lundi 29 septembre 2014

Petit bilan béophile trimestriel (14)

La dernière fois, je me plaignais du trop petit nombre de BO qui m'étaient tombées sous la main, c'est tout le contraire cette fois-ci : je ne sais plus où donner de la tête, et le pire c'est qu'il n'y a que du bon !


The Legacy Collection: The Lion King – Hans Zimmer & Co

J'aimerais me contenter d'un simple « Hiiiiiiiiiii ! ». Le Roi Lion, c'est ma toute première BO. Bon ok à l'époque je l'avais acheté pour les chansons mais quand j'ai (re)découvert Hans Zimmer avec Gladiator, je ne vous raconte pas le bonheur que ça a été de retrouver ma vieille K7 pour écouter sa merveilleuse bande-originale.

Bref ce n'est que du bonheur de pouvoir réécouter cette BO dans une version bien plus complète (presque 1h20 sans compter les versions de démo) que celle éditée à l'époque. Que cette musique est épique, je me demande si le dessin animé serait aussi fort sans elle.

Une piste préférée là dedans ? Toutes, il est trop dur de choisir.


Le conte de la princesse Kaguya – Joe Hisaishi

Plutôt sobre et souvent mélancolique, cette BO fait des merveilles durant la séance de cinéma, et s'écoute avec plaisir quand on a besoin d'une musique pas trop prenante en guise de fond sonore (si si c'est toujours chouette d'avoir des musiques comme ça en stock). Et les chansons sont très belles également.

Un petit échantillon pour vous faire une idée.


How To Train Your Dragon 2 – John Powell

Hiiiiiiiiiiiiiiiii ! (bis)

Non mais sérieusement, comment peut-on réussir un coup comme ça ? Déjà que la BO du premier film était excellente, mais celle-ci se révèle tout sauf une redite (les thèmes du premier sont à peine présents sauf au début et à la fin du film), et les nouvelles musiques sont juste... waouh ! A écouter de toute urgence si c'est pas déjà fait.

Flying with Mother est probablement une de mes musiques favorites, mais tout l'album mérite le détour.


Game Of Thrones : Season 2 – Ramin Djawadi

Si j'étais assez peu convaincue par la musique de la première saison, la BO de la saison 2 m'a paru bien plus riche en thèmes marquants, et m'a du coup m'a réconcilié avec le compositeur. Si la musique gagne en qualité de saison en saison, ça promet pour la suite !

Warrior of light est je crois un de mes morceaux préférés (il colle à merveille au personnage en tout cas), mais c'est juste parce que ça n'aurait pas été sérieux de parler uniquement de The Rains of Castomere, qui lorsqu'on l'entend durant un générique est vraiment marquante comme chanson (même si ce n'est pas là qu'on l'attendait forcément).


Guardians of the Galaxy: Awesome Mix, Vol. 1 – Compilation

En général j'ai en horreur les BO composées de chansons, sauf quand c'est tellement éclectique que ça en devient improbable (notamment chez Tarantino et Wes Anderson). Mais pour une fois je n'ai rien à redire au mix proposé dans Guardians of the Galaxy, très chouette compilation de vieux titres qui colle merveilleusement (et de façon improbable) aux images de space-opera.

A écouter de bon matin dans son intégralité, idéal pour se réveiller avant d'aller au boulot!


Utopia – Cristobal Tapia de Veer

Bon soyons honnêtes, je ne suis pas sûre que cette BO soit vraiment fait pour être écoutée à part, tant elle est bizarre (et très électronique). Dans la série, elle fait un effet énorme (et contribue carrément à l'atmosphère). Seule, elle en devient presque angoissante en fait. Je l'ai écouté une fois, je ne suis pas sûre que je recommencerais (mais la série est géniale, regardez-la !).

Mais quand même, le thème principal tel qu'il est repris à la fin du CD est très chouette.

samedi 27 septembre 2014

Club Dumas - Arturo Pérez-Reverte


Il y a des livres qu'on rencontre parfois par pur hasard. Après tout, cet ouvrage n'a atterrit dans ma main que parce qu'il me gênait pour examiner le contenu d'un bac à livres chez Boulinier, et c'est parce que j'ai eu du mal à le ranger après avoir remuer tout le bac que j'ai fini par regarder ce que j'avais en main, avant de l'acheter. A ce niveau-là, ce n'est plus le hasard, c'est le destin !

Il faut dire qu'une intrigue impliquant Alexandre Dumas et ses célèbres Trois mousquetaires, ça ne pouvait que me plaire, et en plus ça me faisait une excellente excuse pour découvrir l'oeuvre d'Arturo Pérez-Reverte, depuis le temps que j'y pensais.

Du coup ce livre n'a guère traîné dans ma PàL, puisque je lui ai réglé son compte après l'avoir emmené en vacances (le pauvre a fait un tour de France sans jamais être ouvert !), et je dois dire que je n'ai pas été déçue du voyage.

Club Dumas met en scène Corso, un personnage discret qui exerce une profession plutôt rare : chercheur de livres rares pour riche collectionneur. Alors que l'histoire commence, voilà qu'on lui propose deux boulots : son ami libraire lui demande faire authentifier un manuscrit d'Alexandre Dumas, et un riche collectionneur l'embauche pour mener l'enquête sur un livre rare et occulte, Le livre des neufs portes du royaume des ombres.

