mercredi 27 février 2013

Lincoln - Steven Spielberg


C’est de la folie ce mois-ci, c’est déjà la deuxième fois que je vais au cinéma, où vais-je m’arrêter ?! Dans le cas présent, je suis principalement allée le voir sur la recommandation de ma maman. Et comme c’était un Spielberg, je me suis dit que je ne prenais guère de risque, de toute façon.

Lincoln est comme vous vous en doutez un authentique film historique qui s’intéresse à Abraham Lincoln, un des présidents américains les plus connus (même si j’aurais été infichue de vous dire pourquoi avant de voir le film, je me souvenais tout juste qu’il avait été assassiné !).

Il ne s’agit cependant pas d’un biopic puisque Spielberg s’intéresse uniquement à une époque bien précise de la vie du président, celle de la bataille qu’il mena juste avant la fin de la guerre de Sécession pour faire passer le 13e amendement (qui conduit à l’abolition de l’esclavage).

(d’ailleurs c’est le deuxième film en deux mois que je vais voir avec Shaya, et qui traite de ce sujet, on commence à se demander si on ne le fait pas exprès !)

Je vous avoue avoir eu quelques petits inquiétudes à cause de la longueur du film, et en effet le début est un poil longuet, d’autant plus quand on ne connait pas grand-chose à l’histoire américaine et qu’on doit s’accrocher pour identifier tous les personnages.

Mais une fois l’intrigue bien mise en route, plus moyen de décrocher et toute cette histoire m’a tellement intriguée que j’en ai été quitte pour aller consulter Wikipedia sur la vie de Lincoln et sur la guerre de Sécession en rentrant du cinéma.


Lincoln est une superbe leçon de politique, qui rend compte de toute la difficulté à faire passer un changement aussi majeur que l’abolition de l’esclavage dans un contexte plus qu’agité où tous les coups sont permis (d’ailleurs Lincoln n’hésite pas à jouer de toutes les méthodes pour obtenir suffisamment de voix).

J’ai trouvé un côté assez universel à cette démonstration, et bien que d’habitude, la politique ne soit pas ma tasse de thé, je me suis passionnée pour cette histoire, qui nécessite beaucoup d’attention, mais qui en vaut la peine.

C’est une belle histoire, portée par une très belle réalisation. Très classique certes (je comprends mieux pourquoi tous les critiques le présentent comme le film oscarisable par excellence, bien qu’il n’ait pas obtenu tant de statuettes au final), mais c’est vraiment agréable de voir un film aussi bien léché jusqu’aux moindres détails, avec quelques très jolis plans.

Difficile de ne pas parler également de la performance de Daniel Day Lewis en Lincoln, qui est juste bluffante, et qui donne à voir une figure historique incroyablement complexe et riche de nuances.

Lincoln n’est pas un film très facile d'accès (surtout pour nous, français), on ne peut vraiment pas se caler dans son fauteuil pour juste profiter du spectacle, mais c’est un film qui mérite d’être vu, de par son sujet, et parce que c’est un film bien fait, tout simplement. D’ailleurs, il me hantait encore le lendemain, ce qui est plutôt bon signe en général !

lundi 25 février 2013

Utopiales 2012 (anthologie)


A défaut d’être allée aux Utopiales l'année dernière, j’ai au moins investi dans l’anthologie, principalement pour y lire la nouvelle de Neil Gaiman. Oui je sais, ça fait cher la nouvelle, à 14 euros, mais je comptais bien y trouver d’autres textes intéressants, tout de même.

Penchons-nous donc un peu sur le sommaire…

"Origines" de Roland Lehoucq et Ugo Bellagamba est une très chouette préface que j’ai trouvé très plaisante à lire, chantante et truffée de petites allusions ici ou là, c’est une excellente mise en bouche pour attaquer le recueil.

Origo est je crois le premier texte que je lis de Pierre Bordage (ou du moins le premier dont je me souviens). J’ai beaucoup aimé cette aventure spatiale originale (bien que je n’aie pas forcément compris grand-chose au pourquoi du comment), et le style très plaisant m’a donné envie de lire d’autres choses de cet auteur (il serait temps, me direz-vous !).

Fae-space de Sara Doke, comme son titre l’indique, mélange allègrement fées et science-fiction (un peu comme dans Artemis Fowl mais en beaucoup moins drôle), autour d’une rencontre avec des extraterrestres. J’aurais sans doute adoré à une époque, mais j’avoue n’être rentrée qu’à moitié dans le texte finalement.

L'Observatrice nous raconte l’histoire d’une petite fille qui reçoit d’étranges visiteurs la nuit. Je tourne autour de son auteur, Robert C. Wilson, depuis longtemps. C’est la deuxième nouvelle de lui que je lis, et si j’aime son style d’écriture, ses personnages, ses conclusions me plongent toujours dans la plus grande confusion, et celle-ci n’a pas fait exception. Mais j’y arriverais un jour, à tout comprendre, je ne désespère pas !

La Finale m’a permis d’avoir un aperçu de l’écriture de Nancy Kress, avant de m’attaquer à sa novella L’une rêve, l’autre pas. Le test a été plus que concluant, puisque j’ai beaucoup aimé toute l’interrogation sur la pensée humaine que met en place cet auteure.

La Chose du lac de Laurence Suhner s’éloigne de la SF (enfin…) pour une histoire se déroulant dans les années 20, au bord du lac Léman, avec une mystérieuse créature et un maître-cambrioleur. J’ai beaucoup aimé l’ambiance (et assez naturellement, les lieux de l’intrigue), mais l’histoire ne m’a pas plus transporté que cela.

"Et pleurer, comme Alexandre" est une rareté à mes yeux, car Neil Gaiman ne s’amuse pas souvent à écrire de la SF, c’est donc amusant de le voir s’y essayer (avec beaucoup d’humour) dans cette histoire qui nous fait découvrir un homme qui exerce une profession particulière. Forcément, j’ai aimé, en même temps il est rare que ses nouvelles me déplaisent (à part quelques expérimentations pas toujours faciles à apprécier).

La Fin de Léthé de Claude Ecken est je crois bien ma nouvelle préférée de tout le recueil. C’est un peu difficile de vous en parler sans spoiler toute l’histoire, en tout cas c’est un très chouette texte, qui même lorsqu’on a compris l’astuce, se révèle extrêmement agréable à lire, et très touchant. Pourquoi n’ai-je jamais rien de ce monsieur avant, voilà une question pertinente !

Petite Excursion à l'endroit des atomes est un texte d’un auteur italien, Tommaso Pincio (ce n’est pas souvent qu’on a l’occasion de lire de la SF italienne) qui brosse le portrait d’une Italie futuriste radioactive et dictatoriale, du point de vue (forcément décalé) d’un enfant. Glaçant, mais surtout délicieux à lire.

En attendant demain de Laurent Queyssi et Xavier Mauméjean est un joli texte qui fait la paire avec celui de Claude Ecken au niveau de la thématique, avec cette fois-ci l’histoire d’un garçon qui connait le futur. Le traitement très intimiste donne une histoire très touchante.

RCW d'Ayerdhal est un hommage à Roland C. Wagner dont j’ai beaucoup aimé le style, la verve, le délire sur la Fiction nationale, mais dont la fin m’a complètement noyée sous les références qui m’échappent (n’ayant jamais lu aucun texte de Roland C. Wagner). Mais y’a de beaux passages tout de même :
« Une œuvre littéraire n’est pas une suite aléatoire de mots destinée à occuper l’esprit de celui qui la reçoit, même s’il se contente de la consommer. Elle imprègne ses rêves et sa perception du réel, elle porte une connaissance et elle délivre la vision du monde de celui qui la transmet, parfois en filigranes, parfois de façon beaucoup plus directe. »
Globalement cette anthologie a été une lecture sympathique, même si je n’ai pas eu de gros coup de cœur pour l’un des textes (quoique, celui de Claude Ecken m'a beaucoup touché). Par contre, cela m’a donné l’opportunité de faire connaissance avec plein d’auteurs qui m’ont l’air d’écrire des choses très intéressantes (Pierre Bordage, Nancy Kress…).



CITRIQ

samedi 23 février 2013

Les amants de l'Apocalypse - Joss Ware


Normalement, j’aurais dû lire ce magnifique texte en novembre dernier dans le cadre d’une lecture commune (et pour pourrir le challenge Fins du Monde de Tigger Lilly), mais faute d’avoir une liseuse sous la main, j’avais un peu jeté l’éponge.

