mardi 31 mars 2015

Manesh (Les sentier des astres 1) - Stefan Platteau


Bien que la fantasy actuelle dans sa plus pure expression ne soit plus vraiment ma tasse de thé, je me laisse parfois tenter par une nouvelle aventure dans le domaine, quand j'entends de bons avis. C'est ainsi que j'ai croisé la route de Manesh, premier volet d'une trilogie de fantasy française, Les sentiers des astres.

A peine le livre ouvert, nous voilà projetés dans un monde imaginaire à bord d'un bateau qui remonte le fleuve pour aller consulter le Roi-diseur, un oracle légendaire qui s'est retiré loin au nord. En route, l'équipage recueille un homme presque mort, à la dérive. Alors que le voyage se poursuit, l'homme, Manesh, commence à raconter son histoire.

Une double intrigue est donc au programme : au fil de l'eau, on fait connaissance avec l'équipage (et ses quelques figures très mystérieuses), on découvre les raisons qui l'ont amené ici et on suit ses explorations, tout en suivant en parallèle l'histoire de cet homme mystérieux aux stupéfiantes capacités de guérison.

Et bien que les deux lignes narratives semblent indépendantes, elles finissent bien évidemment par se relier. Au début je craignais un peu que le volet « exploration » ne serve que d'arrière-plan à l'histoire de Manesh, mais le récit est plutôt équilibré : on passe autant de temps en flash-back qu'à suivre l'histoire présente. Ce qui m'a fait plaisir car j'ai personnellement plus accroché aux aventures à bord du navire qu'au récit de Manesh, certes très intéressant mais long à se mettre en place et assez convenu sur certains aspects.

L'univers est plutôt sympathique à découvrir. PJ'aurais du mal à le décrire exactement, sans doute parce qu'il faut glaner les éléments petit à petit et qu'on en a finalement un aperçu assez partiel. Par certains aspects j'ai parfois pensé à Robin Hobb (la comparaison en 4ème de couverture n'est pas volée, je suis moins convaincue pour celle à Holdstock par contre), tandis que les étranges figures surnaturelles qui peuplent ce monde m'ont souvent évoqué les créatures de Miyazaki (surtout celles de Princesse Mononoke).

De manière générale j'ai donc bien accroché à ce roman, qui se lit très bien. J'ai trouvé que l'écriture, sans être extraordinairement ciselé, avait un petit quelque chose de plus qui la démarquait de la masse de romans de fantasy (mais je serais bien en peine d'identifier en quoi). Et le ton de mystère qui plane sur l'ensemble ne peut qu’inviter à tourner sans cesse la page.

J'ai été un peu moins convaincue par les personnages qui manquant un peu d'épaisseur pour être vraiment marquants. Surtout le narrateur sur lequel il est difficile de se faire une opinion (et pourtant ce sont ses mots qu'on lit). Et j'ai été un peu déçue que ce premier tome se révèle finalement plus une introduction qu'une vraie histoire avec un début et une fin (surtout quand on s'est fait mal au dos pour en arriver là !).

Au final, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un roman de fantasy tout à fait honorable, qui remplit à merveille son cahier des charges, mais à qui il manque le petit truc qui va le faire se démarquer et qui va me toucher moi, grande blasée du genre qui a de plus en plus de mal avec ces histoires qui mettent 500 pages à démarrer.

Surtout lorsque la lecture va de pair avec un mal de dos à force de trimballer le bouquin dans les transports en commun (à bas les ouvrages cartonnés et renforcés parce que exemplaire de bibliothèque !). Je me demande d’ailleurs si ça n’a pas joué sur mon ressenti. Si je continue l'aventure (selon les avis sur la suite), j'opterais pour le numérique !

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samedi 28 mars 2015

Petit bilan béophile trimestriel (16)

Beaucoup de films vus en ce début d’année, cela va forcément de pair avec de nombreuses découvertes musicales !


Le Visiteur du Futur - Musiques des saisons 3 & 4 – Jimmy Tillier

Commençons par la musique de cette excellente web-série. J’avais adoré la musique de la saison 2 (et celle de la saison 1 ajoutée par la suite), et sans surprise la BO des saisons 3 et 4 est tout aussi excellente, avec un niveau de qualité rare pour une websérie. Si je me souviens encore du générique d’origine de la série, difficile d’imaginer les saisons qui suivirent avec une autre bande-son, digne d’un film.

A découvrir dans son intégralité avec une petite préférence pour Tous au portail et Requiem pour Judith.


The Imitation Game – Alexandre Desplat

Une nouvelle composition toute calme de Alexandre Desplat, dans la lignée de Philomena ou de La jeune fille à la perle. Certes rien de bien révolutionnaire dans le fond, mais c’est une BO qu’on écoute avec plaisir (idéal pour se détendre ou pour fournir un fond musical quand on travaille), et qui fonctionne très bien à l’écran.

Titre à découvrir : The Imitation Game, morceau d’ouverture.


Broadchurch - Ólafur Arnalds

Je ne sais pas comment j’avais pu ignoré cette BO lors de la saison 1, mais l’erreur est réparé. Assez atmosphérique, cette BO contribue grandement à l’ambiance de la série, et j’aurais du mal à en imaginer une autre. Cerise sur le gâteau, elle s’écoute plutôt bien toute seule et contre toute attente n’est pas si anxiogène que ça.

Titre à découvrir : So Close, qui peut rester en tête un moment


Jupiter Ascending - Michael Giacchino

Je me méfie un peu des compositions de Michael Giacchino, car le côté bourrin des deux Star Trek qu’il a composé me collait assez souvent la migraine. Si on retrouve parfois le même esprit dans Jupiter Ascending (space-opera quand tu nous tiens…), j’ai trouvé cette BO mille fois meilleures, avec une ambition symphonique qui ne peut qu’évoquer l’œuvre de John Williams.