Ces deux affaires promettent d'être fort juteuses, sauf qu'elles se révèlent très vite dangereuses : Corso est suivi, et les cadavres semblent s'aligner dans son sillage. Serait-ce l’œuvre du diable ? (oui moi aussi je fais dans l'accroche)

Là je suis obligée de faire un aveu, avant d'attaquer la lecture et de commencer à sentir un petit air de déjà vu, je n'avais même pas calculé que ce roman était celui qui avait inspiré La neuvième porte de Polanski (film dont je n'ai jamais vu la fin parce que je l'ai découvert lors de la soirée télé hebdomadaire de l'internat, où la CPE coupait la télé à 22h pétantes qu'il reste 2 ou 20 minutes de film, ah souvenir souvenir...). Quand je vous dis qu'on s'est vraiment rencontrés par hasard !

Bref, je suis partie dans ma lecture, et je vous avoue que ça a très vite été le coup de foudre. Déjà parce que c'est une enquête qui porte sur les livres, et plus particulièrement sur ces livres anciens si précieux qu'on finit par plus prêter attention à leur allure qu'à leur contenu. J'ai eu l'occasion de travailler dans une bibliothèque avec une réserve de livres anciens, et sans forcément remonter aux incunables, rien que d'avoir en main un beau livre du XIXe siècle ça ne laisse pas indifférent.

Je diverge un peu, comme si ce livre n'avait pas son pareil pour me faire bavasser. Il faut dire que lui-même est assez bavard, et se révèle un trésor d'érudition sur les livres anciens. Pour faire simple, on en baverait, surtout lors de la visite aux frères Ceniza, et leurs étranges discours :
« Dans moins d'un siècle […], presque tout ce qui se trouve aujourd'hui dans les librairies aura disparu. Mais ces volumes, imprimés il y a deux cents ou cinq cents ans, demeureront intacts... Nous avons les livres, comme le monde, que nous méritons... »
Mais on s'amuse aussi de l'enquête que Corso mène sur ce livre occulte qui n'existe plus qu'en trois exemplaires, mais dont seul un serait authentique et permettrait d'invoquer le diable, etc. Je trouve d'ordinaire ce genre d'intrigue assez lourdingue dans sa symbolique, mais là encore l'auteur m'a surpris par ses connaissances (ou alors il fait drôlement bien semblant), ça passe comme une lettre à la poste.

L'enquête est très prenante, comme il se doit, mais contrairement à pas mal de policier/thriller où le rythme fait qu'on avale l'histoire sans prêter attention à la forme, Club Dumas part plutôt dans la direction inverse. 

Certes le récit est très rythmé, mais finalement il se savoure, tant il déborde de références, d'anecdotes, d'illustrations, de schémas et de jeux d'imbrication où réalité et fiction s'entremêlent bien étrangement, ajoutant une sacrée note de surnaturel à l'ensemble.
« Il faillit ajouter : « Ce n'est pas un roman policier, mais la vraie vie » ; mais il préféra s'abstenir car, à ce stade de la trame, la ligne qui séparait la réalité de l'imaginaire lui paraissait passablement diffuse. »
Tout cela pourrait être très pédant, mais je ressors de ma lecture avec une impression de grande finesse, comme si je venais de déguster une pâtisserie presque trop fine pour mon palais. Autant dire que c'était une belle rencontre, et que je continuerais sûrement à explorer les textes d'Arturo Pérez-Reverte !

jeudi 25 septembre 2014

Doctor Who 8x05 - Time Heist



Il me semble qu'on nous avait plus ou moins promis pour cette saison des aventures indépendantes et très variées, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'on est servi, puisque les épisodes se suivent et ne ressemblent pas. Après Listen, plutôt horrifique, on s'offre avec Time Heist une SF divertissante... attention spoilers !


Alors que d'ordinaire on a plutôt l'impression d'un compagnon qui suit les déambulations du Doctor, cette saison semble prendre la direction opposée, tant il semble normal de voir le Doctor s'inviter dans la vie « normale » de Clara, qui tente de conjuguer aventures spatio-temporelles et aventure amoureuse... ah ce n’est pas facile ça, à moins de faire comme les Pond !

Bref alors qu'elle est censée avoir son deuxième rendez-vous avec Mr Pink, la voilà embarquée dans une sordide affaire de cambriolage de banque galactique ultra-sécurisée en compagnie de Psi, un homme-cyborg et de Saibra, une mutante.


Nul besoin d'être un fin connaisseur pour reconnaître le schéma de Océan's Eleven et autres films dans le même genre. La seule différence par rapport au format habituel, c'est que notre gang de cambrioleurs entre dans le jeu sans aucun souvenir de comment ils sont arrivés là.

Tout l'épisode joue donc sur cette amnésie dont ils souffrent, et comment le Doctor recolle petit à petit les pièces au fur et à mesure qu'ils semblent avancer dans leur aventure comme s'ils étaient devancés par leur mystérieux commanditaire. Pourquoi ont-ils accepté cette mission ? Qu'est-ce qui les attend ? Quel est leur but ?

