, ceci dit c’est un roman qui a été publié au tout début de la saison 5, ce qui explique sans doute que l’auteur n’ait pas franchement de matière. Le Docteur non plus n’est pas vraiment Eleven, même s’il a quelques moments plutôt chouettes.

Bref c’est un roman dérivé qui remplit son cahier des charges dans le plus strict minimum. Il ne sort pas franchement du lot, mais il offre une petite diversion sympathique en attendant la saison 7. Ceci dit, s’ils sont tous à ce niveau, je ne vais pas m’amuser à lire systématiquement (je les trouve un peu chers vu leur épaisseur, 7 euros pour moins de 300 pages !)

J’ai cependant repéré qu’il y en aurait un de Gary Russel prochainement (The Glamour Chase, en mars). Vu que j’avais bien aimé son précédent roman, il n’est pas dit que je n’y jette pas un œil. Idem pour celui de Nine dans lequel il y a Jack et que Tortoise me recommandait et qui devrait aussi être traduit si j’ai bien suivi.

Quelques extraits rigolos pour conclure sur les capacités de déduction du Docteur :
- J’ai cru apercevoir quelqu’un
- Il n’y a que nous, insista Jackson.
- Amy a raison, dit le Docteur. Quelqu’un d’autre est venu ici. Qui porte des bottes de pointure 40.
- Vous pouvez déterminer la pointure de quelqu’un simplement après l’avoir aperçu à travers un enchevêtrement de tuyaux ? s’émerveilla Amy
- Probablement, dit le Docteur. On peut extrapoler à partir de la taille de la personne, de son poids et de sa vitesse. Mais c’est beaucoup plus simple de regarder l’empreinte que cet individu a laissé sur l’huile qui tache le sol.
... Sur son état mental...
- Vous êtes soit très brillant, soit complètement cinglé, dit le major Carlisle.
- En fait je suis les deux. Mais plutôt tendance brillant. Vous n’avez pas envie de me voir quand je suis cinglé.
... Et en réaction à un personnage qui appelle le Docteur « Prof » à longueur de temps
- Dormeur, Atchoum, Idiot, Mick et Titch. (Il s’interrompit, et se mordit la lèvre inférieure pendant qu’il réfléchissait.) Un moment. Ce n’est pas ça, n’est-ce pas ? Grincheux, Simplet, Atchoum, Timide, Dormeur et Joyeux. Ils portent tous des noms d’humeur… plus ou moins.
- Et Prof, intervint Caudace. C’est exact.
- Prof n’est pas une humeur, dit le Docteur. Ce qui m’a toujours dérangé. Mais il est tout petit, pas de doute. Ce que je ne suis pas. Alors ne m’appelez pas Prof, d’accord, agent Jennings ?

D’ailleurs je ne remercie pas le Doctor, cette histoire va me poursuivre à chaque fois qu’on parle de Blanche-Neige désormais !

Lecture commune réalisée avec Olya (même qu'au début j'avais envisagé de reprendre nos échanges par sms en guise de chronique, mais la mémoire de mon téléphone ancestrale n'étant pas illimitée, j'ai dû les effacer avant de me pencher sur leur intérêt)

CITRIQ

vendredi 10 février 2012

Enfant de la prophétie - Juliet Marillier

 

J’ai bien cru que je ne le lirais jamais, ce dernier tome de la trilogie de Septenaigue. J’avais fini Fils de l’Ombre avant mon anniversaire, et vu qu’on me réclamait à l’époque une wish-list, plutôt que de l’acheter j’ai préféré le mettre sur la dite wish-list. Evidemment personne ne me l’a offert.

Je l’ai donc mis sur ma wish-list de Noël (vu que ce n’était pas loin derrière), en tête de liste, en me disant que bon quand même… et loi de Murphy oblige, ça n’a pas marché non plus. Du coup à peine les fêtes terminées, je suis allée acheter mes deux volumes pour les lire, sentant bien qu’il me faudrait les payer de ma poche.

