mercredi 30 janvier 2013

Roi du matin, reine du jour - Ian McDonald


Lecture du mois de janvier sur le Cercle d’Atuan, Roi du matin, reine du jour est le premier roman de Ian McDonald que j’ai eu l’occasion de lire (jusque là j’avais un peu peur de tenter l’aventure), et je ne l’ai pas regretté. Ce roman de fantasy est absolument fascinant, évoquant un croisement entre un très bon roman de fantasy urbaine et La forêt des mythagos de Robert Holdstock.

Le roman met en scène trois femmes vivant à trois époques différentes. La première, Emily, fille d’un astronome, est littéralement fascinée par les fées. Jessica, la seconde, est une jeune femme très violente verbalement, qui semble se battre avec le monde pour mieux ignorer ses démons intérieurs. Quant à Enye, la troisième, elle ne semble guère plus saine d’esprit, sortant la nuit pour tuer des monstres fantastiques à coup de sabre.

Raconté comme cela, cette trame narrative ne ressemble à rien. Pourtant, à la lecture, les trois histoires s’emboitent à la perfection, pour former un roman fascinant qui nous fait traverser tout le XXe siècle et explorer avec talent le monde des mythes et des croyances.

Je parlais de Holdstock dès mon introduction, cela n’a rien d’un hasard, car Roi du matin, reine d’un jour est le premier roman que je lis qui m’évoque autant La forêt des mythagos dans sa façon extrêmement « crédible » d’expliquer l’origine des créatures fantastiques et des mythes (enfin du moins pour toute personne fascinée par le pouvoir des mots et des histoires).

Du coup, cela donne une fantasy certes très présente par le biais de tout son bestiaire (des fées, des guerriers mythiques, des simili-magiciens et même un semblant de loup-garou), mais une fantasy subtile et légère, qui n’y va pas avec ses gros sabots, ce qui est particulièrement appréciable à mes yeux. Et ce n’est pas la seule qualité de ce livre, loin de là.

J’ai également beaucoup apprécié la façon dont Ian McDonald construit ses personnages. Ses trois personnages principaux auraient dû logiquement me porter sur les nerfs, vu leurs caractères respectifs, et pourtant je me suis surprise à toutes les aimer.

Ce sont en effet des personnalités complexes, de jeunes adultes qui se cherchent, et qui sous des façades pleines d’assurance se révèlent souvent complètement en vrac à l’intérieur (soyons honnêtes, elles sont toutes un peu folles aussi, mais elles ont leurs raisons). Bref ce sont trois belles héroïnes féminines, qui viennent souvent avec un beau casting de seconds rôles (j’ai beaucoup aimé Gonzague et Tirésias, et la famille d’Enye où tout est dans le non-dit).

Et puis, il faut le dire, ce livre est merveilleusement écrit. La première partie, recueil d’extraits de journaux personnels, de correspondance et autres documents, est un petit bijou de narration alternative. Quant aux deux autres parties, si elles reviennent à un mode de narration plus convenu, elles n’en sont pas moins très agréables à lire, avec tous les liens subtils entre les parties qui rendent la lecture plutôt didactique.

Certains passages sont sublimes, touchants, mais à ce sujet, je vous invite à me croire sur parole, j’étais tellement prise dans l’histoire que j’en ai complètement oublié de relever des citations !

Pour moi qui peine un peu sur la fantasy ces temps-ci, ce genre de texte est une bénédiction. Porté par une très belle écriture, intelligent, s’éloignant des stéréotypes tout en s’en moquant parfois discrètement (il suffit de voir l’épilogue), Roi du matin, reine du jour me rassure : il y a encore de bons textes de fantasy à découvrir, des choses différentes, qui seront susceptibles de me toucher.

Vous l’aurez donc compris, ce roman a été un gros coup de cœur pour moi (le premier de l’année !), et il ne fait nul doute que je vais m’intéresser aux autres textes de cet auteur. Si vous avez des suggestions de titres à lire en priorité, d’ailleurs…

Avis des autres atuaniens : Julien, Lorkhan

CITRIQ

lundi 28 janvier 2013

Django unchained - Quentin Tarantino


Cela faisait un petit moment que je n’avais pas eu l’occasion de retrouver Quentin Tarantino au cinéma. Autant j’avais adoré Kill Bill, autant son Boulevard de la Mort ne m’avait que peu inspiré (peut-être à cause du format adopté en France, j’aurais préféré la version américaine couplée au film de Robert Rodriguez je pense), du coup j’ai volontairement zappé Inglorious Basterds.

Mais son dernier film me faisait envie, car Tarantino cite tellement l’univers des westerns dans ses films (ne serait-ce que dans les BO) que j’avais très envie de voir ce que cela pourrait donner, de le voir en réaliser un « vrai ».

Django unchained nous raconte l’histoire de Django (quelle surprise), un esclave libéré par un chasseur de primes (le Dr. Schultz) en échange de son aide pour traquer des criminels. Touché par son histoire, le Dr. Schultz décide de l’aider à libérer sa femme, via de belles embrouilles, en laissant une belle trainée sanglante derrière eux (film de Tarantino oblige).


Film de Tarantino oblige également, on a le droit à des dialogues de haut vol, un scénario qui revisite allègrement les poncifs du genre (recherche de criminels, vengeance, embrouilles…), et une esthétique de la violence assez particulière.

J’ai tendance à la qualifier de gratuite, ce qui n’est pas le terme idéal. En fait c’est une violence qui sonne faux, avec des corps qui volent dix mètres derrière et du sang qui gicle dans tous les sens, du coup on en rigole plus qu’autre chose. Ceci dit ce n’est pas la seule forme de violence que contient ce film, et c’est ce qui est un peu perturbant.

En effet, Django unchained est un film vraiment étrange, qui joue d’un côté la carte d’un western (un divertissement somme toute), mais aborde en même temps la difficile question de l’esclavage, avec une vision sans concession de ce pan sombre de l’histoire, et pour le coup une violence beaucoup plus brute, réaliste, choquante.


Du coup on alterne entre des moments assez jouissifs (comme l’arrivée dans la première ville de Django et du Dr. Schultz par exemple) et d’autres qui mettent plus que mal à l’aise (surtout quand Calvin rentre en scène). C’est très bizarre, et même si globalement je suis contente d’avoir vu ce film, je suis incapable de me faire un avis concret dessus, je travaille encore la question.