« You agreed to rob the most impregnable bank in history, you must have had a very good reason. We all must have. Picture the thing you want most in the universe and decide how badly you want it. »
Le cambriolage est plutôt rondement mené au cours de l'épisode, et on s'amuse beaucoup de les voir franchir un à un à les obstacles (notamment une quantité ubuesque de conduits d'aération trop énormes pour être crédible), chacun usant de ses talents : Saibra peut prendre l'apparence (et le code génétique) d'autrui, Psi peut hacker n'importe quel système, Clara sert principalement d'intermédiaire humain-time lord (ce qui est parfois bien nécessaire) et le Doctor... supervise les opérations !

Et petit à petit les indices s'accumulent (quand on les repère) et on reconstitue le fil de l'intrigue jusqu'à découvrir la raison de l'amnésie.


La banque est en effet gardée par une terrifiante créature, The Teller, qui a de puissants pouvoirs télépathiques lui donnant la capacité de lire les pensées des autres, d'y détecter la culpabilité, et de leur liquéfier le cerveau. Il est donc assez difficile de lui échapper, à moins de contrôler son esprit (ce qui n'est pas à la portée du premier quidam venu).

D'où l'amnésie pour dissimuler la culpabilité des cambrioleurs. Et on commençait à s'en douter vu que le mystérieux commanditaire voyage dans le temps et met un point d'honneur à garder tout le monde en vie, ce plan a été mis en place par le Doctor lui-même. Qui du coup a besoin de l'aide du terrifiant Teller pour lui rendre sa mémoire.

« Big scarf, bow tie, bit embarrassing. What do you think of the new look ? I was hoping for minimalism, but I think I came up with magician ! »
(là je suis obligée de faire une parenthèse pour pointer du doigt la justesse du qualificatif, ce douzième Doctor est en effet fringué comme un prestidigitateur !)

Et à partir de là, on boucle la boucle, et on découvre que le Doctor s'est lancé dans cette mission à la demande de la directrice de la banque, à l'article de la mort (dans le futur donc), afin de sauver les deux derniers représentations de l'espèce du Teller.


Et il faut reconnaître que tout concorde, puisque chacun récupère au final la chose qu'il désire le plus : Psi peut retrouver ses souvenirs effacés, Saibra perd son don de change-forme qui l'empêchait de vivre, le Doctor sauve une espèce et Clara... euh sera à l'heure à son rendez-vous ?

L'ensemble est vraiment plaisant à regarder en lui-même (intrigue prenante, esthétique de SF délirante à souhait), par contre l'épisode manque un peu de possibilité de deuxième lecture, contrairement à d'habitude, ce qui explique mon compte rendu un peu expéditif (moins de 1000 mots, bouh la honte !).

Le fil rouge de la femme qui a donné le numéro de téléphone à Clara est à peine évoqué en début d'épisode, les questionnements identitaires du Doctor semblent presque passer à la trappe. Tout au plus évoque-t-on son statut de « good man » au détour d'une conversation, et par le biais du sauvetage des deux créatures.


J'ai apprécié ceci dit que pour une fois que la fin ne soit complètement pas rushée, si bien qu'on peut dire au revoir aux personnages secondaires (et pas juste leur claquer la porte au nez). En fait Time Heist n'est pas un mauvais épisode, c'est juste qu'il manque un peu d'épaisseur, du coup c'est une histoire qu'on regarde avec plaisir, mais qui tombera sans doute assez vite dans l'oubli.

Enfin l’essentiel c’est de s’amuser, et vu le trailer pour le prochain épisode, on n’est pas prêt de s’ennuyer !

mardi 23 septembre 2014

Au coeur de la comète - Gregory Benford et David Brin


Histoire de conclure cette édition du SSW, j'ai abandonné galaxies lointaines et planètes éloignées pour une dernière aventure se déroulant dans notre bon vieux (et déjà fort grand) système solaire, dans un futur pas si éloigné que ça où l'homme tente de partir à la conquête des comètes, et plus particulièrement de la plus connue d'entre toutes : la comète de Halley.

A l'origine je me suis lancée dans la lecture surtout pour sortir ce livre de ma PàL (sans quoi il était promis à une hibernation jusqu’au prochain SSW), mais la lecture a pris un ton légèrement surréaliste et délicieux vu qu'en parallèle les journaux ne cessaient de parler de la mission spatiale Rosetta qui cherche à poser un appareil sur une comète. Du coup, j'avais l'impression d'avoir une longueur d'avance !

Au cœur de la comète commence en 2061, alors que la comète de Halley revient vers le Soleil. La Terre, qui a déjà colonisé quelques astéroïdes, envoie une mission habitée dont l'objectif est d’atterrir sur la comète, d'y vivre pendant une révolution, et de tenter de dévier la comète lorsqu'elle revient vers le soleil, ce qui ouvrirait la voie à d'autres aventures spatiales, et à la terraformation de Mars ou de Vénus.