C’était donc tout naturel que j’étrenne pratiquement ma liseuse avec ce formidable roman sentimental post-apocalyptique, qui n’est pas un Harlequin mais un J’ai lu pour elle. Ca a l’air d’un détail, mais après lecture, j’en suis arrivée à la conclusion que le Harlequin constituait vraiment le haut du panier du roman sentimental. Si si, je vous jure.

Et je ne dis pas ça pour les clichés, la romance qui ne fait même pas rêver, le sexisme et tout le tintouin. Enfin si, aussi pour ça. Mais c’est surtout que je n’ai jamais lu un roman aussi bordélique qui mange à tous les râteliers pour finir par arriver à un truc complètement informe.

Bon commençons par les bases. L’apocalypse est arrivée sur Terre il y a cinquante ans, sans autre forme d’explications. Il y a eu des tremblements de terre (bien sûr), plein de morts (évidemment), et des zombies ont fait leur apparition. Et puis un continent a poussé en plein milieu du Pacifique aussi. Oui comme ça.

A noter que les zombies (les gangas comme on les appelle dans le roman) sont assez particuliers, voire carrément difficiles pour ce qui est de choisir leurs proies.
Ils m’ont confirmé ce que nous soupçonnions : que les gangas ne s’en prennent qu’aux blonds, hommes comme femmes.
[...]
Voilà qui ne présageait rien de bon : les gangas, d’ordinaire, n’attaquaient jamais les humains blonds.
Voilà, ça résume tout le livre, rien n’a de sens. On a des zombies qui sont supposés attaquer tous les blonds, ou tout le monde sauf les blonds, mais au final ils attaquent tout le monde quand même, et on ne comprend même pas ce que les blonds viennent faire là-dedans.

Bon en même temps, on s’en fiche, puisque notre héroïne n’est pas blonde. Elle est rousse, avec des yeux vert émeraude, d’où son prénom : Jade. Enfin ce n’est pas son vrai prénom, avant elle s’appelait Diana. Et puis elle a été retenue et abusé par un sinistre personnage pendant trois ans. Mais sinon elle a du caractère, une voix magnifique, et surtout, elle adore l’équitation, comme en témoigne sa première entrée en scène :
Couchée sur l’encolure de son mustang lancé au grand galop, les cheveux volant comme un glorieux étendard, l’héroïne sans visage avait disparu dans la nuit – après lui avoir laissé entrapercevoir un morceau de peau d’un blanc de nacre, entre son jean et sa ceinture.
Quand à celui qui admire ce « morceau de peau d’un blanc de nacre », il s’agit d’Elliott, son futur amoureux comme vous vous en doutez, et médecin de son état.

Avant d’écrire cette chronique, j’ai pris la peine de relire celle du dernier Harlequin que j’avais lu et j’ai redécouvert que dans La morsure de la passion, le mâle était un vampire neurochirurgien (à noter que c’est bien le seul point commun entre les deux, et à choisir je préférais encore le vampire au philtre d’amour !). Je me demande si c’est une constante des romans sentimentaux de genre, juste pour caser ce genre de dialogue :
- Non. Je me sens tout à fait bien. Etonnamment bien, en fait.
- Parfait, dit-il en s’approchant, le sourire aux lèvres. Cela signifie que je vous ai guérie… et que je ne suis plus votre médecin.
- Quel rapport avec ce dont nous parlions, s’enquit Jade, mal à l’aise.
- Et bien… les médecins ne font pas ça avec leurs patients…
Bref Elliott n’est pas juste un médecin, c’est aussi un type qui était dans une grotte lors de l’apocalypse, et qui pour une raison qui ne sera jamais clairement expliquée (autrement dit « ta gueule c’est magique »), en est ressorti cinquante ans plus tard avec sa bande de potes, et des super-pouvoirs en prime.

Désormais, il peut diagnostiquer des cancers rien qu’en touchant les gens, et surtout, il peut les guérir. Sauf que dans ce cas, le mal se transfert en lui, et il doit ensuite le transmettre à quelqu’un d’autre. Mais bon, ce n’est pas grave, il y a toujours la personne idéale à proximité, qu’il s’agisse d’un animal (Elliott envisage de se servir des chiens, le monstre !) ou d’un être humain (comme cette allumeuse de serveuse qui venait le draguer dans son lit en plein milieu de la nuit, bouh la vilaine).

A part ça, Elliott est surtout un type à qui on mettrait bien un bon coup de genou dans l’entrejambe pendant toute la lecture, et à plusieurs reprises même, pourvu que ça calme un peu ses ardeurs de gros macho possessif que le moindre bout de peau excite.

Bon ceci dit, vous noterez qu’entre deux, dès la première rencontre, c’est pratiquement le coup de foudre :
- Etes vous… un ange ? lui demanda la femme. Raphaël, peut-être ?
[…]
- Navré de vous décevoir, mais je ne suis qu’un médecin….
- Mmm… […] Vous n’êtes pas un ange ? Dommage ! […] Qui êtes-vous ? Enlevez votre chemise ! »
Cette pauvre Jade n'a jamais eu l'occasion de voir Star Wars : La menace fantôme, sans quoi elle saurait que le coup de l'ange, au mieux, le spectateur se frappe le front. Au pire il se jette par la fenêtre. En même temps, ce n'est pas sa seule tare, elle souffre également, en dépit de ses traumatismes passés, de la même affliction qu’Elliott, à savoir que le moindre bout de peau l’excite.
Et puis… Oh mon Dieu, un ganga venait de déchirer sa chemise. Quand elle fut réduite en lambeaux, Jade eut sous les yeux les pectoraux et les épaules luisant de transpiration, comme enduits d’une pellicule nacrée.
Et dès qu’Elliott la touche, alors là…
Jade était effarée : comment cet homme qu’elle connaissait à peine, qui l’avait en tout et pour tout embrassée trois fois, osait-il énoncer de telles exigences ? En un clin d’œil, il avait basculé du gentil et sexy Elliott à ce mâle alpha qui la clouait au mur.
Exactement le genre d’homme qu’elle vomissait.
Le problème, c’est qu’elle avait adoré l’embrasser, l’enlacer, et qu’elle aurait volontiers recommencé. Bon sang, quelque chose ne tournait pas rond dans sa tête !
C’est sans doute pour ça que leur histoire d’amour ne fait vraiment pas rêver, c’est juste malsain. Notez que Jade a quand même un éclair de lucidité sur le sujet, qui dure… deux lignes. Ce qui pour une fille qui a été séquestrée, violée, battue etc. pendant plusieurs années, ne tient absolument pas la route.

Bon j’avoue avoir eu un grand avantage dans ma lecture à ce sujet, j’étais prévenue de ce fait, du coup j’ai fait assez facilement abstraction, ce qui m’a permis de m’amuser avec le reste du roman (c'est-à-dire une fois qu’ils ont enfin couché ensemble, alors qu’il y a un cadavre dans la salle de bains à côté, quelle romance !).

Parce que oui, l’intrigue ne se limite pas à leur histoire d’amour. L’auteur a voulu développer tout un univers post-apo, et c’est là que ça part complètement en sucette avec les mystérieux étrangers qui ont des cristaux incrustés qui leur confère l’immortalité. Même qu’ils dealent de la drogue (ouh pas bien) et ont des esclaves (blonds ? pas blonds ? toujours pas compris). Et puis y’a cette histoire d’Atlandide. Quand je vous disais que c’était le boxon, je ne mentais pas !

Il existe une résistance qui cherche à découvrir leurs plans maléfiques, dont fait bien évidemment partie Jade. Pour cela, ils s’efforcent de reconstituer le réseau internet (à partir des fichiers cachés dans les ordinateurs trouvés ici et là, j’aimerais bien savoir comment ils comptent sauver le monde en retrouvant toutes les vidéos de chats que les gens regardent sur Youtube…).

Oui c’est très geek en fait comme roman, enfin voulu comme tel même si ça ne fonctionne absolument pas, en dépit de quelques tentatives de glisser des références ici et là
Ils sont leur armée de mercenaires. Forts, faciles à manipuler, et de peu de valeur. En sus, ils sont très bêtes. Comme les Orcs du Seigneur des Anneaux.
[...]
Seigneur… c’était un vrai roman de science-fiction, ou un épisode de Star Trek. Mais un épisode sinistre et inquiétant.
D’ailleurs, il y a même un héros geek, qui à mon avis ferait un bien meilleur parti que Elliott. Il s’agit de Théo, qu’on rencontre très tardivement dans un centre commercial (de loin le meilleur passage du bouquin, c’est bien le seul moment où on se croirait vraiment dans une histoire de zombies).