Ceci dit, pour ce qui est de la forme, si j’ai trouvé le film un peu long (2h45 !) et la fin un peu insatisfaisante à mon goût, il faut reconnaitre que c’est un film bien fichu, truffé de références (qui m’échappent pour la plupart vu ma méconnaissance des western, à part ceux de Sergio Leone), avec une BO épatante (avec plein de vieux Ennio Morricone notamment).

Rien que la galerie d’acteurs vaut le détour. Jamie Foxx (Django) est très impressionnant, de même que Christoph Waltz dans son rôle de Docteur allemand aimant les belles phrases. Mais surtout, je vous avoue avoir adoré Dicaprio qui s’y entend vraiment à merveille pour jouer les ordures. Moi qui le croise toujours dans des rôles de « héros », ça m’a fait plaisir de le voir incarner un salopard de première, et ce avec talent. Il a un grand avenir dans le domaine…


Du coup en dépit de son caractère un peu perturbant, Django unchained a de très grandes qualités. A vrai dire, je me demande si je ne devrais pas me procurer Inglorious Basterds, car je soupçonne que ces deux films s’inscrivent dans une même démarche.

En tout cas, si vous n’aimez pas le style de Tarantino, vous ne l’aimerez pas plus avec ce film, mais dans le cas contraire, n’hésitez pas à tenter l’aventure, je doute que vous en sortiez franchement déçus, tout au plus il vous perturbera autant que moi !

vendredi 25 janvier 2013

Daytripper : au jour le jour - Fábio Moon & Gabriel Bá


Voilà bien longtemps que je tournais autour de ce comic en librairie, et Papa Noël ayant oublié de le déposer au pied du sapin, j’ai fini par me l’offrir en début d’année. Il n’y a pas à dire, quand on s’offre des cadeaux, c’est que du bonheur (sauf pour le compte en banque peut-être) !

Daytripper est un comic réalisé par deux brésiliens dont j’avais beaucoup entendu parler, et qui est bien difficile à présenter, puisqu’il ne rentre vraiment pas dans les cases qu’on a l’habitude d’utiliser pour décrire un comic.

C’est en effet l’histoire des nombreuses morts d’un écrivain qui a commencé sa carrière en écrivant des nécrologies dans un journal. Chaque chapitre raconte une de ses morts, à un âge plus ou moins avancé, ce qui fait presque de l’histoire une forme d’uchronie personnelle. On reconstitue en effet peu à peu son histoire, qui dévie selon s’il meurt ou non lors de tel évènement.

Autant dire qu’on a là un concept original, qui permet une très belle narration. Chaque chapitre se savoure, et le traitement des relations entre les personnages (que ce soit les relations père-fils, les amours, les amis…) est extrêmement juste et émouvant.

J’ai un peu honte de vous fournir un avis aussi peu détaillé, mais il est très difficile de parler de cet ouvrage qui m’a beaucoup touché, et je rêve de me trouver une après-midi pour pouvoir le relire, encore et encore.

Une chose est sûre, c’est un très beau comic, sur le fond comme sur la forme (les dessins collent parfaitement au texte), et c’est un album à mon avis assez universel qui pourrait plaire à beaucoup de monde, n’hésitez donc pas à le découvrir.

(d’ailleurs Cachou en est également restée sans voix après l’avoir lu, ça me rassure !)

CITRIQ

mercredi 23 janvier 2013

Palimpseste - Charles Stross


Lorsque j’ai annoncé que je comptais lire Palimpseste cet hiver, Lune s’est fendue d’un « bon courage » qui ne m’a pas vraiment rassuré, d’autant plus que j’avais lu des avis partant dans tous les sens sur cette novella. Mais je me suis tout de même jetée à l’eau et je ne le regrette pas, car cette lecture a été un réel plaisir.

Pierce est un agent de la Stase, une société/confrérie/secte (bref un regroupement de gens) qui se servent du voyage dans le temps pour assurer la survie de l’humanité, d’une part en collectant toute son histoire, et d’autre part en « réensemençant » la planète Terre à chaque fois qu’une catastrophe détruit l’humanité.

Sauf qu’à force de réécrire l’histoire dans tous les sens, il devient très difficile de démêler le vrai du faux, et pour les agents de la Stase la vie n’est pas franchement facile (et complètement désordonnée). Et c’est encore plus vrai pour Pierce...

Palimpseste, c’est l’exercice d’écriture sur le voyage dans le temps poussé à son extrême, avec un côté hard science assez prononcé mais que j’ai plutôt apprécié pour une fois, car il sert bien la narration, du reste assez bordélique.

En effet, celle-ci saute d’un fait à un autre, à travers les époques et à travers la vie de Pierce, pas forcément dans le désordre, mais avec beaucoup d’ellipses, un peu comme des fragments d’une histoire dont on aurait perdu ou réécrit des morceaux en route (ce qui est très probablement le cas, sans quoi la novella ne porterait pas un tel titre, un palimpseste étant un parchemin gratté pour être réutilisé).

C’est vraiment le genre de récit que j’adore, Palimpseste est donc passé comme une lettre à la poste, d’abord pour son côté voyage dans le temps poussé à l’extrême, mais aussi pour l’histoire de la Terre à une échelle astronomique (plus qu’humaine).

L’auteur se fend en effet d’une large extrapolation sur la futur de la Terre, à une échelle de temps qu’on ne considère habituellement que peu, où les milliards d’années défilent comme des jours, et où l’on voit l’univers évoluer et les galaxies bouger. C’est assez rigolo comme mise en perspective, on se sent minuscule du coup.

Certes la fin ne semble pas en être une, mais c’est le format qui fait ça (la novella est quand même un format un peu bâtard, et Palimpseste en est un très bon exemple, avec son univers trop grand pour en faire juste une nouvelle, et son intrigue trop courte pour en tirer un « vrai » roman).

Mais pour ma part, j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce petit texte (que j’ai dévoré en une journée, c’est l’avantage des novellas, on les commence en allant bosser le matin et on les termine en rentrant le soir !), qui a d’ailleurs obtenu le prix Hugo de la meilleure novella en 2010 (comme ça on est sûr qu’elle rentre dans cette catégorie !).


CITRIQ

lundi 21 janvier 2013

Fables 17 : Sorcières - Bill Willingham


Après la parenthèse narrative des Littéraux du tome 16, l’intrigue de Fables revient au cas de Mister Dark, ce qui permet d’en apprendre un peu plus sur lui, ou du moins sur comment il a fini dans sa boite.