Nos colons cométaires arrivent donc (pour la plupart en état d'hibernation) sur la comète, et tout ce petit monde s'installe en creusant la couche de glace de la comète. Au début tout se passe plutôt bien, jusqu'à qu'on découvre les formes de vie propres à la comète, qui prolifèrent très vite à cause de la chaleur et la lumière amenée par les colons.

Les membres de la mission commencent à tomber comme les mouches, certains deviennent fous, le ton monte entre les humains normaux et les humains génétiquement améliorés (forcément moins malades que les autres), et les merveilleuses découvertes faites sur la comète sont loin de suffire à remonter le moral de l'équipe. Ce qui devait être une belle aventure humaine tourne donc vite à l'aigre, et 660 pages ne seront pas de trop pour dénouer tout ça !

Au cœur de la comète est un récit extrêmement touffu, qui ne se contente pas simplement de mettre en scène l’huis-clos d'une installation d'une colonie humaine dans l'espace (avec un sens du détail déjà impressionnant). Il aborde aussi les thématiques de la modification génétique et de l'intelligence artificielle, et n'oublie pas un petit arrière-plan politique pour être complet.

C'est clairement la grande force du livre, d'autant plus que tout cela est abordé avec des explications scientifiques qui semblent tout à fait crédibles (enfin pour son époque de publication -1986-, j'imagine que certains détails doivent sembler ridicules aujourd'hui).

Si je ne peux qu'objectivement admirer le travail accompli, je suis forcée d'avouer que ce genre de texte n'est plus trop ma came. J'ai trouvé le trio de héros (une informaticienne, un biologiste et un soldat) finalement assez fade, comme s'ils étaient surtout destinés à mettre en avant les idées scientifiques, et je suis obligée d'avouer avoir survolé certains paragraphes trop truffés de jargon.

C'est clairement le côté hard-science qui m'a déplu, mais j'ai quand même pu apprécié ce voyage spatial qui change de l'ordinaire : on n'est pas dans la bête exploration vers l'infini et au delà, mais dans une visite un peu étrange du système solaire, à bord d'un véhicule difficile à contrôler.

L'homme se retrouve complètement dépassé par l'endroit qu'il colonise (certains passages sont dignes d'un film d'horreur), et c'est d'autant plus intéressant que cela se déroule à l'échelle d'une vie humaine (70 ans), on voit donc les gens évoluer en conséquence : des liens se font et se défont, des factions se créent, s'associent ou se battent entre elle selon les moments. Certes on est loin de la richesse de Destination ténèbres pour le côté humain, mais à quelque part on se retrouve quand même dans un vrai comète-opera !

Au final, je ne suis pas mécontente d'avoir mis le nez dans ce livre qui sort un peu des sentiers battus (c'est quand même le but du SSW, de partir à l'aventure vers de nouveaux horizons !). Cependant, j'ai un peu peiné à la lecture, je le recommanderais surtout à des lectures avides de science-fiction ultra-documentée.

CITRIQ



dimanche 21 septembre 2014

L'anniversaire du monde - Ursula K. Le Guin


En fait, je n'en avais pas tout à fait fini avec l'Ekumen, superbe cycle de SF de Ursula Le Guin. Il reste des nouvelles, éparpillées ici et là, ainsi que ce recueil, qui regroupe sept nouvelles se déroulant dans cet univers, et une novella un peu à part. Du coup je n'ai pas pu résister, à la première envie de nouvelle je me suis jetée dessus.

Après une introduction fort intéressante où l'auteur présente tous ses textes (et j'avoue que même son introduction est charmante, cette grande dame doit ensorceler ses livres, je ne vois pas d'autre explication !), on entre donc dans ce recueil de textes qui peuvent sembler très différents, mais qui fonctionnent très bien ensemble.

Cela ne tient pas forcément à l'Ekumen (le fil rouge qui les lient presque tous), mais surtout au fait qu'ils ont tous une approche assez ethnologique du récit. Ne vous attendez pas à de grandes scènes d'action ou des rythmes de folie, Ursula Le Guin nous raconte avant la vie de tous les jours dans des mondes très différents.

Souvent d'ailleurs, comme pour renforcer ce côté ethnologique, elle transforme son récit en compte rendu ou récit à la première personne destiné à l'université de Hain (Solitude, Puberté en Karhaïde), voir carrément en assemblage de documents tiré des archives (La question de Seggri).

Beaucoup de textes parlent des relations entre les personnes : amour, amitié, et sexualité aussi, ça m'a même surpris, c'est pas un sujet que j'ai souvent croisé dans ses textes jusque là. Mais nulle guimauve dans ses propos, comme toujours le ton est extrêmement juste.

Du coup même sans franchement rentrer dans l'univers, j'ai été happée par chacun des textes, sans franchement pouvoir expliquer pourquoi. Je crois que Ursula Le Guin a une écriture magique, et que sa perspective sur le monde, très ouverte, plus prompte à donner à voir qu'à juger fait des merveilles.

Dans Puberté en Karhaïde, on a l'occasion de retourner dans l'univers de La main gauche de la nuit, pour y explorer plus avant comment les habitants de la planète gèrent le fait d'avoir un genre uniquement dans leurs périodes de reproduction. C'est un complément bienvenu, très intéressant à lire.

