mardi 30 avril 2013

Doctor Who 7x10 - Journey to the Centre of the TARDIS


Waouh ! Après des épisodes certes bien fichus, mais qui ne me touchaient pas plus que ça, Journey to the Center of the TARDIS a été un pur moment de plaisir. Le titre était prometteur, et le résultat final ne m’a déçu. En avant donc pour un voyage au centre du TARDIS (Jules Verne, si tu nous entends…). Des spoilers vous attendent dès le premier couloir, vous vous en doutez…


Tout commence avec la sempiternelle mésentente entre Clara et le TARDIS (qu’est-ce que vous voulez, les familles recomposées c’est jamais simple, surtout quand votre mari ramène des nouveaux enfants à la maison deux fois par semaine !).

Le Doctor donne donc une leçon de pilotage (rien que ça !) à sa nouvelle compagnonne, désactivant au passage bon nombre de sécurités, ce qui en fait la proie idéale d’un trio de récupérateurs. En passant, j’ai un peu de mal à croire que le TARDIS puisse être si vulnérable, mais sans ça, il n’y aurait pas d’histoire, donc passons.


Dans l’affaire, Clara se retrouve coincée dans un TARDIS en bien mauvais état, et le Doctor « embauche » donc les trois récupérateurs à sa façon pour la retrouver (« Salvage of a lifetime », mon œil !). Pourquoi a-t-il besoin d’eux ? Peut-être cherche-t-il à les garder en vue pour qu’ils n’en profitent pas pour mettre le TARDIS en petits morceaux dans son dos, ou aime-t-il avoir des gens pour l’écouter ? A vrai dire sur le moment on n’y prête pas attention.

En tout cas c’est un trio de personnages secondaires avec de la personnalité. Bon certes ils ne brillent pas par leur intelligence ou leur grandeur d’âme, mais ils sont remarquables, à leur façon. Sachant que l’épisode est déjà bien assez riche pour se passer de cela, c’est un élément à noter.


Pendant ce temps, Clara explore les nombreux couloirs du TARDIS, véritable rêve de fan, et l’émerveillement est bien sûr au rendez-vous (même si mâtiné d’une pointe d’horreur à cause de la mystérieuse créature qui rode, même qu’au début j’ai pensé avec un peu trop d’ambition que c’était un reste de la Time War !).


Au détour d’un débarras, elle croise le berceau du Doctor (et de Melody).


Un des TARDIS en papier mâché d’Amy, et même un parapluie que je soupçonne d’appartenir au 7e Doctor. Et ce n’est que le troisième épisode où l’on voit Clara parapluie en main, ça sonne presque comme un motif récurrent (quant à savoir s’il est significatif, je me fais sûrement un peu des films).


Oh un télescope !


La piscine !

« Now that's just showing off. »
Et la bibliothèque… Nom de Zeus, vous avez vu la taille de la pièce ?


Avec des encyclopédies en bouteille !


Un livre sur la grande Guerre du Temps !

Bref, vous l’aurez compris, cette visite du TARDIS me ravit au plus haut point, il ne manque guère qu’un passage par la cuisine (non sincèrement, entre deux pièces grandioses, une petite cuisine en formica m’aurait bien plu).

De leur côté, le Doctor et son trio ont également droit à leur lot de merveilles.


L’un d’eux en démontant la console (le vil ! le méchant ! l’odieux !) a le droit à un sympathique montage de répliques d’anciens épisodes (dont Susan et le 9e Doctor).


Pendant qu’un autre tombe sur cet étrange arbre capable de fabriquer n’importe quoi (dont une belle récolte de tournevis soniques, à n’en point douter).

La visite guidée merveilleuse prend un tournant abrupt, vu qu’un méchant récupérateur décide de s’approprier un des « fruits », ce qui met le TARDIS en particulièrement en rogne. En conséquence, les couloirs se transforment en labyrinthe, tout le monde tourne en rond, et avec quelques créatures dans l’équation, tout cela devient légèrement effrayant, l’un des frères meurt d’ailleurs.


