samedi 30 avril 2016

Ferrailleurs des mers – Paolo Bacigalupi


Cela faisait bien longtemps que ce roman dormait dans ma liseuse (qui elle-même dormait dans un tiroir), alors que j’avais voulu le lire pour me frotter à un Paolo Bacigalupi facile d’accès. Il était grand temps que je m’y mette, d’autant plus que ce Ferrailleurs des mers s’est révélé une lecture fort plaisante, un roman jeunesse à la fois accessible et exigeant.

Dans un futur où le réchauffement climatique a provoqué une montée des eaux qui a englouti de nombreuses terres et le monde tel que nous le connaissons au passage, Nailer est un jeune garçon qui travaille sur un chantier de récupération de navires. Sa mission : parcourir les coursives abandonnées et parfois risquer sa vie pour ramener du cuivre et d’autres métaux précieux.

On se croirait en Inde de nos jours, nous sommes en fait dans ce qu’il reste de la côte Est américaine (si je ne me plante pas), et l’aspect futuriste ne se perçoit que de loin pour Nailer et ses voisins de bidonville, lorsque passe un de ces majestueux clippers de riches qui naviguent et parfois volent au-dessus de l’océan. Le parcours de Nailer prend cependant un drôle de tournant lorsqu’il découvre un clipper échoué suite à un ouragan.

La trame narrative peut certes sembler assez classique (ah ces enfants qui deviennent des héros en sauvant des princesses et en affrontant leur père !), mais c’est bien le seul aspect « simpliste » de ce roman. Cependant elle fonctionne très bien et a l’avantage de donner tout l’espace nécessaire à l’auteur pour poser son univers.

Et de ce côté on se régale. Les romans jeunesse, du moins quand on les lit avec des yeux adultes qui ont déjà trop lu, donnent souvent l’impression d’un décor en carton-pâte. On trouve l’univers sympathique, mais lorsqu’on commence à creuser un peu, on se rend vite compte qu’il n’y a pas grand-chose au niveau des fondations.

Ferrailleurs des mers repose lui sur une base solide et très crédible : la montée des océans, l’épuisement des ressources qui amène à aller récupérer ce qui peut l’être dans les épaves, le pétrole devenu une rareté… Tout est bien pensé et fait réfléchir parce qu’on peut facilement penser qu’on est à deux doigts de basculer dans ce futur.

Et le roman ne ménage pas son lecteur. Tout du long à travers son héros, il nous interroge autant sur des grandes thématiques comme l’inégalité que sur des petites choses comme l’amitié et la confiance. J’ai d’ailleurs beaucoup Nailer pour cela, d’autant plus qu’il a plutôt un bon sens de la réplique.
« Ca fait foutrement beaucoup d’argent. Et, si tu penses que t’as une moralité, c’est parce que t’as pas besoin d’argent. »
Bref Ferrailleurs est un chouette roman, prenant dans son histoire et avec un univers soigné. Il est à prescrire à tous les jeunes amateurs de science-fiction, mais aussi aux plus grands qui auront également grand plaisir à le lire, avant d’aller voir ce que Paolo Bacigalupi a pu écrire d’autre.

CITRIQ


Item 14 : Lire un livre de cli-fi (climate fiction). Ou éco-fiction (pour écologie fiction)
(j’aurais pu l’utiliser pour l’item 6, mais je me connais, il y a plus de chance que je croise la route d’un young adulte que d’un livre de cli-fi… et accessoirement il existe une suite à ce roman, je n’ai pas dit mon dernier mot !)

mercredi 27 avril 2016

Le livre d’or de la science-fiction : Theodore Sturgeon – Theodore Sturgeon


Theodore Sturgeon fait partie de ces grands noms de la SF des années 50 dont j’avais déjà goûté la plume il y a quelques années grâce aux très connus Cristal qui songe et Les plus qu’humains, et au moins connu mais néanmoins étonnant Un peu de ton sang. J’avais envie d’explorer un peu plus son œuvre, et quoi de mieux qu’un livre d’or de la SF pour cela ?