Titre à découvrir : It's A Hellava Chase, sans doute un des morceaux qui donne le plus l’impression d’être devant un Star Wars


Big Hero 6 – Henry Jackman

Je pourrais faire la même remarque pour Henry Jackman que Michael Giacchino : mais pourquoi est-il aussi bourrin ? Ca a son charme, ça contribue grandement à l’ambiance survolé du dessin animé Les nouveaux héros, mais ça rend parfois difficile l’écoute en dehors du film.

Titre à découvrir : Big Hero 6


Kingsman: The Secret Service – Henry Jackman & Matthew Margeson

Mais assez étrangement, si la BO des Nouveaux héros m’a peu convaincu (hors film), j’adore celle de Kingsman. Certes elle est également bourrine et semble se reposer sur un unique thème, mais elle évoque irrésistiblement les James Bond et autres confrères, ce qui lui donne une saveur, une touche de fantasie un peu particulière qui la sort de toutes ces BO de films d’action parfois interchangeables.

Titre à découvrir : Manners Maketh Man, un vrai concentré des bons côtés de cette BO.

mercredi 25 mars 2015

L'échange - Alan Brennert


Lecture du mois du Cercle d’Atuan, L’échange nous a été proposé par Lhisbei, grande prêtresse de l’uchronie. Il s’agit en fait d’une variation uchronique méconnue (au moins par moi, jusqu’à que je lise le Guide de l’uchronie) : l’uchronie personnelle. Point d’Histoire avec un grand H au programme mais une histoire plus intimiste sur les choix qu’on fait dans la vie, et le résultat est un très chouette roman.

L’échange nous présente donc deux versions d’une même personne. Le premier, Richard, est un acteur plutôt connu à Broadway, mais peine à avoir une vie sentimentale stable. Le second, Rick, a abandonné le théâtre pour fonder une famille, ce qui l’a profondément frustré. Un jour, les deux Richard, se rencontrent, et décident d’échanger leurs vies. Rick, frustré par sa vie de famille, découvre la vie de star, ses étoiles et ses dangers, tandis que Richard doit jouer un rôle nouveau pour lui : mari et père de famille.

Le concept du changement radical de vie n’a rien de particulièrement original (il suffit d’aller faire un tour dans les comédies ou dans les émissions de téléréalité), mais dans le cas de ce roman il est particulièrement bien exploité, sans doute parce que même si on s’attend à certains passages dans l’intrigue, l’histoire est d’une richesse qui va au delà du simple cliché.

Cela tient beaucoup au double personnage principal Rick/Richard. Alan Brennert a réussi à donner incroyablement d’épaisseur à chacun d’entre eux, avec des caractères à la fois très semblables et très différents du fait de leur parcours. Du coup même si l’un des deux attire naturellement plus de sympathie que l’autre, on ne peut que s’intéresser à leurs parcours respectifs, et se demander comment tout cela va tourner.

C’est d’ailleurs le nerf de l’histoire. N’allez pas vous attendre à de la magie à chaque coin de rue. Ici le caractère fantastique de l’histoire (l’échange de vie entre deux réalités parallèles) n’est pratiquement qu’un prétexte pour mettre en scène des personnages très humains, leurs relations complexes avec leur entourage, comment leurs choix dans la vie ont déterminé ce qu’ils sont devenus et comment ils gèrent le fait d’être projeté dans un environnement différent.

Et c’est une affaire rondement mené, comme quoi les littératures de l’imaginaire ne font pas toujours dans le grandiose et le gigantisme, des fois elles savent produire des histoires plus intimistes qu’on s’attendrait presque à croiser au rayon littérature générale (un peu comme L’oreille interne d’ailleurs). Et ce genre d’histoire se révèle aussi prenant qu’une grande épopée intergalactique.

Du coup, difficile de lâcher ce livre, d’autant plus qu’il est extrêmement bien construit et rythmé. L’auteur est également scénariste de série télé, et cela se sent à la lecture, chaque chapitre semble avoir découpé avec un outil de précision pour bien coller avec le précédent et le suivant.

Une chouette découverte donc, qui m’a donné envie de me frotter à d’autres uchronies personnelles. Il va falloir que je me replonge dans le Guide de l’uchronie pour trouver d’autres idées !

Avis des autres participants : Lhisbei, Lorhkan, Lune

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samedi 21 mars 2015

L'épée brisée - Poul Anderson


Poul Anderson fait partie de mes auteurs favoris de ces dernières années, mais mis à part dans dans le cadre de quelques nouvelles, j’avais surtout abordé son volet SF, alors qu’il a écrit pléthore de textes de fantasy. A vrai dire j’avais fait une tentative il y a dix ans avec La Saga de Hrolf Kraki et je n’avais pas dépassé la troisième page… heureusement comme vous allez le voir, les goûts évoluent (et s'améliorent bien sûr) avec le temps !

L’épée brisée est un roman paru en 1954 aux États-Unis et qui n’avait jamais été traduit en France à ce jour. Ce qui donne l’impression d’avoir un sacré train de retard, mais on a l’habitude avec Poul Anderson, et heureusement le Bélial est là pour combler les trous !

Nous voilà partis en Angleterre médiévale, pour suivre l’histoire d’un enfant échangé au berceau et élevé par des elfes. Skafloc se révèle vite un jeune prodige qui excelle dans tous les domaines, sauf que des choses terribles se trament dans l’ombre : les trolls préparent la guerre, une sorcière cherche à se venger, et les Ases ont aussi leur mot à dire dans l'affaire.