Du coup je n’ai pas trop traîné à lire ce dernier tome (en deux volumes), Enfant de la prophétie, qui se démarque un peu des deux précédents. D’ailleurs si vous ne les avez pas lu, passez votre chemin parce que je ne vois pas comment je pourrais ne pas vous spoiler le contenu dans mon résumé !

L’héroïne narratrice est la jeune Fainne, fille de Ciarán le druide (le demi-frère de Sorcha pour ceux qui ne suivraient pas) et de Niam, soeur de Liadan (pour ceux qui ne suivraient pas non plus). D’ailleurs j’aurais pu faire une thématique inceste en janvier, je ne trouvais que ça dans les romans que je lisais !

Elevée par son père dans un lieu isolé au bord de la mer, initiée aux arts du druidisme et de la sorcellerie, Fainne se retrouve un jour obligée par sa sorcière de grand-mère à traverser tout Erin pour se rendre à Septenaigue, afin de découvrir et de mettre à mal les plans de sa famille.

Le fait d’être du côté des « méchants » renouvelle agréablement la série. Bien sûr Fainne n’est pas franchement mauvaise (c’est sa grand-mère qui lui force la main), mais l’idée d’un personnage qui n’est pas forcément un enfant de chœur (contrairement à Sorcha et Liadan) est assez rafraichissant.

En fait, Fainne est un personnage difficile à aimer : peu assurée, elle commet des tas d’erreurs, elle est absolument inapte au contact avec autrui, à tel point qu’entourée de gens prêts à tout pour elle soit elle les ignore, soit elle leur fait du mal.

Mais du coup j’ai beaucoup apprécié ses nuances et son imperfection, ses doutes, son inaction quasi-totale pendant les trois quarts de l’histoire (sauf pour faire des âneries), cela renouvelle bien la série.

Comme toujours, on est très vite happé par l’atmosphère assez magique de cette Irlande rêvée, et par une narration très prenante, si bien que les deux volumes se dévorent presque littéralement. L’auteure rattache les fils laissés en suspens dans Sœur des cygnes et Fils de l’ombre, ramène à peu près tous les personnages connus sur le devant de la scène (quand ils ne sont pas morts), et offrent une belle conclusion à cette fantasy irlandaise.

Bien sûr, c’est parfois un poil trop guimauve (non sincèrement, si les Darragh existaient en vrai, ça se saurait non ?) et la fin est presque trop gentille, mais la balade est très plaisante comme toujours, avec une petite différence sur le caractère de l’héroïne qui redonne un coup de neuf à l’ensemble. Si vous avez lu les deux histoires précédentes, vous n’aurez donc aucun mal à aimer celle-là.

En petite conclusion, je relèverais juste que Benjamin Carré, l'auteur de ces couvertures, est vraiment un trésor national, parce que lorsqu'on compare les éditions des différents pays sur le site de l'auteure, y'a pas photo sur laquelle est la plus belle !

CITRIQ

mercredi 8 février 2012

Léviathan - Scott Westerfeld


Je suis assez admirative de Scott Westerfeld, à chaque fois que je tombe sur un roman de lui, il n’a rien à voir avec le dernier de lui que j’ai pu lire. Entre Uglies et Succession, on passait déjà de la dystopie au space-opéra (bonjour le grand écart !). Avec Léviathan, on entre de plain-pied dans le steampunk (des fois que la couverture vous laisse un doute).

Le roman se déroule dans un univers uchronique sacrément alternatif : à la veille de la Première Guerre Mondiale, on trouve en Europe une opposition entre les Darwinistes et les Clankers. Derrière ces termes un peu obscurs se cachent des sociétés dont les évolutions technologiques ont pris un tour radicalement différent.

Les Darwinistes ont, grâce à Darwin, percé le mystère de l’ADN (les fils de vie) et se spécialisent dans les créatures hybrides : lézards messagers capables de reproduire des voix humaines façon dictaphone, méduses gonflées d’hydrogène faisant office de parachute/ballon d’appoint…

De leur côté, les Clankers qui perçoivent ces pratiques comme des abominations ont développé des armes mécaniques révolutionnaires, dont les mécanopodes (qui vont du petit modèle de promenade sur deux pattes au monstre titanesque hérissé de canon).

