samedi 31 mars 2012

Challenge Anne McCaffrey

Logo par Ionah Bu

Oui je sais, j’avais dit que j’irais mollo sur les challenges cette année…

Mais je ne me voyais pas dire non au challenge organisé par Guillaume (Traqueur Stellaire) pour rendre hommage à Anne McCaffrey, décédée à la fin de l’année dernière.

Les romans d’Anne McCaffrey ont été mes premières lectures de SF au lycée, et si tous ses romans ne se valaient pas, je garde un souvenir très affectueux de la fresque gigantesque de science-fantasy qu’est la Ballade de Pern.

Avec la réédition en intégrale chez Pocket, j’étais déjà tentée par une relecture du cycle, mais maintenant j’ai une deuxième excuse pour m'y attaquer. Et peut-être relire la Transe du Crystal que j’avais aussi aimé à l’époque. Et peut-être m’intéresser à ses autres textes, qui sait.

Le challenge se déroule du 31 mars au 31 août, et pour les inscriptions et informations supplémentaires, c’est par ici.

vendredi 30 mars 2012

Plaguers - Jeanne A. Debats


Enfin, cadeau de Noël de 2010, je t’ai enfin fini ! Oui parce que si certains livres ont tendance à prendre la poussière sur mes étagères, j’essaye dans la mesure du possible de ne pas trop faire poireauter ceux qu’on m’offre. Surtout ceux de Noël, parce qu’il y a une certaine contradiction à réclamer encore des livres à Noël alors qu’on n’a pas fini les précédents !

Ce n’est ni la couverture (bien qu’elle soit superbe), ni le résumé (assez obscur) qui m’ont spécialement attiré vers ce livre à la base. Ce sont les premières lignes. Jeanne-A Debats a vraiment une belle plume, et même si j’ai trouvé son écriture moins particulière qu’elle ne l’était dans la Vieille anglaise et le continent, il ne m’a fallu que quelques phrases pour être happée dans l’histoire.

Parlons-en d’ailleurs de l’histoire… Nous sommes dans un futur relativement proche (les années 2200 je dirais, bien que j’ai plus de date exacte en tête), sur une Terre en bien mauvais état : polluée à l’extrême, la plupart des animaux et des plantes en ont disparu…

Dans ce contexte sinistre est apparu la Plaie : certaines personnes développent des dons étranges en rapport avec la nature (certains contrôlent un élément, d’autres peuvent créer et contrôler des animaux ou des plantes), on les appelle les Plaguers.

Comme dans toute bonne vieille société humaine, ils sont très mal vus et dès que leur don se manifeste, ils sont immédiatement repérés et enfermés dans des Réserves, coupées du monde. C’est ce qui arrive à notre narrateur, un lycéen fils d’homme politique qui fait jaillir de l’eau partout où il passe, et à Illya (une fille qui a subi un changement de sexe pour échapper à sa plaie, sauf que ça n’a pas marché et qu’elle le vit très mal) qui est envoyée en Réserve en même temps que lui.

Tout ça est un peu compliqué, mais l’auteure prend son temps pour l’expliquer et nous faire visiter son étrange futur. J’avoue être tombée assez vite sous le charme de cet univers car l’histoire se déroule sur Paris, et c’est assez marrant de découvrir cette extrapolation sur le futur de la ville.

Et puis il y a l’étrange havre de paix qu’est la Réserve, les dons des Plaguers (qui font plutôt rêver, je l’avoue) et leurs évolutions, la rencontre des différents habitants de la réserve (une belle galerie de personnages tous très vivants, et dont les relations sont touchantes et pleines d’humour), et le héros qui apprend et grandit (murit ?) au cours de l’histoire, tout en pataugeant du côté sentimental.

Oui je dis le héros, il a un prénom, mais sauf erreur de ma part (ce qui n’est pas impossible), il faut attendre à peu près trente pages pour le connaitre, du coup je ne l’ai même pas enregistré au premier abord ! En plus avec sa copine Illya dont il parle toujours au féminin alors que les autres parlent d’elle au masculin, j’étais tellement confuse au début que je ne savais même pas si notre narrateur était un homme ou une femme !

Mais je m’égare…J’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a happé de la première à la dernière page. C’est un texte assez atypique que j’aurais du mal à qualifier ou à rentrer dans une case, mais j’ai apprécié l’ambiance, l’univers, les personnages, l’histoire qui prend son temps… Plaguers est un très beau texte donc, plein de bonnes idées.

La conclusion est un peu étrange, mais à y repenser trois semaines plus tard, je la trouve plutôt judicieuse. Je l’ai lu un peu trop vite et il y a un peu trop longtemps pour développer un peu plus mon propos, mais vous l’aurez compris, c’est un chouette bouquin qui ne méritait pas de prendre autant la poussière !

CITRIQ

mercredi 28 mars 2012

Hunger Games - Gary Ross


C’est agréable de temps en temps d’avoir tort. Prenez l’adaptation d’Hunger Games par exemple, vu le tapage médiatique, je m’attendais à un navet (au mieux un nanar) du genre assemblé à la va vite par les studios en quête d’une nouvelle licence à exploiter, surtout que le roman, s’il se lit bien, ce n’est pas non plus la panacée.