On plonge donc dans une histoire qui mêle allègrement vikings et premiers chrétiens d’Angleterre, créatures féériques anglo-irlandaises et mythologique nordique, le tout relevé d’une bonne dose de magie et de destinée avec prophétie en option. Difficile de ne pas faire le parallèle avec les sagas nordiques, on a presque l’impression que l’auteur n’a rien inventé et se contente de remettre au goût du jour un vieux récit.

L'épée brisée se révèle être un de ces textes qui donne l'impression d'avoir mis la main sur un manuscrit ancien, un mythe primordial qui doit forcément se balader quelque part dans l'inconscient collectif tellement il nous captive. Un peu d’ailleurs comme Même pas mort que j'ai lu juste avant et qui partage une certaine similarité dans l’esprit (même si la forme est très différente).

Le ton est clairement celui d’un conte ou d’une épopée (morceaux de chants inclus), plein de sang et de fureur, de petits moments de joie et de grands moments de désespoirs. Et je me suis régalée de tout ce panthéon mythologique et féerique qui se mélange allègrement (on n’est pas loin du crossover !).

Du coup L’épée brisée est une lecture que j’ai savouré (dévoré serait peut-être plus approprié). L’intrigue est certes assez prévisible (en même temps quand on part avec une prophétie…) mais c’est justement ce qui fait que c’est délicieux, tout ce qu’on attend arrive logiquement à point nommé (et oui c’est parfois aussi important que la capacité de l’auteur à nous surprendre).

A noter qu'en 300 pages, Poul Anderson livre donc un texte extrêmement riche et plein de péripéties, mais ne s’embarrasse nullement de milliers de détails inutiles qui auraient nécessité un roman deux fois plus épais. Et c’est vraiment cette fantasy « à l’ancienne » comme je l’aime ! Du coup pour les amateurs de grands cycles de fantasy moderne, L’épée brisée doit sembler un peu désuet comme texte, mais si vous aimez la mythologie et les récits volontairement datés, ce roman ne peut que plaire.

Par contre il y a un truc qui m’a déçu dans ce livre, c’est la préface de Michael Moorcock qui met systématique L'épée brisée en opposition avec Tolkien. Peut-être qu'en grande fan de Tolkien je n'ai pas aimé qu'on critique le Seigneur des Anneaux, mais surtout j'ai trouvé dommage de proposer un tel texte en guise de présentation, du coup on est obligé de lire L'épée brisée en regard de Tolkien, sans lui laisser avoir sa propre vie.

Surtout qu’au final la comparaison se fait naturellement, mais pas avec Le Seigneur des Anneaux. Avec Les enfants de Hurin par contre, assurément. Il est flagrant que ces deux œuvres s'inscrivent dans une même démarche de recréation d'une mythologie, et les similitudes au niveau des personnages et de l'intrigue sont trop nombreuses pour qu'ils n'aient pas exploité les mêmes sources. Bref d’ordinaire je suis plutôt du genre à chanter l'excellente des préfaces et des postfaces dans les ouvrages du Bélial, mais cette fois-ci j’ai été plutôt déçue.

Rassurez-vous, cela n'enlève rien à l'intérêt du roman, mais si vous vous lancez dans la lecture, oubliez les premières pages (cela vous épargnera moult spoilers en plus) sous peine de vous retrouver comme moi à vitupérer dans votre chronique ! Quant à moi, me voilà définitivement réconciliée avec la fantasy de Poul Anderson, je vais donc m’intéresser aussi à ses œuvres dans le domaine, et peut-être même redonner une chance à La Saga de Hrolf Kraki.

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jeudi 19 mars 2015

Même pas mort - Jean-Philippe Jaworski


Lorsque Même pas mort est sorti en librairie, j’avais prévu de me jeter dessus et de le dévorer. Mais après lu une avalanche de commentaires tous plus élogieux les uns que les autres, j’ai eu peur de la déception. Du coup j’ai pris pour mon temps pour l’acquérir, et encore plus pour le lire, histoire d’oublier tous les on-dit et de l’aborder avec le cerveau vierge de tout avis.

Point de Vieux Royaume au programme de ce nouveau roman de Jean-Philippe Jaworki. Même pas mort, premier volume de la trilogie des Rois du monde, nous fait visiter l’âge du fer européen, la culture celte, loin de tout cliché sur ces peuplades « barbares » (en regard des civilisations grecque et romaine).

J’avoue qu’avec un tel sujet, ce roman ne pouvait que me plaire (j’ai un petit faible pour toutes ces cultures pré et protohistoriques), d’autant plus que l’auteur ne plaisante pas avec la représentation qu’il en donne. Avec les maigres souvenirs que j’ai sur le sujet, j’ai trouvé le contexte historique très crédible, sans aucun doute ultra-documenté et surtout loin de tout stéréotype.

Même pas mort nous fait donc visiter cette époque par les yeux de Bellovèse, que l’on présentera assez sommairement comme un guerrier celte. Difficile de le qualifier plus précisément car le récit couvre plusieurs périodes de sa vie : son enfance, ses premières armes et sa vieillesse. Sauf qu’il aurait été trop simple de présenter cela de façon chronologique.

C’est d’ailleurs ce qui fait à mon sens le charme de ce roman. Même pas mort se veut un récit de vie, mais dans une construction emboîtée où le narrateur raconte une histoire où il évoque un souvenir qui l’amène à un autre souvenir et ainsi de suite, sauf quand les frontières s’estompent entre le souvenir et l’instant présent (mais lequel ?).

Ce mode de narration est un rien déstabilisant, mais il a son petit effet. Personnellement ça m’a évoqué ces textes anciens qu’on se retrouve parfois à lire, qui bien que traduits dans notre langue ont une construction différente qui rappellent que des siècles ou des millénaires nous séparent, et que notre langage a évolué depuis. Bref c’est comme si on avait déterré un texte celte authentique, à ceci près qu’une telle chose ne peut pas vraiment exister chez une culture qui privilégiait plutôt l’oral.