Heureusement Clara et le Doctor finissent par se retrouver grâce à un système d’échos de salle de contrôle. Et s’il s’avère que l’autodestruction était du bluff (ça ne surprendra personne), le TARDIS est tout de même sur le point d’être détruit, et toute la joyeuse équipe doit rejoindre son centre pour éviter ça.


Sauf que la balade devient très flippante, avec tous ces échos qui se baladent dans les couloirs. Et ces créatures que le Doctor a clairement identifiées mais sur lesquelles il ne dit rien. Et les trucs qui sortent des murs qui permettent une révélation en passant, le prétendu androïde est purement humain !


On continue la visite avec la source d’énergie du TARDIS, une étoile sur le point d’exploser, rien que ça. On comprend mieux que le Doctor en soit arrivé à brûler une étoile pour parler à Rose à la fin de la saison 2.

Et c’est alors qu’ils sont coincés à cet endroit que les créatures sont enfin identifiées, ce sont leurs doubles du futur, qui ont brulé dans cette pièce (parce qu’ils étaient coincés par leurs doubles du futur, une spirale sans fin !).

« Listen, I brought you here to keep you safe, but it happened again. You died again. »
Le Doctor commence d’ailleurs à en perdre tous ses moyens (et à divulguer ses secrets), mais fort heureusement, il contre le « mauvais sort » à sa façon, et on arrive pratiquement au cœur du TARDIS, non sans perdre les deux derniers récupérateurs en route (ils ont joué leur rôle !).


C’est donc l’heure pour une bonne séquence entre le Doctor et Clara.
- Well, there's no point now, we're about to die, so just tell me who you are. […] What are you, eh? Are you a trick, a trap?
- I don't know what you're talking about.
- You really don't, do you?
- I think I'm more scared of you right now than anything else on that TARDIS.
- You're just Clara, aren't you?
- OK. I don't know what the hell this is about, but the hug is really nice.


Et on termine donc au cœur du TARDIS, dans une bien piètre situation. Heureusement, en associant l’espèce de télécommande ramassée chez les récupérateurs, le message imprimé sur la main de Clara et une fissure dans l’espace-temps, le Doctor trouve un moyen pour rétablir la situation.

- You call yourself Doctor. Why do you do that? You have a name. I've seen it. In one corner of that tiny...
- If I rewrite today, you won't remember. You won't go looking for my name.
- You'll still have secrets.
- Better that way.


Et tout revient à zéro (ou presque dans le cas des récupérateurs). Clara oublie ce qu’elle a appris du Doctor (son nom, le mystère qui l’entoure, elle). Pour ce qui est du Doctor, je n’en suis pas sûre, ça serait bien son genre de n’avoir rien oublié. Tout cela ne fait pas particulièrement progresser le schmilblick, mais c’est un sacré teaser pour le grand final de cette saison.

En fait cet épisode me fait beaucoup penser à The Edge of Destruction, un des tous premiers épisodes de Doctor Who, où le TARDIS cherchait à faire comprendre à son équipage que quelque chose déconnait pour leur éviter la mort.

C’est exactement la même chose ici, rien ne semble anodin, les « fuites temporelles » sont avant tout des indices (l’inscription sur la main de Clara, le zombie avec la main sur le visage, la Clara du passé qui reparle du bouton…). Même la présence du livre sur la Time War n’a rien d’anodin (comme si le TARDIS voulait que Clara le trouve, je doute fortement qu’en temps normal le Doctor laisse ce genre d’ouvrage à portée de main de ses compagnons).

A un moment je me suis dit que le TARDIS n’aimait pas Clara à cause de ce qui arrive dans cet épisode (après tout si le Doctor n’avait pas cherché à lui apprendre à piloter, rien ne serait arrivé, mais en même temps c’est à cause de leur mésentente que cela s’est produit, authentique cercle vicieux).