Autre monde, autre souci lié au genre avec La question de Seggri. Sur cette planète, les hommes et les femmes vivent séparés à cause du déséquilibre des naissances (voilà qui rappelle un peu Chroniques du pays des mères). A travers différents documents, on découvre comment la société évolue avec l'arrivée de l'Ekumen. C'est un superbe texte, peut-être bien le plus beau du recueil, qui réussit l'exploit de ne jamais juger (et pourtant avec le sujet, il y avait de quoi).

Un amour qu'on n'a pas choisi est une nouvelle où on découvre un monde où les mariages se font à quatre, selon un système assez complexe de moieté. Rien que la visite de cette culture étrange vaut le détour, et les tourments de l'amour qui hantent le protagoniste principal sonnent très justes.

Coutumes montagnardes se déroule dans le même monde, mais dans un autre lieu où pour vivre avec les personnes qu'on aime, on se retrouve parfois à tricher. Sauf que quand on doit trouver l'harmonie entre quatre personnes, cela ne rend pas les choses faciles. Encore une fois j'ai aimé la plongée dans cet univers étrange, et surtout l'absurdité de la situation.

Avec Solitude, on change radicalement de sujet puisque dans cette nouvelle, l'auteure s'amuse à imaginer une culture de gens introvertis, qui vivent isolés, séparés et qui semblent être parfaitement heureux ainsi. Un texte un peu étrange, où l'on finit par se sentir aussi seul que la narratrice, c'est vraiment bizarre.

Musique ancienne et les femmes esclaves vient prendre la suite de nouvelles publiées dans un autre recueil (Quatre chemins du pardon), ce qui explique sans doute que j'ai eu un peu de mal à l'apprécier. Si les thématiques abordées (l'esclavage, les révolutions) sont intéressantes, j'ai eu l'impression de lire la dernière partie d'une histoire. Je l'apprécierais sûrement plus après avoir lu les textes qui se déroulent sur la même planète, de toute façon le recueil étant dans ma PàL, ça arrivera un jour ou l'autre.

On termine ce voyage à travers l'Ekumen avec L'anniversaire du monde, un texte un peu décalé tant il ressemble à une œuvre de fantasy avec son récit d'une jeune fille destinée à devenir Dieu. Jusqu'à qu'un peu de SF s'invite dans l'équation et justifie sa présence dans ce volume.

Paradis perdu est un texte à part, puisque c'est une novella, qui prend place en dehors de l'univers de l'Ekumen. On y suit les pas d'un vaisseau parti de la Terre pour coloniser une planète, où les générations se succèdent, les mentalités évoluent et la religion s'invite de la plus étrange façon dans l'aventure. C'est certainement l'autre texte le plus beau du livre, tant il est riche, dense et complexe. Comme quoi en 160 pages, on a largement de quoi construire une belle histoire.

Voilà pour le compte rendu détaillé. Au final, je n'ai eu le coup de cœur que pour quatre textes (Puberté en Karhaïde, La Question de Seggri, Coutumes montagnardes et Paradis perdu), mais ça n'enlève rien aux qualités des autres textes, c'est juste que je ne suis pas forcément autant rentrée dedans.

En tout cas on ne le dira jamais assez : lisez Ursula Le Guin, ses écrits sont des merveilles !

(du coup je trouve très très classe qu'on lui remette cet automne le National Book Foundation Medal for Distinguished Contribution to American Letters) (et le prix lui sera remis par Neil Gaiman, la classe !)

CITRIQ

jeudi 18 septembre 2014

Enemy mine - Wolfgang Petersen


Il y a une dizaine de jours, au détour d'une conversation, M. Spocky a mentionné un superbe film de SF tombé dans l'oubli. Intriguée, je me devais de le regarder, d'autant plus qu'il cadrait à merveille avec le Summer Star Wars (opportunisme, quand tu nous tiens). Voilà donc comment j'en arrivais à vous parler de ce film des années 80 qui est à priori tombé dans l'oubli.


Enemy mine nous projette dans le futur, à une époque où la Terre est partie à la conquête de l'espace. Elle est allée tellement loin que certaines personnes ne vivent plus sur la planète mais à bord de stations spatiales. Cependant, la vie n'est pas de tout repos dans l'espace, vu que des ennemis menacent sans cesse les Terriens : les Drac, des êtres reptiliens qui n'ont guère envie de partager leur territoire avec les humains.

Au début du film, on suit les traces de Willis E. Davidge, un pilote terrien. Lors d'un combat contre les Drac, il s'écrase sur une planète inexplorée et désertique. Seulement, il n'est pas seul : son adversaire Drac s'est également crashé, et ils vont vite devoir collaborer pour survivre.


Avant toute chose, il faut bien garder à l'esprit que Enemy mine est un film des années 80 jusqu'au brushing des acteurs : on a une narration en voix-off, les dialogues sont truffés de juron comme ça ne se fait plus, on croise quelques synthés dans la BO de Maurice Jarre, et les effets spéciaux ont un côté fait main (un peu Star Wars en moins soigné).