Côte écriture, j’ai trouvé Même pas mort moins riche que le truculent Gagner la guerre (dans mon souvenir qui date de 2009 en tout cas), mais ça n’a rien d’un défaut. Bien au contraire, je trouve que cela accompagne tout à fait la construction du récit, l’écriture un peu plus épurée semble concorder parfaitement avec l’époque. Et cela se savoure.

Et l’histoire dans tout ça ? On semble osciller entre le roman historique (pour la description très travaillée de l’époque), l’épopée héroïque (avec cette figure de héros dont on ne sait s’il est maudit, destiné à de grandes choses ou autre) et la fantasy mythique (avec toutes ces étranges créatures qui peuplent l’univers de Même pas mort, notamment les 9 femmes de l’île aux vieilles qui me font penser à une autre île bien plus célèbre).

J’ai parfois pensé à Conan (pour le côté très simple du récit), et en attaquant L’épée brisée de Poul Anderson dans la foulée (à la fois simple et truffé de mythes), j’ai eu l’impression de lire un livre dans la même veine. Pour faire simple c’est une sorte de fantasy épurée et nourrie de récits anciens qui n’a aucune peine à accrocher son lecteur, parce qu’on a l’impression de toucher à quelque chose de primordial.

Du coup ce n’est pas vraiment un roman qu’on dévore en vitesse avant de sautiller dans tous les sens en proclamant un coup de cœur. C’est plutôt une lecture où l’on prend le temps d’apprécier l’écriture et de s’imprégner de l’ambiance, et qui persiste dans un coin de la tête par la suite.

Je suis donc bien contente d’avoir pris mon temps pour me lancer enfin dans ce livre, et je me réjouis du coup de n’avoir qu’à attendre quelques mois pour lire sa suite. Une chose est sûre, il m’a bien imprégné puisque j’ai programmé pour un week-end prochain une escapade au Musée du Pays Châtillonnais pour voir le fameux vase de Vix !

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mardi 17 mars 2015

Birdman - Alejandro González Iñárritu


Birdman est un film que j'ai longtemps hésité à aller voir. D'un côté, je trouvais le pitch alléchant, j'aimais bien la mise en abîme de Michael Keaton jouant un rôle d'ancien acteur de film de super-héros, et j'étais curieuse de voir un autre film de Alejandro González Iñárritu (j'avais trouvé 21 grammes bluffant, même si je serais bien en peine de vous dire de quoi parlait ce film aujourd’hui). Mais d'un autre côté ni la bande-annonce ni les critiques ne donnaient une idée claire du film, et les films oscarisés ne sont pas toujours les plus faciles à apprécier. Mais j'ai finalement tenté l'aventure, et je ne le regrette nullement !

La chance que j'ai eu (et c'est déjà la deuxième fois que cela m'arrive), c'est que lorsque je suis allée voir le film, j'étais en train de lire un livre au sujet très similaire : L'échange de Alan Brennert, qui met en scène (entre autre) un acteur de Broadway. Du coup je n'ai pas vraiment eu besoin d'entrer dans l'univers de Birdman car j'avais déjà une bonne partie des clés pour comprendre cette histoire d'ancien acteur de blockbuster qui cherchait à briller sur les planches à Broadway.

Nous voilà donc parti pour suivre (assez littéralement grâce à la caméra) les pas de l’acteur Riggan Thomson, des répétitions à la première de la pièce qu'il met en scène et dans laquelle il joue. Entre le décor qui se casse la figure, les acteurs qui font leur crise, sa fille avec qui il a une relation difficile, et son passé de célébrité qui le hante (et ce n'est pas une image), les journées sont tout sauf calmes et paisibles.


Le scénario de Birdman est peut-être bien l'aspect du film le plus difficile à prendre à main. L'intrigue en elle-même est linéaire, mais elle a un côté très fragmenté à force de sauter d'un personnage à l'autre, si bien qu'on a plus l'impression de visiter une sorte de portrait d'un lieu et ses habitants que de progresser réellement vers quelque chose.

L'histoire a en plus la méchante habitude d'estomper les contours entre la réalité et l'imaginaire, entre l'acteur et le personnage qu'il joue, et de jouer des mises en abîme. Bien évidemment il y a ce personnage joué par Michael Keaton (ancien acteur de Batman) qui lui-même est un ancien acteur de film de super-héros, mais de manière générale tout le film s'amuse à brouiller les pistes, à jouer sur plusieurs niveaux (comme notamment quand on entend la bande-originale du film et qu'on croise son musicien au détour d'un couloir).

Du coup soit on accroche immédiatement, et on se laisse promener pendant deux heures, soit on doit vraiment se demander ce que l'on fiche dans cette salle. Personnellement j'ai adoré la balade, qui évoque très bien toutes les contradictions du métier de star où l'on doit être acteur (et doué de préférence), mais aussi avoir de bonnes relations, trouver le temps d'entretenir une vie de famille et une vie amoureuse, gérer sa célébrité (ou sa déchéance). C'est très riche, parfois absurde, et on s'amuse beaucoup des dialogues très fleuris et des situations parfois improbables.


Mais l'histoire ne fait pas tout, car Birdman c'est aussi (et peut-être bien avant tout) une sacrée performance technique. Le film est conçu comme un gigantesque plan-séquence, sans doute pour mieux refléter son sujet, le théâtre.