Donc ce cher Théo, spécialiste informatique, s’est retrouvé lors de la catastrophe avec un circuit imprimé dans le corps, si bien qu’il vieillit plus lentement, et surtout qu’il peut recharger les appareils avec sa propre énergie. C’est le compagnon idéal, avec lui vous n’aurez plus à vous soucier de recharger la batterie de votre smartphone !

C’est tout de même plus utile qu’un macho de première qui certes peut vous guérir votre cancer, mais doit le refiler à votre chat sous peine de passer l’arme à gauche !

Je pourrais sans doute continuer sans peine sur ce roman, notamment sur le sujet de la lingerie fine en soie et en dentelle qui semble mieux survivre à l’apocalypse que des choses nettement plus utilitaires, mais ce serait faire trop d’honneur à ce texte, qui certes m’a parfois amusé, mais qui est surtout un très mauvais mauvais roman (et pas un bon mauvais roman comme certaines mièvreries).

Lecture commune avec Lelf, Lhisbei et Lune (les seules autres survivantes !)

CITRIQ

jeudi 21 février 2013

Tout, vous saurez tout… (tag)


… sur mes habitudes d’achat en matière de livre, la faute à Endea.

Es-tu une acheteuse compulsive de livres ?
Je ne saurais trop dire, j’ai des crises de boulimie occasionnelles (*tousse* Imaginales *tousse*) mais le reste du temps je suis plutôt raisonnable. A cause du manque de place et de moyens financiers, j’essaye d’optimiser mes achats. Ceci dit je me fais souvent plaisir dans les occasions pas chères, ou à la bibliothèque pour les titres que j'aimerais découvrir sans pour autant vouloir investir.

Par curiosité, j’ai fait quelques statistiques (merci au topic des dernières acquisitions sur le Cercle d’Atuan qui me sert d'aide-mémoire), j’ai acheté une quarantaine de livres l’an dernier, dont la moitié en occasions, pour une centaine de livres lus au total. Je me trouve plutôt raisonnable !

A quelle fréquence achètes-tu tes livres ?
De façon assez aléatoire, il m’arrive de ne rien acheter pendant un mois ou deux parfois puis de faire une orgie d'achat. Ca dépend beaucoup de ce que je trouve comme occasions, et pour les neufs je les achète de plus en plus dans les salons et les festivals de préférence.

As-tu une librairie favorite ?
Gibert Joseph sur le Boulevard Saint Michel à Paris, c’est là que je passe le plus de temps car ils ont un rayon SF vaste et bien approvisionné avec de belles tables de nouveautés et des occasions très intéressantes. Bon là ils ont tout réorganisé du coup je n’ai toujours pas retrouvé où ils avaient rangé les bouquins de l’Atalante, mais sinon tout va bien…

Fais-tu tes achats livresques seule ou accompagnée ?
Seule le plus souvent, c’est mon petit plaisir de fin de semaine. Ceci dit, lorsque j’ai l’occasion de courir les librairies avec les copains-copines, c’est aussi très agréable, on papote, on échange des idées, on déniche des trucs improbables…

Librairie ou achats sur le Net ?
A une époque je commandais beaucoup sur Internet, faute d’une bonne librairie à proximité, mais je n’ai plus trop cette excuse, donc à part pour les livres anglais et quelques occasions difficiles à dénicher, je prends tout en librairie (ou dans les salons).

Vers quels livres te tournes-tu en premier ?
SF et fantasy d’abord, après je fais généralement un tour en jeunesse, dans les comics, et dans les livres en VO (de SF et de fantasy, forcément). Et puis des fois je vais voir les beaux livres d’exposition, pour le plaisir des yeux.

Préfères-tu les livres neufs, d'occasion ou les deux ?
Je n’ai pas de préférence particulière. J’adore l’odeur des livres neufs, et le fait qu’ils ne soient pas abîmés, et puis ça rend bien dans la bibliothèque, les belles séries unies. Mais si je dois accepter un ouvrage un peu abîmé pour moins cher, je ne fais pas la difficile en général. J’avoue même avoir un petit faible pour les vieilles éditions kitsch, et ces vieux bouquins qui ont vécu (j'en ai un avec ce qui doit être la dédicace d'une grand-mère qui offre le livre à son petit fils).

Qu'aimes-tu dans le shopping livresque ?
Euh… les livres ?

Te fixes-tu une limite d'achat par mois ?
Non, par contre si j’achète beaucoup un mois, je me calme un peu celui d’après.

A combien de livres s'élève ta wishlist ?
Pour cette question, j’ai repris mes listes d’envie amazon (je commande quasiment jamais chez eux, mais leurs listes d’envie sont bien pratiques !), j’ai 24 livres dans ma liste « à acheter » (principalement des livres lus à la bibliothèque que j’aimerais avoir chez moi), 31 dans « Livres » (dont les cycles en cours) et 14 « Livres VO » (essentiellement Tolkien et Gaiman). Plus 8 occasions que j’ai mises de côté sur Price Minister, ça nous fait… 77 livres.
Bon ceci dit si y’a bien une liste qui n’est pas à jour, c’est bien ma wishlist qui me sert ponctuellement pour mon anniversaire et Noël. Je trouve que je prends bien assez la tête avec ma PàL sans y ajouter toutes les potentialités de la wishlist !

Cite trois livres que tu veux tout de suite ?
Le tome 1 de Sandman réédité chez Urban Comics, Le chant du barde de Poul Anderson, et les tomes 3&4 d’Une histoire de la science fiction de Jacques Sadoul (c’est des Librio, ils comptent pour un seul bouquin vu leur taille !).

Précommandes-tu tes livres ?
Jamais.

Pourquoi un tel pseudo/nom de blog ?
Vert est un vieux pseudo datant du lycée, à l’époque où on écrivait nos « chroniques d’internat » avec une copine (ça racontait les fabuleuses aventures de Yann Tiersen, sous forme d’un méga-crossover de toutes nos passions de l’époque, de Star Wars au Seigneur des Anneaux en passant par les musiques de film et les formidables aventures de Lapinot). Je l’ai gardé lorsque j’ai commencé à écrire mes fanfictions toute seule, puis sur les forums, et j’ai fini par l’adopter sur mon blog (au lieu de Calenwen, qui est grosso-modo la même chose en elfique) pour harmoniser tout ça.

Pour le blog, Nevertwhere a été trouvé par un ami lorsque j’ai migré L'étrange bibliothèque de Calenwen sur blogspot (parce que Calenwen était déjà pris), et j’ai adoré le jeu de mots sur le roman de Neil Gaiman, Neverwhere, donc j’ai fini par en faire le vrai nom du blog quand j’ai voulu simplifier tout ça.

Voilà, félicitations si vous avez tout lu  !
Je crois que pas mal de gens y ont eu droit, mais dans le doute je refile le monstre à JainaXF, Lune, et Shaya (si ça vous dit bien sûr !).

mardi 19 février 2013

Goliath (Léviathan 3) - Scott Westerfeld


Cela faisait presque un an que j’avais laissé de côté la trilogie steampunk de Scott Westerfeld, jusqu’à que l’occasion faisant le larron et profitant du Winter Time Travel, nous reprenions la lecture commune (légèrement au long cours) que nous avions commencé sur le Cercle d’Atuan.

Il y a donc eu Léviathan, puis Béhémoth, à la fin duquel nous avons laissé Alek et Deryn, de retour à bord du Léviathan après avoir grandement participé à une révolution à Istanbul. Vers quelles aventures vont-ils se diriger maintenant ? Alek finira-t-il par découvrir le secret de Deryn ? C’est ce que l’on va découvrir dans le troisième volume, Goliath. Et nous voilà donc en route pour la Russie.

Au programme, il y a aura quelques scènes aériennes bluffantes, l’arrivée d’un savant qui pourrait bien changer le cours de la guerre, et vous vous en doutez, une sacrée révélation pour Alek. D’habitude, je m’efforce de rédiger ma chronique sans y glisser des spoilers, mais dans le cas présent, cela me semble difficile de tourner sans cesse autour du pot, donc soyez avertis, il y a des spoilers !