(d'ailleurs y'a des références certainement volontaires à la trilogie, entre certains décors qui évoquent Dagobah ou Tatooine, et l'existence d'une créature qui ressemble furieusement à un sarlaac)

L'aspect visuel a effectivement pris un coup de vieux (quoique c'est un peu comme Retour vers le futur, ça ne vieillit pas vraiment, ça fait juste documentaire sur l'époque), mais ça n'a rien de gênant (c'est même franchement rigolo). Et puis le scénario, lui, a gardé tout son intérêt.


L'histoire adapte une novella de Barry B. Longyear qui obtint en son temps prix Hugo et prix Nebula (mais ne cherchez pas, à priori seul le roman adaptant le scénario qui lui-même adaptait la novella est arrivé en France !!), et joue sur un sujet assez peu représenté il me semble au cinéma : la rencontre entre deux races aliens sans que cela tourne à la grosse baston entre les deux.

Oui je sais, au début ils se battent, mais comme vous vous en doutez, ils mettent finalement leurs préjugés de côté pour unir leurs forces, et c'est donc une belle histoire d'amitié, de tolérance et de découverte de l'Autre à laquelle on assiste.

J'ai trouvé ça extraordinairement positif et plutôt bien fichu. Évidemment les deux personnages n'ont absolument rien en commun et passent une bonne partie de l'intrigue à s'insulter, mais ils trouvent parfois un terrain d'entente sur des sujets surprenants.

Seule la dernière partie (qui amène le quota action/drame du film) m'a un peu moins plu (ainsi que la fin très abrupte), mais comme elle vient avec sa galerie de clichés en tout genre (que je ne dévoilerais pas bien sûr), on s'amuse quand même beaucoup.


Du coup Enemy mine est vraiment une agréable découverte. Certes il est kistch sur de nombreux points, mais son histoire a gardé une certaine fraîcheur intemporelle (et un bel esprit optimiste). Si vous avez l'occasion de croiser sa route, n'hésitez pas à y jeter un œil, ce film m'a semblé bien plus original et moins décérébré que pas mal de productions actuelles.


lundi 15 septembre 2014

Doctor Who 8x04 - Listen


Après le traditionnel épisode d'introduction du nouveau Doctor, l'épisode avec les Daleks et l'épisode historique, voilà qu'on s'attaque à un autre grand classique de la série : l'épisode qui fait peur. Tout d'ailleurs laissait entrevoir un nouveau Blink, mais c'est finalement une histoire très surprenante que propose ce Listen. Comme d'habitude, les spoilers sont de la partie, ça ne vous surprendra guère...

« Question ! Why do we talk out loud when we know... we're alone ? Conjecture... because we know we're not. »
On commence donc avec un Doctor en pleine méditation (la classe, sur son TARDIS en plein dans l'espace) qui s'interroge sur une action courante en apparence anodine : parler à voix haute quand on est seul. Forcément, c'est louche, il existe sans aucune doute un monstre invisible (autre que les Silence ou les Vashta Nerada bien entendu) dont on soupçonne seulement l'existence. Merci Doctor, je ne me parlerai plus jamais à moi-même quand je suis seule !


De son côté, Clara se lance dans une grande aventure sociale qu'on expérimente guère lorsqu'on voyage avec le Doctor : un rencart avec Danny Pink, son collègue prof et accessoirement ancien soldat, sauf qu'en affaire de cœur, rien n'est simple.

J'aime d'ailleurs beaucoup la façon dont s'intercalent le avant-après jusqu'à qu'elle rentre dans sa chambre et tombe sur son boulet de Doctor.

« Why do you have three mirrors ? Why don't you just turn your head ? »
Je trouvais déjà que Eleven en tenait une sacrée couche parfois (mais en le faisant exprès), mais avec Twelve, ça en devient presque naturel de le trouver complètement à côté de la plaque (« You said you had a date. I thought I'd better hide in the bedroom in case you brought him home. »). Par certains côtés, il est encore plus alien que son prédécesseur. Mais il a un esprit d'aventure qui fait plaisir à voir, par contre.

« I think everybody, at some point in their lives, has the exact same nightmare. You wake up, or you think you do, and there's someone in the dark, someone close, or you think there might be. So you sit up, turn on the light. And the room looks different at night. It ticks and creaks and breathes. And you tell yourself there's nobody there, nobody watching, nobody listening, nobody there at all... and you very nearly believe it. You really, really try... and then... »
D'ailleurs il ne perd pas longtemps à expliquer à Clara ses recherches sur les monstres invisibles, et ce fameux rêve que tout le monde fait un jour où un monstre sous notre lit vient saisir notre pied. Et voilà qu'il lui refait le coup du lien télépathique avec le TARDIS pour qu'elle revienne à la période de son enfance où elle a eu ce rêve.


Sauf qu'elle est légèrement distraite, et c'est finalement Danny Pink plus jeune qu'elle rencontre ! Et on rentre là dans la séquence la plus flippante de l'épisode, ça faisait bien longtemps qu'un Doctor Who ne m'avait pas hérissé les poils comme ça.


Oh quelqu'un sur le lit !


Oh une forme mystérieuse sous une couverture !