Commençons d’abord par l’instant couverture (ça va devenir une tradition) : elle est signée Wojtek Siudmak, du coup c’est presque normal qu’on ait du mal à voir le rapport entre l’image et le texte, c’est même caractéristique du bonhomme. Et on échappe aux femmes à poil, c’est plutôt pas mal même si la fourmi avec un crâne humain en guise de tête qui tire des rayons laser me laisse un peu perplexe…

Mais laissons de côté ces interrogations iconographiques pour s’intéresser à ce recueil, réalisé par Marianne Leconte, dont la préface est fort intéressante pour mettre en lumière les thèmes fétiches de Sturgeon, mais surtout pour découvrir sa vie privée haute en couleur (j’ai perdu le compte du nombre de ses mariages !).

Après quoi on peut profiter de douze nouvelles qui oscillent entre SF et fantastique, avec des tons très variés… comme toujours dans ce genre d’ouvrages, il est difficile de tout aimer, cela dépend de ses affinités : pour ma part ce sont les textes qui parlaient le plus de l’Autre, de la différence et de la solitude qui m’ont le plus plu. Des thèmes déjà abordés dans Cristal qui songe, et qui tiennent à cœur à l’auteur, à n’en point douter.

La première nouvelle, L'Île des cauchemars, évoque un peu les récits fantastiques du XIXe siècle dans sa construction (un homme raconte à un autre l’histoire d’un troisième qui semble avoir perdu la tête suite à un naufrage), avec un petit côté Lovecraft par moment (mais très léger, c’est sans doute les tentacules qui m’y font penser) mais pas mal de notes d’humour (un peu noir) ici et là. Le résultat est très chouette, c’est une excellente mise en bouche.

Les Ossements met en scène un inventeur qui met au point une machine qui peut lire dans les os les derniers souvenirs de l’homme ou de l’animal. Le concept est sympathique, et l’ambiance plutôt réussie.

On enchaîne ensuite avec Largo, une superbe histoire de musique et de vengeance magistralement orchestrée (sans mauvais jeux de mots). J’ai adoré (et le titre est très adapté après vérification auprès d’un spécialiste du classique).

Cicatrices n’appartient pas vraiment à la SFFF avec son histoire de deux gardiens de troupeaux qui se racontent leurs histoires autour du feu. Elle ne m’a pas tellement marqué même si elle est bien écrite.

Tout le contraire de Un don particulier, une bonne vieille SF avec des aliens où un équipage en route pour Venus maltraite un peu trop un de ses passagers. Beaucoup de méchanceté gratuite, et une très belle morale à la fin, une excellente nouvelle donc.

M. Costello, héros est lui aussi un récit de SF à tendance space-opéra, qui parle de vivre en harmonie, et qui réussit à le faire de la façon la plus inquiétante possible.

Je n’ai pas très bien compris La Musique, mais comme c’est un récit court, ce n’est pas bien grave.

J’ai par contre adoré Parcelle brillante, nouvelle où un vieil homme solitaire recueille une femme à l'agonie chez lui et la soigne. Cette histoire monte doucement en puissance, avec son héros masculin très particulier. Je me suis rendue compte que je l’avais déjà lu dans le livre Un peu de ton sang (sous le titre Je répare tout), j'ai été surprise de n'avoir pas tout à fait la même lecture cette fois-ci (est-ce parce que je savais, ou parce que la traduction a été revue entre les deux éditions ?).

L'Autre Célia est une petite histoire fantastique qui se démarque par un narrateur remarquable par son extraordinaire curiosité (ce qui le rend nettement plus inquiétant que la créature fantastique de cette histoire, un comble !).