L’intrigue démarre sur les chapeaux de roues, et au début, j’ai littéralement avalé les pages, avec un bel enthousiasme. On retrouvait vraiment toutes les qualités de la série : un univers truffé d’inventions fascinantes (toujours superbement mises en image par Keith Thompson), du spectaculaire (le ravitaillement par les ours), et bien sûr l’éternelle problématique de « Alek découvrira-t-il que Deryn est une fille » ?

J’ai beaucoup pensé à la série Merlin en lisant ce dernier tome, car on se rend vite compte que le nerf de l’histoire n’est finalement pas dans l’uchronie ou dans l’univers steampunk, mais dans la relation entre les deux héros, et ce qu’il pourrait se passer si la vérité était dévoilée. Et un peu comme pour Merlin, THE révélation n’est pas forcément à la hauteur de nos attentes, parce qu’à force de nous faire poireauter, nos espérances sont grandes.

Quoique pour Merlin ce n’est pas vraiment que la révélation soit une réelle déception, c’est jusque j’aurais préféré qu’ils osent l’inclure bien plus tôt dans la série, mais je m’égare. Le problème de Goliath, ce n’est pas que la révélation arrive trop tard (bien au contraire, elle intervient dans le premier tiers du roman), c’est juste qu’elle prend ensuite complètement le pas sur le reste.

Les deux premiers tomes (et surtout Béhémoth) avaient une réelle intrigue (qui mettait habilement en lumière les jeux politiques complexes de 1914) en dehors de la relation Alek/Deryn, et c’est ce qui les rendaient intéressants. Là l’auteur semble avoir complètement oublié cela, et l’épopée du Léviathan ressemble plus à un voyage d’agrément avec quelques escales touristiques qu’autre chose.

Et pourtant, il y avait du potentiel avec la présence de Nikola Tesla, savant (fou) inventeur d’une arme capable de détruire des villes entières, ce qui permettrait de mettre fin à la guerre (très jolie réécriture de l’histoire de l’arme atomique), couplée à la mystérieuse histoire de la Toungouska.

Il y avait aussi des choses prometteuses dans ce passage aux Etats-Unis, mystérieux pays à la fois darwiniste et clanker. Mais au final, l’auteur développe très peu son propos, accumulant les clins d’œil historiques (les magnats du journalisme, Pulitzer et Hearst, qui se font la guerre, les débuts du cinéma, la révolution mexicaine…) sans vraiment développer son propos, ou que cela soit utile à l’intrigue, ce qui est frustrant.

Il en est d’ailleurs de même pour l’histoire de l’arme de Tesla, qui devrait être le pilier central du roman, et pour laquelle la conclusion est pour le moins… expéditive et finalement terriblement terre à terre pour un univers comprenant tellement d’inventions fantastiques.

A côté ça, pour ceux qui comme moi étaient en train de devenir de fervents shippers de la relation Deryn/Alek, on en a pour son argent… sauf que cela va bien trop vite, et prend bien trop d'importance.

Il y a la révélation (plutôt bien amenée, je le reconnais, ça m’a bien fait rire que Deryn colle un pain à Alek), quelques beaux passages qui suivent, mais ensuite tout va bien trop vite. Certes, Deryn était déjà amoureuse d’Alek, mais pour autant que je sache, l’inverse n’était pas forcément vrai, et de le voir en 300 pages accepter que c’est une fille et tomber fou amoureux d’elle au point de tout jeter aux orties pour vivre avec elle…

C’est d’autant plus frustrant qu’il en est de même pour l’intrigue générale, où l’on règle la conclusion de la guerre en quatrième vitesse, et que pas mal de choses passent carrément au second plan : le Dr. Barlow a un rôle plus que mineur (et j’étais assez déçue qu’elle soit surprise par le secret de Deryn d’ailleurs), et les loris n’ont finalement que peu d’importance (à part pour pointer du doigt des vérités qui échappent à tout le monde).

En fait on dirait que l’auteur s’est forcé à boucler l’intrigue au plus vite, ce qui est un peu dommage à mon goût. Ce n’est pas vraiment mon genre de demander du rab (je déteste les séries qui n’en finissent jamais), mais je pense que Léviathan aurait bénéficié d’un quatrième tome, qui aurait permis de mieux développer l’intrigue historique (autour de l’entrée en guerre en avance des Etats-Unis, et la victoire rapide qu'elle promet). Ou bien il y aurait fallu moins insister sur l’histoire de Deryn et d’Alek (qui n’était pas obligée de se terminer comme n’importe quel film hollywoodien).

Enfin je devrais y être habituée, je suis toujours déçue par les fins de Scott Westerfeld. C’est un peu dommage, et j’espère qu’un jour il arrivera à faire des fins formidables, car c’est tout de même un très bon auteur.

Parce que je râle certes beaucoup sur ce dernier tome, mais Léviathan reste tout de même une très bonne série jeunesse. L’univers foisonne d’inventions merveilleuses, l’écriture est prenante, visuellement ça a du panache (que ce soit dans le texte, ou par les superbes illustrations) et, chose importante, c’est un texte intelligent.

Même si la conclusion me déçoit un peu, la façon dont il met en perspective la première guerre mondiale est intéressante (encore plus pour un jeune public je pense), d’autant plus qu’il resitue les éléments dans son contexte dans sa postface.

Bref ça restera globalement un bon souvenir de lecture, si on oublie la fin. A noter qu’en VO, il existe un quatrième tome bonus, The Manual of Aeronautics: An Illustrated Guide to the Leviathan Series, qui m’a tout l’air d’un ouvrage abondamment illustré absolument sublime. J’espère qu’ils le traduiront, sinon, je me laisserais sûrement tentée par la VO.

Lecture commune avec Endea, Lhisbei, Shaya, Spocky et Yume


CITRIQ

dimanche 17 février 2013

Le vieux M. Boudreaux - Lisa Tuttle


Si la première nouvelle que j’ai lu sur ma liseuse ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, cette déception a heureusement été largement compensée par le texte dont je vais vous parler aujourd’hui.

Le vieux monsieur Boudreaux est une nouvelle de Lisa Tuttle, qui aurait dû être incluse dans l’excellent recueil Ainsi naissent les fantômes (vous ne l’avez toujours pas lu ? Mais enfin, vous attendez la fin du monde ou quoi ? Et bien elle est passée, vous n'avez plus d'excuse). Ecartée de la version papier, il est possible de la télécharger gratuitement sur le site de Dystopia, un excellent moyen de découvrir l’auteur, ou de poursuivre l’exploration de ses écrits.

La nouvelle nous raconte l’histoire d’une femme qui lors du décès de sa mère, revient dans la maison familiale, à Houston, dont elle a hérité. Je n’en dirais pas plus pour préserver l’intrigue.

Une fois n’est pas coutume, j’ai replongé avec plaisir dans l’écriture de Lisa Tuttle. On a affaire à un récit à la première personne (sans que ce soit exaspérant), avec une héroïne féminine, qui tourne autour de l’habituelle question de la maternité (ici prolongée dans une très juste étude des relations mères-filles) qui domine l’histoire.
« J'aimerais tellement pouvoir faire quelque chose. » Elle-même en avait tant fait pour moi. C'était toujours elle qui donnait, quand je me contentais de recevoir.
Je me répète, mais je suis toujours aussi admirative de la capacité de Lisa Tuttle à évoquer tant de choses avec si peu de mots, de façon si subtile. Ses textes résonnent toujours particulièrement dans mon cœur à la lecture, et celui-ci ne fait pas exception.

Il se démarque par son ton, par contre. Si la plupart des nouvelles de Lisa Tuttle sont angoissantes voir terrorisantes pour certaines, Le vieux monsieur Boudreaux est un texte très doux, nostalgique, où le fantastique est présent, certes, mais absolument pas l’horreur.

C’est une facette de l’auteur qu’on ne rencontre pas souvent (je me souviens que d’un seul texte assez similaire dans Le nid), et qui est tout aussi intéressante que son côté plus sombre. Raison de plus, une fois encore, pour continuer à explorer son œuvre.

vendredi 15 février 2013

Star Trek et le voyage dans le temps


Avant de commencer, je tiens à présenter mes plus sincères excuses à Lhisbei. Non, je ne cherche pas à pourrir délibérément ton challenge (enfin presque pas). Cette étrange étape interstellaire en plein Winter Time Travel n’était pas prévue au programme, bien au contraire.