« The breath on the back of your neck... like your hairs standing on end... that means don't look round ! »
Je trouve ce passage absolument génial, car même en ayant vu tout l'épisode on ne sait pas trop quoi en penser, comment l'interpréter. Arriver à rendre une telle atmosphère flippante en ne jouant que sur ce qu'on ne voit pas... c'est vraiment superbe !

- See this one? This is the boss one, the colonel. He's going to keep a special eye out.
- It's broken, that one. It doesn't have a gun.
- That's why he's the boss. A soldier so brave he doesn't need a gun. He can keep the whole world safe.
Avant de partir, Clara prend quand même le temps de réconforter un peu ce pauvre gamin traumatisé, et sans le faire exprès contribue à forger l'avenir de son rendez-vous du soir (enfin de tout à l'heure dans son passé mais dans le futur, enfin vous m'avez compris !). Je suis un peu surprise d'ailleurs qu'elle mette autant de temps à comprendre à qui elle a affaire, ça saute assez vite aux yeux du spectateur.

En tout cas à ce stage, on commence à sentir le timey-wimey qui s'invite dans l'intrigue, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'on est loin d'en voir le bout ! Du coup Clara décide de reprendre son rencart en cours de route.

« Then do something for me. Tell me the truth, because I know when people are lying to me. »
Et ça marche du tonnerre ! Cette fois-ci c'est Danny qui prend la poudre d'escampette, et Clara se retrouve en compagnie d'un astronaute en costume, tout va bien.


(d'ailleurs ce costume est tellement associé dans ma tête à Waters of Mars que ça en devient forcément un mauvais présage...)

Contrairement à toute attente, ce n'est pas un vilain tour du Doctor, juste un certain Orson Pink (mmmh quel nom étrange et familier à la fois), un voyageur temporel qui s'est égaré à la fin des temps, et que le Doctor propose gentiment de ramener à la maison. Il paraît que ses ancêtres ont un passé de voyageurs temporels, et il se trimballe un vieux soldat sans arme à l'air fort familier, mais sinon, il n'y a aucune chance qu'il s'agisse d'un descendant de Danny Pink (et de Clara, certainement pas !).


Enfin le voyage du retour est programmé dès que le Doctor aura fini son enquête sur les créatures invisibles. Voilà donc que Clara et le Doctor font le guet devant une porte fermée en plein milieu de la nuit pour résoudre ce mystère. Celle-ci se manifeste en toquant à la porte (ou bien est-ce un bruit du système ?) et le Doctor finit par ne plus résister, il ouvre la porte ! Cela ne lui réussit pas trop et c'est Orson Pink qui le ramène en sécurité.


Et afin d'éviter qu'ils se fassent dévorer par cette mystérieuse créature, Clara s'arrange avec le TARDIS pour déplacer le TARDIS, qui l'emmène... dans une grange, avec un jeune garçon qui pleure dans un lit. Serions-nous de retour à l'époque du jeune Danny/Rupert Pink ? Va-t-on réécrire toute l'histoire de leur famille ? (après tout au point où on en est...)

- He can't just run away crying all the time if he wants to join the army.
- He doesn't want to join the army. I keep telling you.
- Well, he's not going to the Academy, is he, that boy ? He'll never make a Time Lord.
Surprise ! En même temps ce n'est guère surprenant que Clara se retrouve en pleine enfance du Doctor, après tout son histoire à elle est étroitement mêlée à celle du Time Lord.

C'est assez marrant parce que ces dernières minutes sont bien évidemment le moment fort de l'épisode, mais contrairement à certaines histoires où la dernière scène ou le dernier twist sauvent l'intrigue (et font oublier tout ce qui s'est passé avant), cette dernière divergence s'insère à merveille après tout ce qui s'est déjà passé.

Il faut dire qu'on ne s'y attendait pas du tout, l'épisode étant déjà fort riche avec la double intrigue Listen/Pink, mais finalement c'est l'aboutissement le plus logique.

« It's OK. This is just a dream. »
De toutes les hypothèses que j'avais envisagé pendant l'épisode, c'est bien celle que je n'aurais jamais envisagé (pourtant côté timey-wimey on partait dans cette direction sans s'en rendre compte). Et je trouve le concept superbement bien trouvé.
« Listen... This is just a dream. But very clever people can hear dreams. So, please, just listen. I know you're afraid... but being afraid is all right. Because didn't anybody ever tell you... fear is a superpower ? Fear can make you faster and cleverer and stronger. And one day, you're going to come back to this barn, and on that day you are going to be very afraid indeed. But that's OK. Because if you're very wise and very strong... fear doesn't have to make you cruel or cowardly... fear can make you kind. »
On pourra râler qu'encore une fois, c'est Clara qui détermine le destin du Doctor. Après l'avoir aidé à choisir le bon TARDIS, voilà qu'elle lui inculque quelques paroles qui vont le hanter le restant de sa vie. Mais comme c'est le Doctor lui-même qui lui a révélé ces mots, je vous laisse méditer sur l'éternel dilemme de l’œuf ou la poule que cela représente.

En tout cas j'aime beaucoup le fait qu'au final le Doctor ait chassé une chimère (ou peut-être pas, vu qu'on n'a pas vraiment élucidé le monstre/farceur sous la couverture du jeune Danny) basé sur une vieille angoisse d'enfance, c'est assez ironique le tour que prend la situation.