Bien évidemment on se doute bien que tout n'a pas été filmé d'une traite, mais les coupes sont suffisamment bien camouflées pour faire illusion, et on se laisse emporter par cette caméra qu'on ne quitte pratiquement jamais du début à la fin de l'histoire. Je me doute que le tournage a dû être épique, et qu'il doit y avoir un sacré travail de montage et d'effets spéciaux derrière (d'autant plus impressionnants qu'ils sont invisibles).

Personnellement j'ai donc passé un excellent moment dans la salle de cinéma à savourer ses personnages hauts en couleur et ses scènes improbables, mais je pense que Birdman est un film assez particulier, qui ne plaira pas forcément à tout le monde.

samedi 14 mars 2015

La jetée - Chris Marker


Suite à mon visionnage de L’armée des douze singes, je ne pouvais que m’intéresser au film (français qui plus est !) qui l’a inspiré : La jetée. Aidée par Tigger Lilly, j'ai pu découvrir ce moyen-métrage d’une trentaine de minutes, sorti dans les années 60, et qui est « considéré comme un chef-d'œuvre par nombre de critiques et de réalisateurs » selon Wikipedia, rien que ça ! En fait c'est surtout un film très étrange.

A vrai dire ce n’est pas vraiment un film, d’ailleurs le générique le qualifie de photo-roman. J’ai d'ailleurs eu l’impression de regarder un vieil épisode de Doctor Who reconstitué avec deux trois images, une bande-son et des brides de films, sauf qu’ici c’est un choix volontaire, le résultat est donc nettement plus agréable à visionner.

L’histoire, raconté par une voix-off (c’est la seule voix du film d’ailleurs) est celle d’un homme qui se rappelle d’un souvenir d’enfance très marquant sur la jetée à Orly, ce qui lui vaut, dans un futur post-apocalyptique, de servir de cobaye à des scientifiques qui cherchent à sauver l’humanité en voyageant dans le temps. Même qu’il rencontre une fille. Cette intrigue a comme un air de famille, non ?

Sauf qu’ici point de scènes d’action ou de grandes envolées délirantes, on est plutôt dans une sorte d’étrange mélancolie alors que les images se succèdent : les souvenirs du héros, les souterrains où il vit, le savant fou, l’étrange machine pour voyager dans le temps (composée d’une injection d’un mystérieux produit et d’un masque en mousse), ses premiers voyages...

L’histoire est tout simple mais on se laisse assez facilement porté par la voix du narrateur et la beauté de certaines images. La jetée est un film étrange, aux environnements parfois un peu kitsch, mais comme l’expérience ne dure pas plus d’une demi-heure, on a juste le temps d’apprécier cette curiosité cinématographique un peu désuète et délicieusement science-fictionnesque.






mercredi 11 mars 2015

Le livre d'or de la science-fiction : science-fiction italienne (anthologie)



J'ai déniché ce livre d'or chez un bouquiniste de la vieille bourse à Lille. J'avais hésité entre ce titre-ci et celui sur la SF allemande, et comme j'avais mon beau-frère italien sous le nez, j'ai choisi celui-là, histoire que pour une fois je m'initie à la littérature italienne au lieu de toujours lui montrer des films français tordus. Bien évidemment, il a végété un moment jusqu'à que Alys manifeste son intérêt pour ce livre. Du coup cet article-fleuve est entièrement de sa faute !

Me voilà donc partie pour ce qui est pratiquement ma première incursion dans la SF italienne, si on laisse de côté une nouvelle de l'anthologie 2012 des Utopiales, et Dino Buzzati bien sûr !

D'habitude avec les livres d'or, j'essaye de faire abstraction, mais là il fallait que ça sorte : mais c'est quoi cette couverture ?!? Non mais sérieusement, déjà Venise sur un fond vert crasseux, c'est pas top (mais on peut encore trouver ça vaguement cohérent avec le contenu), mais le coup de la femme à poil au premier plan dans une pose que je ne commenterais pas avec deux chevaux derrière... heureusement que je n'ai plus peur de mourir de honte en sortant ce livre dans les transports en commun !

Heureusement, le contenu est nettement moins toxique. Déjà l'introduction de Jean-Pierre Fontana est très intéressante à lire pour faire connaissance avec la « fantascienza » italienne (j'ignore si le terme est encore utilisé mais je le trouve très joli). L'historique frôle assez souvent l'inventaire à la Prévert des 180 revues de SF qui n'ont connu que deux numéros, mais on s'en amuse presque, ainsi que du fait que les auteurs aient longtemps tous écrit sous pseudonyme anglophone (voire composé uniquement de lettres de l'alphabet grec).

Évidemment ce livre d'or ayant 30 ans, j'imagine qu'il faudrait une sacrée mise à jour pour vraiment refléter ce qu'est la SF italienne, et il manque sans doute un vrai contenu critique, mais il a le mérite d'exister ! Et de présenter un joli panaché de textes dont je vais maintenant vous parler.

On démarre avec Les Années d'attente de Maurizio Viano, nouvelle pas très joyeuse sur une mission spatiale qui arrive enfin à sa destination, Mars, avec quelques années de retard. Sauf que l'équipage désormais réduit n'a pas très bien vécu la longue solitude du voyage. Un petit goût d'aventure spatiale old school et un peu de mélancolie sont au programme.

Ministre de nuit de Anna Rinonapoli est un texte très différent, qui raconte le périple d'une équipe d'astronautes qui cherchent à prévenir le ministre d'un danger imminent, et qui doivent pour y arriver affronter le pire des monstres : l'administration. Ca ressemble beaucoup à la maison qui rend fou, parfois ça ressemble un peu trop à la réalité, c'est donc ubuesque et délicieux à lire !