Beaucoup de magie étant impliquée dans l’histoire, c’est donc assez logique que cet album nommé Sorcières se penche sur le cas des utilisateurs divers et variés de magie, ce qui leur donne l’occasion de venir sur le devant de la scène (et pas juste de servir d’outil bien pratique en cas d’attaque de pantins de bois).

J’avoue adorer suivre le parcours de Totenkinder, qui prouve une fois encore que les méchants sont de loin les personnages les plus intéressants, et dont j’ai hâte de connaitre la suite de ses aventures. En attendant, je me contente de rêver une rencontre entre elle et Rumplestiltskin de Once upon a time, j’ai idée que ce serait très intéressant (même si le monde ne survivrait sans doute pas à tant de magie et de machiavélisme réunis en un seul endroit).

Pendant une période, je regrettais que les premiers héros de Fables (Bigby et Blanche) s’effacent peu à peu, mais c’est finalement une bonne chose, car ils n’ont plus grand-chose à apporter à l’histoire (pour le moment, on verra quand les louveteaux seront grands). Et cela permet de laisser la place à d’autres.

Les sorcières prennent de l’importance, ainsi que la Belle et la Bête (dont je suis curieuse de suivre la suite de leur histoire). Et dans ce tome, de façon improbable, le héros est le singe Bufkin (d’ailleurs je viens de réaliser qu’il s’agit d’un des singes ailés de la méchante sorcière de l’ouest du Magicien d’Oz), qui mène sa petite guerre avec une certaine brillance vu les armes à sa disposition.

Le tout est plutôt plaisant à lire, je trouve que la série reprend du poil de la bête après des impressions plutôt mitigées. D’ailleurs je suis curieuse de voir ce que va donner la suite, intitulée Rose Red, qui devrait logiquement faire revenir Rose sur le devant de la scène (ce qui me plait beaucoup comme projet). Affaire à suivre donc…

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samedi 19 janvier 2013

Le voyageur imprudent - René Barjavel


J’ai une certaine affection pour Barjavel depuis que je l’ai découvert avec L’Enchanteur (ou comment vous résumer toute la mythologie arthurienne en un roman et beaucoup d’humour). Même si je n’ai jamais été vraiment touchée par ses textes, j’ai toujours admiré son didactisme et son côté visionnaire à son insu (y’a quand même un de ses romans où les Suisses provoquent la fin du monde avec une sombre histoire d’antimatière !).

Du coup cela faisait très longtemps que je tournais autour du Voyageur imprudent, le roman qu’il a consacré aux voyages dans le temps, et qui est souvent considéré comme un des grands classiques du genre.

Le voyageur imprudent, c’est l’histoire d’un jeune mathématicien, Pierre Saint-Menoux, qui fait la connaissance d’un savant, Noël Essaillon, qui lui propose de tester ses découvertes qui lui permettent de voyager dans le temps. Là-dessus, on a le droit à toute une démonstration des intérêts de ce mode de transport, une étude du futur de l’humanité, et quelques jeux sympathiques sur le principe.

Très enthousiaste sur le principe, j’ai tout de même eu des difficultés à avancer dans ce texte, surtout au début. L’exploration du temps est assez laborieuse, et la technique semble quand même ultra bizarre : au début il prend des pilules (!), avant de passer à un matériau qui isole du temps et qu’il porte comme un scaphandre.

Et puis les futurs que visite Pierre Saint-Menoux sont vraiment bizarres. Ils avaient sûrement un côté assez visionnaires lors de l’écriture du roman, mais aujourd’hui ils semblent juste étranges. Mais n’oublions pas que ce texte date de 1943.

(Ce qui est d’ailleurs super bizarre, parce que j’avais le cerveau qui hurlait « seconde guerre mondiale » tout du long, et à part la mention des tickets de rationnement et du couvre-feu, tout semble tellement… paisible, les allemands y sont à peine mentionnés, c'est très intéressant de voir comment la situation était représentée pendant l'Occupation finalement.)

Bon ceci dit quand on aime la SF archaïque, il y a quelques idées qui font sourire, comme l’histoire de l’évolution des langues autour de l’an 2050 :
« Et les langues nationales s’étaient interpénétrées et fondues en un langage commun. Celui-ci avait rassemblé, autour d’une syntaxe simplifiée, des mots empruntés à toutes les langues. Chacun avait fourni le vocabulaire le plus propre à son génie, le français les termes de cuisine et d’amour, l’allemand ceux de philosophie, de technique et de stratégie, l’anglais ceux du commerce et l’italien les superlatifs. Les langues slaves donnèrent tout un choix de jurons riches en consonnes. »
Des stéréotypes ? Mais où voyez-vous donc ça ?

Après le futur proche, Pierre s’en va dans un très lointain futur, où l’Homme a carrément évolué sous une forme différente, et plus que l’évolution de la société, ce sont les évolutions physiques qui m’ont fait sourire :
« En considérant leur longue poitrine qui se gonflaient des épaules à l’os iliaque, leur bouche incapable de mâcher, et l’absence d’orifice évacuateur, je me posais avec une grande curiosité le problème de leur nutrition. Je pensais en même temps qu’il leur était plus aisé qu’à nous, leurs malheureux ancêtres, de mériter le Paradis. Pas de sexe, pas d’estomac. Il leur restait bien peu d’occasions de pêcher. »
A vrai dire je râle un peu sur cette partie qui m’a profondément ennuyé (au final on a un peu le même principe que La machine à explorer le temps de H.G. Wells, sauf qu’il ne s’implique pas dans l’histoire), mais les analyses (décalées aujourd’hui) que tire Pierre de ses observations sont quand même très rigolotes à lire.

Mais le meilleur est de loin la troisième partie du livre, où sortant du même carcan du voyage d’observation, l’auteur commence à vraiment s’amuser, et c’est là où le statut de classique du roman prend tout son sens, avec un vrai jeu sur les paradoxes temporels et la réécriture de l’Histoire (avec un héros assez inconscient, il faut le dire) qui a dû marquer les esprits en son temps.

En tout cas même aujourd’hui toutes ces aventures de Pierre restent diablement prenantes. Quelques années après la première publication Barjavel rédigea une postface qui revient d’ailleurs sur le sujet des paradoxes et éclaire la fin sous un jour nouveau (susceptible de vous donner la migraine, comme tout bon paradoxe qui soit).