Et bah que nenni, ma première pensée en sortant du cinéma a été « ah mais en fait c’est plutôt pas mal comme film ».

Je ne vous refais pas le topo sur l’histoire, sorte de croisement pas si improbable entre Battle Royale et la Star Academy, j’en ai déjà assez parlé dans ma chronique du livre. Il y a peu ou pas de différences entre le livre et le film, c’est assez surprenant même à quel point le film est fidèle. J’imagine qu’il y a moyen de chipoter sur les détails, mais globalement, le passage à l’écran se fait très bien.

On retrouve tous les protagonistes, bien dans leurs rôles, et l’univers est bien rendu, avec un contraste assez saisissant entre les districts qui semblent sortir droit des années 50 et le Capitole high-tech et ses habitants aux looks tous plus fous les uns que les autres. L’intrigue est respectée également, à ceci près qu’au lieu de suivre tout le temps Katniss, la caméra s’intéresse aussi à montrer l’extérieur de l’arène (comme l’arène est contrôlée, Haymitch et les sponsors, le district 12).

Du coup, c’est paradoxal (et assez exceptionnel pour être relevé), le film Hunger Games m’a paru meilleur que le bouquin.

Cela tient je pense au fait que les points forts du livre (l’intrigue haletante et l’univers malsain inspiré de la TV réalité) se retrouvent parfaitement dans le film, et profitent même du transfert à l’écran : tout l’aspect télévisuel de la chose (avec présentateur et mise en scène) ressort bien plus notamment.

Et d’un autre côté, le point faible du roman (ou en tout cas ce qui m’a le moins plu à la lecture), à savoir cette écriture pas fabuleuse, de surcroit au présent et toujours dans la tête de Katniss, s’efface au profit des images et d’un point de vue plus omniscient (certains passages y gagnent, notamment l’incendie où il est marrant de voir de « l’autre côté de l’écran »), et c’est une nette amélioration en ce qui me concerne.

Le film en lui-même, sans être transcendant, est de bonne facture : les acteurs s’en sortent bien, les décors sont chouettes, et la réalisation, sans être exceptionnelle, passe bien, si on laisse de côté certains passages carrément confus (la caméra sur l’épaule, faut oublier…).

Bref, malgré mes réticences, me voilà bien forcée d’admettre qu’Hunger Games est un bon petit film bien fichu et une adaptation réussie, un bon moment de cinéma donc. Du coup, ça m’a redonné envie de lire la suite. Je viens de la réserver à la bibliothèque, vous aurez vite de mes nouvelles.

Ce n’était pas franchement prévu au départ, mais du coup cet article sera ma dernière participation au challenge Adapte moi si tu peux !, couplé avec l’article sur le livre (j’écris des articles pour des challenges à mon insu, où va le monde je vous le demande ?).

lundi 26 mars 2012

Demain les chiens - Clifford D. Simak


Et une autre lecture du Cercle chroniquée avec un mois de retard, ça en devient presque une habitude… enfin si avec Chroniques du Pays des Mères, c’était parce que j’avais trop de choses à dire, dans le cas présent, c’est plutôt le contraire.

Demain les Chiens est un texte qu’on retrouve souvent cité comme classique de la SF, et à ce titre, je suis contente de l’avoir lu, mais il m’a définitivement manqué des éléments d’interprétation pour vraiment le comprendre (et l’apprécier).

Pourtant, l’idée de base est plutôt séduisante. Dans un monde dominé par les chiens, l’homme est réduit à une figure mythique qui n’apparait que dans les contes et les légendes. Notamment huit contes présentés et commentés dans le recueil que forment Demain les chiens.

C’est le genre de vrai faux texte d’étude que j’adore, avec la préface introductive et les commentaires dont on a bien du mal à voir le rapport avec les textes. D’ailleurs c’est vraiment l’aspect qui m’a le plus charmé dans ce livre, la forme est vraiment chouette.

Et puis j’ai trouvé aux nouvelles un charme désuet tout à fait agréable. C’est marrant parce que pendant notre lecture commune, beaucoup de membres du Cercle avaient du mal avec l’improbabilité du futur imaginé par Clifford D. Simak.

Moi ça ne m’a pas posé aucun problème, au contraire c’est quelque chose que j’adore. Il y a quelque chose de fascinant dans cette vieille SF où tout était encore à découvrir ou presque (on ne connaissait pas l’ADN, les fusées en étaient à leurs balbutiements…), et où du coup l’auteur se permet toutes les folies.

(A titre de comparaison je trouve qu’on reste presque trop rationnels maintenant qu’on a réussi à aller dans l’espace mais qu’on s’est rendu compte qu’on n’avait pas les moyens d’aller bien loin !)

Par contre, ce qui m’a laissée perplexe pendant toute la lecture, c’est que j’ai eu un peu de mal à voir où l’auteur voulait nous emmener avec ses propos. Les contes débordent d’idées souvent intéressantes même si dépassées, sur la perte de structure sociale et la disparition des villes, sur la peur du voyage, les avantages et les inconvénients de comprendre autrui, etc.