Le héros de Un crime pour Llewellyn est excellent également, une sorte de monsieur-tout-le-monde dont le train-train quotidien est bouleversé par un aveu de sa femme. C’est complètement inattendu, à la fois triste et drôle dans cette manière de parler de solitude et de différence. Bref j’ai adoré.

La Fille qui savait parle d’une rencontre entre un homme qui va bientôt mourir, et une femme très étrange. J’ai eu un peu de mal avec ce texte pas très clair, je l’ai presque compris uniquement grâce à l’introduction de l’anthologiste.

Le recueil se termine en beauté avec Sculpture lente (prix Hugo ET Nebula en son temps), une très belle rencontre entre une femme malade et un scientifique qui parle de science, de médecine, de solitude, de différence et de millions d’autres choses. Un très beau texte pour conclure.

Voilà pour ce recueil d’excellente qualité (introduction intéressante, chouette sélection de nouvelles et une bonne bibliographie pour conclure) qui remplit parfaitement son office : donner envie de lire d’autres nouvelles de cet auteur… et il en a écrit : l’intégrale qui existe en anglais ne compte « que » treize volumes !

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dimanche 24 avril 2016

Martiens, go home ! – Fredric Brown


J'avais déjà tâté un peu de l'humour de Fredric Brown dans son recueil Fantômes et farfafouilles il y a quelques années, j'ai eu envie d'y revenir son roman le plus connu je crois : Martiens, go home !, dont le titre suffit à résumer l'histoire.

Ce roman humoristique met en scène une invasion martienne sur Terre, mais pas vraiment celle à laquelle on s'attendait. Les Martiens ne débarquent pas en soucoupe volante, et n'apportent ni la paix, ni des armes de destruction massives. Ils se pointent comme ça et viennent pour ainsi dire rendre la vie impossible aux Terriens en espionnant leurs faits et gestes et en les commentant de la manière la plus impertinente qu'il soit. Et comme ils sont insubstantiels, allez donc les expulser !

Les conséquences sur le monde tel que nous le connaissons (enfin tel que nous le connaissions à la fin des années 50) sont énormes, il faut apprendre à vivre avec d'exaspérants voyeurs qui mettent à bas l'économie (et surtout les médias !). Ce n'est facile pour personne, et surtout pas pour Luke Devereaux, un auteur de SF qui se retrouve du coup au chômage (qui a envie de lire de la SF quand on la cotoie tous les jours ?).

Malgré son atmosphère un peu datée (vive la conquête spatiale et la guerre froide), Martiens, go home ! garde un petit quelque chose d'actuel dans sa manière de tourner en dérision les dangers de révéler sa vie privée au premier spectateur qui passe (je ne pense pas que l'auteur ait anticipé les réseaux sociaux, mais je suis sûre que ses Martiens auraient adoré le concept). A part ça c'est un roman de pur divertissement qui se lit avec grand plaisir, grâce à un humour piquant et absurde qui passe à merveille.

On n'est pas dans de la grande lecture, mais c'est frais et fort sympathique à lire, alors pourquoi se priver de cette invasion alien si particulière ?

Lecture commune réalisée avec : Ksidraconis, Lhisbei, Lune, Rose

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Item 5 : Lire un livre SFFF dont vous n’avez pas encore vu l’adaptation en film (la bande-annonce de cette adaptation de 1990 se suffit à elle-même)

mercredi 20 avril 2016

Dans la lumière et les ombres : Darwin et le bouleversement du monde – Jean Claude Ameisen


S’il y a une émission de radio dont je suis les podcasts avec une relative régularité et un plaisir toujours renouvelé, c’est Sur les épaules de Darwin de Jean Claude Ameisen, qui réussit à parler dans une ambiance feutrée aussi érudite que poétique de sciences, avec un « sense of wonder » peu commun, celui qu’on a parfois du mal à trouver à l’heure actuelle.