Dans Les Belles filles de madame Doré de Giuseppe Pederiali, on visite un monde post catastrophe nucléaire où la beauté a disparu, ce qui est difficile à accepter pour le héros, jadis poète. Encore un texte assez mélancolique, mais qui termine sur une note plutôt positive.

La nouvelle suivante, Un triptyque pour nos frères de Sandro Sandrelli, m'a un peu laissé sur le carreau. Dommage les prémices avec cette exploration d'un lieu mystérieux sur une planète étrangère me plaisait bien, mais j'ai décroché quand le personnage principal a sombré dans le délire mystique.

Trente-sept degrés centigrades de Lino Aldani semble aller de paire avec Ministre de nuit dans son délire administratif, avec la description d'une dystopie où la Sécurité sociale a pris le pouvoir (si si je vous jure). Et quand on pense aux problèmes qu'on peut avoir pour obtenir un prêt quand on un souci de santé, la nouvelle garde un petit air d'actualité... avec une chute prévisible mais savoureuse ! A noter que ce texte a été réédité (peut-être dans une version plus complète) dans la collection Dyschronique.

Il suffit de lire le titre de la nouvelle Le Dernier Pape de Roberto Vacca pour savoir de quoi elle parle. Je m'attendais à m'ennuyer, mais j'ai trouvé ce texte émouvant quand on voit ce pauvre personnage... et légèrement effrayant dans sa merchandisation de tout... cela va bien de concert avec tous les articles sur le tourisme mémoriel que j'ai pu lire récemment.

Propos sur Londres et quelques crimes de Ugo Malaguti est un texte qui nous emmène dans une Londres étrange où un meurtre a été commis. Même si je me doutais de la résolution finale, j'ai adoré le joyeux mélange de personnages qu'offre l'histoire.

L'Explosion du Minotaure de Vittorio Curtoni est une nouvelle étrange où la SF semble plus là pour créer une ambiance que pour jouer un vrai rôle. Cette histoire d'homme qui sombre dans la folie, persuadé que son père mort est toujours en vie ne m'a pas vraiment parlé, même si elle est joliment construite.

Le texte suivant, La Fin de l'âge d'or de Piero Prosperi est très court mais plutôt délicieux dans la veine extrapolations folles dans le futur sur comment nous vivions à notre époque (et dans le cas présent, sur pourquoi nous avions des voitures aussi différentes les unes des autres).

Où meurt l'Astragale de Livio Horrakh est un récit de voyage d'un monsieur-tout-le-monde qui fuit après une guerre nucléaire. Le périple se révèle contre toute attente étonnant touchant, certainement un des plus jolis textes du recueil.

Projetons-nous ensuite dans la Venise du futur avec Les Hommes des tableaux de Renato Pestriniero, où la ville abandonnée n'est plus qu'un site touristique... un peu comme dans Le dernier Pape, avec une interrogation sur ce qui fait un artiste en prime.

Dans la boule de cristal de Vittorio Catani est un texte un peu à part, à la tonalité plus fantastique, avec une histoire de voyance... quoique vu les explications du pourquoi du comment qui vont avec, on est à la limite de la science parfois ! Intéressant, belle ambiance mais l'intrigue ne m'a qu'à moitié convaincue.

Avec Circé de Mauro Antonio Miglieruolo, on entre dans le domaine de la nouvelle à cheval entre l'allusion mythologique et la quasi-pornographie (du coup ça justifie la couverture !). Ca se lit bien, à ma grande surprise, mais la thématique m'a un peu laissé sceptique (et certains passages… sans commentaire).

La nouvelle qui termine le recueil, La Logique du murex de Gianni Montanari, est encore (!) une nouvelle de fin du monde, où une jeune femme (rare protagoniste féminin de ce recueil) ère à travers une Italie déserte où les immeubles tombent en poussière et où les monstres rôdent. Belle ambiance, et joli final assez surprenant.

La guerre atomique et autres thématiques de fin du monde dominent ce recueil, ce qui n'est guère surprenant quand on jette un œil aux dates des nouvelles (années 60-70). Cela donne des textes souvent mélancoliques, mais de façon surprenante, pas forcément dramatiques.

Pour être honnête, je n'ai pas eu de grand coup de cœur sur ce recueil, à part peut-être Où meurt l'Astragale de Livio Horrakh (qui est un très joli texte), et un peu pour les deux délires administratifs que sont Ministre de nuit et Trente-sept degrés centigrades.

Cependant c'était globalement une lecture plaisante, qui m'a donné envie de voir ce qui s'écrit en Italie aujourd'hui comme SF. Mais il faudra trouver une autre source d'information, parce qu’il me semble avoir vérifié, il est difficile de trouver quoi que ce soit de récent de ces auteurs (soit ils n'écrivent plus, soit ils ne sont pas traduits).

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samedi 7 mars 2015

American Fays - Anne Fakouri et Xavier Dollo



Aux dernières Utopiales, comme pas mal de gens, j'ai littéralement craqué sur le dernier roman de Anne Fakhouri (dont j'apprécie les écrits en règle générale) et de Xavier Dollo. En même temps, vu la bête, ça n'a rien d'étonnant : l'objet en lui-même est magnifique avec son dos toilé et sa superbe couverture de Xavier Collette.

J'ai commis une erreur cependant : je ne l'ai pas lu immédiatement (à vrai dire j'avais peur de l'abîmer dans les transports). Entre temps, tous les collègues blogueurs ou presque l'ont lu et ont publié des avis assez mitigés, si bien que American Fays et moi, nous sommes regardés en chiens de faïence pendant quatre mois avant que je ne me décide à l'ouvrir.