C’est peut-être à cause d’un évènement à venir ceci dit (à tout hasard, l’épisode 13 ou celui du 50e anniversaire), après tout il devient de plus en plus évident que l’anomalie n’est pas cette Clara-ci, qui est tout ce qu’il y a de plus normale, mais les deux autres Clara rencontrées (qui sont peut-être une conséquence de son futur). Et je me demande même, vu comment se développe l’idée d’un TARDIS pensant, à quel point tout cela n’est pas sciemment calculé pour préparer Clara (à quoi, allez savoir…).

Bref en plus d’être un épisode très dynamique (ça se ressent quand on essaye de faire des captures d’écran et qu’on se rend compte à quelle vitesse les scènes s’enchainent !) et la concrétisation d’un véritable rêve de fan (la visite tant rêvée de l’intérieur du TARDIS), ce Journey to the Centre of the TARDIS est un épisode très riche, qui multiplie les questions.

Autant dire que j’ai passé un excellent moment (c'est l'épisode qui m'a le plus plu pour le moment), et vu le teaser de la semaine prochaine, cette fin de saison promet d’être grandiose ! (oui je m’avance un peu, mais après on aura droit à du Neil Gaiman, m’étonnerait que ce soit mauvais)

P.S. : Pour un avis diamétralement opposé, je vous conseille celui de JainaXF, qui comme d'habitude n'est pas d'accord avec moi (ça en devient franchement drôle d'ailleurs :D)

dimanche 28 avril 2013

Doctor Who 7x09 - Hide


Oui une fois de plus je suis très en avance pour faire mon compte rendu, mais je suis forcée d’avouer que j’ai un peu de mal à accrocher à ces derniers épisodes. Sur le fond il n’y a rien à redire, bien au contraire, mais le coup de cœur n’est pas au rendez-vous, et je reviens moins facilement dessus (vous pouvez d’ailleurs comparer les avis opposés qu'on cultive avec JainaXF, c’est absolument hilarant).

Ceci dit je ne m’en inquiète pas trop, j’ai eu le même problème au début de la saison 5, j’avais beaucoup de mal à m’habituer à Amy (ça m’a pris une saison entière pour l’apprécier !), et c’est finalement en les revoyant sur France 4 que j’ai apprécié ses premiers épisodes, avec tous les clés en main. C’est un peu la même chose cette fois-ci, d’ailleurs rien que le revisionnage pour rédiger mon compte rendu m’a permis de mieux l’apprécier !

En avant donc pour cet épisode garanti 100% horreur et maison hantée, avec spoilers inclus !


Tout commence donc dans une maison hantée, dans laquelle le Dr. Palmer fait des expériences pour élucider le mystère de son fantôme, à l’aide d’Emma, une jeune empathe (dont il est amoureux et vice-versa accessoirement). Evidemment, c’est le genre de mystère auquel est incapable de résister le Doctor, qui réalise bien vite une entrée en fanfare.

- Hello, I'm looking for a ghost.
- And you are... ?
- Ghostbusters !
Après les présentations (confuses) d’usage et la présentation de l’énigme, Clara et le Doctor partent en expédition dans la maison dans la grande tradition des films d’horreur. Je m’étonne d’ailleurs que de façon fort traditionnelle, Clara ne disparaisse pas à un moment ou à un autre.


D’ailleurs cet épisode a vraiment joué jusqu’au bout la carte de l’ambiance, les environnements et la photo sont excellents. Par contre j’ai trouvé (et c’est sans doute ce qui m’a dérangé) qu’il y avait peu d’alchimie entre Clara et le Doctor. Ça prend du sens à la fin de l’épisode, mais quand même, ils étaient plus complices au début il me semble.

- Doctor ?
- Yes ?
- I may be a teeny, tiny bit terrified.
- Yes ?
- But I'm still a grown-up.
- Mainly, yes, and... ?
- There's no need to actually hold my hand.
- Clara ?
- Yes ?
- I'm not holding your hand.
Sauf à ce moment-là !


Après une nouvelle apparition, le Doctor a une idée en tête, et voilà notre duo qui repart à bord du TARDIS, ce qui permet de revenir sur la mésentente entre Clara et le TARDIS (qui est de plus en plus communicante décidément), et accessoirement de s’offrir un beau voyage à travers les âges.