J’avais très envie de lire un texte de ce monsieur, j’ai donc emprunté à ma maman Dans la lumière et les ombres, un essai sur Darwin et sa théorie sur l’origine des espèces (qui a inspiré quelques épisodes de son émission à n’en point douter). Ce n’est pas le texte le plus facile à lire du monde, surtout dans les premières pages. Cependant il ne faut pas hésiter à s’accrocher, car cet essai se révèle néanmoins passionnant.

La première partie, L’aube, nous parle de comment Darwin a élaboré sa théorie et dans quel contexte. C’est de loin le morceau le plus difficile de l’essai, mais se révèle néanmoins fort intéressant, mettant en lumière les textes qui l’ont inspiré, la manière dont on a pu concilier théologie et science sur la question, ainsi que les contemporains qui ont posé des théories similaires.

Tout cela nous donne des bases solides pour aborder la deuxième partie, La nuit, qui aborde le pendant sombre de la théorie de l’origine des espèces, ou comment ont été développées les théories du darwinisme social et de l’eugénisme qui ont fait tant de mal au XXe siècle. Un passage dans l’ombre difficile, mais là encore très intéressant, et qui fait autant réfléchir qu’un bon roman d’anticipation.

Après quoi on repasse dans la lumière avec la troisième partie, Dans le futur distant, qui nous plonge littéralement dans le fonctionnement et l’évolution du vivant : génétique, ancêtres communs, hérédité et mutations, symbiose et autres merveilles qui font que nous sommes là, nous et tous les autres êtres vivants. J’étais familière d’un certain nombre de concepts (qui sont au programme en terminale S), mais c’était fascinant de le redécouvrir sous un nouveau jour et d’apprendre le contexte de leur découverte.

A l’image de l’émission, on apprécie Dans la lumière et les ombres autant pour son érudition (en témoigne la bibliographie bien remplie en fin d’ouvrage) que pour la beauté de son écriture. Du coup on peut plaquer sans peine la voix de l’auteur dessus et se laisse emporter par les mots… jusqu’à qu’on se retrouve à revenir en arrière parce qu’on a oublié ce qu’on a lu du coup.

C’est parfois un peu frustrant, mais cela n’enlève rien au caractère absolument fascinant de ce livre, qui n’a pas son pareil pour nous émerveiller, autant en mettant en scène les miracles du vivant qu’en nous contant comment ont été faites certaines grandes découvertes scientifiques.

Dans la morosité actuelle, c’est une lecture qui fait voyager, qui ouvre l’esprit et qui de manière général fait du bien. Je pense que je reviendrais aux écrits de ce monsieur à l’occasion, tout en continuant à écouter son émission.

(d’ailleurs si vous n’avez pas le courage de tenter l’aventure sur papier, profitez au moins de l’émission, il a récemment parlé de la lecture à travers les âges et de la vie de Marie Curie – quelle femme !-)

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Item 3 : Lire un essai ou un article traitant de science, de science-fiction, de fantasy ou de fantastique (je n’avais pas calculé en lisant ce livre qu’il pouvait compter pour le challenge, mais je suis bien contente de pouvoir l’y présenter)

samedi 16 avril 2016

Le ver à soie – Robert Galbraith


Après avoir goûté aux aventures policières de Cormoran Strike (écrites discrètement sous pseudonyme par J.K. Rowling) avec L’appel du coucou, j’ai remis le couvert avec Le ver à soie, qui nous emmène cette fois-ci visiter le côté sombre du monde littéraire.

Alors que Cormoran Strike a réussi à remettre à flot son agence de détective privé grâce à quelques enquêtes sur des amants, des maîtresses et autres motifs de divorce, il accepte une nouvelle affaire nettement moins lucrative et à priori sans intérêt : une femme qui lui demande de retrouver son mari écrivain qui a disparu depuis quelques jours sans préciser où.

Voilà donc Cormoran Strike, toujours accompagné de la pétillante Robin (sur le point de se marier), qui explore les méandres du monde de l’édition, des écrivains et de leurs agents pour retrouver un auteur à la réputation plutôt sulfureuse.