Et c'est fort intéressant, car c'est la deuxième fois qu'on voit le Doctor s'égarer complètement depuis le début de la saison. Après Robin des bois (qui ne peut pas exister, c'est forcément un robot !), cette fois-ci c'était une vraie chasse au dahu qu'il mène pendant tout l'épisode. Je me demande si le vrai fil rouge n'est pas là (d'autant plus qu'aucune allusion à Missy Poppins n’apparaît à priori dans cet épisode, ce qui surprend d'autant plus qu'il est écrit par Moffat himself).

- Where are we ? Have we moved ? Where have we landed ?
- Don't look where we are. Take off, and promise me you'll never look where we've been.
- Why?
- Just take off, don't ask questions.
Bien entendu, il ne serait guère bon pour le Doctor de visiter son propre passé (d'où l'ordre de Clara), mais c'est justement la deuxième chose importante dans cette conclusion : on est revenu sur Gallifrey. Je me fais sans doute des films (comme toujours avec cette série), mais je trouve ça pas du tout anodin. La planète est plus au moins perdue mais en sécurité à l'heure actuelle, mais Clara vient de montrer qu'il est possible de l'atteindre. C'est plutôt une bonne nouvelle pour le Doctor non ?


En tout cas, pour ce qui devait être un nouveau Blink (qui forcément ne serait pas à la hauteur), je dois avouer que Listen m'a vraiment surpris en prenant une direction assez différente, plus personnelle.

Bien sûr c'est du Steven Moffat tout craché par bien des aspects, mais il est plein de surprises, et son intrigue est sacrément dense et complet, jonglant entre la quête du Doctor et la vie personnelle de Clara. Listen se révèle très prenant, et à la fois drôle, effrayant, touchant et intelligent. Bref c'est un sacré morceau d'épisode !

samedi 13 septembre 2014

Warchild - Karin Lowachee


Je ne sais plus pour quelle raison j’avais acheté ce roman (enfin si, il était en promo mais ce n’était sans doute pas la seule raison, sans quoi ma pauvre liseuse croulerait sous le poids de ses livres dématérialisés), mais alors que j’avais besoin d’une lecture un peu simple après Le Trône de fer, Warchild est tombé à pic.

Premier tome d’une trilogie (mais comme les héros changent d’un roman à l’autre, aucune obligation de tout lire pour avoir la fin, chic alors !), Warchild suit les pas de Jos Musey, un enfant de 8 ans qui jusque-là a vécu toute sa vie sur un vaisseau marchand.

Et son histoire n’a rien de monotone, puisque Jos perd ses parents dans une attaque pirate, passe un an entre les mains d’un bien sinistre personnage avant de s’échapper pour être récupéré par un sympathisant des striviirc-na (des aliens en guerre contre la Terre), qui lui apprend à se battre pour finalement l’envoyer espionner à bord d’un vaisseau militaire terrien… bref sa vie n’est pas un long fleuve tranquille.

Warchild est un roman assez déstabilisant dans sa première partie, qui est rédigée à la 2e personne. J’ai croisé assez souvent le procédé pour ne plus être surprise par son emploi, mais je n’avais jamais lu un texte aussi long, et il faut reconnaitre que c’est assez perturbant.

Mais il y a une raison pour cela, et en poursuivant l’histoire avec un mode de narration plus classique, on comprend pourquoi, et on se rend vite compte que c’était le choix le plus judicieux pour mettre en scène les débuts du héros, et donner corps au personnage.

C’est d’ailleurs la grande force de ce roman : le personnage principal. Alors que ces derniers temps, c’est souvent l’aspect qui m’intéresse le moins, je dois dire que j’ai été bluffée par Jos, personnage incroyablement vivant et crédible.

Les traumatismes enfouis, le parcours atypique, les tiraillements intérieurs, tout cela sonne incroyablement juste, et jamais stéréotypé (et pourtant côté stéréotype il y avait du potentiel). D’ailleurs c’est d’autant plus bien écrit que l’auteur n’a pas besoin de jouer sur l’empathie pour nous faire rentrer dans le personnage. Et pourtant y’avait aussi du potentiel pour le larmoyant !

Par contre, je suis obligée d’avouer que je suis un peu moins rentrée dans l’univers dans lequel évolue Jos. Le coup des aliens adeptes des arts martiaux et du maniement du katana (ou équivalent), pour le coup ça m’a semblé un peu cliché.

C’est assez marrant parce du coup qu’à la lecture, j’étais incapable de dire si ce roman s’adressait à des ados ou à des adultes. L’univers assez simple et le héros enfant tendent dans la direction jeunesse. Mais en même temps, les personnages sont très travaillés, et question nuances de gris on est plutôt bien servi.

Sans doute ce roman s’adresse-t-il un peu à tous les âges, et chacun y trouvera quelque chose qui lui plait. Pour ma part j’ai passé un bon moment de lecture surtout pour le parcours du personnage principal. Par contre comme l’univers ne m’a qu’à moitié convaincue (les ninja de l’espace et moi ça fait deux), je ne sais pas si je lirais les autres romans qui s’y déroulent.

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