A l’origine…


A Jurassic Park !


Devant ce qui m’a l’air d’être toujours le même manoir où ils tournent leurs épisodes


Et à la fin…

A noter que ce petit voyage secoue quand même un peu Clara (on la comprend, jusqu’à maintenant elle n’a pas vraiment pu prendre conscience de l’immensité de l’univers que lui ouvre le TARDIS), qui se demande un peu quel genre de personne peut passer à travers les époques et les morts sans sourciller (ma pauvre Clara, si tu savais…).

- To you, I'm a ghost... we're all ghosts to you. We must be nothing.
- No... no... you're not that.
- Then what are we ? What can we possibly be ?

« You are the only mystery worth solving. »
Cette réplique est bien triste, car si Clara peut prendre cette remarque au sens général, nous autres spectateurs savons parfaitement qu’elle fait uniquement référence à elle, la femme morte-deux-fois. Cela montre à quel point le Doctor s’est retiré de l’univers.

Mais en même temps, il y a une lumière dans ces yeux quand il dit ça… Oui c’est une attitude très froide (et ça explique sans doute l’alchimie pas toujours parfaite entre lui et Clara, qu’il voit autant comme un compagnon qu’un objet d’étude), et en même temps on dirait que c’est tout ce qui le rattache à la vie. Ce qui est quand même très triste en fait. Ah Eleven, on trouvait Ten torturé, mais dans ton genre, tu es pas mal !


Et après ce petit moment émotion (ça ne m’a pas frappé au premier visionnage, mais là il m’a brisé le cœur cet échange), on revient à notre fantôme, qui se révèle être une voyageuse temporelle coincée dans un univers de poche.

J’aime beaucoup cette explication, c’est typiquement du Doctor Who (timey-wimey à souhait). Pour le coup c’est cohérent et bien maitrisé.


Et donc séquence sauvetage, avec le don d’Emma (et quelques références aux anciennes saisons) pour ouvrir une porte vers cet autre univers, et le Doctor à la rescousse avec son fameux « Geronimo ! ». Evidemment tout ne se passe comme il faut, le Doctor reste coincé là-bas avec la créature.

« You want me to be afraid ? Then well done. I am the Doctor... and I am afraid ! »
Heureusement, le reste de l’équipe ne reste pas inactif, et voilà Clara qui s’en retourne au TARDIS pour le sauver.


Je ne suis pas hyper fan ceci dit de la réutilisation de l’interface vocale, et de voir Clara partir à bord du TARDIS comme ça (j’ai bien cru que l’épisode allait s’arrêter là et que ça lancerait sur l’épisode suivant d’ailleurs, vu son titre !). Le TARDIS a besoin d’un pilote normalement, et rares sont ceux qui arrivent à le contrôler à part le Doctor (et River).

Quand on se rappelle le combat de Rose dans The Parting of the Ways, tout cela semble trop facile. Neil Gaiman a ouvert la voix à plus d’interactions avec le TARDIS, mais cela m’ennuierai que ça devienne routinier (même si on peut imaginer que le TARDIS s’exprime plus depuis son aventure dans The Doctor’s Wife).


Alors que l’histoire semblait être bouclée, les cinq dernières minutes sont plutôt riches, à commencer par ce petit échange entre Emma et le Doctor, qui révèle les vraies intentions de ce dernier. La visite de la maison hantée n’avait rien d’un hasard, il continuait son enquête sur Clara, comme il le faisait pour Amy dans la saison 6 (même si pour le coup il n’avance guère).

Emma et Palmer concluent également leur histoire d’amour (d’autant plus que la voyageuse temporelle est leur descendante), et le Doctor finit par comprendre ce que recherche le monstre.