(et à moins de vouloir en savoir plus, ne lisez pas la quatrième couverture qui n’hésite pas à parler d’un évènement situé après le premier quart du roman… no comment)

On retrouve dans Le ver à soie toutes les caractéristiques de L’appel du coucou : belle galerie de personnages, sacré portrait du monde particulier des célébrités (ici du côté littéraire), et toujours ce Cormoran qui garde ses suppositions pour lui (ce qui est un poil frustrant lorsqu’on ne mène pas son enquête en parallèle, on n’a plus qu’à attendre le final).

Les défauts du premier tome ont été gommés : l’enquête m’a semblé un peu moins faible que sur le précédent tome, le fait d’avoir un casting plus resserré évite qu’on s’égare sans cesse entre les noms, et la résolution est plutôt bien mise en scène (presque un peu trop pensée pour une adaptation en fait).

Côté « technique » j’ai donc l’impression d’une amélioration. J’ai par contre un peu moins accroché au thème : le monde littéraire est principalement représenté par un auteur contesté aux obsessions particulières qui donnent un côté très glauque au roman.

J’ai eu un peu de mal à déterminer si c’était un choix volontaire pour parodier la figure de l’écrivain, ou si c’était juste une volonté de noircir l’atmosphère (sans doute un peu des deux). En tout cas cet aspect ne m’a pas particulièrement plu, ceci dit je crois que c’est une question d’affinités. D’autant plus que cela ne m’a pas empêché de dévorer le livre en quatre jours, avide que j’étais de connaître la conclusion.

Du coup sans être révolutionnaire, Le ver à soie s’inscrit dans la lignée de L’appel du coucou. C’est un polar sympathique et bien mené, avec des personnages bien brossés. Je continuerais sûrement l’aventure à l’occasion avec La carrière du mal, troisième volume sorti il n’y a pas longtemps en français.

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dimanche 10 avril 2016

Recueil factice – Mars 2016

Oups, je crois que j’ai un peu oublié ce blog ces derniers temps, occupée que j’étais à replonger dans Pillars of Eternity. Ça serait peut-être bien la même chose en avril, au moins vous ne risquez pas de finir noyés sous les chroniques !

LIVRES


Sandman intégrale 7 – Neil Gaiman

Yama Loka Terminus : dernières nouvelles d’Yirminadingrad – Léo Henry & Jacques Mucchielli

Quatre chemins de pardon – Ursula K. Le Guin

Dragon de glace – George R.R. Martin

Les chutes – Joyce Carol Oates

Les yeux d’ambre – Joan D. Vinge

FILMS


Divergente – Neil Burger & Divergente 2 : l’insurrection – Robert Schwentke
Avec la sortie du troisième volet, M. Vert et moi avons voulu tester cette énième adaptation de best-seller jeunesse. Le résultat est très conventionnel : univers dystopie en veux-tu en voilà avec ici une société à priori idéaliste divisée en maisons factions et une jeune héroïne « élue » qui ne rentre dans aucune case. Les ficelles sont grosses et les clichés au rendez-vous, mais c’est sans doute ce qui rend cette histoire drôle à suivre. Du coup nous n’irons pas voir la suite au cinéma histoire de ne pas se faire expulser de la salle à cause de nos commentaires désobligeants tout au long du visionnage !

Les innocentes – Anne Fontaine
Ce film n’a pas un sujet facile, puisqu’il nous emmène à l’intérieur d’un couvent polonais « visité » par les soldats russes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, où un certain nombre de sœurs se retrouvent enceintes. Face à elles, avec elles, une médecin française de la Croix rouge qui cherche à les aider mais butte parfois faute de compréhension (elle vient d’un monde très différent autant par la langue qu’elle parle que par ses croyances). J'ai beaucoup aimé l'histoire qui donne à voir beaucoup de choses par le biais de cette rencontre. J’ai apprécié que le film soit sans concession mais sans pour autant porter de jugement. Et la réalisation tout en simplicité est superbe, un plus non négligeable.