J’ai bien repéré quelques motifs récurrents, non dénués d’ironie d’ailleurs, quand on pense notamment au robot qui veut toujours bien faire et dont les actions sont finalement discutables, ou à cette famille d’humains dont on suit les traces et qui sauvent l’humanité autant qu’ils la conduisent à sa perte.

Mais je suis sortie un peu déçue de ma lecture, faute de tout saisir. En fait je me dis que c’est le genre de texte qui se lirait bien en cours (à condition d’avoir un prof sensible à la SF), et ça aurait été absolument génial car j’aurais eu des explications.

Bref je suis contente de l’avoir lu (c’est un classique quand même, et j’ai bien aimé la forme), mais je ne saurais vous le recommander ou non. Comme je vois pas mal d’avis enthousiastes sur le net, je me dis qu’il faudra peut-être que je le relise, à un autre moment (par exemple un mois où je ne suis pas autant dans le cirage !) et avec des éléments d'analyse sous le coude.

Avis des autres atuaniens : Endea, Olya, Rose, Spocky, Yume

CITRIQ

samedi 24 mars 2012

Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows


Une petite pause littérature générale entre deux bouquins de SF, c’est fort agréable de temps en temps, et cela faisait bien longtemps que j’envisageais de lire ce titre vu les bons retours que j’avais dans mon entourage. Cela m’a donc bien arrangé qu’une amie me l’offre !

Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates est un roman épistolaire se déroulant en 1946, juste après la Seconde Guerre Mondiale. Il nous raconte l’histoire de Juliet, auteure cherchant un sujet pour son prochain roman, qui va se retrouver par le plus grand hasard avec un habitant de Guernesey, qui va lui faire découvrir l’étrange histoire du Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates.

(C’est la dernière fois que je l’écris en entier, la prochaine fois vous vous contenterez de Le Cercle littéraire…, et encore ce n’est qu’une version simplifiée, la dénomination exacte dans le livre est « Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey »)

J’avoue que je ne savais pas trop quoi à m’attendre en attaquant ce texte, mais je suis vite tombée sous son charme : ce récit épistolaire est frais, vivant et émouvant.

C’est « encore » un livre sur la vie pendant la Seconde Guerre Mondiale (j’avoue en avoir tellement lu au collège et au lycée que je frise l’overdose sur le sujet), mais il sort des sentiers battus en commençant par parler de l’après-guerre et de la reconstruction.

J’ai trouvé ça très intéressant, et du coup je n’ai même pas tilté quand les lettres ont commencé à rentrer dans le vif du sujet, à savoir l’occupation allemande de Guernesey, et comment ses habitants l’ont vécu (le Cercle littéraire étant lié à tout ça, bien sûr).

J’ai beaucoup apprécié le fait que l’histoire n’est pas manichéenne au point d’avoir les gentils anglais d’un côté et les méchants allemands de l’autre, et il y a des passages absolument poignants (j’ai failli me retrouver à chialer dans le métro, remarquez ça change de ces moments où je rigole toute seule sur mon livre).

Et puis j’ai bien aimé comment la littérature s’insère dans cette histoire, comment elle sauve la vie d’une partie des habitants (très concrètement, ça n’est pas à prendre dans le sens « ce roman a complètement changé ma façon de penser »), qui se retrouvent, alors que ce n’est clairement pas leur habitude, à lire et commenter des textes.

Même s’il me manque une bonne partie des références littéraires en question pour apprécier leurs lettres, c’est à la fois marrant et touchant de les voir expliquer leur rapport à la lecture, qui se réduit souvent à un auteur, voir un seul livre, et comment cela s’accorde à leur vie.

En fait, si j’ai accroché à l’histoire, c’est que ce roman m’a beaucoup fait pensé à Papa-Longues-Jambes, à cause du format épistolaire, mais aussi de la principale protagoniste, Juliet, dont le ton juste et plein d’humour m’a beaucoup rappelé celui de Judy Abbott (et puis elles sont toutes deux écrivaines, travaillent toutes les deux sur des textes dont on entend parler au travers des lettres sans jamais les lire, et je vais m’arrêter là, la liste des parallèles est longue).

Bref, Le Cercle littéraire… est une très chouette lecture, qui se dévore qui plus est. Je comprends mieux son succès, c’est un texte susceptible de plaire à un grand nombre de gens (je me suis dépêchée de faire cette chronique pour pouvoir le passer à ma tante par exemple), sans pour autant qu’il soit formaté.

Le seul défaut que je lui trouverais (parce que j’aime chercher des poux aux best-sellers), c’est que certains échanges épistolaires semblent parfois un peu trop artificiels (comme si on les avait délibérément ajoutés pour donner du corps à l’intrigue), mais c’est plus du pinaillage qu’autre chose. C’est un livre qui vaut la peine d’être découvert en tout cas.

jeudi 22 mars 2012

Découvrir la littérature de science-fiction à la BnF

Lundi, j’ai fait l’école buissonnière (ou la bibliothèque buissonnière plutôt) pour aller assister à un atelier à la BNF sur la Science-fiction avec Tigger Lilly. L’occasion ne se présente pas souvent, je n’allais pas la laisser passer !