« It's the oldest story in the universe - this one, or any other. Boy and girl fall in love, get separated by events -war, politics, accidents in time. […] Since then they've been yearning for each other across time and space -across dimensions -, this isn't a ghost story, it's a... love story ! »
Un peu facile tout ça, et plutôt mignon (à l’image de The Rings of Akhaten, l’autre épisode écrit par Neil Cross), mais cela fonctionne bien. Il n’y a pas à dire, pour cette deuxième partie de saison, les scénarios tiennent la route et jouent la carte de la subtilité pour le fil rouge, ce qui n’est pas désagréable du tout. Et à l’heure où j’écris ces mots (samedi soir), la suite est pour bientôt, ce qui fait d’autant plus plaisir !

vendredi 26 avril 2013

Petite revue béophile trimestrielle (8)

Oui je sais, j’ai pratiquement un mois de retard, mais faites comme si vous n’aviez rien vu, ce n’est pas ma faute si mes comptes rendus de Doctor Who chamboulent les plannings de publication et que certains articles se retrouvent renvoyés aux calendes grecques !

En ce moment, il y a une exposition sur les musiques de film à la Cité de la Musique. Je n’ai pas encore pris le temps d’aller à voir (mais c’est au programme), mais j’ai par contre pu profiter d’un concert dans le cadre de cette exposition.

Fin mars, nous sommes donc allées voir avec Spocky un concert de musiques d’Alexandre Desplat. J’aime beaucoup ses musiques (et le concert m’a donné envie d’explorer ses anciennes œuvres que je ne connais pas), mais j’ai un peu regretté la mise en scène qui détachait complètement les musiques de leurs films d’origine. Sans parler des musiciens qui ne s’arrêtaient pas une seconde entre chaque morceau, donnant l’impression de courir un marathon (et n’aidant pas à différencier les dits morceau. Assez bizarre, mais fort joli quand même !

A part ça, j’ai acquis quelques très belles BO en ce début d’année :


Django unchained – Plein de gens

Comme toujours Quentin Tarantino n’a pas son pareil pour récupérer des éléments très éclectiques pour construire ses bandes originales (qui pour le coup n’ont rien d’original). A l’écran c’est absolument délicieux, et même à côté ça s’écoute avec plaisir.

Sans surprise, mes morceaux préférés sont signés d’Ennio Morricone (on ne se refait pas) :
(que j’étais persuadée d’avoir déjà entendu à quelque part, j’ai fini par retrouver où : la BO de Sherlock Holmes : A Game of Shadows !)




Lincoln – John Williams

Parce qu’un petit John Williams ne fait jamais de mal, je suis logiquement tombée amoureuse de sa dernière BO. Rien de révolutionnaire, mais ça s’écoute avec grand plaisir, et les deux dernières plages sont un délice !




David et Madame Hansen – Alexandre Astier

Il n’existe toujours pas de BO pour Kaamelott (à mon grand chagrin), mais on a quand même eu le droit à une BO pour David et Madame Hansen, ce qui me fait très plaisir. C’est une musique très dépouillée et toute simple, qui me fait beaucoup penser à Philippe Glass.




Cloud Atlas – Tom Tykwer

Et ça ne vous surprendra pas que j’ai aussi acheté la BO de Cloud Atlas. C’est marrant d’ailleurs, encore un cas où le réalisateur (en tout cas l’un des) est aussi compositeur de la BO. Son rôle n’est absolument pas anodin d’ailleurs, c’est presque la musique qui assure la cohésion du film, car elle se soucie à peine de s’adapter aux histoires, et s’appuie sur la composition d’un des protagonistes du film, en plus. Définitivement mon coup de coeur du moment.


mercredi 24 avril 2013

Cartographie des nuages - David Mitchell


Vous vous en doutez, après le gros coup de cœur qu’a été le film Cloud Atlas, je ne pouvais que me précipiter sur le livre dont il était tiré, Cartographie des nuages, afin de poursuivre l’expérience. Et si on omet cette hideuse couverture reprenant l’affiche du film (je lui préfère mille mois l’ancienne édition), ce roman a été un réel plaisir de lecture, tout autant que le film.