Kung Fu Panda 2 – Jennifer Yuh
La suite des aventures du panda maître du kung-fu s’inscrit dans la lignée du premier film : nouveau méchant, nouveau problème personnel à surmonter, et toujours autant d’humour, de combats très bien chorégraphiées et de séquences d’animation superbes. Faute d’effet de découverte, ce deuxième opus marque moins que le premier, mais on passe tout de même un très bon moment.

Midnight Special – Jeff Nichols
Midnight Special est une histoire toute simple où l’on suit un père en fuite et son enfant doué de pouvoirs spéciaux (yeux « laser » et émetteur radio intégré). Scénario linéaire, avec des effets spéciaux qui ne font pas dans l’esbroufe, Midnight Special ne restera pas forcément dans les annales, mais j’ai apprécié le rythme tranquille de cette histoire sympathique.

The Revenant - Alejandro González Iñárritu
Dans ce film, un trappeur laissé pour mort parcourt des centaines de kilomètres malgré ses blessures pour obtenir la vengeance qu'il désire. La réalisation est impeccable, la performance d'acteur est comme il se doit au rendez-vous et les plans de paysages glacés sont de toute beauté. Mais pour ma part j'ai trouvé que le film avait un peu trop du "film à oscars", trop parfait et sans l'émotion ou le grain de folie qui m’auraient empêché de trouver le temps un peu long pendant la séance.

Room – Lenny Abrahamson
Une jeune femme emprisonnée dans un cabanon de jardin, où elle vit toujours avec le fils qu'elle a eu de son agresseur. Je pensais que ce film allait être sordide et dur à encaisser, mais on prête surtout attention à la force de caractère de l'héroïne, qui réussit à élever un enfant dans une pièce unique sans que ni lui ni elle ne perdent pied. J'ai entendu beaucoup de critiques sur la deuxième partie du film, pour ma part je l'ai trouvée nécessaire, histoire de sortir à notre tour de cette pièce.

Shutter Island - Martin Scorsese
Vu juste après The Revenant (il n'y a pas de coïncidence), Shutter Island est une bonne vieille histoire de flic qui enquête dans un asile de fous et qui tombe sur plein de mystères. La résolution est peut-être un peu prévisible (mais je suis sans doute un peu trop familière de ce genre de pirouette) mais l'ambiance est très réussie, et j’ai accroché d’un bout à l’autre du film.

SÉRIES


The politician husband
Cette mini-série politique anglaise a attiré mon attention à cause de David Tennant (on ne se refait pas !) et s'est révélée prenante. Un couple de politiciens (le mari est ministre, la femme sous-secrétaire d'état) se déchire lorsque l'homme rate son coup politique et se retrouve pratiquement homme au foyer, tandis que sa moitié est propulsée sur le devant de la scène et peut faire carrière, ce qu'elle avait toujours laissé de côté pour son mari. Très beaux personnages, et bien que tout cela soit tout sauf joyeux, l’histoire est très intéressante à suivre.

Suits – Saison 1
Cette série nous plonge dans les dessous du fonctionnement d’un cabinet d’avocats, grâce à un duo improbablement formé par la star du cabinet, arrogant et sûr de lui et sa nouvelle recrue, un jeune homme doué mais un peu naïf (qui accessoirement n’est absolument pas diplômé d’Harvard). Avec son schéma d’épisodes récurrent, Suits a tout de la série détente, sympathique et plutôt drôle lorsqu’on cherche à éviter les prises de tête. J’avoue cependant avoir du mal à vraiment apprécier les personnages, je trouve même que Luis, le « méchant » de la boîte est le plus intéressant de tous !

AU PROGRAMME EN AVRIL

Côté livres, je viens de terminer un essai passionnant mais pas toujours facile à lire de Jean-Claude Ameisen, après quoi je devrais revenir à de la SF, entre Theodore Sturgeon et Fredric Brown (oui c’est très récent tout ça).