Au programme, ni cours sur la SF, ni contemplation de premières éditions de Jules Verne (j’aurais bien aimé ceci dit, l’illustration sur le site de BnF est sacrément trompeuse ^^), mais un parcours des collections de SF française des années 50 à nos jours.

L’atelier était assuré par un bibliothécaire féru du domaine qui après un petit historique de la SF en France (qui fait bien prendre conscience de la jeunesse de ce genre, les premiers collections de SF remontent aux années 50, pas avant) nous a présenté les grandes collections françaises.

Cela permet de mettre des images et des auteurs sur des collections qu’on connait de nom ou qu’on croise de temps en temps chez les bouquinistes : le Rayon fantastique, Anticipation, le Club du livre d’anticipation… avec des politiques éditoriales très différentes selon les éditeurs et les directeurs de collection.

Je ne résumerais pas mes treize ( !) pages de notes prises sur mon petit carnet, mais c’est intéressant de voir que très tôt on avait des collections qui se voulaient de « haut niveau » (comme Présence du Futur, Ailleurs & Demain), avec le choix délibéré de faire du grand format plus cher mais de meilleure qualité (le Club du livre d’Anticipation chez Opta, disponible uniquement en souscription) tandis que d’autres se voulaient très populaires (Anticipation chez Fleuve Noir).

Ca n’a pas trop changé à l’heure actuelle, pas plus que le fait que certaines collections vivent essentiellement de la réédition de quelques titres phares (Chroniques Martiennes a longtemps été la vente la plus rentable de Présence du Futur, et je suis sûre que c’est encore le cas aujourd’hui pour Folio SF, si je me souviens bien des derniers chiffres de Livre Hebdo).

J’ai noté quelques références qui m’ont bien fait envie, notamment les séries comme la Grande anthologie de la SF au Livre de Poche (des anthologies sur un thème), ou le Livre d’or de la SF chez Pocket (des recueils de nouvelles généralement sur un auteur, avec une bibliographie incluse), qui ont l’air d’être des vrais coffres à trésor.

Bref c’était une rencontre très intéressante, et pendant que nous faisions tourner certains livres autour de la table j’en ai profité pour noter quelques références, notamment un Temps du twist de Joël Houssin au concept plus qu’alléchant (mais sérieusement allumé !).

Donc si vous avez l’occasion, sachez que deux autres ateliers ont lieu en avril et en mai. Ce n’est pas bien pratique, le lundi après-midi, mais c’est l’occasion de prendre l’air le temps d’un après-midi dans nos mondes imaginaires favoris !

Un autre compte rendu chez Tigger Lilly

mardi 20 mars 2012

Top Ten Tuesday (4) : Les 10 livres pour lesquels vous seriez prêts à vous mettre à la VO pour connaître la suite


Ces derniers temps, il y a deux trois Top Ten Tuesday (qui sont, si vous ne savez pas encore, est une initiative lancée par The Broke and the Bookish, et reprise en version française par Iani) qui me tentaient bien, mais comme je m’y mets toujours le mardi soir, le temps que je rassemble mes idées et que je rédige, on est déjà mercredi (voire pire)

Du coup, cette fois-ci, je prends de l’avance, j’ai même fait quelques recherches pour préparer ma petite liste des :

Les 10 livres pour lesquels vous seriez prêts à vous mettre à la VO pour connaître la suite

Bon je vais n’en faire qu’à ma tête cette semaine, je vais couper ce Top Ten en deux, avec d’abord les cinq livres pour lesquels je me suis effectivement mise à la VO :

1. Harry Potter – J.K. Rowling

Ma toute première lecture en VO était le tome 5, l’Ordre du Phénix, lu en moins de 24h en m’appuyant à peine sur mon dictionnaire et un lexique HP. Sur la fin je dévorais tellement que je suis passée à côté de la mort de Sirius (heureusement les cris de Harry en majuscule m’ont aidé à remarquer que j’avais raté quelque chose !).

2. L’Assassin Royal – Robin Hobb

Quand j’ai commencé à lire la suite de l’Assassin royal (The Tawny Man en VO), tout n’était pas traduit, du coup je me suis retrouvée très frustrée arrivée aux Secrets de Castelcerf. A l’époque, j’habitais juste à côté de la librairie W.H. Smith à Paris, du coup, en allant y faire un tour, j’ai déniché le 2e tome de cette trilogie (qui contenait donc les Secrets de Castelcerf et sa suite), et j’ai enchainé sur la conclusion (l’énorme Fool’s Fate).

3. Les Monarchies divines – Paul Kearney

Encore une conséquence directe de ma proximité avec W.H Smith. J’ai découvert cette série en poche chez Points Fantasy, j’ai tellement aimé le premier tome que j’ai investi dans les grands formats des Editions du Rocher, et j’ai lu les deux derniers volumes en VO (avec ces batailles épiques où j'en oubliais de respirer, dommage que ça finisse en queue de poisson). C’est la lecture qui m’a découragé de terminer aussi les Aventuriers de la Mer en anglais, vu que je pigeais pas un mot aux batailles navales.