Certes tout ça va de pair avec une histoire d’amour à l’eau de rose, mais c’est assez systématique chez Barjavel, personnellement je n’y fais même plus attention !

Au final, je suis contente d’être enfin venue à bout de ce livre et de pouvoir le sortir de ma PàL, même si je l’ai trouvé un peu trop laborieux pour vraiment l’apprécier (ça devient intéressant au bout de deux cents pages). 

Ceci dit c’est un classique du genre, à n’en point douter, alors si vous avez envie de remonter aux origines du genre, Le voyageur imprudent est une étape incontournable avec La machine à explorer le temps d’H.G. Wells.

CITRIQ

jeudi 17 janvier 2013

Le nid - Lisa Tuttle


Ce qui est bien avec Lisa Tuttle, c’est qu’on ne risque pas la mauvaise surprise en ouvrant un de ses textes (quoique l'expression ne soit pas des plus appropriées pour ce genre d'ouvrage). Arrivée à mon troisième ouvrage et à mon deuxième recueil de nouvelles, je me suis retrouvée une fois encore complètement fascinée et terrifiée par ses écrits.

Le nid est un recueil de treize nouvelles fantastiques qui se révèlent toutes glaçantes, horrifiantes, malsaines, sans qu’il soit possible pour autant de s’en détacher. Je me faisais l’effet d’une proie hypnotisée juste bonne à me faire dévorer, allant de nouvelle en nouvelle sans jamais pouvoir décrocher mes yeux du texte.

J’ai retrouvé une fois de plus les « dadas » de Lisa Tuttle : des personnages féminins en majorité, beaucoup de première personne, et nombre d’intrigues qui tournent autour de la maternité, ou de la création artistique (voir des deux à la fois, ce qui donne des clashs violents, et je me demande à quel point il y a une part d’elle-même dans ces histoires, tant c’est un thème récurrent).

Faisons un petit tour des textes pour vous faire une idée :

Un nid d’insectes est une histoire qui m’a proprement terrifié, à cause de sa conclusion violente, mais surtout parce que toute l’histoire annonce la conclusion, on devine ce qui va arriver, et pourtant on ne peut lâcher l’ouvrage. Je ne vous raconte pas comme on dort bien après un tel texte digne d’un film d’horreur.

Sandwich de poupée est la deuxième nouvelle, que j’ai lue aussitôt après la précédente pour « me changer les idées ». Cette histoire de dévoreur de poupée avec sa très jeune héroïne ne m’a vraiment pas aidé à dormir non plus, dans le genre exploitation des peurs enfantines.

Propriété commune relève plus de l’humour noir, mettant en scène un couple en instance de divorce qui se bat pour la garde… du chien.

Vol pour Byzance nous parle d’une auteure invitée d’honneur dans une convention de SF. C’est un texte étrange, dont la conclusion sur l’écriture et d’où vient l’inspiration me tourneboule encore un peu.

La traversée du labyrinthe est un texte plus mélancolique et triste qu’horrifique (ça nous change un peu), autour du folklore anglais (ou ce que je présume en être).

Le seigneur des chevaux ferait un bon film d’horreur (la vieille maison, la malédiction indienne…), sauf qu’aucune personne dotée de bon sens n’accepterait de mettre en scène une telle conclusion.

L’autre mère est un récit toujours criant d’actualité sur comment une femme peut être mère sans y sacrifier son travail ou sa passion (ici peindre). La conclusion est bien entendue horrible, mais c’est surtout tout le développement de l’intrigue qui est le plus poignant.

Signaux de détresse est un texte presque dénué d’argument fantastique sur la rencontre entre deux solitaires, qui se termine forcément mal. C’est un texte plutôt triste, mais l’héroïne, plutôt nombriliste, m’a plus exaspéré qu’autre chose.

La mémoire du bois est une nouvelle horrible et glaçante qui démarre avec un vieux coffre duquel émerge parfois une odeur de charogne, et c’est tout ce que je vous dirais à ce sujet (brrr.).

Une amie en détresse est je crois le seul texte du recueil à être fantastique sans être franchement horrifique, et j’ai trouvé l’idée absolument fascinante et l’histoire très touchante.

L’inconnue dans la maison est une nouvelle que j’ai eu un peu de mal à comprendre sur une femme qui revient dans le quartier où elle a passé son enfance. Pour le coup il mériterait peut-être une relecture. En tout cas, la conclusion est délicieusement horrible.

La cité du soleil m’a aussi causé quelques soucis de compréhension (je devais vraiment être distraite quand j’ai terminé ce livre), et le parallèle avec les mythologies amérindiennes m’échappe un peu, mais on se laisse porter par l’horreur de la chose tout de même.

Le nid, qui conclut le recueil, nous emmène dans une vieille maison achetée par deux sœurs, et étudie joliment les relations au sein d’une fratrie, avec une bonne dose de fantastique pour faire bonne mesure.

Bon je pense que j’ai dû utiliser toutes les variantes du mot « horreur » pour parler de ces nouvelles, vous savez donc à quoi vous attendre. Ceci dit, à l’exception de la première nouvelle que j’ai trouvé presque trop graphique, c’est toujours une forme d’horreur assez subtile, dans l’évocation plus que dans la démonstration.

C’est ce qui fait toute la force de ces textes dont on ne peut décrocher ses yeux, en dépit de tous les signaux d’alarme qui résonnent plus on avance dans l’histoire. Dans le domaine, Lisa Tuttle est vraiment exceptionnelle, et je vais continuer à courir après ses rares recueils de nouvelles arrivés en France.


CITRIQ

mardi 15 janvier 2013

Top Ten Tuesday (10) : 7 résolutions littéraires pour 2013


7 résolutions littéraires pour 2013
(parce que 10 ça serait un poil trop ambitieux)

1. Acheter une liseuse
C’est prévu, je l’aurais déjà fait si je ne m’étais pas fait pirater ma CB avant Noël, ce qui m’a un peu refroidi pour ce qui est des commandes sur Internet. Mais rien que pour que j’arrête de m’esquinter les yeux à lire des fanfictions jusqu’à pas d’heure sur mon ordi, ça sera une œuvre de salut public.

2. Rendre son livre à Isil
Cela fait bien un an ou deux qu’Isil m’a prêté son exemplaire du Héros aux mille et un visages de Joseph Campbell, un essai sur les mythes qui a beaucoup inspiré George Lucas. Allez, on y croit, aux prochaines rencontres de l’imaginaire de Sèvres, je lui rends !