A l’écran, vous allez devoir attendre le bilan d’avril pour avoir mon avis sur Batman v Superman (en bref c’est moins pire que prévu même si je ne suis qu’à moitié convaincue), sur la saison 2 de Daredevil (toujours aussi bon) et sur l’adaptation de 22/11/63.

Au clavier et à la souris, j’ai profité d’un week-end de Pâques un peu prolongé pour reprendre l’aventure dans Pillars of Eternity, histoire de faire connaissance avec son extension, La Marche blanche. Affaire à suivre donc…

mardi 5 avril 2016

Yama Loka Terminus : dernières nouvelles d’Yirminadingrad – Léo Henry & Jacques Mucchielli

 

Cela faisait un petit moment que j’hésitais à participer au crowdfunding pour Adar : retour à Yirminadingrad vu que je ne connaissais pas du tout l’univers. Pour me faire une idée, j’ai donc emprunté un des livres de cette série à Tigger Lilly, et si ma chronique arrive assez tardivement, j’ai pu terminer ma lecture assez tôt pour apporter ma petite participation, ouf !

Yama Loka Terminus est un recueil de vingt-et-une nouvelles écrites par Léo Henry et Jacques Mucchielli qui ont toutes comme décor la ville imaginaire d’Yirminadingrad, aussi difficile à situer dans le temps que dans l’espace. L’ambiance a un je-ne-sais-quoi de post-apocalyptique qui ferait pencher à un futur proche, tandis que les noms et l’ambiance évoque l’ex-URSS (et un peu les Balkans parfois).

Les différents textes nous permettent donc visiter cette ville étrange, dont l’atmosphère est résolument poisseuse, fréquemment noire et pleine de désespoir, avec un doux parfum de folie et de mélancolie. Les thèmes abordés sont très variés, et l’écriture change d’un texte à l’autre, avec de belles expériences ici et là. Il est probablement difficile d’accrocher à l’ensemble des textes.

De manière générale lire ce recueil m'a fait l'effet d'un bain dans une mer agitée : à un moment on est porté par une vague et on est à l'aise, à d'autres moments on est submergé par une nouvelle incompréhensible ou dérangeante et on a bien envie de rejoindre la plage.

Le résultat est fascinant à lire, à condition d’être dans le bon état d’esprit (ce qui n’a pas toujours été le cas dans mon cas hélas). Ce qui ne m’a pas empêché d’apprécier la plupart des textes, à vrai dire il n’y en a guère que cinq qui ne m’ont pas parlé du tout.

Je ne vous parlerai pas de tous, mais voilà ma petite sélection de favoris pour vous mettre l’eau à la bouche :
  • Attentat de personne est un récit fantastique fascinant, dans lequel le terme de mélancolie prend je pense tout son sens. C’est affreusement triste mais terriblement beau ;
  • Power Kowboy nous plonge dans la tête d’un enfant, pour un résultat touchant et glaçant à la fois ;
  • Demain l'usine est un authentique coup de poing, qui m’a vraiment frappé alors que ce genre de thématique ne me parle pas toujours ;
  • Au-delà, il n'y a que le ciel parle de déménagement et de morts, pour une histoire glaçante mais non dénuée d’absurde et d’humour noir ;
  • Et s'échapper des côtes rompues, et se répandre en nuées immenses, un des derniers textes du recueil, est une excellente histoire post-apocalyptique bien glauque forcément.
Belle écriture et ambiance très réussie sont au programme de ce Yama Loka Terminus. Il vaut mieux se blinder avant de passer les portes de cette ville étrange, mais le voyage vaut le détour, autant pour l’ambiance que pour l’écriture. Je serais curieuse de voir ce que Yirminadingrad devient lorsque d’autres auteurs la mettent en scène dans Adar.

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