Tout ça, c’est de la faute de Disney. Avec leur rachat de Star Wars, j’ai le cerveau qui revient régulièrement sur ce fameux épisode VII, au fur et à mesure que les infos filtrent. Mon franc rejet du début s’est peu à peu mué en curiosité, et ayant un peu décroché de la licence ces derniers temps, je me rends compte que j’ai envie de reprendre.

Du coup je suis les nouvelles de très près, et je ne cesse de m’interroger sur à quoi pourrait ressembler ce futur film (j’aime beaucoup cette pseudo version de Wes Anderson d’ailleurs). Déjà côté scénario, quand on me dit Michael Arndt je pense immédiatement à Little Miss Sunshine (cela donne un Star Wars assez étrange dans ma tête…), du coup j’ai voulu me remettre un peu en tête le travail de J.J. Abrams qui réalisera ce septième épisode (vu que maintenant c’est officiel).

Ce qui, après cette déjà trop longue introduction, nous amène à notre présent sujet, à savoir Star Trek, puisque c’était la seule réalisation que j’avais de lui dans ma dvdthèque. Et puis Star Wars, Star Trek, ça commence pareil, c’est un bon début non ?

(Et ce n’est pas la peine de me lancer des tomates, je me suis pointée au ciné en Princesse Leia pour La Revanche des Siths, et je me suis retrouvée pratiquement par hasard à l’avant-première de Star Trek –si si je vous jure-, j’ai le droit de faire des blagues pourries sur la légendaire rivalité entre fans de Star Wars et fans de Star Trek, non mais oh !)

Les spoilers majeurs sur l’intrigue étant au rendez-vous comme vous vous en doutez, je vous invite à passer votre chemin si vous n’avez pas vu ce film (ou si vous avez prévu de le voir dans un avenir proche ou lointain).


Bref, c’était vendredi soir, et je regardais Star Trek. Le genre de film idéal pour le vendredi soir, on en prend plein la vue, et le cerveau ne travaille pas trop. Et tout à coup je me suis remémorée l’histoire. Et là je me suis rendue compte que si je n’en faisais pas un billet pour le Winter Time Travel, j’allais le regretter toute ma vie, car dans ce film, l’aspect le plus intéressant, c’est le voyage dans le temps.

En effet, Star Trek (2009) –oui c’est comme ça qu’on le désigne sur la plupart des sites internet– utilise le voyage dans le temps dans son intrigue, ce qui en fait un des reboots les plus malins qu’il m’ait été donné de voir.

Car ce film est un reboot (oui je sais, je fais tout dans le désordre), celui d’un univers né dans une série télé des années 60, et qui a migré sur à peu près tous les supports possibles (livres, films…). Je ne développe pas trop le sujet, je vous avoue ne rien y connaitre, allez donc embêter Spocky, c’est elle la spécialiste.

Là où la plupart des reboots se contentent d’effacer ce qui a été fait sans se poser franchement de questions (vous avez déjà cherché à faire le lien entre les Batman de Burton et ceux de Nolan ?), Star Trek se paie le luxe d’intégrer le reboot dans le scénario, au point que même les personnages ont eux-mêmes conscience de ce changement.

James T. Kirk: There won't be a next engagement! By the time we've "gathered," it'll be too late! But you say he's from the future - knows what's gonna happen? - then the logical thing is to be unpredictable!
Spock: You're assuming that Nero knows how events are predicted to unfold. The contrary, Nero's very presence has altered the flow of history, beginning with the attack on the U.S.S. Kelvin, culminating in the events of today, thereby creating an entire new chain of incidents that cannot be anticipated by either party.
Lt. Nyota Uhura: An alternate reality.
Spock: Precisely. Whatever our lives might have been, if the time continuum was disrupted, our destinies have changed.

Et quel meilleur moyen pour cela que le voyage temporel ? Grâce à un trou noir bien situé (on n’a pas tous la chance d’avoir une superbe cabine téléphonique bleue à disposition), voilà donc que deux vaisseaux remontent le temps, ce qui provoque une réécriture complète de l’histoire.

Selon la grande tradition de la théorie du chaos, on bouleverse une toute petite variable (les circonstances de la naissance du futur James T. Kirk, en l’occurrence, et le décès de son père), et c’est tout l’univers qui change, surtout quand un grand méchant qui veut se venger décide de l’y aider.

Enfin l’univers ne se modifie pas tant que ça, puisque les éléments clés de Star Trek sont tous là, juste pas forcément là où ils devraient être normalement (Spock et Kirk ne partent pas vraiment gagnants pour être des grands amis, typiquement), et il ne faudra finalement pas grand-chose (deux heures de film, beaucoup d’effets spéciaux et un Kirk en pleine forme) pour que l’équipage de l’Entreprise ressemble à nouveau à celui de la série originale.

C’est l’aspect que j’ai le plus aimé dans ce film je crois. Il remet à zéro les compteurs, certes (enfin pour tout ce qui se déroule après la série des années 60), mais il le fait avec un certain panache, ce qui fait que les nouveaux venus dans mon genre peuvent se familiariser tranquillement avec l’univers (avec en bonus un peu de timey-wimey), tandis que les fans ont droit à un peu plus qu’une simple réactualisation.


Et du coup, on se retrouve avec Leonard Nimoy qui reprend son rôle pour jouer un vieux Spock venu du futur, qui finit fatalement par aller faire la causette à son double alternatif du passé/présent… bref son remplaçant quoi. Déjà au premier visionnage j’avais trouvé cela absolument génial. C'est une forme de passation de pouvoir, entre personnages mais aussi entre acteurs. On nage en plein meta, forcément, j’adore !

Pour le reste, Star Trek est un bon divertissement, un space-opera qui en met plein la vue. Il y a bien des failles dans le scénario, quand on commence à trop y réfléchir, mais rien qui empêche d’apprécier le spectacle, très joli au demeurant. Il y a plein de petits moments ou de répliques drôles, et sur certains aspects, ce n’est pas le blockbuster typique hollywoodien.

(Ca pourra vous sembler mineur, mais à l’exception de ses séances de flirt peu fructueuses avec Uhura, et le fait qu’on le voit au lit avec une sympathique femme verte au début du film, Kirk reste célibataire jusqu’à la fin du film, youhouh ! Paradoxalement c'est Spock qui a le parcours le plus classique, il a une pauvre mère juste là pour mourir au bon moment, et même une copine !)

Au cinéma, le son m’avait un peu collé la migraine, mais avec une sono plus raisonnable, cela passe bien mieux, et j’apprécie toujours autant ces passages silencieux dans l’espace. La musique est chouette, les images très belles, les acteurs bien dans leurs rôles, et le film a l’air de déborder de clins d’œil (qui m’échappent pour la plupart).

Bref c’est un film qui se regarde avec plaisir, et qui bien titillé ma curiosité à propos de cet univers (enfin j’ai essayé de regarder la première série sans jamais accroché, du coup je demanderais sûrement conseil pour une meilleure approche, à l’occasion).

Et puis la suite, Star Trek Into Darkness, c’est pour bientôt, et je vous avoue l’attendre de pied ferme. Et ça n’a rien à voir avec la présence de Benedict Cumberbatch dans le film, ce n’est pas comme si je m’étais mise à trépigner en entendant sa voix dans le trailer, franchement vous vous faites des idées…

mercredi 13 février 2013

Hanosz Prime s'en va sur Terre - Robert Silverberg


Comme je vous l’annonçais récemment, j’ai fait l’acquisition d’une liseuse, et si elle me sert principalement à lire des fanfictions, j’ai quand même chargé mes « vrais » livres électroniques dessus.

Histoire d’ouvrir le bal, j’ai choisi Hanosz Prime s’en va sur Terre, une nouvelle de Robert Silverberg que m’ont gentiment offert les éditions ActuSF pour ma première participation au challenge JLNN.

A vrai dire, je ne sais pas pourquoi je m’acharne, Robert Silverberg et moi, on n’est pas très amis. A l’exception des Monades urbaines, lu récemment, je passe toujours un peu à côté de ces textes, et celui-là n’a pas fait exception.