3. Faire un sort à Thomas Covenant
Il y a quelques années, j’ai lu le premier cycle des Chroniques de Thomas Covenant, une vieille série de fantasy de Stephen R. Donaldson qui m’a littéralement happé (en grande partie à cause de son héros complètement atypique). J’ai logiquement commencé le deuxième cycle dans la foulée, mais j’ai mis du temps à acquérir la suite, et aujourd’hui, j’ai du mal à me motiver pour replonger dedans. Du coup j’ai pris une décision : cette année je les lis, ou je les revends, mais d’une façon ou d’une autre, je leur fais un sort !

4. Garder ma PàL à un niveau raisonnable
Je ne me fais pas d’illusion, il est pratiquement impossible d’avoir une PàL qui tombe à zéro, mais se maintenir entre dix et vingt livres, cela me parait un objectif réalisable et réaliste (j’en suis à 26 là). Par contre, j’aimerais arriver à la maintenir fraiche, c'est-à-dire éviter les livres qui végètent des années durant.

5. Refaire mon catalogue de bibliothèque
Je me suis bien amusée à cataloguer ma bibliothèque dans un petit logiciel, mais j’avoue avoir complètement jeté l’éponge depuis bientôt un an, si bien qu’entre les achats et les ventes, je ne suis plus du tout à jour. J’espère donc bien trouver quelques jours de vacances pour m’y remettre. Si ça continue je vais emprunter une douchette au boulot pour scanner plus vite les codes-barres…

6. Participer à moins de challenges
Non parce que les challenges c’est bien, mais du coup je me retrouve souvent à faire des lectures certes intéressantes, mais pas forcément des gros de cœur. Du coup pour le moment je vais me limiter à ceux qui me permettent de vider ma PàL et après… bah de toute façon on sait déjà que je ne la tiendrais pas, cette résolution !

7. Trouver le temps de faire un bel article sur Sandman
Des projets pour mon blog, j’en ai toujours des tas (vous n’avez pas idée du nombre d’idées formidables que j’ai dans mon lit ou dans le métro, et qui ne prennent jamais forme), des grands comme des petits. De tous ceux qui me tiennent à cœur, j’aimerais bien arriver à vous faire une belle chronique sur le comic Sandman.

Le Top Ten Tuesday est une initiative de The Broke and the Bookish, reprise en version française par Iani.

dimanche 13 janvier 2013

Merlin - Saison 5


Et voilà, Merlin c’est fini. Cela fait vraiment bizarre. J’ai relu mes chroniques sur les précédentes saisons il y a peu, et c’est marrant de voir à quel point j’ai pu être virulente, alors que je suis devenue irrémédiablement attachée à cette série. Du coup si la fin était prévue depuis longtemps (et même bienvenue), ça m’a fait un sacré pincement au cœur de regarder les tous derniers épisodes.

Trois ans ont passé depuis les derniers évènements de la saison 4, et Camelot connait une période de paix sans précédent (même si on imagine bien Merlin bouter les vilains sorciers dans les coulisses pour que ce soit possible). Seulement Morgana finit par reprendre du poil de la bête, et en allant secourir ses hommes prisonniers dans une forteresse, Arthur met en branle des évènements qui pourraient mener à sa mort…

Si certaines divagations m’ont fait hausser les sourcils, la série n’a jamais été aussi proche de la mythologie arthurienne. Ce qui explique que le ton soit si sombre, l’histoire du roi Arthur n’a jamais été une douce promenade au soleil, loin de là.

Cependant n’allez pas croire que la série a complètement changé son fusil d’épaule, bien au contraire, on retrouve toujours ce qui fait la saveur de Merlin : scénarios branlants, personnes qui ne voient pas la vérité même lorsqu’elle danse toute nue devant eux, méchants stéréotypés, mauvais acteurs, et suffisamment d’allusions slashesques et d’hommes torses nus pour faire plaisir au public féminin.

C’est Merlin en même temps, la série ne serait pas aussi attachante et drôle sans ses nombreux défauts. Cela n’empêche pas Colin Morgan d’y déployer ses immenses talents d’acteur (ce petit ira très loin, il est aussi bon en registre comique qu’en registre dramatique), et certains épisodes m’ont pratiquement tiré des larmes, ce qui n’est pas peu dire pour une telle série.

Du coup, je ne résiste pas, pour cette ultime saison, à vous donner un compte rendu un peu plus détaillé de chaque épisode. Si vous n’avez pas encore vu cette saison, je vous conseille donc de vous arrêter là et de courir la regarder au lieu de chercher des spoilers !


1&2. Arthur's Bane

Ce double-épisode d’introduction m’a laissé une impression assez étrange. J’ai absolument adoré la première partie, avec tous ces échanges entre Arthur et Merlin (l’histoire du jonglage et tout ce qui suit où Merlin semble à deux doigts de révéler sa magie), et Gwen qui s’impose comme une excellente reine en mettant moins un épisode à découvrir l’identité du traitre (là où Arthur aurait pris une saison).

La deuxième partie était un plus bordélique : Mordred sorti dont on sait où qui se range sans plus d’explication du côté d’Arthur, Sefa qui disparait complètement de l’intrigue par la suite, l’histoire de l’emprisonnement de Morgana avec Aithusa (bien mal exploitée la suite j’ai trouvé), la révélation de la Diamair qui ne rime pas à grand-chose, Merlin qui se bien évidemment se fait assommé juste quand il faut…

Bref c’est le genre d’épisode qui contient certes son lot de scènes hilarantes (Percival et son armée de mecs à moitié nu, quelques échanges entre Merlin et Arthur), mais qui est aussi très frustrant !


3. The Death Song of Uther Pendragon

Pour faire simple, c’est Ghostbusters à la sauce Merlin avec une super corne magique qui permet de faire revenir les morts (en gros), ce qui donne droit à un Uther Pendragon bleuté qui ne s’est pas amélioré dans la mort, bien au contraire, et surtout à un véritable festival de petits moments entre Arthur et Merlin. Certains sont touchants (j’aime beaucoup comment Merlin accompagne Arthur, sachant que c’est une énorme connerie, mais comprenant son désir de revoir son père), d’autres juste hilarants (avec une mention spéciale au passage sur la poésie).