4. Papa-Longues-Jambes – Jean Webster

Quand j’ai lu ce livre dans ma jeunesse, j’ai appris en lisant la postface (ou la préface ?) qu’il existait une suite, et forcément, j’ai voulu la lire. Je me rappelle très bien l’avoir demandé à mon libraire, qui avait regardé à l’époque sur son minitel (oui je sais ça date), et n’avait rien trouvé. Avec Internet et une carte bleue, c’est bien plus facile de le dénicher cette fameuse suite, Dear Enemy (qui n’était pas si bien que ça d’ailleurs, tout simplement parce que Judy n’y faisait que de la figuration).

5. Tout nouveau livre de Neil Gaiman

Ce ne sont pas des suites à proprement parler, mais dès que j’ai commencé à les trouver en librairie en France, j’ai commencé à lire ses dernières œuvres en VO : Fragiles Things (où je n’ai pas compris la moitié des textes), Interworld (que j’ai lu sans difficulté), Odd and the giants of ice (idem, en même temps vu la taille d'écriture...), The Graveyard Book (sur lequel j'ai pris mon temps au début, avant comme d'habitude d'accélérer et de ne rien suivre), et ses albums jeunesse non traduits. Ceci dit je rachète tout en VF, car son écriture est tellement riche que je suis loin de tout saisir en VO.


Et puis, histoire de se projeter un peu, voilà les cinq livres pour lesquels je me mettrais bien à la VO, mais que c’est encore en projet :

6. L’histoire de la Terre du Milieu – J.R.R. Tolkien

Parce que la suite n’est pas prévue pour tout de suite en vf, et vu qu’il s’agit des volumes qui concernent l’écriture du Seigneur des Anneaux, ça ne m’intéresse que d’autant plus de les lire. Mais je fais une pause là.

7. Le protectorat de l’ombrelle – Gail Carriger

Parce que j’aimerais bien connaitre la suite plus vite, mais c’est un coup à me retrouver avec la VO et la VF, de préférence avec autant de grands formats que de poches, alors vu que la traduction se fait assez rapidement, je préfère attendre la VF (et puis je ne les ai jamais croisé en librairie en plus).

8. Le cycle des Seuils – Stephen R. Donaldson

Stephen R. Donaldson a été un de mes auteurs favoris à une époque, si bien que j’ai lu tout ce qui avait été traduit en français. J’ai donc été très déçue de ne jamais avoir la fin de son très sombre space-opera (au sens propre, il s’appuie sur Wagner), le Cycle des Seuils. Un jour, je prendrais mon courage à deux mains et je lirais les deux derniers tomes en VO.

9. La Symphonie des Siècles – Elisabeth Haydon

A l’époque où j’ai lu cette série de fantasy, j’aurais bien continué à suivre les aventures de Rhaspody, d’autant plus que je voyais de temps en temps passer les éditions anglais en occasion à Gibert. Mais je pensais que Pygmalion continuerait à traduire, et le temps passant, je n’étais plus aussi pressée de connaitre la suite.

10. Et tant d’autres…

Non parce qu’en fait je pourrais vous faire une liste longue de 15 pieds. 
Il y a les auteurs dont trop peu de titres ont été traduits en français et dont j’aimerais lire les autres œuvres, comme Daniel Keyes, Tanith Lee ou Robin McKinley. 
Il y a les romans de licence pas forcément traduits (Star Wars, Doctor Who, Dragon Age).
Et je lorgne aussi du côté du troisième volume d’Abarat, annoncé pour bientôt en VO, et qu’il faudra sûrement attendre un certain temps en VF (et ne parlons même pas du poche, si je ne veux pas dépareiller ma collection !).

En fait, deux choses m'empêchent de le faire systématiquement. D'abord même à Paris, ce sont des titres qu'on ne trouve pas forcément en librairie anglaise, il faut donc souvent les commander sur Internet. Et puis même si lire en anglais ne me dérange pas (je lis sans dictionnaire, c'est dire), je relis beaucoup moins facilement, et pire, si le livre sort en français, je le rachète en VF (parce que c'est quand même moins fatiguant et j'apprécie mieux les détails), donc bonjour les dépenses !

samedi 17 mars 2012

Béhémoth (Léviathan 2) - Scott Westerfeld


Bon j’ai encore des tonnes de chroniques en retard à rattraper, mais on va commencer par la fin, tant que mes impressions de lecture sont encore fraiches sur certains (pour les autres, un mois de plus ne fera pas de différence !). En plus j’ai la deadline de la fin du Winter Time Travel pour celui-là, la meilleure des excuses !

Perspicaces que vous êtes, vous avez sûrement comprend que ce Béhémoth n’est autre que la suite de Léviathan, roman lu en janvier. Je vous renvoie donc à l’article sur le sujet si vous voulez une présentation de l’univers.

Béhémoth reprend là où Léviathan s’était arrêté, avec Alek et Deryn à bord du Léviathan, en route pour Istanbul afin d’y délivrer sa mystérieuse cargaison d’œufs. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’histoire démarre sur les chapeaux de roues, l’auteur pouvant s’économiser désormais une fastidieuse introduction.

Si le premier tome m’avait un peu déçue par son côté trop jeunesse et son intrigue un peu molle, Béhémoth compense largement les défauts du premier. On ne s’y ennuie pas une seconde, à tel point qu’il a été très dur de me tenir au découpage de la lecture commune et de ne pas avaler le roman d’une traite.