A la limite du roman chorale, Cartographie des nuages est un livre racontant six histoires différentes, qui sans jamais se croiser réellement, s’emboitent toutes parfaitement à la façon de poupées gigognes.

Il y a le voyage en mer d’Adam Ewing, notaire au XIXe siècle ; les aventures de Frobisher, jeune compositeur dans les années 1930 ; l’enquête d’une journaliste, Luisa Rey, dans les années 70 ; l’histoire de Somni~451, serveuse clonée d’un monde futuriste ; et enfin le récit de Zachry dans un futur très lointain post-apocalyptique.

Ces six histoires qui s’enchainent ont chacune un style propre : récit de voyage, correspondance, thriller divisé en courts chapitres, mémoires façon roman burlesque croisé avec du Stephen King (si si je vous jure, j’ai pensé autant à Douglas Adams qu’à Misery à la lecture), entretien dans un monde qui évoque Orwell et Huxley, et enfin récit oral dans une langue dégénérée.

On pourrait lire (et faire un livre) de chacune d'entre elle, et pourtant elles s’imbriquent toutes les unes dans les autres, chacun des récits étant souvent lu/vu/connu d’un protagoniste d’un autre des récits, sans parler de petites allusions ici et là (pour le coup il est bien agréable d’avoir vu le film avant, on les saisit beaucoup mieux).

Si le film adopte un mode de récit éclaté, sautant sans cesse d’une histoire à l’autre, le roman adopte une structure plus simple en ABCDEFEDCBA. Cela rend le début assez laborieux lorsqu’on a vu le film (le rythme en étant fatalement plus lent) mais cette construction se révèle finalement redoutablement habile et adaptée à la trame narrative.

Je trouve que c’est un véritable tour de force d’avoir réussi à obtenir un ensemble aussi cohérent en rassemblant des modes de récits et des univers aussi différents. Je me suis même dit, à un moment que si Cartographie des nuages n’était pas une telle brique (700 pages, il faut bien ça !), ça ferait un bon sujet d’étude en cours de français.

Très dense, très épais, ce roman est également extraordinairement riche, et il m’est difficile d’en rendre correctement compte. Les questions de la liberté et de l’esclavage, bien sûr, reviennent plus que régulièrement dans toutes les histoires.

Mais personnellement, j’ai surtout été frappée à quel point la notion de vérité s’invitait régulièrement dans le texte, ce qui est assez ironique pour un texte qui multiplie les points de vue internes (et donc les opinions forcément biaisées).
« Il est autant de vérités que d’hommes. Parfois, j’entrevois une vérité plus juste, dissimulée derrière d’imparfaits simulacres d’elle-même, mais dès que je m’approche, alerte, elle s’enfonce dans les marécages épineux de la dissidence. »

« Les gens des Vallées voudront pas entendre qu’la faim des hommes a donné vie à la Civilis’rie, pis qu’c’est la même faim qui l’a tuée. C’est c’que j’ai appris chez d’autres tribus où que j’suis restée. Des fois, quand qu’tu dis à quelqu’un qu’ses croyances sont pas vraies, il croit qu’tu dis qu’sa vie et leurs vérités sont pas vraies. »
Ceci dit, si ce point-là m’est resté en tête à la lecture, j’aurais assez tendance à penser que chaque personne qui lira ce livre en retiendra une chose différente. Après tout, Cartographie des nuages donne matière à réfléchir, à rêver et à s’émouvoir sous de multiples angles, et même si on n’est pas forcément obligé de tout aimer, il y a forcément un récit qui nous touchera.

(en bonne fan de SF, j’ai particulièrement apprécié les histoires de Somni~451 et Zachry, mais étrangement le récit de Frobisher m’a également touchée)

Si cette Cartographie des nuages n’est pas à mon sens un chef d’œuvre qui révolutionne la littérature, c’est un ouvrage qui mérite le détour, car c’est finalement une véritable ode à la littérature. Plus précisément, ce n’est pas tant une ode à la littérature avec un grand L qu’à toutes ses formes parfois un peu bâtardes et autres mauvais genres. Bref, c’est un hommage à toutes les histoires, tout simplement.