4. Another's Sorrow

Et revoilà un autre plan maléfique de Morgana pour tuer Arthur ! C’est typiquement le genre d’épisode où ne peut que hurler face à la stupidité des personnages (sans parler de Merlin qui une fois encore, en dépit de son statut de plus grand sorcier de tous les temps blablabla, manque de se faire tuer par Morgana). Le final où Merlin et Gwaine partent sauver tous les deux leurs copains est cependant bien fun, et finalement je me suis bien attachée à Mithian, c’est un personnage qu’on aurait presque envie de revoir.


5. The Disir

Ah cet épisode… je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre, et j’ai bien cru qu’on y aurait droit, à LA révélation (surtout après les énormes allusions des autres épisodes). Au final, c’était une fausse alerte, et je trouve que Merlin aurait dû définitivement tirer quelques leçons de cette aventure (d’autant plus qu’être aussi froid ne lui ressemble guère, limite on a de la peine pour Mordred).

Mais juste pour la scène autour du feu avec Merlin qui explique pourquoi il savait qu’un tel lieu était sacré, et la discussion qui en suit avec Arthur sur la nécessité ou non d’autoriser la magie qui a manqué de peu de me faire pleurer, cet épisode garde une belle place dans mon cœur !


6. The Dark Tower

D’après le trailer, je m’attendais à une bonne vieille quête de Arthur, ses chevaliers et Merlin pour récupérer une Gwen kidnappée, avec une tour remplie de pièges façon RPG… du coup j’ai été sacrément déçue, une fois la forêt traversée, que le périple manque de vraies péripéties. La mort d’Elyan en devient presque ridicule, de même que la conclusion avec Gwen qui m’a semblé très décalée (et bon l’histoire du traitre, ça ne sera que la 15e itération dans la série…)


7. A Lesson in Vengeance

Et donc nous voilà avec Gwen apprentie assassin (après Merlin dans la saison 4). Je m’attends à un numéro assez lourdingue, mais à sa décharge, elle se défend finalement bien : elle fait preuve d’intelligence (en cherchant à évincer Merlin) et elle contient relativement bien ses sourires méchants. Quant à Merlin, s’il met un peu trop longtemps à comprendre ce qui se passe, son évasion sous sa forme de Dragoon m’a tellement fait rire que je lui pardonne ses erreurs !


8. The Hollow Queen

Gwen la méchante, deuxième session ! Ce n’est toujours pas l’idée la plus brillante du mois, et c’est d’autant plus frustrant que si on découvre enfin qui a emprisonné Morgana, le pourquoi du comment de la chose (et comment elle s’est échappée) restera toujours très flou. Ceci dit la petite escapade de Merlin était plutôt touchante, ça faisait du bien de le revoir gentil (et un peu naïf), puis très déterminé.


9. With All My Heart

Et voilà de loin le meilleur épisode de toute la saison (et certainement un des meilleurs de la série). Sous prétexte de sauver Gwen, on a le droit à une délicieuse aventure d’Arthur et Merlin, avec Mordred (pour ajouter un peu de tension), Morgana et son dragon (toujours sans plus d’explications), et surtout un numéro de Merlin (qui s’amuse à jouer trois rôles différents, rien que ça !)… si vous arrivez à survivre la dernière partie sans pleurer de rire, c’est que cette série n’est pas faite pour vous !


10. The Kindness of Strangers

Et après cette bonne dose de comédie avec la Dolma, cet épisode amorce l’arc narratif qui conclura la série. Pas très utile cet épisode, j’aurais autant préféré qu’on ait plus de temps pour le final. Tout au plus permet-il de revoir Alator (qui connait une mort plutôt stupide), et d’y faire la connaissance de Finna qui meurt trop vite (mais dont la foi en Emrys touchante). Le grand dragon se meurt, une prophétie annonce la fin d’Arthur, bref, c’est trop la joie, youhouh !


11. The Drawing of the Dark

Il fallait bien que Mordred change à nouveau de bord, but de cet épisode, qui est plutôt convaincant (autant que faire se peut en un seul épisode), même si le personnage de Kara manque vraiment d’épaisseur. Merlin ne brille pas non plus dans cet épisode, retombant dans le même cercle vicieux de prophétie auto-réalisatrice, car c’est en étant persuadé que Mordred va tuer Arthur qu’il le fait indirectement basculer (même s’il fait tout pour essayer de le garder du bon côté à la fin).


12&13. The Diamond of the Day

Et nous voilà rendus à la fin de la série. A choisir, j’aurais quand même préféré que THE révélation arrive plus tôt, car même si finalement, elle est plutôt bien traitée, c’était frustrant, et j’aurais aimé que les scénaristes prennent le risque de l’inclure plus tôt.

La première partie du final commence avec Merlin qui se fait voler sa magie (si votre cœur ne se serre pas en le voyant aussi vulnérable, d’ailleurs…) et qui abandonne Arthur pour la retrouver. C’est un véritable crève-cœur cet épisode, à tel point qu’on en oublierait une fois de plus la stupidité de Morgana qui lieu de poignarder proprement ses ennemis préfère les enterrer vivant ou leur voler leur magie. Mais ça permet un très joli passage in the Crystal Cave, entre l’esprit de Balinor et le numéro de Merlin avec le cristal.

Et puis en deuxième partie on a le droit à la bataille de Camlann (remixée en simili 300), avec une belle intervention de Merlin, mais Arthur se fait tout de même embroché par Mordred. Fort heureusement, cela arrive assez vite, si bien que Merlin révèle son secret dans la foulée, et on a le droit à 40 min d’échanges touchants avec Arthur : rejet d’abord, puis acceptation et même reconnaissance, on ne pouvait espérer mieux en un seul épisode.


La fin était prévisible, mais j’ai tout de même cru jusqu’au bout qu’il y aurait un twist. Sauf que non, Arthur meurt bien, et termine sur l’île d’Avalon comme il se doit. C’est une belle fin, et j’ai également aimé que Gwen devine presque par elle-même le secret de Merlin.

Je regrette juste la mort de Gwaine (presque sans valeur), et le manque total d’explications quant à Aithusa, qui était censé être un bon présage mais qui s’est rangé du côté de Morgana. Pourquoi donc ? Et pourquoi Merlin ne se pose aucune question à ce sujet ? Mais que serait Merlin sans ses incohérences ?

Je suis sortie un peu vidée de ce final, et ça m’a pris quelques jours pour le digérer, ultime preuve qu’en dépit de ses nombreux défauts, Merlin occupait une sacrée place dans mon cœur. Je suis contente qu’elle s’arrête, d’autant plus que c’est une belle fin, mais son côté bon enfant me manquera. 