De quoi ça parle donc ? American Fays se déroule à Chicago dans les années 20, en pleine Prohibition, avec des fées en plus. On y suit les pas d'un gang qui travaille pour Al Capone, avec comme spécialité la gestion des troubles féeriques (Capone n'aimait guère qu'on vienne empiéter sur son terrain). Cela vous rappelle quelque chose ? Si vous avez lu la nouvelle Du rififi entre les oreilles dans la Décade de l'imaginaire, c'est normal, c'est le même univers !

Nous voilà donc en compagnie des No Ears Four, un gang qui doit enquêter sur des meurtres mystérieux pour identifier le vrai coupable, avant que la police ne se décide de se rabattre sur leur patron, Al Capone. Et forcément, ils ont vite fait de mettre au jour des problèmes plus complexes que prévu (notamment liés aux fays).

American Fays est le genre de roman de divertissement qui se lit avec plaisir (surtout lorsqu'on était comme moi lors de ma lecture cloué au lit par les microbes). L'écriture est fluide, les pages s’enchaînent toutes seules, les personnages sont sympathiques et les rebondissements ne manquent pas. Bref j'ai été agréablement surprise, après tous les avis que j'avais survolé.

Cependant si c'est un très bon roman de divertissement, je l'ai trouvé un peu « paresseux » dans la mise en place de son univers. Si le Chicago de 1925 est plutôt bien rendu avec tous les détails qu'on peut attendre, j'ai trouvé que le côté « féerique » restait assez superficiel. Si on oublie quelques explications (bienvenues) à la fin, on dirait que les fées sont tombées du ciel pour les besoins du roman et qu'elles ne sont pas intégrées plus que ça à l'univers.

Sans doute à cause du titre, je n'ai pas pu m'empêcher de faire la comparaison avec American Gods (oui je sais c'était perdu d'avance), et du coup si on trouve une certaine similarité dans l'idée de base, j'ai trouvé que la démarche n'était pas poussée jusqu'au bout.

C'est fort dommage parce qu'avec un contexte plus développé, American Fays aurait certainement à dépasser son statut de simple divertissement sympathique à lire et mais potentiellement vite oublié, pour devenir un vrai roman marquant. Ce qui conviendrait mieux à son très joli écrin, tout de même !

CITRIQ

mercredi 4 mars 2015

Recueil factice - Février 2015

Le mois le plus court de l'année semble un peu pauvre en lecture, mais c'est que j'ai eu la bonne idée de lire trois monstrueux pavés de 700 pages, forcément, ça ne laisse pas beaucoup de place à la diversité. Ceci dit je me plains pas, ça m'a aussi permis de bloguer un peu moins. Le mois de mars devrait être une autre affaire vu comme c'est parti.

LIVRES



Le Livre d'Or de la science-fiction : Encore des Femmes et des Merveilles (anthologie)

Tous à Zanzibar – John Brunner

Espaces insécables – Sylvie Lainé

Le château des millions d’années – Stéphane Przybylski

Black-out (Blitz 1) – Connie Willis

All Clear (Blitz 2) – Connie Willis


FILMS


L’armée des douze singes – Terry Gilliam

Imitation Game - Morten Tyldum
Avec Benedict Cumberbatch dans le rôle principal, il m'était impossible de passer à côté de ce biopic qui met en scène Alan Turing, mathématicien qui parvint à casser le code de la machine Enigma pendant la seconde guerre mondiale, et accessoirement pionnier de l'informatique. Le film est d'une facture tellement classique qu'il semble avoir conçu uniquement pour récolter des Oscars, mais il se révèle très prenant, très émouvant, avec un Benedict Cumberbatch excellent (et à savourer en VO) et une très belle BO.

Jupiter Ascending - Andy et Lana Wachowski

Une merveilleuse histoire du temps – James Marsh
Autre biopic, autre scientifique célèbre avec cette fois-ci un aperçu de la vie de Stephen Hawking. Difficile de ne pas jouer du coup la comparaison avec Imitation Game, bien que les deux films adoptent des approches très différentes. Ici on se concentre plus sur la maladie et la vie amoureuse du physicien que sur ses travaux, si bien qu'on se demande qui de Hawking ou de sa femme est le héros de l'histoire ! Belle performance d'acteur évidemment, et j'ai bien apprécié les quelques références à Doctor Who !

La vie rêvée de Walter Mitty – Ben Stiller
Rattrapage pour ce film que j'avais raté en salle l'année dernière. Quelque part entre la comédie et le road-movie, on suit les pas d'un héros casanier prompt à la rêverie héroïque, chargé du traitement des négatifs photographiques (miam, de l'argentique) dans un magazine, qui se retrouve à courir à travers le monde pour retrouver la trace d'un cliché disparu. C'est drôle bien sûr, mais aussi touchant, et avec des images magnifiques en prime. Bref un film plus que recommandable !

Vincent n'a pas d'écailles – Thomas Salvador
Attirée par l'argument du film qui parle de super-héros à la française, je suis sortie plutôt déçue de ma séance. Si cette histoire d'un homme qui acquiert une force surhumaine au contact de l'eau est tentante au premier abord, et si le fait que cela se déroule dans un petit village du sud de la France offre un décalage bienvenue, j'ai trouvé que le film un peu bancal, comme incomplet. J'ai néanmoins adoré la course-poursuite avec les gendarmes, quand on la compare à la démesure de ce genre de scène en version hollywoodienne, on ne peut que s'amuser de cette version bien plus réaliste !


SERIES


Broadchurch – Saison 2
J'étais un peu sceptique à la base sur la capacité de la série à maintenir son niveau d'excellente. Et pourtant la saison 2 réussit parfaitement à se hisser au niveau de la première, en mêlant une nouvelle enquête policière aux conséquences de la fin de la saison 1 (je n'en dirais pas plus). Comme toujours, l'ambiance est sinistre, mais difficile de résister à cette galerie de personnages terriblement humains. Avec une mention spéciale à Ellie Miller qui m'a vraiment impressionné par sa capacité à encaisser, à continuer d'avancer, à ne jamais craquer et à garder toute son humanité.