Bien évidemment, la Grande Bretagne, la France et la Russie sont de fervents darwinistes, tandis que l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Empire Ottoman sont d’irréductibles clankers, et tout le monde ne rêve que de se mettre sur la tronche, on est en 1914 après tout. L’occasion est très justement fournie lors de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand , qui va être le point de départ de la guerre, comme chacun l’apprend à l’école, mais également de l’aventure de nos deux protagonistes principaux.

Nous avons Alek d’un côté (clanker), fils de l’archiduc assassiné, qui s’enfuit à bord d’un mécanopode pour échapper à la mort, tandis que de son côté (darwiniste) Deryn, une jeune fille pleine de ressources qui s’est fait passer pour un garçon afin d’être engagée dans l’Air Service anglais, se retrouve à bord du Léviathan, une gigantesque baleine volante.

Léviathan est clairement un tome d’introduction, destiné avant tout à poser l’univers, véritable point fort. C’est vraiment une constante chez Scott Westerfeld, il a une imagination assez incroyable pour créer des mondes jusqu’au moindre détail, assez pour nous donner envie d’aller y faire un tour.

Ici il réussit avec brio à créer un très bel univers steampunk autant basé sur les progrès mécaniques que biologiques, et l’implantation au début de la première guerre mondiale est réalisée avec beaucoup d’intelligence.

C’est peut-être ce qui m’a frappé le plus d’ailleurs. Léviathan est un roman jeunesse (presque trop jeunesse vu la taille des caractères), mais le sujet du déclenchement de la Première Guerre Mondiale y est très finement analysé (plus finement qu’il ne l’est dans mon souvenir au collège, et ce livre me semble idéalement écrit pour des collégiens).

L’autre aspect qui m’a beaucoup plus, c’est les illustrations de Keith Thompson qui sont de toute beauté (surtout la carte en début d’ouvrage) et aident grandement à se représenter l’univers sans pour autant être envahissantes. Elles me rappellent un peu les romans de Jules Verne abondamment illustrés, idéal pour se mettre dans l’ambiance donc.

Par contre, là où le bât blesse un peu, c’est au niveau de l’intrigue. Elle met très longtemps à se mettre en place. Léviathan est vraiment une mise en bouche là pour introduire l’univers avant de passer à la suite (Béhémoth), si bien qu’il commence réellement à se passer quelque chose dans les cinquante dernières pages.

Cela explique sans doute que j’ai eu un peu de mal à me passionner pour l’histoire et les personnages que j’ai trouvé un peu trop simplistes (d’où cette impression d’un roman « trop » jeunesse à mon goût). Ceci dit l’univers est plaisant, la conclusion donne envie d’en savoir plus, alors je continuerais sûrement ma lecture, vu qu’une lecture commune est prévue pour Béhémoth également !

Lecture commune réalisée avec : Acr0, Endea, Shaya, Spocky, Yume

Et comme ce roman joue clairement de l'uchronie avec sa Première Guerre Mondiale alternative, je tiens enfin ma première participation au Winter Time Travel de cette année !

CITRIQ

vendredi 3 février 2012

Contes myalgiques I : Les Terres qui rêvent - Nathalie Dau


En achetant le volume 2 des Contes Myalgiques en décembre, je me suis rendue que je n’avais pratiquement aucun souvenir du premier tome. C’est là que je me rends compte de l’utilité de mon blog, qui me permet de fixer un peu mes souvenirs de lecture. C’est un peu comme quand on fait une liste de courses, on ne la regarde pas forcément mais on n’oublie rien, contrairement à si on ne la fait pas.

Du coup je l’ai relu, pas que j’en ai franchement besoin pour le 2e volume (ce sont des recueils de nouvelles après tout), mais j’avais envie de me remettre un peu la plume de l’auteure en tête. Et comme je suis un peu maniaque sur les bords, ça m’évitera d’être perturbée par le fait d’avoir une chronique du tome 2 et aucune du tome 1 !

Ces Contes myalgiques sont un recueil de nouvelles comme je le disais, et comme leur titre l’indique si bien, il s’agit de contes, un format que j’apprécie beaucoup en général.