Hanosz Prime s’en va sur Terre se déroule dans un lointain futur, et nous raconte l’histoire (enfin…) de Hanosz Prime, qui souhaite se rendre sur Terre (oui j’admets mon résumé est particulièrement éclairant en regard du titre de la nouvelle).

Le récit se fait sur un ton assez étrange, qui se moque des textes époque âge d’or avec des civilisations millénaires et ses technologies merveilleuses. C’est clairement parodique, mais assez bizarre comme résultat, et j’avoue que la sauce n’a pas vraiment pris chez moi, car à peine je m’étais habituée au ton que la nouvelle s’est terminée, de façon plus qu’abrupte.

Ca l’est d’autant plus que le mot « fin » se trouve à la page 14, sur la vingtaine promise par la liseuse. Les six autres pages sont consacrées en grande partie au catalogue d’ActuSF ! C’est très gentil comme page de publicité (et bien pensé, les liens pointent directement vers le site d’ActuSF), mais j’avoue avoir trouvé ça légèrement ridicule, le catalogue est presque plus long que la nouvelle !

Bref cette première lecture en numérique ne restera pas dans les annales, mais ce n’est pas bien grave, j’ai plein d’autres textes à découvrir !

lundi 11 février 2013

Ma liseuse et moi

Voilà, j’ai passé le cap, j’ai franchi le Rubicon, j’ai atteint au niveau supérieur, j’ai basculé du côté obscur… bref, j’ai acheté ma liseuse. Enfin, devrais-je ajouter, parce que ça fait tellement longtemps que j’en parle que la moitié de mon entourage pensait que j’en avais déjà une !

Mais bon, je suis longue à la détente, indécise au possible quand je dois acheter quelque chose qui coûte plus de 30 euros, et les finances n’ont pas forcément été au beau fixe ces derniers temps, j’hésitais. Mais j’ai fini par arrêter mon choix, et je suis donc très fière de vous présenter ma nouvelle meilleure amie.


Bienvenue donc à CAL (qui tiendra compagnie à Voyageur, mon ordinateur, et à Highlander, mon disque dur externe). Les fans de Doctor Who apprécieront la référence (indice : « spoilers »), les autres, tant pis pour vous, ce n’est pas faute de vous en parler jour et nuit pour vous convaincre de vous mettre à la série !

CAL est un Kobo mini. Je n’étais vraiment pas partie sur ce modèle à la base, mais c’est l’argument prix qui m’a fait opté pour. J’avais quelques scrupules en fait à mettre 100/130 euros dans un modèle plus avancé, sachant que je n’avais aucune idée de l’usage réel que j’aurais d’une liseuse. Et entre les soldes de la fnac au mois de janvier et un chèque fidélité judicieusement placé, CAL m’a coûté 45 euros, un investissement bien plus raisonnable.

De plus ce modèle inclut grosso-modo tout ce qu’on peut attendre d’une liseuse en plus de la capacité à lire dessus sans s’écorcher les yeux : dictionnaires (français, anglais et un traducteur très pratique), annotations et surlignage (même si je n’ai pas encore trouvé s'il y avait moyen d’importer ça sur le PC, je n’ai pas vraiment cherché ceci dit), et étagères pour classer ses livres.

Il y a même un système de récompenses à débloquer (en testant certaines fonctionnalités, en lisant à tel créneau horaire...) qui me donne l’impression d’être en pleine partie de Dragon Age à chaque fois que j’ai une notification à ce sujet !

Son seul défaut, c’est sa taille, 5 pouces au lieu de 6. C’est très pratique (je peux lire d’une seule main dans le métro), par contre les numéros de page qui devraient s’afficher dans la marge des livres s’affichent sur le texte, c’est très énervant de devoir jouer à deviner le mot !

(Ceci dit entre temps j’ai découvert qu’on pouvait simplement désactiver l’affichage des numéros de page, ce qui règle la question !)

A part ce petit détail et des ralentissements inexpliqués parfois (on clique pour tourner une page, rien ne se passe, on reclique et du coup on se retrouve deux pages plus loin), je n’ai rien trouvé à redire à cette petite merveille qui est un très bon outil de lecture.

J’y ai chargé quelques ebooks bien sûr, romans et nouvelles, quelques classiques libres de droits que je prévois de lire un jour, mais surtout, ce qui a changé ma vie (ou peu s’en faut), c’est d’y avoir chargé mes fanfictions.

J’ai un vice caché (du moins assez peu visible sur ce blog), je suis une véritable mordue de fanfictions. C’est bien simple, si je consacrais le temps que je passe à lire des fanfictions à lire des vrais livres, je pense que je doublerais la quantité de livres lus par an, au moins. Le seul problème, c’est que lire sur un écran d’ordinateur, c’est épuisant, du coup jusque-là je faisais souvent l’impasse sur les histoires longues.

Mais désormais, je les enregistre en epub (certains sites le proposent d’office, comme Archive of our own, sinon je vous recommande le génial site FLAG, qui fait lui-même le boulot pour la plupart des grands sites de fanfictions), je les charge sur ma liseuse, et je lis ça tranquillement dans mon lit, dans le métro, sur un coin de table pendant que je mange, etc.

C’est juste magique, et pour cette raison, je ne regrette pas du tout mon investissement ! En plus c’est très déculpabilisant comme lecture : ça ne me coûte rien, ça ne prend pas de place sur les étagères, je ne m’oblige pas à finir une histoire qui ne me plait pas, et je n’ai pas de chronique de blog à faire derrière, ce qui me laisse un peu de temps pour me remettre à jour. Merci CAL, tu as changé ma vie !

samedi 9 février 2013

Le faiseur d'histoire - Stephen Fry


Cela me surprend toujours, à quel point les plus gros monstres de ma bibliothèque, ceux que je regarde avec méfiance des mois durant (1 an et demi dans le cas de celui-là) sans oser les ouvrir, se révèlent finalement totalement addictifs, au point de leur faire un sort en une semaine à peine (avec une pointe de vitesse sur les deux cents dernières pages qui m’a même carrément surprise).

Le faiseur d’histoire est un roman de Stephen Fry, éminente personnalité britannique dont j’avoue connaitre surtout sa voix (c’est lui la voix du Guide galactique dans le film du même non, notamment). Et si ce n’est pas comme l’écouter, j’avoue avoir retrouvé son ton à la lecture de son roman, assez étrangement.

Mais parlons d’abord de l’histoire, et même de l’Histoire avec un grand H. Michael Young est un jeune doctorant en histoire qui vient de mettre un point final à sa thèse sur l’enfance d’Hitler, et de se faire plaquer par sa copine accessoirement. Alors qu’il s’apprête à déposer un exemplaire de son chef d’œuvre à l’université, il rencontre le professeur Zuckermann, un physicien fasciné par son sujet d’étude.

Mettant en commun leurs connaissances, ils vont donc se lancer dans un projet fou : empêcher les atrocités de la seconde guerre mondiale grâce à quelques tours de passe-passe temporel. Voyage dans le temps à tendance sérieusement uchronique, nous voilà !

En toute honnêteté, j’ai trouvé le début du Faiseur d’histoire assez poussif. Sans doute parce qu’il ne s’agit pas d’un « vrai » roman de SF, l’auteur ne va pas droit au but, et prend plutôt le temps de dresser un portrait moqueur de Cambridge, de son université, et même du monde en général.

C’est drôle et sacrément pertinent sur certains points, mais ce héros qui bavarde, disserte et soliloque à n’en plus finir m’a pratiquement épuisé, je l’aurais presque étranglé avant qu’il ne trouve son idée géniale de réécrire l’histoire. En comparaison, je me suis bien plus attachée au personnage de Zuckermann, prototype du savant un peu dérangé, avec de très bonnes répliques et une histoire personnelle très intéressante.

Après une première partie consacrée à la mise en place du plan, la deuxième partie du roman est logiquement dédiée aux conséquences du dit plan, et c’est à partir de là que j’ai commencé à avaler les pages, tellement cette découverte d’un monde dont l’histoire a été complètement réécrite est délicieuse.

L’auteur prend tout son temps, une fois encore, pour nous le faire visiter, mais cette fois-ci on ne sent pas la longueur. J’aime beaucoup la façon dont il dévoile les tenants et les aboutissants de cette réalité alternative par petites touches, jusqu’à que le héros se retrouve à remettre sérieusement en doute son action, après quoi on bascule dans un véritable page-turner, tout simplement.