Les personnages gagnent en maturité : Alek prend son indépendance et mûrit doucement à force de rencontres avec d’autres personnes, tandis que Deryn, toujours aussi débrouillarde, gère avec difficultés ses sentiments pour Alek (et oui c’est ça aussi de grandir, gérer ses hormones à la noix ^^).

L’univers aussi, la situation politique à Istanbul est complexe et tendue (autant que l’est la ville en elle-même à l'époque), et l’auteur arrive parfaitement à la mettre en scène, pour donner une intrigue touffue (bien qu’elle soit relativement linéaire au final) plaisante à suivre, d’autant plus qu’elle est riche en très belles scènes d’action très visuelles (ça claquerait sur un écran de cinéma, pour sûr !).

D’ailleurs, en parlant de visuels… Béhémoth ne serait pas aussi bon sans les magnifiques illustrations de Keith Thompson, extrêmement détaillées, occupant parfois des doubles pages à juste titre et mettant merveilleusement bien en image les inventions steampunk de Scott Westerfeld, et la ville d’Istanbul ainsi relookée (les mécanopodes orientaux sont juste sublimes).

Bref, faisant oublier sans mal les défauts du premier tome, Béhémoth est une très chouette lecture, et on ne peut que réclamer à cor et à cri le troisième volume, Goliath, qui ne sort qu’en septembre et nous promet une nouvelle tranche d’aventures passionnantes !

Lecture commune réalisée avec : Anudar, Endea, Shaya, Spocky

A noter que ce volume comprend lui-aussi une postface très intéressante de l’auteur expliquant le caractère uchronique de l’histoire (et explique la vraie situation de l’empire ottoman en 1914), ce qui va me permettre d’arriver à deux participations sur le Winter Time Travel !

CITRIQ


dimanche 11 mars 2012

Chroniques du Pays des Mères - Elisabeth Vonarburg


J’étais très contente que ce livre ait été retenu pour la lecture du mois de janvier du Cercle d’Atuan, car il s’agit d’un de mes romans fétiches, que je ne me lasse jamais de relire. En plus, cela me donnait l’occasion de dépoussiérer ma chronique sur le sujet, que je trouvais bien trop succincte à mon goût.

Le problème, c’est qu’une fois le livre relu, malgré de très riches discussions sur le forum, impossible de rassembler correctement mes idées pour réécrire ma chronique. Un article avec une gestation difficile donc, mais après un mois et demi, il était temps de le terminer.

Chroniques du Pays des Mères se déroule sur Terre, dans un futur lointain. Les hommes se sont détruits mutuellement, sans doute à coup d’arme atomique/bactériologique/etc., laissant de nombreux endroits inhabitables du fait de la pollution, et affectant l’espèce humaine elle-même.

En effet, il nait bien plus de filles que de garçons. Bien avant notre histoire, les hommes ont fait de ce problème un prétexte pour asservir les femmes, ce fut le temps des Harems. Puis celles-ci se sont révoltées, les victimes sont devenues les bourreaux, et ce fut le temps des Ruches.

Celles-ci disparurent au profit du non-violent Pays des Mères, époque durant laquelle se déroule notre histoire. On y vénère une figure divine, Elli, et sa fille deux-fois-morte-deux-fois ressuscitée, Garde. La gente féminine est toujours aussi omniprésente (et les hommes toujours mis à l’écart bien que mieux traités qu’à l’époque des ruches). Hommes et femmes vivent plus ou moins séparés, selon les communautés, certaines étant plus traditionalistes que d’autres.

La perpétuation de l’espèce est une telle obsession qu’elle en organise complètement la vie des personnes. Les femmes sont des Vertes dans leur adolescence, des Rouges quand elles sont en âge de porter des enfants (période où elles vont –doivent même- porter un enfant tous les deux ans grâce aux miracles de l’insémination artificielle), puis des Bleues.

Voilà les grandes lignes de cet univers dans lequel évolue l’héroïne de l’histoire, Lisbeï, dont on suit les traces de ses premières années à la garderie jusqu’à ses derniers jours.

J’avoue être tellement fusionnelle avec ce livre que j’ai toujours de la peine à en parler, sous peine de s’en tenir à des platitudes, ou bien de partir dans des dissertations de quinze pages. C’est sans doute à cause de Lisbeï.

Ce n’est pas si courant que ça, de lire une histoire, et de se reconnaitre autant dans un personnage. On trouve parfois des comportements qui nous rappellent notre entourage ou nous-même sur certains points, mais dans le cas de Lisbeï c’est presque tout le personnage qui m’est proche.

Sa passion pour l’Histoire et pour toutes les histoires (contes, mythologies…), et la façon dont elles se raccrochent à la grande Histoire, sa manière de voir le verre à moitié plein et à moitié vide en même temps… Il y a tant de petits détails à propos d’elle qui me parlent que je suis à chaque relecture happée par l’ouvrage (et du coup chaque relecture devient très voir trop personnelle).

Mais il n’y en a pas que pour mon nombril, rassurez-vous.

La forme est très importante dans ce roman. Le titre de « Chroniques » n’est pas volé, et entre des passages de narration classique à la troisième personne s’intercalent des extraits de lettres et de journaux.