En attendant, je n’ai plus qu’à traquer les prochaines apparitions de Colin Morgan, dont les talents d’acteurs sont encore plus impressionnants que ses oreilles !  
(Ok c’était purement gratuit, mais quel meilleur moyen de boucler la boucle ?)


vendredi 11 janvier 2013

Tolkien, la fabrique d’un monde (dossier du Magazine littéraire)


Au milieu des multiples hors-séries et dossiers sur le premier film du Hobbit, je suis tombée avant Noël sur ce numéro de janvier du Magazine littéraire, qui consacre un dossier d’une quarantaine de pages à Tolkien.

Voyant qu’il ne parlait quasiment que de l’auteur et de son œuvre (et non des films), et qu’il était réalisé par des spécialistes du domaine (Vincent Ferré et Anne Besson pour citer les noms les plus connus), je me suis jetée dessus avec plaisir.

L’ensemble est très intéressant à lire : on y aborde dans les grandes lignes la vie de l’auteur, ses influences, et comment il en est arrivé à écrire son œuvre (en redonnant sa juste place au Seigneur des Anneaux et au Hobbit, c'est-à-dire celle de partie émergée de l’iceberg).

Certains aspects de l’œuvre sont également abordés plus en détail : construction d’un monde et d’une mythologie, importance du langage, des chansons, attention portée à la nature… en bien peu de pages, c’est un panorama assez complet de l’univers de Tolkien qui est donné.

Je vous avoue personnellement n’avoir pas appris grand-chose en lisant cette revue (phénomène que je trouve légèrement inquiétant soit dit en passant), mais j’ai apprécié de replonger dans son œuvre, et je suis ressortie de ma lecture avec une grande envie de relire Le Seigneur des Anneaux (je vais finir par céder) et de m’intéresser aux études sur le sujet.

J’ai trouvé le dossier extrêmement bien fait : il y a un vrai travail d’analyse dans les articles, mais ceux-ci sont suffisamment courts pour que ce ne soit pas barbant, et avec des références bibliographiques pour qui voudrait aller plus loin.

J’ai également beaucoup apprécié le parti-pris du dossier, qui sort Tolkien de son sempiternel carcan de « père de la fantasy » pour s’intéresser aux qualités littéraires et à l’originalité de son œuvre. C’est vraiment rafraichissant à lire.

Et puis, il est abondamment illustré d’illustrations et de photographies de l’auteur, mais finalement avec très peu de photos des films (sauf pour le dernier article qui leur est consacré). Bref j’ai été contente de lire pour une fois un magazine qui ne se contente pas de surfer sur la vague de l’évènement du moment, et qui propose un dossier vraiment sérieux et pas juste un monceau de banalités.

Pour tous ceux qui voudraient en apprendre plus sur l’univers de Tolkien sans passer par les essais de 300 pages ou plus que j’affectionne particulièrement, je vous recommande vivement ce dossier, excellente synthèse sur l’œuvre de l’auteur.

Et en passant, vous pourrez toujours jeter un œil à l’article sur les blogs de lecture que contient le magazine (qui est également consultable en ligne), qui ne vous apprendra pas grand chose non plus, mais ça fait toujours plaisir de trouver des articles à ce sujet dans un magazine.

mercredi 9 janvier 2013

Doctor Who - The Snowmen


A l’exception du tout premier (The Christmas Invasion), les épisodes de Noël de Doctor Who sont généralement des histoires indépendantes qui se glissent entre deux saisons sans avoir un réel impact sur l’intrigue (si on omet le cas de Donna qui revint plus tard, mais Donna est exceptionnelle, ça n’a rien à voir).

Du coup j’étais assez intriguée de voir ce que pourrait donner celui-ci, sachant que ce serait l’épisode où la nouvelle compagne du Doctor ferait son apparition. Enfin si on laisse de côté sa première (?) apparition dans le premier épisode de la saison 7, parce que non pas du tout, M. Moffat ne joue pas du tout avec ses spectateurs, c’est bien connu !


Oh des flocons de neige avec des dents pointus, et un bonhomme de neige qui parle avec la voix de Gandalf à l’époque victorienne, voilà un épisode de Noël qui commence bien avec une intrigue délicieusement noire dans tout ce blanc. Ceci dit tout cela est surtout prétexte à faire se rencontrer le Doctor et Clara.


Sacrée introduction d’ailleurs, si on avait encore des doutes sur la capacité de cette nouvelle compagne à rendre la monnaie de sa pièce au Doctor, on n’en a plus aucune au bout de cinq minutes, mais d’abord, générique !


J’ai bien aimé ce générique relooké, qui change radicalement des six dernières saisons, tout en citant abondamment les génériques des anciennes saisons. C’est d’ailleurs une constante dans cet épisode, les renvois aux vieux épisodes, l’épisode déborde littéralement d’allusions, quand il ne délire pas complètement sur Sherlock Holmes.

« The veiled detective and her fatuous accomplice. […] You realise Dr Doyle is almost certainly basing his fantastical tales on your own exploits? »
D’ailleurs ça fait très plaisir de retrouver Mme Vastra et Jenny, qui sont vraiment d’excellents personnages secondaires. Ca manquait un peu dans l’ère Moffat, des personnages récurrents non compagnons ou plus compagnons (comme Jack, Sarah Jane ou même Harriet Jones par exemple), du coup c’est un réel plaisir de les retrouver, elles et Strax revenu à la vie on ne sait comment mais qui s’en soucie vraiment ?

- When you find something brand new in the world, something you've never seen before, what's the next thing you look for?
- A grenade?
Quel numéro celui-là ! J’aime vraiment ce côté casting étendu. Le Doctor et son/ses compagnon(s), c’est fun, et avec pas mal de seconds rôles on démultiplie l’intrigue sans forcément séparer tout le monde. Ce qui n’est pas vraiment nécessaire d’ailleurs ici, je ne suis pas vraiment sûre que toute l’histoire ait vraiment du sens, mais qu’importe.


Le Doctor est quand sacrément à la masse, car alors qu’il veut effacer la mémoire de Clara, c’est elle qui doit l’aider à récupérer le memory worm (autre constante, la thématique de la mémoire, on sent que le 50e anniversaire approche), et elle s’y entend très bien pour le convaincre de lui laisser ses souvenirs. Et pour le suivre dans son refuge.