Je suis assez vite retombée sous le charme des histoires de Nathalie Dau, tout simplement parce qu’elle maîtrise le format du conte à la perfection. Ses histoires sont pleines de féerie et de magie, avec des intrigues entraînantes, pleines de drames et de noirceur (comme les vrais contes, pas ces niaiseries qu’on nous sert chez Disney). Et puis elle sait travailler ses ambiances et ses références (de l’Inde à la Bretagne en passant par la Provence et la Russie, on voit du pays).

Sur les onze nouvelles que comporte ce recueil, je retiendrais tout particulièrement Bonne année (délicieusement sinistre), Aenor (pleine de mythes celtiques), Faux pas (avec son héros troll pas banal) et Demain les trottoirs (qui fonctionne très bien pour un conte plutôt moderne).

C’est un recueil qui se lit avec plaisir, surtout quand on aime les contes. Du coup je lirais son deuxième volume assez vite je pense.

CITRIQ

mercredi 1 février 2012

Sherlock Holmes 2 : Jeu d'ombres - Guy Ritchie


J’imagine que c’est volontairement que le mois de janvier a été placé sous le signe de Sherlock Holmes. Entre la saison 2 de Sherlock et ce film, on frise un peu l’overdose. J’ai même hésité à aller voir ce film tout de suite, tellement j’avais encore la série anglais dans la peau (et oui ma chronique sur le sujet arrivera… bientôt).

Mais finalement, chacun ayant une interprétation bien différente du personnage (et Benedict Cumbertatch comme Robert Downey Jr. sont excellent dans leurs rôles), avec des partis-pris radicalement opposés, on peut se permettre de passer de l’un à l’autre, même si forcément on joue au jeu des comparaisons dans sa tête.

Ce Sherlock Holmes 2 s’inscrit dans la droite ligne de son prédécesseur : un blockbuster avec de belles scènes d’action et qui en met plein la vue, tout en gardant une certaine fidélité au matériel d’origine, avec un petit côté steampunk sur les bords.

Ceci dit comme la plupart des suites, ce Jeu d’ombres en veut toujours plus : plus d’action, plus de lieux (on voyage de l’Angleterre à la Suisse en passant par la France et l’Allemagne, dans un univers alternatif où ces quatre pays tiennent dans une boite à chaussures), plus de personnages (le Mycroft de Stephen Fry est fort sympathique en passant), plus d’émotion, plus d’humour, et que sais-je d’autre.

C’est un très bon divertissement en soi : on prend plein la vue, le duo Robert Downey Jr. / Jude Law fonctionne toujours à merveille, et les confrontations avec Moriarty sont un vrai délice (j’avais déjà vu l’acteur dans Sally Lockhart, ce type n’a pas son pareil pour faire des big bad du XIXe siècle).

Mais je n’ai pu m’empêcher de ressentir un côté « too much » pendant le visionnage. A force de vouloir en mettre plein la vue, le scénario tombe un peu dans les grosses ficelles du blockbuster américain avec tout ce que ça implique.

On a donc le compagnon féminin de rigueur (qui est nettement moins intéressant qu’une Irène Adler), des scènes d’action à outrance (avec les inévitables ralentis et tellement d’éléments qui viennent se coller au premier plan qu’on se demande pourquoi ce film n’est pas en 3D), du cliché national en veux-tu en voilà (les français mangent des grenouilles et boivent du vin, les allemands sont des grosses brutes et il y a toujours de la neige et des chalets en Suisse), et des bouts de scénario qu’un peu boiteux.

Il faut donc prendre ce film pour ce qu’il est, un blockbuster, un très bon même. Pas le genre de film inoubliable (le premier m’a bien plus marqué), mais un très bon film pop corn qui a un certain panache.

Il est vrai que sortie de la saison 2 de Sherlock (qui elle tire son atout de sa simplicité et de ses scénarios bien plus peaufinés), on peut se sentir un peu déçu. Heureusement, il y a de (très) belles têtes d’affiche, une très grande quantité de clins d’œil à l’œuvre de Arthur Conan Doyle, et une BO d’Hans Zimmer.