Galavant
OVNI télévisuelle diffusé en janvier pour combler la case occupée par Once upon a time (si j'ai bien suivi), Galavant est une mini-série musicale et humoristique de fantasy. Oui rien que ça. C'est incroyablement bien fichu (costumes, chansons, etc.), par contre c'est tellement particulier que ça ne peut parler qu'à un type de public bien particulier. Du genre fan de Monty Python Sacré Graal et de Princess Bride. Dans mon cas c'est donc passé comme une lettre à la poste (à part la fin ouverte un poil décevante surtout qu'une suite n'est pas garantie).

Game of Thrones – Saison 4
Voilà, je suis enfin à jour dans le domaine, parée pour la saison 5 ! Chouette série, belle adaptation, c'est plaisant à regarder mais parfois je pense que les livres sont encore trop frais dans ma tête pour que je l'apprécie vraiment. Du coup si la série commence à diverger vraiment sur certains points à partir de la prochaine saison, comme cela a été annoncé, ça devrait devenir beaucoup plus intéressant tout à coup !


A VENIR EN MARS…

Côté livres : J'ai eu la bonne idée de terminer trois livres juste après avoir arrêté le compteur pour ce recueil, si bien que je peux déjà vous promettre American Fays de Anne Fakhouri et Xavier Dollo, Faire de la science avec Star Wars de Roland Lehoucq et la BD Le transperceneige (même si je doute de faire une chronique détaillée pour tous). J'ai attaqué le livre d'or sur la science-fiction italienne (l'intro est fort intéressante), je serai de la LC du mois du Cercle d'Atuan (L'échange de Alan Brennert), et j'ai emprunté Manesh de Stephan Platteau. Et j'ai fait l'acquisition (entre autres) du dernier recueil de Neil Gaiman et de L'épée brisée, je pense que le mois va être bien rempli !

Côté films : J'ai enfin vu Les nouveaux héros (très chouette mais comme il est trop tard pour l'inclure dans ce recueil, ça sera pour mars). Je compte bien rattraper Kingsman et Birdman. Pour le reste on verra en fonction du programme, je n'ai pas vu grand chose qui me tentait pour le moment.

Côté séries : The Musketeers devrait se terminer en mars je pense (fun mais un peu moins que la saison 1 quand même), The Big Bang Theory est toujours de la partie, et Once upon a time devrait reprendre. Pas grand chose d'autre programme, à part remettre le nez dans Twelve Monkeys (qui ne m'a pas encore vraiment convaincu) ou espérer me mettre enfin à jour dans Downton Abbey.

dimanche 1 mars 2015

Espaces insécables - Sylvie Lainé


J'avais prévu de garder en réserve le dernier recueil de Sylvie Lainé que je n'avais pas encore lu (jusqu'à la sortie du prochain), mais l'autre jour après avoir terminé les monstrueux pavés que sont All clear et Tous à Zanzibar, j'avais envie de format court, et mes yeux se sont naturellement portés sur ce recueil.

Voyons un peu le menu :

Carte blanche se déroule à bord d'un immense vaisseau spatial où les habitants empêchent la monotonie de s'installer grâce à des cartes qu'ils reçoivent et qui déterminent leur vie dans les jours à venir : quel va être leur travail, qui vont-ils rencontrer et quelles actions vont-il accomplir. Un peu comme un jeu de rôle grandeur nature, c'est un concept fascinant, et de loin la nouvelle qui m'a le plus marqué dans tout le recueil.

Le Chemin de la rencontre se situe je pense dans le même univers que la nouvelle précédente (on y mentionne un vaisseau-arche), mais on se retrouve cette fois-ci à découvrir une planète et ses étranges formes de vie. Une belle rencontre avec l'Autre, et un petit quelque chose qui m'a fait pensé à L'opéra de Shaya, entre les lignes.

Partenaires est plus étrange et difficile à décrypter avant sa chute, mêlant intelligence artificielle et littérature. La conclusion (enfin c'est la deuxième moitié de la nouvelle à vrai dire) est délicieuse à souhait. Comme quoi on peut en inventer des choses en à peine dix pages !

Le Passe-plaisir est une histoire de voyageur temporel (ils sont partout ma parole !) où un homme du passé découvre un futur bien moins sombre que ce qu'il attendait, mais où les gens ont la curieuse habitude de « changer » régulièrement. Ce texte à la conclusion très touchante rappelle un peu Carte blanche par certains aspects.

Définissez : Priorités parle de télépathie, d'amour, de musique, de sable et de voyage interstellaire, le tout étant soigneusement entremêlé. Je me suis un peu perdue dans les explications parfois, mais ça n'enlève que peu au plaisir de lecture.

Subversion 2.0, qui clôture le recueil, met en scène un homme qui se retrouve dans le cadre d'une expérience affublé d'un double parfait avec lequel il va pouvoir tout partager pendant une semaine. Un texte surprenant comme toujours, et très positif. C'est ce que j'aime d'ailleurs chez Sylvie Lainé, les conclusions ne tirent pas forcément vers le bas, bien au contraire !

Six nouvelles, une centaine de pages à peine, mais comme toujours l'émerveillement est au rendez-vous. Les textes sont bien écrits, souvent touchants, les idées exploitées sont originales (ou à défaut le sont avec un parti-pris original), du coup j'ai un peu l'impression de me répéter une fois encore en qualifiant ce recueil de ravissant. Si vous n'avez jamais lu une seule nouvelle de Sylvie Lainé, il serait temps que vous vous y mettiez !

CITRIQ