Cela est dû à l’excellente narration dont dispose le roman. L’histoire est très bien construite, et se révèle très addictive avec cette alternance entre les aventures de Michael Young (parfois sous forme de scénario de film) et les fragments de la vie d’Hitler (qui se révèlent en fait des extraits de la thèse de Michael).

Il y a tout un jeu de réponse entre les chapitres, qui devient carrément intéressant dans la deuxième partie où les fragments historiques (qui ne concernent bien évidemment plus Hitler) répondent complètement à ceux de la première partie. Bref, j’ai vraiment apprécié toute cette construction narrative qui fait toute la saveur de l’ouvrage.

L’autre grande qualité du faiseur d’histoire, c’est son intelligence. J’ai trouvé que Stephen Fry prenait un peu à contre-pied le principe de la réécriture de l’histoire. En effet, il créé un point de divergence majeur en faisant disparaitre Hitler de l’équation, et au final, le résultat n’est pas aussi spectaculaire qu’on ne l’aurait cru, parce qu’il est loin d’être le seul élément dans la grande équation du XXe siècle.

Ajoutez à cela un ton moqueur plutôt sympathique, et une intrigue diablement efficace, et vous comprendrez que ce roman se dévore à une vitesse folle. A vrai dire, à part quelques lenteurs au début, je n’ai aucun reproche à lui faire, même la postface qui dresse un portrait plutôt complet de l’auteur (ce qui est fort intéressant pour les ignares dans mon genre) est passionnante à lire !

Une petite diatribe sympathique de Michael pour finir :
« Les films, c’est l’action. Dans les films, il se passe des choses. Vous êtes ce que vous faites. Le contenu de votre tête ne signifie rien tant que vous n’agissez pas. Geste, expression, action. On ne pense pas. On agit. On réagit. A des choses. Des évènements. On provoque des évènements.
[…] On n’a jamais le temps de penser. Vos yeux peuvent aller du monstre extra-terrestre aux câbles à haute tension qui crépitent tandis qu’un plan vous vient en tête, mais vous n’êtes jamais obligés de penser.
Hamlet représenter le parfait héros de théâtre. Lassie résume le parfait héros de cinéma.
Votre histoire – votre « back-story », comme on dit à Hollywood – ne compte que dans la limite où elle informe le présent, le maintenant, l’Action du film de votre vie. Et voilà comment nous vivons tous, aujourd’hui. Par scènes. Dieu n’est pas l’Auteur de l’Univers, c’est le scénariste de votre biopic. »

CITRIQ

jeudi 7 février 2013

Ernest et Célestine - Benjamin Renner, Vincent Patar & Stéphane Aubier


Je me suis un peu précipitée, juste avant sa disparition des salles, pour aller voir ce film. Ce n’était pas vraiment prévu au programme (en dépit d’un scénario signé Daniel Pennac), étant complètement passée à côté d’Ernest et Célestine dans mon enfance. Mais j’ai entendu tellement de retours positifs que j’ai tenté l’aventure, et je ne le regrette pas.

Ernest et Célestine se déroule dans un monde où les ours vivent en haut et chassent les souris, tandis que les souris vivent en bas et ont peur des ours. Mais Célestine, une souris courageuse ne croyant pas en tous ces contes de fées ridicules va tenter de devenir amie avec un ours un peu grognon, Ernest.


Comme je disais, je ne connais absolument rien à Ernest et Célestine, j’ai donc pris l’histoire pour ce qu’elle est, une sympathique aventure pleine de bons moments, parfois mignons, parfois presque effrayants (j’adore l’histoire de la vieille souris au début, visuellement c’est excellent).

Le film a un petit côté déviant (l’histoire du petit ours avec son papa qui vend des bonbons et lui interdit d’en manger, tandis que sa mère vend des dents, on dirait du Roald Dahl), et j’ai trouvé la conclusion qui rend hommage aux albums (enfin si j’ai bien suivi !) très touchante.


Il y a de très jolis dialogues (avec de très bons doublages), une chouette musique de fond, et surtout, des dessins absolument merveilleux. Rien que pour ça il faut voir le film.

C’est vraiment un film d’animation qui sent le « à la main » avec son animation parfois un peu rudimentaire, et son style qui évoque les albums jeunesse et les aquarelles. Esthétiquement, c’est absolument magnifique, si bien que j’aurais regardé le film même sans aucun son je crois !

Autant dire que si vous n’avez pas eu l’occasion de voir ce petit bijou d’animation, je vous conseille d’y courir avant qu’il disparaisse des salles, il vaut vraiment le détour, rien que pour la beauté de ses images.

mardi 5 février 2013

Top Ten Tuesday (11) : 10 titres VF qui n'ont rien à voir avec leur équivalent en VO


10 titres VF qui n'ont rien à voir avec leur équivalent en VO
(légèrement adapté en « mais à quoi pensait le traducteur/l’éditeur quand il a pondu ça ? »)

J’ai eu un peu de mal à rassembler mes titres pour ce top ten, car autant je pourrais écrire un véritable roman sur les traductions de titres de films, autant j’ai moins de souvenirs de titres français particulièrement exaspérants pour des romans (du moins dans ceux que j'ai lu récemment ou que j'ai retrouvé dans ma bibliothèque).

Comme quoi à l’heure actuelle les éditeurs préservent en général assez bien le titre originel finalement. Mais quand même, des fois, j’aimerais comprendre…

1. L’assassin royal / Farseer Trilogy et toutes ses suites – Robin Hobb

Difficile de faire l’impasse sur toute cette série, où l’éditeur semble multiplier les prétextes pour ne surtout pas coller aux titres originaux (sauf pour le tout premier roman de la première série !). D’où ce résultat :
- Farseer trilogy => L’assassin royal (La citadelle des ombres en omnibus)
- Liveship traders => Les aventuriers de la mer (L’arche des ombres en omnibus)
- The tawny man => L’assassin royal (La citadelles des ombres en omnibus)
- Rain wild chronicles => Les cités des anciens
Mais sinon tout cela est parfaitement logique… Et encore, je ne vous fait pas le comparatif des titres des romans en eux-mêmes (avec le découpage), sous peine d’y être encore dans une semaine !

2. L’étrange vie de Nobody Owens / The Graveyard Book – Neil Gaiman

Neil Gaiman est un auteur chanceux, il est en général extrêmement bien traduit en VF, avec des titres très respectueux (oui bon d’accord, la plupart du temps ils ne les traduisent même pas, et c’est sans doute tout aussi bien !). Il n’y a qu’un seul cas de figure où ça n’a pas été le cas, et je n’ai toujours pas pardonné cette faute de goût à l’éditeur. Oh bien sûr, c’est tellement facile d’évoquer L’étrange noël de Monsieur Jack pour aguicher le client, mais du coup c’est toute la référence au Livre de la Jungle (qui domine tout le livre) qui tombe à l’eau.

3. Chroniques des années noires / Years of rice and salt – Kim Stanley Robinson

Des fois, on ne peut que se poser des questions sur le choix du titre. Pourquoi casser toute la symbolique du titre qui évoque la réécriture de l’histoire en mettant l’Islam et la Chine au premier plan ? Pourquoi diable des années noires ? Cette version uchronique de l’histoire de l’humanité n’est pas plus noire que la nôtre (elles se valent bien), alors pourquoi ce choix de titre ?

4. A la croisée des mondes / His dark materials – Philip Pullman

C’est sans doute dans le domaine de la jeunesse qu’on retrouve le plus souvent des traductions complètement à l’ouest des titres. Si globalement je n’ai jamais rien eu contre le titre du cycle (A la croisée des mondes est plus évocateur que His dark materials finalement), j’aurais autant préféré que les deux premiers romans gardent leurs titres originaux : Les royaumes du nord ne valent pas les Northern Lights, et surtout, La tour des anges n’évoque pas grand-chose dans le livre, contrairement au Subtle Knife

5. La compagnie des fées / A Midsummer's Nightmare - Garry Kilworth

Parce qu’un roman qui met en scène les fées d’une des plus célèbres pièces de théâtre de Shakespeare, c’est tout à fait logique de ne surtout pas garder la référence dans le titre, ça risquerait de faire fuir le lecteur de fantasy qui prendrait peur à l’idée de lire du théâtre, à n’en point douter…

6. Dead Kennedy / Perfect circle – Sean Stewart

Histoire de varier un peu, plutôt que de parler tout le temps des titres français, parlons un peu des traductions françaises… en anglais ! C’est tellement logique comme technique d’ailleurs. Encore que dans ce cas, le choix ait relativement du sens (mais on dirait quand même qu’ils cherchent à attirer le client avec un roman sur la mort du président).