Au début, leur rôle est avant tout utilitaire, ils servent à fournir des explications et un arrière-plan qu’une Lisbeï de six ans ne pourrait expliquer. Mais très vite, ils donnent l’occasion à Lisbeï de s’exprimer avec ses propres mots, avec tout un jeu d’aller-retour entre le passé et le présent par le biais de ses journaux (c’est ainsi qu’on trouve des extraits de ses écrits à Warenberg bien avant qu’elle ne s’y rende, mais on réalise cela à la relecture en général).

Toute l’écriture d’Elisabeth Vonarburg joue d’ailleurs sur des va-et-vient de toute façon qui font que j’apprécie toujours plus ses textes à la relecture, avec du recul. J’ignore pourquoi la plupart de ses romans sont comme ça (peut-être qu’elle écrit peut-être ses romans à l’envers, allez savoir), mais quand on s’y habitue, c’est un style très agréable à lire.

Avec tout ça, je ne vous ai pas franchement parlé de l’histoire en elle-même. Il y a tellement d’aspects dont je pourrais vous parler, mais je vais tâcher de me tenir afin de ne pas finir avec plus de deux mille mots.

L’univers du Pays des Mères, en soit, est fascinant à découvrir. Il apparait d’abord comme très hiérarchisé et un peu froid au premier abord : les femmes sont catégorisées en fonction de leur capacité à procréer, les familles s’échangent leurs hommes presque comme des marchandises, la tradition pèse lourdement sur tous.

Mais c’est parce qu’on entre dans ce monde par le biais de Béthély, une Capterie relativement traditionnaliste. On découvrira ensuite des lieux bien différents, où l’on retrouve par exemple des vraies cellules familiales.

Ce qui est chouette, c’est que l’univers ne se contente pas d’être décrit par nos mots à nous, on le perçoit au travers même de l’écriture. En effet, grande spécificité de ce roman, univers féminin oblige, le féminin domine dans les accords. On parle d’enfantes, de chevales, et on dit « elles » pour un groupe, même s’il comprend un homme.

Cela finit par imprégner complètement le cerveau, au point que j’avais tendance à employer le féminin par défaut lors de nos discussions sur le forum !

Avec un univers pareil, il serait tentant d’imaginer un roman ultra-féministe lourdingue, et pourtant, il n’en n’est rien. Si on devait lui coller une étiquette, je dirais que c’est un roman humaniste.

En effet, il parle de l’humanité (hommes et femmes inclus), une humanité qui tente de survivre après le Déclin qui a bien failli la détruire (sans parler des âges sombres qui ont suivi), de se reconstruire, et de vivre en harmonie, ce qui est tout sauf facile (on le voit sur le côté un peu absurde d’une société où la violence est prohibée, mais qu’on apprend quand même à se battre parce que « parfois il faut »).

C’est un livre qui interroge aussi beaucoup sur le statut des femmes et des hommes (entre ces mères qui n’en peuvent plus de ces grossesses à répétition dont la moitié se terminent sur des fausses-couches, et ces pères qui voudraient eux connaitre leurs enfants), et sur les relations humaines (qu’il s’agisse d’amour, d’amitié, de famille, voir tout ça en même temps, avec des personnes de sexe différent ou de même sexe).

Tout cela, on l’observe via une très belle galerie de personnages qui gravitent autour de Lisbeï. Après plusieurs relectures, je me rends compte que je les aime finalement tous : Tula, tellement fusionnelle avec Lisbeï qu’on l'aime et qu’on la déteste à la fois, Antoné et Mooreï, deux facettes très différentes sur la question religieuse qui s’assemblent à la perfection, Selva très froide, dont on perçoit les souffrances intérieurs et le jeu délicat du progrès qu’elle mène… et encore, il ne s’agit que des premiers personnages rencontrés.

Je pourrais vous parle de Kélys, de Guiséia et de Toller, de Fraine, d’Ysande, de Dougall et de tant d’autres. J’ai toujours Myne, si silencieuse et si discrète dans un coin de ma tête, avec son terrifiant « Parfois il faut ».

Et puis ce roman est aussi une très belle ode à l’Histoire et aux histoires, et à la recherche du passé. Une grande partie de l’intrigue repose sur cette quête (via l’étude d’anciens documents de la découverte de sites archéologiques) absolument fascinante à suivre (pour tous les passionnés d’histoire ou d’archéologie).

Outre l’amusement induit par ces recherches d’un passé qui nous semble très actuel à nous (un fragment d’ancien conte cité à un moment n'est autre que Le Petit Prince), il y a tout un jeu sur comment l’Histoire se transforme au travers du temps, en fonction des fragments qu’on en conserve (volontairement ou non), et comment on les réinterprète à sa façon, comme en témoignent ces contes à la trame toute familière, ou toute la religion d’Elli qui ressemble à un christianisme féminisé.

Bref, vous l’aurez compris, pour moi, les Chroniques du Pays des Mères est un des plus beaux romans qu’il m'ait été donné de lire, et je ne me lasse jamais de le relire. Je suis toujours surprise de la densité de ce roman, qui en à peine six cents pages, fait le tour d’un univers, et sait se montrer est prenant, émouvant et intelligent à la fois.