C’est donc un texte unique, qui se lit avec beaucoup de plaisir, et qu’on garde encore bien à l’esprit une fois la dernière page tournée. Que vous ayez ou non vu le film, c’est une lecture que je vous conseille, car c’est un objet littéraire fort intéressant, mais également très prenant.

Je terminerais par un petit mot sur la qualité de l’adaptation, maintenant que je peux comparer. Vous vous en doutez, le film prend des libertés avec l’intrigue, effectuant des coupes (certaines choses m’ont semblé bien plus claires à la lecture), voire de sacrés changements (j’ai eu quelques surprises à la lecture, mais je n’en dis pas plus).

Mais il réussit néanmoins extrêmement bien à mettre en images les six histoires, avec une certaine virtuosité au niveau de la réalisation. On y perd en nuances, bien sûr, et le propos semble parfois un peu naïf par rapport au livre, mais rien de particulièrement anormale pour une adaptation, d’autant plus que le film reste un tour de force en lui-même. A lire, et à voir, donc !

CITRIQ

lundi 22 avril 2013

Petit éloge des séries télé - Martin Winckler


Ca ne m’arrive pas souvent d’emprunter des livres dans la bibliothèque où je travaille (j’avoue que lire des manuels de marketing ou de sociologie sur mon temps libre, ce n'est pas trop ma tasse de thé), mais des fois je vois passer des petites choses comme ce petit essai qu’on a acquis récemment, et du coup je l’ai volontairement mis sur le haut de la pile des nouveautés à traiter pour pouvoir l’emprunter.

Petit éloge des séries télé est un petit essai assez personnel qu’a écrit Martin Winckler, qui présente en quelque sorte ce qu'est une série télé, et pourquoi c’est génial. C’est très succinct (moins de 100 pages), et globalement on ne découvre que peu de choses, mais j’ai bien aimé sa façon de décrire ce qu’est une série télé (abstraction faite de l’histoire), ses évolutions, ses spécificités (les spin-off, les crossovers…), et à quel point on maltraite les séries en France !

Parce que c’est un tout petit essai, c’est fatalement trop court et forcément lacunaire (il se concentre essentiellement sur les séries américaines, et sur celles qu’il a le plus regardé, donc ça revient à essayer de décrire l’océan en montrant une goutte d’eau), mais c’est une bonne manière de poser des bases sur le sujet, de découvrir/redécouvrir des séries, et j’ai même appris quelques trucs que j’ignorais sur les séries américaines dans la foulée (notamment sur les sitcoms).

Bref, pour un petit livre à deux euros, c’est tout à fait honorable !
« Quelques-uns des droits du sériephile (en hommage à Daniel Pennac dans Comme un roman ) :
Le droit de regarder sans être jugé ou méprisé.
Le droit d'aimer (ou de détester) sans devoir se justifier.
Le droit de revoir indéfiniment ses épisodes préférés.
Le droit de considérer certains personnages comme des amis intimes.
Le droit de rire, de pleurer, de souffrir, d’espérer en regardant un épisode et, une fois terminé, de se sentir compris et valorisé, éclairé et informé. »
C’était la quatrième de couverture, je vous laisse découvrir la version complète des droits du sériephile à l’intérieur de l’ouvrage !

CITRIQ

samedi 20 avril 2013

La providence du reclus - Timothée Rey


Une fois n’est pas coutume, c’est à un collègue blogueur que je dois le plaisir de cette découverte. Si Cédric n’en avait pas parlé, je serais sans doute passée complètement à côté de ce petit recueil numérique de Timothée Rey.

Comme si l’auteur n’était déjà pas pour moi un excellent argument de vente (ayant adoré ses recueils Des nouvelles du Tibbar et Dans la forêt des astres), La providence du reclus se présente comme un recueil de nouvelles horrifico-savoyardes (abondance et monchus inclus). Bien que vivant en région parisienne, je suis une grande nostalgique de cette région où j’ai passé mon enfance, donc forcément, dès qu’un texte a un petit parfum du pays… surtout que pour 2,49 euros, on n’est pas volé sur la marchandise !

