mardi 8 avril 2014

Le complot contre l'Amérique - Philip Roth


Parler bouquins avec son entourage est néfaste pour la PàL, surtout lorsque se conjuguent en même temps l’effet challenge (c’était encore le Winter Time Travel à l’époque), les recommandations d’un collègue (qui voulait à tout prix me faire lire son auteur favori, Philip Roth), et une librairie qui tombe à point nommé en me parlant d’une uchronie écrite par le dit auteur !

J’ai quand même mis un an avant de me plonger dans la lecture (la littérature blanche, ça fait toujours un peu peur), et le début n’a pas forcément été facile, mais sans être un énorme coup de cœur, je suis contente de m’être forcée à lire ce roman.

Le complot contre l’Amérique est une uchronie qui fait dévier le cours de l’histoire des Etats-Unis en faisant élire en 1940 non pas Roosevelt mais un président pro-nazi, le célèbre aviateur Lindbergh. Du coup, les États-Unis se retirent du conflit et pour les juifs du pays, c’est une période de terreur qui s’installe, puisqu’ils ne savent à quelle sauce ils vont être mangés avec ce nouveau président.

J’ai été assez surprise dès le début de ma lecture car l’uchronie n’est pas juste un prétexte dans ce roman, elle est extrêmement rigoureuse et documentée, avec la mise en scène de maintes figures historiques dont le destin se trouve ainsi changé (leur vraie histoire est disponible dans la postface, un bonus bienvenu). Le roman couvre une période d’à peine deux ans, mais on a vraiment l’occasion de vivre ces années au jour le jour, au gré des faits d’actualité, ce travail d’histoire alternatif est vraiment « fascinant ».

J’utilise des guillemets car de par son sujet, ce roman est surtout extrêmement anxiogène, d’autant plus que son narrateur est un enfant juif de 7-8 ans, qui voit sa famille et son univers confortable exploser à cause de l’arrivée de Lindbergh au pouvoir et des opinions divergentes qu’il suscite.

C’est d’autant plus angoissant qu’il n’y a pas de héros à suivre, tout le monde est finalement spectateur (ou simple participant) des événements, il n’y a personne pour sauver la situation, ce qui change finalement drôlement de ce qu’on trouve en général lorsqu’on lit une uchronie classée en SF où on attend souvent la grosse artillerie au tournant pour changer le cours des choses.

En toute honnêteté, c'est en fait un livre où il ne passe pas grand chose, mais c'est sans doute ce qui le rend aussi angoissant, on ne peut que constater, poser des hypothèses et s'interroger, car en dépit de son sujet historique, Le complot contre l'Amérique aborde finalement des thèmes très actuels (ou sans âge, au choix).

C'est donc un texte intéressant (même si définitivement trop anxiogène pour moi), qui ravira à n'en point douter les amateurs d'uchronie. Ce n’est pas forcément le genre de livre que je lirais tout le temps, mais cette petite escapade en dehors des chemins parfois forts balisés des littératures de l’imaginaire ne fait pas de mal (et puis ça fait tout de suite plus sérieux dans le métro comme livre !).

CITRIQ

2 commentaires:

Valeriane a dit…

Ca fait un bail que je suis curieuse à propos de Philip Roth. Et voilà que tu ravives un peu plus ce sentiment.
Je note pour le moment où je me lancerai.
Bon, et sinon ton collègue, il veut pas dire avec lequel c'est bien de commencer cet auteur? :-)
Merci pour ta chronique!

Vert a dit…

@Valeriane
Je crois qu'il m'avait donné des titres à une époque mais j'ai tout oublié hélas xD