J’ai trouvé juste magique d’ailleurs le coup du TARDIS sur un nuage en haut d’un escalier. C’est ce genre de scène qui me fait regretter d’avoir regardé cet épisode sur mon portable, écouteurs sur les oreilles pour ne réveiller personne, plutôt que de profiter d’une belle télé avec un bon son (mais le Père Noël n’a pas été aussi généreux que ça cette année).

Un peu intimidée, Clara ne s’invite cependant pas tout de suite dans le TARDIS, et préfère reprendre son vrai travail, celui de gouvernante (serveuse, c’est juste pour rendre service). Je vous avoue que c’est le seul reproche que je ferais au personnage, elle est trop complexe et trop parfaite, à si bien comprendre le Doctor. J’espère que tout cela a un sens.

Bref, un des enfants souffrant de mystérieux cauchemars, elle décide d’aller en parler au Docteur qui semble en savoir long, et échoue finalement chez Jenny et Mme Vastra. Cela donne lieu à une très jolie scène où pour tester ses capacités, elle n’est autorisée à ne répondre qu’en un seul mot.


Je m‘interroge un peu sur le pourquoi du test ? On dirait un jeu, une manière de tester les candidats potentiels, certes, mais aussi une façon de titiller le Doctor pour le faire sortir de son exil avec un mot qui l’aurait suffisamment intrigué. Et Clara dans le cas présent tape sans le savoir dans le mille avec son « Pond ».


Et voilà notre Doctor en Sherlock Holmes, qui se fait très plaisir (de même que Murray Gold qui flirte avec le thème de la série Sherlock côté musique) en faisant une petite enquête dans les bureaux de la Great Intelligence, avant d’aller enquêter ce fameux plan d’eau gelé. Et oh ! Une gouvernante de glace !


Quelques clins d’œil, une petite course-poursuite, on se croirait en plein test d’aptitudes pour Clara, qui en profite pour embrasser le Doctor (ça sera fait comme ça au moins), et gagne donc sa place à bord du TARDIS…


Donc la déco a été revue, c’est très disco. Beaucoup plus froid, je l’aime beaucoup moins que le précédent. Par contre là encore, on sent une volonté de singer les salles de contrôle des anciennes saisons, à part ça il n’y aurait pas un anniversaire cette année ?

Clara ne faisant rien comme tout le monde, sa première constatation sera :

« It's smaller on the outside ! »

Et sa deuxième :

« Is there a kitchen ? I don't know why I asked that, it's just... I like making souffles. »

C’est assez marrant parce que je n’arrêtais pas de me torturer le cerveau sur pourquoi le Doctor ne la reconnaissait pas. C’est en lisant d’autres reviews que j’ai enfin compris pourquoi, il n’a jamais réellement vu Oswin dans l’épisode avec les daleks, il n’a fait que l’entendre, et c’est pour ça qu’il ne tilte pas avant l’allusion aux soufflés.

Bref il lui donne direct sa clé (elle en a bien de la chance) et on serait tentés de croire qu’ils vont sauver le monde à tous les deux, sauf que non, Clara meurt. Du coup le Docteur se dépêche de boucler l’intrigue avec les bonhommes de neige (définitivement juste un prétexte, même si c’était un joli prétexte) et revient entendre les derniers mots de celle qu’il aurait bien emmenée voir les étoiles.


« Run. Run, you clever boy. And remember. »

Et c’est là que la lumière se fait dans sa tête, et que j’ai pour ma part commencé à avoir sérieusement mal à la mienne. Morte une fois dans le futur, c’était facile à expliquer, mais morte deux fois, c’est un peu plus délicat !


Et il ne fallait pas moins qu’une personne impossible (au sens propre comme au figuré) pour titiller assez le Doctor pour qu’il reprenne du service, et ça n’a pas raté ! Le voilà donc parti à la recherche de Clara, bien décidé à la retrouver dans la deuxième partie de la saison 7… on n’a pas fini de s’amuser, j’espère juste que ça ne sera pas son motto à elle, mourir à chaque fin d’épisode !

Je trouve le procédé assez malin, d’autant plus qu’il implique plusieurs niveaux de lecture. Ce n’est pas que le Doctor que ce mystère intrigue, mais aussi le spectateur, et comme une réponse au regard de Clara à la caméra à la fin de l’épisode des Daleks, on a ici le Doctor qui nous fixe dans la dernière image. Je doute sérieusement que ce soit un pur hasard.

Il y a clairement un côté « meta » dans cet épisode (qui se sentait déjà un peu au début de la saison), qui doit faire partie de l’arc 50e anniversaire. Il y a plein de petites références à la série en elle-même, que j’ai découvertes en lisant des textes à droite à gauche sur le net.

La date de naissance de Clara, par exemple, est la même que la date de diffusion du tout premier épisode de la série, à quelques 100 ans près, et la Great Intelligence est un ancien ennemi du 2e Doctor (dans un épisode intitulé The abominable snowmen, et un autre où on la retrouve dans le métro de Londres…). Le Doctor ne semble pas s’en souvenir ? Mais c’est parce que ces épisodes ont été perdus pour la plus grande partie (et ça rejoint bien les allusions aux notions de mémoire, non ?).

Même la parodie Doctor Who and the curse of fatal death a le droit à quelques allusions. Outre le fait que cela fait bizarre de retrouver Richard E. Grant dans le rôle du méchant (dans The curse of fatal death il jouait le Doctor), c’est surtout cette réplique de Mme Vastra qui me rappelle l’histoire de l’univers qui n’a pas envie que le Doctor meurt à la fin de la parodie de Moffat :

« I don't know, but perhaps the universe makes bargains after all. »

Bref il y a plein de petits détails sympathiques dans cet épisode, en plus des side-kicks sympas (j’espère bien revoir maintes fois Strax, Vastra et Jenny), d’une compagne intrigante, et de décors délicieusement Noël.

Certes l’intrigue de la neige maléfique n’est pas particulièrement mise en valeur, mais on passe un très bon moment devant l’écran à rire et se torturer le cerveau, je n’en demandais pas moins, et après le médiocre épisode de l’an dernier, je suis plus que satisfaite ! Damned, j’ai hâte de voir la suite maintenant !

Même si le Doctor ne voyage pas beaucoup dans le temps dans cet épisode, difficile de passer à côté de l'imbroglio temporel que semble être Clara... et puis Lhisbei serait déçue que je ne lui fournisse pas au moins un Doctor Who pour son challenge, non ?