La première nouvelle, La providence du reclus, est le seul texte non inédit de l’ouvrage, ayant déjà été publié dans une anthologie sur Lovecraft. Elle nous fait suivre les pas du narrateur, qui enquête sur une visite méconnue de l’écrivain à Annecy, quelques temps avant sa mort. Le ton est résolument fantastique, mais surtout très décalé :
« Lovecraft, lui, demande à ne manger que du fromage ; il en est visiblement très friand. Dès ce premier dîner, il dévore deux reblochons et la moitié d’une tomme crayeuse, sans pain […]. »
J’en ai bien ri à la lecture, et je me dis qu’il y a un sérieux potentiel pour une anthologie « Auteur de SFFF et gastronomie ». Imaginez un peu : Howard mangeant une crêpe suzette en Bretagne ! Tolkien dégustant une ratatouille en Provence ! Surtout lui qui détestait la cuisine française il me semble...

Bref, j’ignore si c’est l’intention de l’auteur (étant familière de ses textes, j’aurais tendance à penser que oui), mais tout cherchant à donner une atmosphère horrifique et en pastichant l’ambiance des textes de Lovecraft (enfin j’en ai jamais lu, mais ça colle bien avec les connaissances que j’en ai), l’auteur nous livre un texte plus drôle qu’effrayant, sans doute accentué par le côté « visite touristique d’Annecy ». Un vrai délice donc !

Le texte suivant, Naseaux fumants, est une petite histoire d’horreur bien plus conventionnelle, là-haut sur la montagne, que je n’aurais pas forcément aimé lire à l’âge du jeune héros d’ailleurs !
« Derrière l’Anselme, guère rassurés par le silence mat dont est saturé le sous-bois, même s’ils ne l’avoueraient pour rien au monde, viennent la veuve Blanc-Garin et sa fille Lucette, et puis la mère, le père, tenant la seconde lampe à pétrole, et lui, Fernand, Fernand Angelloz Nicoud, onze ans […]. »
En lui-même le texte est assez classique, mais il a une bonne atmosphère savoyarde (je ne sais pas si ça se sent dans la citation, mais rien que les noms ça évoque immédiatement le pays pour moi !), une petite touche de régionalisme qui donne sa saveur à l’histoire.

Le dernier texte, Trente-six, dix-neuf, est une nouvelle assez longue qui s’insère dans une veine similaire. Un ethnologue enquête, en compagnie de sa petite amie, sur les mystérieuses coutumes d’un village reculé de Savoie.
« On dirait des voix – une petite chanson.

Il s’immobilise aussitôt qu’il le remarque, et trouve dérangeant de l’avoir formulé ainsi en son for intérieur, « une petite chanson », parce qu’il a entendu une expression assez semblable voilà peu, dans un contexte qui n’incitait pas vraiment à la sérénité. »
Un peu comme tout bon film d’horreur, l’histoire est assez prévisible, mais c’est une forme de prévisibilité qu’on savoure (vous savez celle où on dit au héros « non ne fais pas ça », qu’il le fait forcément et qu’on a hâte de voir ce qu’il va lui arriver d’atroce du coup).

Particulièrement bien mené, prenant, avec une très belle atmosphère savoyarde (truffée de petites vieux qui parlent patois, et même d’un peu de tome des bauges qui ne prend qu’un « m » !), cette nouvelle contient également quelques beaux passages simplement hallucinants (dans tous les sens du terme).

L’ensemble forme donc un petit recueil bien agréable à lire, dans une veine fantastique somme toute assez rigolote avec une bonne ambiance montagnarde dans les dialogues et les noms de lieux. Que vous aimiez ou non le style de Timothée Rey, ce recueil se déguste comme une petite gourmandise (surtout que le prix est inférieur à celui d’une tarte aux fraises à Paris), ou, mieux encore, comme un bon bout de fromage !