Je suis étonnée (et un poil déçue, même si je comprends tout à fait la raison) qu’il n’y ait aucune suite (ce roman étant lui-même la suite -lointaine- du Silence de la Cité), c’est peut-être le seul défaut qu’on pourra reprocher (et encore) à l’auteur.

Ca, et quelques thématiques qui peuvent mettre mal à l’aise (Elisabeth Vonarburg adore parler d’inceste notamment). Ceci dit j’ai trouvé assez intéressant du coup les discussions que cela a déclenché pendant la lecture sur le forum. Jusque-là j’avais plutôt tendance à ranger les éléments gênants dans un coin de ma tête jusqu’à qu’ils ne me dérangent plus à force de relecture, c’est beaucoup plus intéressant de confronter les opinions à ce sujet.

Bon j’ai passé le cap des 1500 mots, il est grand temps de refermer cette chronique, en vous invitant une fois encore, si vous n’avez jamais eu l’occasion, à lire ce livre qui est pour moi un des meilleurs livres de SF que je connaisse (et même un des meilleurs livres que je connaisse, toute distinction de genre laissée de côté). Une petite citation pour conclure, qui caractérise bien Lisbeï, et le livre en lui-même :
Un jour, elle aurait toutes les réponses à toutes les questions et posséderait alors le même pouvoir que les Rouges ou les Bleues des tours. Mais les réponses, c'étaient comme les lucioles quand on arrive à les attraper : leur lumière s'éteint ; et il y a toujours une autre luciole qui s'allume juste un peu plus loin.
 Avis des autres atuaniens : Neph, Olya, Tortoise, Yume, Zahlya

CITRIQ


Et puis c’est du post-apo, voilà qui me donne l’occasion de participer à nouveau au challenge Fins du monde de Tigger Lilly !


vendredi 9 mars 2012

Le Clairvoyage - Anne Fakhouri


On a toujours de très bonnes raisons de choisir un roman sur l’étagère : belle couverture, titre ou résumé aguicheur, auteur fétiche, recommandation d’un ami… et puis des fois on a des raisons absolument ridicules.

Tenez pour celui-ci, l’une des principales raisons de mon choix est nombriliste au possible. C’est que l’héroïne porte le même prénom que moi. Quand j’étais petite, ça me perturbait un peu d’avoir un prénom pas courant (enfin comparé à mes copines qui s’appelaient toutes Lisa ou presque), du coup je trouvais ça extraordinaire de trouver des personnages de romans qui s’appelaient Clara. Et je n’ai jamais franchement perdu l’habitude.

Le Clairvoyage commence comme la plus classique des histoires : Clara vient de perdre ses parents dans un accident de voiture, et est envoyé vivre chez son oncle mystérieux. Dans cette maison étrange où de nombreuses pièces lui sont interdites, elle découvre peu à peu une famille très étrange pour qui fées et fantômes font partie de l’environnement naturel.

En toute sincérité, je ne suis pas sûre d’avoir compris grand-chose à l’intrigue (la quatrième de couverture est presque plus explicite que le roman), mais c’est sans doute parce que j’étais un peu trop sous le charme de l’écriture d’Anne Fakhouri pour prêter réellement attention à l’histoire.

C’est un roman avec une belle atmosphère, une très belle même, avec cette étrange maison, ces membres de la famille tous plus siphonnés les uns que les autres en apparence, ces séquences dont on ne sait plus trop si elles sont rêve ou réalité (notamment la poupée qui parle).

C’est le genre d’histoires de fées que j’aime, avec des fées plutôt cruelles, une mythologie bien maitrisée, et une ambiance tellement onirique dans laquelle on peine à distinguer le réel de l’irréel.

Mais tout seul, ça ne suffirait pas forcément à me faire aimer le texte. Ce qui m’a vraiment plus, c’est que le Clairvoyage cache dans son histoire de fées un drame familial comme tout le monde en connait : des fratries fâchées à cause d’un incident à une fête de famille, un mariage mal perçu par l’entourage, des enfants orphelins, de lourds secrets jamais révélés…

On trouve tout un tas de variations dans ce genre dans ce roman, et cela lui donne une belle profondeur (ainsi qu’à l’ensemble des personnages, qu’on perçoit mieux, unis qu’ils sont par des liens plus ou moins proches).

Du coup, on oubliera l’intrigue assez obscure, d’autant plus qu’il est facile de se laisser porter par une écriture pleine de poésie et de musique, avec des passages qui vont droit au cœur.

Il y a une suite (nécessaire, après tout l’histoire commence à peine à la fin du Clairvoyage), la Brume des jours, je la lirais donc dès que j’aurais mis la main dessus (et moyennant que j’écluse un peu ma PàL, soyons sérieux).
« Tu dis souvent ça. C’est triste. Ben non, Clara, c’est pas triste. C’est la vie, non ? Les gens meurent ou disparaissent. Les autres s’en souviennent. Même la mort de tes parents en soi n’est pas triste, parce que tu t’en souviens. Tu l’as dis toi-même. Ce qu’il y a de plus triste, c’est de ne plus avoir de souvenirs. »
CITRIQ