7. Riverdream / Fevre dream – George R.R. Martin

Par contre dans le cas de ce roman, le concept de traduire de l’anglais par de l’anglais trouve sérieusement ses limites. Non parce que si Fevre Dream a tout à fait son sens dans le texte (c’est le nom d’un bateau et ça joue sur la ressemblance Fevre/Fever), Riverdream… je cherche encore !

8. Daytripper : au jour le jour / Daytripper - Fábio Moon & Gabriel Bá

Et après les traductions anglaises en anglais, l’autre cas qui me fait toujours rire, c’est la demi-traduction. Comprenez qu’on garde le titre originel, mais on lui adjoint un sous-titre pour l’éclaircir. Ou pour éviter de mélanger VO et VF lorsqu’on passe sa commande en ligne ? En tout cas, ce sous-titre qui n’a pas forcément grand sens d’ailleurs. Au jour le jour, c’est au moins aussi limpide que Daytripper tiens !


Même cas, autre comic. A se demander comment on a échappé à des choses comme Sandman : Le maitre des rêves ou pire encore, Star Wars : La guerre des étoiles (en fait ce dernier existe vraiment, mais à la décharge de Pocket, le titre Un nouvel espoir n’existait pas encore en 1992).

10. Elle qui chevauche les tempêtes / Windhaven – George R.R. Martin & Lisa Tuttle

Ceci dit je râle et je râle encore sur les traductions de titres, mais il y a parfois des cas où l’on remercie le traducteur, parce que le titre vf donne bien plus envie de s’intéresse au roman que le titre originel. J’en veux pour preuve le très beau Elle qui chevauche les tempêtes, que j’ai lu il y a très longtemps d’abord pour son titre et sa couverture de chez Lunes d’Encres. L’édition J’ai lu, sous le titre de Windhaven, ça m’inspire beaucoup moins. Comme quoi, des fois, ça vaut la peine de s'éloigner de la VO, finalement...

Le Top Ten Tuesday est une initiative de The Broke and the Bookish, reprise en version française par Iani.

dimanche 3 février 2013

Langues de serpents (Téméraire 6) - Naomi Novik


A la fin du cinquième volume, nous avions laissé Laurence et Téméraire en route pour l’Australie avec trois œufs de dragons. Arrivés-là bas, ils découvrent là-bas une atmosphère tendue (la colonie vient de connaitre un coup d’état), et alors qu’ils partent en exploration pour trouver une route à travers les montagnes, quelques péripéties vont sérieusement prolonger leur périple.

A la lecture, Langues de serpents m’a fait l’effet d’un tome de transition, où finalement bien peu de choses se passent, à part cette longue expédition à travers le continent australien, certes fascinante (comme toute exploration en territoire inconnu), mais assez monotone.

Et dans un pays désert et que je connais trop peu, j’ai manqué d’éléments pour vraiment apprécier la visite, même si Wikipedia a résolu quelques-unes de mes questions (cela m’a permis de vérifier la véracité de l’existence de personnages comme Bligh ou MacArthur).

Ceci dit il se passe tout de même quelques petites choses dans ce tome. Déjà, il y a Laurence qui évolue. Cet homme qui a toujours vécu sous le joug de millions de règles et de principes (ce qui le rendait assez antipathique au début, d’ailleurs) a déjà dû prendre des décisions difficiles (notamment dans le tome 4) parce que son instinct et son sens moral lui soufflaient d’ignorer les règles.

Ici, sans aller jusqu’à le voir faire la révolution (il ne faut pas pousser, tout de même), j’ai senti comme un basculement, comme s’il se décidait enfin à bousculer les choses pour écouter son cœur. C’est léger, mais perceptible ici et là (notamment à la fin), et je me demande ce que l’auteur compte faire à ce sujet.

Par ailleurs, même si on est bien loin du monde occidental, et donc des guerres napoléoniennes, quelques éléments glissés ici et là rappellent qu’on nage en pleine uchronie, l’histoire commençant d’ailleurs à prendre un tournant radicalement différent.

Les conflits prennent une dimension mondiale (et non juste européenne), avec l’implication de la Chine (un retour bienvenue, on ne les avait guère entendu depuis le volume 2), d’une certaine nation africaine rencontrée dans le volume 4, et à en juger par les allusions, on devrait bientôt entendre parler plus en détails des Amériques.

C’est l’effet de la présence des dragons, force aérienne sans commune mesure pour l’époque, bien sûr, mais aussi véritable peuple d’être conscients qui ont aussi leur rôle (politique) à jouer dans ce conflit, qu’ils le décident par eux-mêmes, ou qu’ils soient manipulés.

Du coup, même si ce tome m’a laissé sur ma faim, quelques allusions ici et là (et je l’admets, la quatrième de couverture du prochain tome) augurent une intrigue qui reprend du poil de la bête par la suite, je n’aurais donc aucun scrupule à poursuivre ma lecture !


CITRIQ

vendredi 1 février 2013

Loin, très loin de tout - Ursula K. Le Guin


Parmi mes magasins favoris à Paris, il y a Boulinier, spécialiste du livre au prix du papier (donc pas cher, cela va de 20 cts à 2 euros pour du poche). Il faut aimer fouiller dans les bacs (les livres étant tout juste classés par genre), mais de temps en temps, c’est un peu comme à la loterie, on déniche le gros lot.

Dans le cas présent, c’était un petit roman jeunesse (une novella même, avec ses 100 petites pages) de Ursula Le Guin que je cherchais depuis longtemps, ainsi qu’un livre absolument collector dont je vous parlerais sûrement à l’occasion.

Loin, très loin de tout est un roman assez inattendu, dénué de tout caractère fantastique/fantasy-ste/science-fictionesque, qui évoque avec beaucoup de simplicité et de justesse le passage à l’âge adulte, et l’époque des premiers amours.

Owen, dix-sept ans, est un jeune homme brillant, mais associable, étant clairement plus intéressant par les livres et les expériences scientifiques que par le sport et la recherche d’amis (un peu au désespoir de ses parents). Cependant, un jour, il rencontre Nathalie, un peu dans la même situation que lui (elle préfère la musique à tout), et une étrange amitié se noue entre eux alors qu’ils terminent leur dernière année au lycée.

Sur le papier, ça ne paye pas de mine, et pourtant, comme tout ce qu’écrit Ursula Le Guin, c’est un texte qui fascine, et qui se révèle très perspicace sur les sujets qu’il aborde : les enfants qui ne rentrent pas dans le moule à l’école (oh combien je me reconnais là-dedans), les relations parents-enfants (conflictuelles, mais pas que), la difficulté des premiers amours (tout le monde ne murissant pas à la même vitesse, chacun ayant sa perception de la chose, parfois influencée par l’environnement).

C’est un roman jeunesse un peu atypique finalement, mais terriblement juste, qui m’a personnellement beaucoup parlé. Le genre de roman à mettre dans toutes les (jeunes) mains, somme toute, surtout vu sa toute petite taille.
« Lorsqu’on découvre qu’on est seul, vraiment seul, je crois que le plus souvent on panique. On se jette dans la situation exactement opposée et on se mêle à un groupe : club, équipe, association. On commence à s’habiller exactement comme les autres. C’est un moyen de se rendre invisible. La façon de coudre ses pièces sur les trous des jeans devient d’une importance incroyable. Si elles ne sont pas cousues comme il faut, vous n’y êtes pas. Vous devez y être. Y être. Vous avez remarquez comme ces mots sont bizarres ? Etre où ? Etre avec eux. Avec les autres. Tous ensemble. C’est le nombre qui fait la force. Je, ça n’existe pas. […] Ce que vous voyez, c’est nous. Seulement nous. Ensemble, peinard.
Et si Nous Vous apercevons, vous là-bas, tout seul dans votre coin, ou bien la chance est avec vous et nous vous ignorerons, sinon il se pourrait que nous vous lancions des pierres. Car nous n’aimons pas ceux qui ont sur leurs jeans des pièces différentes des nôtres, et qui nous rappellent que chacun de nous est seul, qu’aucun d’entre nous n’est peinard. »

CITRIQ